Le manoir de KERBIQUET

Ni la carte d’aujourd’hui, ni le cadastre napoléonien ne signalent l’existence du manoir de Kerbiquet qui apparaît pourtant dans les archives, notamment les archives notariées et certaines indications permettent de le localiser à l’extrémité ouest du bourg de Guissény.

Plan du manoir
manoir

Le manoir était à l’origine dans la famille du Poulpry : Michel du Poulpry était seigneur de Kerbiquet ; « l’héritière nommée Marie du Poulpry fut mariée en la maison de Ranvelin ».

Le 28 septembre 1674, Jean HENRY, époux de Marie Grall, décède au manoir de Kerbiquet à l’âge de 52 ans (en présence de son frère Charles, de son fils Charles, de ses filles Marie et Catherine et de ses gendres Guillaume Abiven et René Lisac).

C’est son frère Charles HENRY, époux de Gabrielle Floc’h, qui s’installe au manoir de Kergoff (ou Kerangoff), également dans le bourg de Guissény, à la fin du XVIIe siècle.

Escalier intérieur

En 1685, un « Mémoire des tombes par relation de Guénollé Bourchis qui inume ordinairement le corps dans cette église » : « dans le cœur hors du sanctuaire… au second rang du mesme costé le bancq de Mr Kergoniou, 3 tombes apartenant à Mr Kersulec jusques au banc de Kerbiquet ».

Le rôle des capitations de 1742 pour la paroisse de Guissény indique une somme de 12 livres pour « le sieur Kerbiquet Chauvel » du bourg.

Cadastre napoléonien

Un aveu du 24 juillet 1752, dressé à la suite du décès, en 1750, de François CHAUVEL, sieur de KERBIQUET, présente un descriptif précis du manoir : « Au bourg paroissial de Guissény, le manoir noble de Kerbiquet consistant dans un grand corps de logis, cuisine et dépendances, derrière ycelle séparé en deux par une cloison, dont y jointe… de Chambres, tant hautes que basses. Le dit manoir couvert d’ardoises… Porte cochère sur icelle, et autre porte, pour servitude, délaissée. Les autres maisons à four, écurie, au bout, couverte, à présent, de glebs dont les murailles sont percées, du côté de la cour close, de trous à pigeons.

L’aire, séparée de la cour par une muraille. Les granges aussi couvertes en glebs et autres. Sur la dite aire, en appenty, au long d’une autre muraille, en laquelle il y a aussi une porte cochère, ayant son ouverture sur la rue. Et… le chemin, vers le levant et vers le nord du dit bourg, avec un petit courtil, au bas de la dite aire, vers le midi d’ycelle. Plus en arrière du grand corps de logis, vers le nord, un petit jardin, clos de murailles dans lequel une auge de pierre, placée d’antiquité.

Au bout duquel jardin est une maison, à présent couverte de glebs, au bout de laquelle maison, il y a, à présent, une autre plus petite, couverte de paille servant de crèche, à la coursière du dit jardin, il y a une tourelle à trois étages où il y a une cave, cabinet et volière à pigeons au-dessus, couverte d’ardoises. Ayant les dites maisons, leurs ouvertures, tant hautes que basses, sur le chemin et sur les dits jardins.

Plus un autre jardin, servant à présent de verger, aussi clos de murailles, aboutissant du côté du levant sur la dite cour et aire, du côté nord et… sur le chemin conduisant au manoir de La Vigne, et du côté du midi et du couchant sur un grand clos de terre chaude, dont il sera, cy après, parlé.. au dit verger garni des arbres fruitiers… ».


La famille CHAUVEL apparaît à Guissény à la suite du mariage, dans la paroisse de Kernouës, le 11 juin 1674 de Michel CHAUVEL et Suzanne SIMON de MESGOUEZ. « En 1698, Noble homme Michel Chauvel, sieur de Kereval, et Suzanne Simon, sa femme, son en leur maison au bourg de Guissény ».

 Michel Chauvel, né le 5 octobre 1653 à Lesneven et décédé le 11 octobre 1702 à Guissény, est sieur de KEREVAL et lieutenant de la paroisse de Guissény. Il est le fils de Nicolas Chauvel de Montreuil (1620-1682) et d’Anne Balaznant (1623-1694) ; le père est noble, avocat, notaire royal de la Cour de Lesneven, syndic de Lesneven en 1673, député aux Etats de Bretagne à Vitré (leur mariage a été célébré à Lesneven le 16 août 1646).

. Suzanne Simon de Mesgouez, née vers 1655 à Kergunic en Kernouës et décédée le 5 novembre 1700 à Guissény, est la fille de Hiérosme Simon de Mesgouez et de Françoise Le Dot (de Plouescat) ; le père est notaire royal, capitaine de la paroisse de Plounéour-Trez.

. les premiers enfants du couple naissent à Lesneven : Françoise (1675), Louise (1677), Michel ( ?) et François ( ?). Puis un fils Hervé Julien naît le 1er mars 1683 au manoir de Kerveuleugan à Plouider. Françoise épouse le 24 novembre 1695 à Guissény Jean de CHATEAUFUR, de Tréflez, fils de Maurice et Renée HUON : les parents de Françoise sont sieur et dame de Kereval et les parents de l’époux sont sieur et dame de Kervolan.

Cuisine

Et c’est à partir de 1685 que les enfants suivants naissent à Guissény ; les registres ne précisent pas le lieu dit mais indiquent que les parents sont nobles, sieur et dame de Kereval :

  • Renée, née le 10 novembre 1685 (le parrain François Chauvel est dit sieur de Kerbiquet) et décédée le 19 novembre 1694
  • Nicolas François, né le 7 juillet 1687
  • Julien Louis, né le 8 mars 1691
  • Jeanne Guillemette, née le 13 juillet 1692 et décédée le 8 juillet 1698
  • Marianne, née le 22 août 1693
  • Suzanne, née le 19 avril 1695 et mariée à Yves du Plessix, sieur de Kéradennec et de Kergoff en Saint-Frégant
  • Marguerite Augustine, née le 5 mai 1697
  • Jeanne Françoise, née le 25 septembre 1699

Un acte du 17 octobre 1704 des Réguaires du Léon (à Plouider) indique : « François Chauvel, sieur de Kerbiquet, et Jean de Chateaufur, curateur de Julien, Anne, Suzanne, Marguerite, Jeanne Chauvel, enfants de Michel, sieur de Kéréval, et Suzanne Symon ».

Le procès-verbal des prééminences, établi en 1721, à l’occasion des travaux d’agrandissement des l’église paroissiale de Guissény, indique : « Le sieur de Kerbiquet Chauvel possède, au chœur, un escabeau avec tombe en-dessous et un bénitier armoryé d’une rencontre de cerf, qui sont les armes de Michel du Poulpry, autrefois seigneur de Kerbiquet ».

Michel Chauvel a un frère Antoine (né en 1663), sieur des Isles (1719). Le manoir des Isles en Kernouës avait été construit en 1641 à l’emplacement d’un manoir plus ancien par Alexandre Benault, maire de Lesneven en 1623. Il fut acheté en 1660 par Nicolas Chauvel, le père de Michel et Antoine.

Françoise CHAUVEL, fille de Michel et Suzanne Simon, née le2 juin 1675 à Lesneven et décédée le 9 janvier 1735 à Lesneven, épouse le 24 novembre 1695 à Guissény Jean de CHATEAUFUR (1661 – 1726) de Tréflez, fils de Maurice de Chateaufur et Renée Huon. Ce mariage fit entrer le manoir des Isles à Kernouës dans la famille de Chateaufur (il fut détruit par un incendie en 1798).

Le couple eut notamment un fils Hervé de CHATEAUFUR, sieur des Isles et du Hellan, né en 1698 et marié le 25 novembre 1727 à Lesneven avec Anne Marie DINCUFF (ou Dencuff ou Deneuf), née le 13 avril 1701 à Kerhourleau en Plouzané et décédée le 20 mai 1767 au manoir des Isles, fille de Pierre Dincuff (ou Deincuf ou Deneuff), écuyer, seigneur de Kerhourlo, et Gabrielle Tronson, résidant au manoir de Kerhourleau. [Vincent du Poulpry, seigneur de Kerillas, avait épousé Françoise Tronson – Famille Tronson, sieur de Kerduat à Plouarzel].

Le couple Chauteaufur / Dencuf est nommé dans l’introduction de l’aveu de 1752 : « Devant nous nottaire de la juridiction de la vicomté de Coatmenach avec soumission à icelle ont comparu en personnes Dame Anne Marie Deincuf, veuve d’Escuyer Hervé de Chateaufur, demeurant en son manoir des Isles, paroisse de Kernouez, fondée en qualité de tutrice de ses enfants, et Escuyer Joseph de Chateaufur, sieur du Hellan, demeurant en sa terre du Grand Goulannou, paroisse de Tréflez, frère dudit deffunt, sieur de Chateaufur, enfants de dame Françoise Chauvel, sœur de feu François Chauvel, sieur de Kerbiquet, décédé depuis deux ans. Lesquels avouent et reconnaissent tenir et posséder et… en fait tiennent et possèdent les maisons, terres et hérittages après describés comme hérittiers dudit deffunt sieur de Kerbiquet après avoir partagé avec les autres hérittiers suivant transaction passée le vingt juin mil sept. cent cinquante deux du proche fief de très haut et très puissant seigneur monseigneur Anne François de Montmorency-Luxembourg, duc de Montmorency, premier Baron de France et premier Baron chrétien, premier souverain d’Aigremont, marquis de Seignelay, duc de … et de Blainville, comte de Tancarvile et de Gournay, colonel du régiment de Touraine, comme mary de très haute et très puissante dame Louise Pauline Françoise de Montmorancy Luxembourg de Tingry, dame des dits lieux de Coatmenach, Rodalvez en Plouider et autres terres et seigneuries et… de ladite seigneurie et vicomté de Coatmenach, sujets à devoir de foy hommages, rachapts,… vantes et tous autres devoirs seigneuriaux le cas avenant, scavoir est Au bourg paroissial de Guissény… ».

  • Louise Pauline Françoise de Montmorency-Luxembourg de Tingry, née le 16 janvier 1734 à Paris et décédée le 25 août 1818 à Paris, fille de Charles François Christian de Montmorency-Luxembourg-Tingry et Anne Sabine Olivier de Senozan, a épousé le 17 février 1752 Anne-François de Montmorency-Luxembourg, né le 9 décembre 1735 et décédé le 22 mai 1761, fils de Charles François Frédéric de Montmorency-Luxembourg et Marie Sophie Emilie Honorate Colbert de Seignelay.

Son père Charles-François, parent éloigné des Kergroadez, avait procédé en 1759 à la liquidation mobilière de la succession après la mort de la marquise, dernière représentante de la maison de Kergroadez : la vicomté de Coatmenach en faisait partie. Le domaine de Rodalvez est passé de la famille du Louet de Coetjunval à la famille du Harlay. Louise Madeleine d’Harlay épouse en 1711 Christian Louis de Montmorency Luxembourg : leur fils Charles François Christian récupère la propriété et la transmet à sa fille Louise Pauline.

C’est pourquoi Anne-François de Montmorency est concerné dans l’aveu « comme mary de très haute et très puissante dame Louise Pauline Françoise… », véritable propriétaire. Veuve en 1761, elle était la dernière propriétaire des manoirs de Coatmenach et Rodalvez en Plouider. Elle les vend en 1763 à Claude Alain Barbier de Lescoët.

  • Joseph de Chateaufur, né le 22 octobre 1708 au manoir des Isles en Kernouës et décédé le 26 janvier 1753 à Tréflez, était le frère de Hervé de Chateaufur et donc beau-frère d’Anne Marie Dincuff.

GrandeCheminée

L’aveu du 24 juillet 1752 (communiqué par M. Jacques Miorcec de Kerdanet)

"Au Bourg paroissial de Guissény, le Manoir noble de Kerbiquet concistant dans un grand corps de logis, cuisine, un département derrière icelle séparé en deux par une cloison d’avec y jointe, et chambres tant hauttes que basses, le dit Manoir couvert d’ardoise. En cour porte cochère sur icelle et autre porte pour la servitude de l’aire, les crèches, maison à four et écurie au bout couvertes à présent de gled, dont les murailles sont percées du cotté de la dite cour close de trous à piegeons ; l’aire séparée de la dite cour par une muraille. Les granges aussi couvertes de gleds étantes sur la dite aire. Un arpenty au long d’une hautte muraille, en laquelle il y aussy une porte cochère ayant son ouverture sur la rue et chemin vers le levant et le nord du dit Bourg avec un petit courtil au bas de la dite aire vers le midi d’icelle.

Plus au derrière dudit grand corps de logis vers le nord, un petit jardin clos de muraille dans lequel est le puy, auprès duquel est une auge de pierre placée d’antiquitté, au bout duquel jardin est une maison, à présent couverte de gleds au bout de laquelle maison il y a à présent une autre plus petite couverte de paille servant de crèche, à la cornière de laquelle et dudit jardin, il y a une tourelle à trois étages où il y a cave, cabinet, volière ou retraite à pigeons, au dessus couverte d’ardoise ; ayants ledistes maisons leurs ouvertures hauttes et basses sur le chemin et sur le dit jardin.

Plus autre jardin servant à présent à verger aussi clos de Muraille, aboutissant du cotté du levant sur la dite cour et aire du cotté du nord sur le chemin conduisant au manoir de La Vigne et du cotté du midi et du couchant sur un grand clos de terre chaude dont sera cy après parlé, le dit verger garny de ses arbres fruitiers.

Plus ledit grand clos cerné de vers le nord de la muraille dudit verger en partie et en une autre d’un fossetz donnant sur le chemin menant audit manoir de La Vigne vers le couchant des terres de la Dame de Kerannot acquéreure de la terre de La Vigne, du midy des terres des hérittiers de François henry, du levant du chemin conduisant au pont Milin ar Prat, ayant ledit clos ses fos et fossetz tout à l’entour garny de ses arbres tant chesnes qu’ormaux. Touttes les dites maisons, murailles, cour, aire, courtils, jardin et verger et ledit clos se joignants ayant leurs panetz en dehors et leurs vaux, issues et franchises de l’un et de l’autre cotté, et des chemins et entrée dudit Manoir de Kerbiquet contiennent ensemble le nombre de cent soixante quinze cordées et demy.

Plus proche du dit Manoir, un grand parc aussi terre chaude nommé Tachen Bras, cerné du cotté du levant des terres des hérittiers dudit François Henry, des cottés du nord et du couchant du champs nommé Mes an Cellier et du midi des terres de la Dame de Kerannot, en partie et en autre des terres des hérittiers de Catherine Henry contenant le dit grand parc avec ses fos et fossetz vers le nord et couchant et en partie vers le levant, le nombre de deux cents dix sept cordées aiant sa servitude par le chemin nouvellement fait par les hérittiers dudit François Henry.

Item audit champs de Mes an Cellier, une parcelle de terre chaude contenant quatre seillons en labeur joignant du cotté du levant terre d’Yves Kermarrec de Ploudaniel et du couchant terre des héritiers d’Hervé Monot.

Plus un colombier auquel joignoit autrefois un grand cellier et aussy une étendue de terre à fougère à l’entour dudit colombier, laquelle est présentement séparée par un chemin de charrette d’une autre étendue de terre sabloneuse vers le levant, lesquelles terres cernées du midi dudit champs de Mes an Cellier du nord et au bout vers le levant du port et de la graive dudit Guissény et du couchant terre de la Dame de Kerannot et contiennent environ deux journaux de terre à fougère et sabloneuse.

Item autre parc terre chaude proche dudit Bourg, nommé Clos en Escop, joignant du cotté de l’occident terre des Chappalains et consorts et des autrs cottés des champs nommés Cleuz Fourn huelaf et Cleuz Fourn Iselaf, ayant ses fos et fossetz du cotté d’occidant et contenant cent vingt huit cordées.

Plus un grand prez nommé Fouennec Pont Milin ar Prat avec ses issues et franchises et la servitude pour l’aroser depuis l’eau du canal qui decend de Pont ar Gof et de Kersulec et ruisseau de la fontaine de Kervelléré, ledit canal la séparant du cotté du nord d’autres préz et terres apartenants maintenant à la Dame de Kerannot et aux hérittiers de François Henry et joignant de l’autre cotté et du bout vers le couchant à autres terres et prez à la dite Dame de Kerannot et de l’autre bout aboutissant sur le pont dudit nom Pont Milin ar Prat, ayant ladite prée ses fos et fossetz au deux bouts étant de la consistance de sept journées de faucheur. Plus en la dite paroisse de Guissény au terroir de Keredou proche de Pont ar Gof une tenure aussi de terre noble dudit nom de Keredou étante divisée et séparée par des fossetz en six parcs clos et une petite pièce de terre à fougère pour la servitude d’iceux contenants ensemble avec un petit prez au bas de l’un desdits parcs le nombre de quatre cents trente cinq cordées et quart, terre chaude excepté laditte prez en terre à fougère, ayant leurs fos et fossetz à la réserve d’un petit bout de fossetz de l’un desdits parcs vers le midy dont la propriété est contestée, laquelle tenue de terre est cernée du chemin de Pont ar Gof qui conduit à Brendaouez vers le nord de la prez de Pont ar Goff dépendant du domaine du Roy, vers le couchant des terres de la Dame de Kerannot et vers le midy de la terre d’Yves Perrot de Brendaouez.

Au même terroir un parc nommé Parc Pont ar Goff aussy terre chaude et noble contenant quatre vingt seize cordées et demy ayant ses fos et fossetz tout alentour et joignant du cotté du levant terre des hérittiers du sieur Kerescar-Guillou, du cotté du nord terre des hérittiers dudit Yves Perrot, du couchant terre de René Bernard, et du midy de la prée de Pont ar Gof lesdits champs de Keredou et Pont ar Gof sont chargés de la somme de quarante deux livres de cheffrante annuelle paiable à ladite seigneurie et vicontée de Coatemenach aux bans et assignation des autres rantes et cheffrantes d’icelle, cy…. 42 livres de cheffrantes.

Pour ce qui est devant describé est tenu en ferme par François et Honnorée Le Roy frère et sœur pour en paier par an la somme de quatre cents vingt livres et cent cinquante livres de commission avec reservation de deux chambres, le petit jardin derrière le manoir où est le puy, la tourelle et le colombier en cas que quelqu’un des hérittiers veille y aller demeurer sans diminution du prix de leur ferme estimez ensemble la somme de dix huit livres, la dite commission réduite en rante avec les autres sommes font ensemble celle de quatre cents cinquante quatre livres traize sols quatre deniers ; la dite somme de quatre cents vingt livres paiable à chaque terme de St Michel suivant bail du vingt trois novembre mil sept cents cinquante passé et signé de tous les hérittiers, offres que font les dits sieurs avouants de paier ladite somme pour le rachapt dudit feu Sieur de Kerbiquet… 454 livres 13 sols 4 deniers.

Davantage audit Bourg de Guissény un petit parc nommé Liors Pennec ou Pengroaz aussi terre chaude contenant dix sept cordées aboutissant vers le nord sur la terre de Barbe Chapalain, de Kernilis, vers le couchant sur la terre de François Quiton et vers le levant et le midy sur des chemins qui conduisent dit Bourg au village de Kerbresant ayant ses fos et fossetz tout à l’entour fors du cotté du nord sur lequel petit parc et issues le dit feu Sieur de Kerbiquet a consenti un aplacement de maison qui a servi de four banal dont René Kerhornou et Marie Pilot sa femme jouissent pour en paier par an la somme d’une livre dix sols sans bail depuis quelques années, au bas duquel parc le dit feu Sieur de Kerbiquet a fait nouvellement bâtir une maison couverte de gledz et une petite crèche y jointe aussi couverte de gledz donnant sur le chemin qui conduit dudit Bourg à Kerbrezant, tenu avec le dit petit parc en ferme par Laurans Martin et Catherine Jestin sa femme pour en paier par an la somme de trante livres suivant bail du vingt neuffième juin mil sept cents quarante huit, cy…..31L10s. De plus lesdits Sieurs avouants déclarent avoir dans l’église paroissiale de Guissény cy devant au cœur d’icelle un grand banq avec les tombes audessous et la plus prochaine à l’entrée dudit banq un bénittier dans le pillier qui est à cotté et deux tombes audessus dudit banq entre icelluy et les balustres du grand autel, lesdits tombes et bénittier armoyryez d’une rencontre de cerf qui sont les armes de feu Michel du Poulpry autrefois seigneur de ladite Maison de Kerbiquet dont l’hérittière nommée Marie du Poulpry fut mariée en la maison de Ranvelin, et dans l’une desquelles tombes a été enterré un fils juveigneur de ladite Maison, en son vivant Recteur de ladite paroisse, à raison de quoy on y avoit gravé un calice, de plus une autre tombe qui est à fleur de terre entre l’escabeau de la maison de Keriber, et autrefois le bout du marchepied du grand autel et néantmoins dans l’enclos des balustres du cotté de l’évangile sur laquelle tombe et ledit banq sont les armes de ladite maison de Ranvelin, semblable à celles qui sont en bosse en dehors et audessus de la porte cochère de la cour dudit manoir de Kerbiquet à cause de laquelle lesdits Sieurs avouants ont droit de patronage et de présentation d’une chapélenie deservie en l’église paroissiale de Plouguerneau à présent possédée par Missire Julien Louis Chauvel, prêtre auquel ladite chapellenie a été présantée par ledit feu sieur de Kerbiquet son frère…

Finalement déclarent les dits avouants que de ladite terre de Kerbiquet depandoit d’autrefois quelques articles de fief et chefrantes qu’ils ont été … par le Seigneur de Tromelin, au désir d’une sentence rendue en la Cour Royalle de Lesneven, confirmé par aveu de la Cour du vingt huit avril mil six cent quatre vingt onze auquel le feu Sieur de Kereval Chauvel, grand père au maternel desdits sieurs avouant et ses consorts furent forcez d’y aquérir ; laquelle terre de Kerbiquet est échue aux dits avouants en indivis entre eux entendu la minorité des enfants dudit feu sieur de Chasteaufur de la succession dudit deffunt François Chauvel, sieur de Kerbiquet leur oncle.

Tout ce que devant les Sieurs avouants comme hérittiers purs et simples dudit défunt Sieur de Kerbiquet affirment contenir véritté à leur connoissance, promettant ainsy tenir à l’avenir lesdits hérittages sous ladite Seigneurie de Coatmenach par obligation de leurs biens foy et serment et hipotecque spéciale desdits hérittages et continuer de paier à l’avenir laditte cheffrante de quarante deux livres deux sols sur les champs de Keredou et Pont ar Goff comme on a cy devant … aux bans et assignations des autres rentes et cheffrantes, les autres hérittages étant quitté de toutes charges envers ladit Seigneurie de Coatmenach ; en foy de quoy ils signent avec nous dits nottaires ce jour vingt quatre juillet mille sept cent cinquante deux.

Signatures : Daincuff de Chasteaufur et Du Hellan de Chasteaufur Daniel Dulaudé et Le Becq, notaires"

mur d’enceinte

Les prééminences dans l’église paroissiale

D’après un «  mémoire des tombes par relation de Guenollé Bourchis qui inume ordinairement le corps dans cette égalise  » datant de 1685 :

  • au second rang du mesme costé le bancq de Mr KERGOUNIOU, 3 tombes apartenant à Mr KERSULLEC jusques au bancq de KERBIQUET.

D’après l’inventaire des prééminences de 1721 :

  • « Le Sieur de Kerbiquet Chauvel possède au chœur un escabeau avec tombe en-dessous et un bénitier armoyré d’une rencontre de cerfs, qui sont les armes de Michel de Poulpry autrefois Seigneur de Kerbiquet ».

D’après la description des biens de l’aveu du 24 juillet 1752 : « De plus lesdits Sieurs avouants déclarent avoir dans l’église paroissiale de Guissény cy devant au cœur d’icelle un grand banq avec les tombes audessous et la plus prochaine à l’entrée dudit banq un bénittier dans le pillier qui est à cotté et deux tombes audessus dudit banq entre icelluy et les balustres du grand autel, lesdits tombes et bénittier armoyryez d’une rencontre de cerf qui sont les armes de feu Michel du Poulpry autrefois seigneur de ladite Maison de Kerbiquet dont l’hérittière nommée Marie du Poulpry fut mariée en la maison de Ranvelin, et dans l’une desquelles tombes a été enterré un fils juveigneur de ladite Maison, en son vivant Recteur de ladite paroisse, à raison de quoy on y avoit gravé un calice, de plus une autre tombe qui est à fleur de terre entre l’escabeau de la maison de Keriber, et autrefois le bout du marchepied du grand autel et néantmoins dans l’enclos des balustres du cotté de l’évangile sur laquelle tombe et ledit banq sont les armes de ladite maison de Ranvelin, semblable à celles qui sont en bosse en dehors et audessus de la porte cochère de la cour dudit manoir de Kerbiquet à cause de laquelle lesdits Sieurs avouants ont droit de patronage et de présentation d’une chapélenie deservie en l’église paroissiale de Plouguerneau à présent possédée par Missire Julien Louis Chauvel, prêtre auquel ladite chapellenie a été présantée par ledit feu sieur de Kerbiquet son frère… »

  • un grand banc au-dessus des tombes et un bénitier dans le pilier voisin
  • deux tombes entre le banc et les balustres du grand autel.
Intérieur
Etage

Sources : Recherches d’Yvon GAC à partir des documents fournis par M. Jacques Miorcec de KERDANET