L’enclos paroissial de Guissény est un ensemble complet. Guissény a conservé son enclos paroissial entouré d’un mur, originellement d’une belle maçonnerie terminée par un rang de pierres taillées en doucine mais malheureusement mal rénové à certains endroits.

Si l’entrée principale ne possède pas l’arc de triomphe des grands enclos du Haut-Léon, elle dispose tout de même de trois ouvertures encadrées par quatre piliers moulurés, couronnés de petites croix dont le socle est garni de boules.

L’enclos comportait quatre entrées dont certaines barrées par l’échalier qui le protégeait de l’intrusion des animaux.

L’intérieur de l’enclos contient tous les éléments traditionnels : l’église entourée du cimetière, l’ancien ossuaire devenu chapelle de l’Immaculée-Conception et deux calvaires.

L’EGLISE PAROISSIALE.

L’église actuelle a été reconstruite en 1721, sauf les porches nord et sud. Flanquée au nord-ouest du clocher, elle comprend une nef de quatre travées au nord et de cinq travées au sud avec deux ailes formant faux transept, puis un chœur de deux travées avec bas-côtés, terminé par un chevet plat. Deux porches portant des dates, 1735 au nord et 1637 au sud.

Le marché de la tour fut passé en 1700 avec Pierre Tréguer, architecte, à condition qu’elle soit semblable à celle de Ploudaniel jusqu’aux guérites : un clocher à deux étages de cloches et deux galeries, amorti par une haute flèche cantonnée de quatre clochetons, fut restauré aussitôt.

Les cloches sonnent du nord au sud. Cette originalité s’expliquerait par la participation au financement des seigneurs de Penmarc’h et de Kergoniou qui voulaient mieux les entendre de leurs manoirs. La tour est posée sur le côté nord de l’édifice.

LE CIMETIERE.

Le cimetière, cité des morts, est séparé du monde des vivants par un muret et des échaliers. La porte monumentale, normalement située au sud de l’enclos, est ici placée au nord, du côté du bourg.

C’est à partir de la fin du XVIIe siècle que l’interdiction d’inhumer à l’intérieur des églises et des chapelles a entraîné l’installation d’un cimetière extérieur, autour de l’église. Cela ne s’est pas fait facilement en Bretagne où il fallut deux arrêts du Parlement de Rennes en 1719 et 1754 pour imposer la décision royale.

La construction de calvaires assura la présence divine au milieu du domaine des morts et l’ossuaire devint une chapelle funéraire.

Dans la dernière partie du XIXe siècle, la question du transfert du cimetière agite la vie de la commune : en 1873, le maire commence à prévoir l’acquisition d’un terrain pour transférer hors de l’enclos le cimetière parce qu’il est devenu insuffisant (il « suffit à peine aux besoins des inhumations ») et qu’il faut agrandir l’église paroissiale (« agrandissement qui prendra beaucoup du cimetière actuel »).

Mais le conseil fait remarquer que «  la translation du cimetière hors du bourg répugne aux habitudes prises par la population parce qu’elle n’aurait plus les mêmes facilités pour prier sur les tombes de ses parents  » et «  la translation du cimetière exigerait dans les conditions de haut prix des terres environnant le bourg de Guissény une somme supérieure aux ressources dont la commune peut disposer ».

Il préfère donc une autre solution : l’agrandissement du cimetière existant vers le Sud où il est possible d’acquérir un terrain.

La mobilisation de la population a donc permis de conserver le cimetière autour de l’église dans l’enclos. Mais, même s’il a été agrandi, la gestion des inhumations n’est pas facile : le 19 juin 1920, « le conseil, considérant l’état déplorable dans lequel se trouve le cimetière, décide de faire aligner les tombes et de vendre des concessions dont le prix sera fixé ultérieurement. Une partie du cimetière sera réservée pour des concessions gratuites à l’usage des indigents. Chaque famille ne pourra avoir plus de trois tombes ». Et l’année suivante, le conseil refuse une demande de construction d’un caveau faite par un particulier, «  considérant que le cimetière communal n’est pas assez spacieux pour la construction de caveaux ».

C’est au début des années 1990 qu’un nouvel agrandissement du cimetière a été réalisé au sud pour installer des caveaux et reprendre la mise en ordre des tombes ; une deuxième tranche a suivi quelques années plus tard.

LA CHAPELLE DE L’IMMACULEE CONCEPTION (ancien ossuaire)

La chapelle de l’Immaculée Conception est l’ancien ossuaire, reconstruit en 1743 avec aménagement d’un étage pour faire un local pour les « petites écoles », organisées par le clergé paroissial. Elle a été restaurée en 1854 et porte l’inscription : CORENTIN LE ROY . GOUVERNEUR . 1743.

La chapelle abrite un magnifique retable du XVIIe siècle que l’humidité et les vers dégradaient sérieusement. Elle renferme aussi des statues de bois polychrome : Sainte Anne, Saint Yves et Saint Sezny. La restauration a été décidée en 1983.

Le bâtiment avait été reconstruit, en vertu de la permission de l’évêque du 11 juillet 1743, sur les plans de François Tréguer, architecte, qui perçut 369 livres 9 sols pour son travail. Collaborèrent à la construction : Michel Perrot et son fils, tailleurs de pierres, Vincent Le Tinevez, maître-charpentier, Michelot, vitrier… Une restauration a été effectuée en 1854, puis à l’époque du recteur Simon qui en dit : « la chapelle du cimetière, dédiée à sainte Anne, sert surtout pour le catéchisme, pour les réunions du Tiers-Ordre et des Enfants de Marie. Elle avait besoin de réparations, et j’ai profité de la présence des ouvriers qui ont travaillé sur l’église pour faire le strict nécessaire... ».

Le retable est un ouvrage baroque, donnant une vision idyllique du paradis. Des guirlandes de fleurs et des têtes d’anges entourent un tabernacle orné d’un ostensoir, et deux médaillons contenant de curieux portraits : ceux d’un seigneur en perruque et d’une femme en voile, peut-être les donateurs du retable.

De chaque côté, sont placés deux angelots du XVIIIe siècle. Il est possible que ce soit l’ancien retable de l’église paroissiale, remplacé par celui réalisé par Louis Magado, à partir de 1760, pour l’autel du Rosaire. La restauration du retable a été réalisée par André Miossec, de Landerneau, un doreur à la feuille, établi à Plougastel-Daoulas.

LES CALVAIRES.

1. Le Calvaire Est, daté de la fin du XVe siècle, est formé d’un fût rond qui repose sur un socle de quatre degrés à corniche. Le croisillon à quatre bras est orné de masques en dessous des statues de quatre apôtres (Pierre, Paul, André et Jean). La croix centrale à fleurons porte le crucifix d’un côté et une Vierge à l’Enfant au revers.

2. Le Calvaire Sud a pour origine l’ancienne croix de Saint-Yves transportée au bourg pour devenir la Croix de Mission de 1920. Haute de 5,50 m, avec trois degrés de plan circulaire avec une corniche, un socle cubique (inscription : Mission 1920), un fût rond et un croisillon à quatre bras : une mater dolorosa, Jean, Yves et un évêque ; des masques ornent le culot des consoles, une croix à fleurons-boules et un crucifix avec le Christ aux liens au revers.

3. Le monument aux morts de 3,50 m de haut, en kersanton, dans l’angle nord-est de l’enclos, a été construit vers 1920 par le sculpteur Donnart, de Landerneau. Le petit enclos était, à l’origine, délimité par des obus pour tenir les chaînes. Le socle élevé à corniche porte l’inscription 1914-1918 et la liste des victimes de la guerre. Il est surmonté d’une croix à branches rondes, fleurons et crucifix. La liste des victimes de la 2de Guerre mondiale, des guerres d’Indochine et d’Algérie a été rajoutée ensuite.