CroasMilhorn

Albert LE GRAND, dans « La vie des Saints de la Bretagne Armorique » (1636), parle de l’histoire de FRAGAN et Saint-GUENOLE et de leur rôle lors des invasions des Vikings sur la côte du Pays Pagan. L’histoire de la croix de Croas Mil Guern ou Croas Mil Horn est liée à cet épisode.

Croas-Milhorn
Fragan et Guénolé

Le roi Grallon étant venu à la Couronne, par le décès de Conan Mériadec, l’an 388, continua Fragan en son gouvernement ; et, ayant reconnu, par un grand miracle, la sainteté de S. Corentin, le visitait fort souvent et aussi S. Guennolé, leur faisant grandes aumônes, et se recommandant à leurs saintes prières.

Un jour saint Guennolé étant, par permission de S. Corentin, allé voir son père, qui était pour lors en Léon, certains Pirates Païens, que Fragan avait chassés de Léon, du temps du feu roi Conan, revinrent en plus grand nombre, résolus de prendre terre et s’y habituer ; leur flotte ayant paru en mer, l’alarme se donna à la côte, et Fragan, ayant amassé une petite armée à la hâte, encouragé par S. Guennolé, marche vers le rivage de la mer pour empêcher l’ennemi de descendre, et, étant en la paroisse de Guic-Sezni, près Lavengat, ils aperçurent la flotte ennemie en rade, si épaisse que les mats des navires semblaient représenter une forêt, ce qu’étant vu par le conducteur de l’avant-garde, s’écria « Me à vel mil guern », c’est-à-dire, « je vois mille mats de navires ». En mémoire de quoi, après la bataille, fut dressée en ce lieu une Croix, qui encore à présent s’appelle « Croas ar mil Guern ».

Les Pirates, se sentant découverts, se rallièrent dans les tranchées de leur camp, ne voulant donner combat ; mais les Bretons les y assaillirent de telle furie, que, les y ayant forcés, ils taillèrent la plupart en pièces, excepté quelques uns qui se sauvèrent à la nage vers leurs vaisseaux, desquels plusieurs furent brûlés.

Pendant le conflit, saint Guennolé, comme un autre Moïse, priait avec grande ferveur. Après la victoire, il exhorta son Père et les Chefs de l’Armée d’employer le butin pris sur les ennemis pour bâtir un Monastère en l’honneur de la sainte Croix, au même lieu où fut donnée la bataille, qui s’appelait an « Isel-vez » en la paroisse de Plou-nevez ; ce qui fut fait, et fut nommée Loc-Christ, riche Prieuré, à présent presque désert et sécularisé".

La protection du site ?

Le site qui était devenu un lieu de décharge sauvage a été nettoyé ces dernières années par les élèves de l’école, des volontaires et les agents municipaux au cours de plusieurs opérations.

La croix a été dégagée, des plantations ont été effectuées, une table a été installée. Des projets d’installation d’une structure panoramique ont été formulés, vu l’intérêt de ce site pour observer le côté mer mais aussi le côté terre avec ses nombreux clochers.

Mais si, au Moyen-Age, le danger venait de la mer, aujourd’hui il vient de l’intérieur puisque le site est de nouveau saccagé et est redevenu un dépotoir…

Fragan et Guénolé doivent se retourner dans leur tombe. Les drakkars des vikings sont largement dépassés par les engins de terrassement d’aujourd’hui !!!

Des circuits de randonnée

Sur le site, deux circuits de randonnée, ayant des tronçons communs, se séparent juste après la croix. Il s’agit de « parcours du patrimoine », balisé en bleu, qui part vers Kervédennic et « la boucle intercommunale », balisage jaune (double trait) qui descend vers Kergoff.

Les services de la mairie de Guissény se sont rendus sur place pour "constater les dommages et les qualifier". La recherche des responsabilités est en cours et la mairie suit le dossier pour aboutir à une remise en état du site.

Le site a finalement été à peu près réaménagé. Il reste à continuer de l’entretenir. La protection du patrimoine est un combat permanent.