Les attaques des pirates sur la côte

Commencées à la fin de l’occupation romaine, les incursions des pirates scandinaves continuèrent au début du Moyen Age. Les Germains continentaux prirent l’habitude d’appeler les Scandinaves « les hommes du nord », donc « Nordman » qui devint Normand. Ce mot, malgré sa forme exotique, fut adopté tel quel par les populations romanes de la Gaule. Puis vint l’appellation de Vikings.

Ces « païens du nord » déclenchent brusquement une vague d’incursions aux alentours de l’an 800 et, pendant près d’un siècle et demi, ils ravagèrent les côtes occidentales. Les guetteurs sur nos côtes fouillaient des yeux la haute mer et tremblaient d’y découvrir les proues des barques ennemies ; et les moines, dans leurs scriptoria, étaient occupés à noter les pillages.

Les rites funéraires permettent de se représenter avec précision une flotte normande : la tombe des chefs était composée d’un navire, caché sous un tertre de terre amoncelée. Les « longues nefs » qui répandirent la terreur en Occident étaient des barques non pontées, par l’assemblage de leur charpente, chefs-d’œuvre d’un peuple de bûcherons, par l’adroite proportion des lignes créations d’un grand peuple de matelots. Elles étaient longues, en général, d’un peu plus de vingt mètres et pouvaient se mouvoir soit à la rame, soit à la voile. Elles portaient chacune, en moyenne, de quarante à soixante hommes (sans doute passablement entassés). Leur rapidité atteignaient, sans peine, une dizaine de nœuds. Le tirage d’eau était faible : à peine plus d’un mètre : un grand avantage lorsqu’il s’agissait, quittant la haute mer, de s’aventurer dans les estuaires, voire remonter les fleuves.

Drakkar

Pour les Normands, les eaux n’étaient qu’une route vers les proies terrestres. Si les voiles et les rames ne suffisaient pas, on avait recours au chemin de halage. Souvent pour ne pas trop charger les nefs, un détachement suivait pas voie de terre. Fallait-il gagner les bords par des fonds trop bas ? Ou se glisser, pour une razzia dans une rivière trop peu profonde ? Les canots sortaient des barques. Ces merveilleux marins ne craignaient nullement la terre, ses chemins et ses combats. Ils n’hésitaient pas à quitter la rivière pour se lancer, au besoin, à la chasse au butin. Les pillages étaient fructueux ; la terreur que, par avance, ils inspiraient ne l’était pas moins.

Le débarquement aurait eu lieu sur la côte de Guissény-Kerlouan et notamment dans l’embouchure du « Roudouhin » (ou Roudoushir, rivière de Guissény) : « Un beau jour une flotte normande déposa sur l’une des grèves du littoral léonais, à quatre ou cinq lieues nord de Lesneven, une armée piratique qui se répandit aussitôt dans la campagne, pillant, brûlant, ravageant ces champs, ces maisons fraîchement relevées, et se dirigeant sur la résidence du comte ».

En 875, Lesneven, alors dépourvue de fortifications, fut prise et détruite : tout le pays fut transformé en désert . En 937, le Comte Neven, qui a reconstruit à Lesneven une belle forteresse en terre à la mode de ce temps, s’opposa à ne nouvelle attaque des Normands.

Le débarquement aurait eu lieu sur la côte de Guissény-Kerlouan et notamment dans l’embouchure du « Roudouhin » (ou Roudoushir, rivière de Guissény) : « Un beau jour une flotte normande déposa sur l’une des grèves du littoral léonais, à quatre ou cinq lieues nord de Lesneven, une armée piratique qui se répandit aussitôt dans la campagne, pillant, brûlant, ravageant ces champs, ces maisons fraîchement relevées, et se dirigeant sur la résidence du comte ».

Ne faut-il pas aussi rapporter à cette campagne d’EVEN le Grand contre les Normands ce que dit « La Vie de saint Guénolé » sur les combats menés par saint FRAGAN, son père, contre les pirate païens : « certains pirates païens que Fragan avait déjà chassés de Léon, revinrent en plus grand nombre, résolus de prendre terre et s’y habituer ; leur flotte ayant paru en mer, l’alarme se donna à la côte et Fragan, ayant amassé une petite armée à la hâte, encouragé par saint Guénolé, marche vers le rivage de la mer pour empêcher l’ennemi de descendre. Étant en la paroisse de Guissény, près de Lanvengat, ils aperçurent la flotte ennemie en rade, si épaisse que les mâts des navires semblaient représenter une forêt : ce qu’étant vu par le conducteur de l’avant-garde, il s’écria « Me a vel mil guern », c’est-à-dire « je vois mille mâts de navires ».

CroasMilhorn

En mémoire de quoi, après la bataille, fut dressée en ce lieu une croix qui, encore à présent, s’appelle « Croas ar mil guern ». Les pirates se sentant découverts, se rallièrent dans les tranchées de leur camp, ne voulant donner combat. Mais les Bretons les assaillirent de telle furie que, les y ayant forcés, ils taillèrent la plupart en pièces, exceptés quelques-uns qui se sauvèrent à la nage vers leurs vaisseaux, desquels plusieurs furent brûlés. Pendant le conflit, saint Guénolé, comme un autre Moïse, priait avec grande ferveur. Après la victoire, il exhorta son père et les chefs de l’armée d’employer le butin pris sur les ennemis pour bâtir un monastère en l’honneur de la Sainte Croix, au même lieu où fut donnée la bataille, qui s’appelait « An Isel-vez » en la paroisse de Plounévez : ce qui fut fait et nommé « Loc-Christ », riche prieuré, à présent presque désert et sécularisé ».

Chapelle de Lochrist

La bataille décisive se produisit dans la vallée de la Flèche où Neven écrasa les pirates (Runeven en Plouider). « Les Pirates, se sentant découverts, se rallièrent dans les tranchées de leur camp, ne voulant donner combat, mais les Bretons les y assaillirent de telle furie, que, les ayant forcés, ils taillèrent la plupart en pièces, excepté quelques uns qui se sauvèrent à la nage vers leurs vaisseaux, desquels plusieurs furent brûlés".

Croix de Runeven

Les Normands prennent la fuite par Kerlouan (d’où ils étaient partis) et ne reviendront jamais. Le site est identifié à Kerlouan par un très vieux chêne qui domine le rivage.