La construction de la digue-jetée et l’aménagement du port du Curnic

Dès le 7 septembre 1933, le conseil municipal de Guissény avait été amené à délibérer sur « la demande formulée par un certain nombre d’habitants du village du Curnic sollicitant l’autorisation de construire à leur compte une simple cale pour leur permettre d’effectuer plus aisément les chargements de goëmon et de tourbe ». Le conseil donne son aval « sans que la commune ait à participer dans les frais de construction ».

Le 21 décembre 1961, « Monsieur le maire donne lecture à l’assemblée d’une motion votée le 3 septembre 1961 par le conseil d’administration du centre nautique de Guissény et remise par son président le 15 décembre 1961, demandant l’aménagement de l’abri naturel du Curnic en Guissény. Le conseil…, considérant que l’aménagement de l’abri naturel du Curnic en Guissény permettrait une plus grande extension de l’activité nautique dans la commune, demande aux services intéressés des Ponts-et-Chaussées d’entreprendre l’étude et le financement d’un brise-lames entre l’île « Enez Croaz ant » et la pointe de « Corn ar garrech  ».

Mais le 2 septembre 1962, le conseil municipal décide d’ajourner l’avant-projet de construction du brise-lames au port du Curnic, considérant que la commune a déjà engagé des travaux de première urgence (la construction d’une mairie-poste et l’adduction d’eau au chef-lieu). Une lettre du 7 décembre 1964 du président du centre nautique demande la suite réservée à la construction du brise-lames et le conseil renouvelle, le 26 décembre, sa décision d’ajournement jusqu’à l’achèvement des travaux engagés par ailleurs.

La question revient à l’ordre du jour du conseil municipal le 17 février 1969, mais l’avant-projet élaboré par les services des Ponts-et-Chaussées (du 24 août 1962) ne correspond plus aux besoins actuels. Le conseil demande à « l’Equipement de procéder à l’étude d’un nouveau projet d’aménagement de l’abri naturel du port du Curnic en Guissény ». Ce projet est présenté le 14 octobre 1971 au conseil municipal qui « décide de demander son inscription au programme départemental du VIe plan  ».

Et le 21 décembre 1971, « M. le maire rend compte à l’assemblée que les services de la Direction départementale de l’Equipement viennent de lui adresser le projet de construction d’une digue de protection au Curnic, établi à la suite d’une réunion tenue le 5 octobre 1971. M. le maire précise que le projet vise à construire une digue en enrochements d’une longueur de 375 mètres environ, reliant le littoral à Enez Croazant. M. le maire indique que cette opération d’amélioration du port, évaluée à 580.000 francs, est susceptible de bénéficier d’une subvention de l’Etat au taux de 25 % et du Département du Finistère au taux de 37,50 % . Après avoir entendu l’exposé de monsieur le maire, l’assemblée : 1°) approuve le projet de construction de la digue de protection au Curnic tel qu’il lui est présenté ; 2°) sollicite de la part de l’Etat l’octroi d’une subvention aussi élevée que possible qui, sur la base d’un taux de 25 %, serait de 580.000 F. x 25% = 145.000 F. ; 3°) sollicite de la part du Département du Finistère l’octroi d’une subvention pour la réalisation des travaux, au taux de 37,5%, soit 217.500 F. ; 4°) se déclare maître de l’œuvre pour les travaux à réaliser ; 5°) s’engage à assurer l’entretien ultérieur des ouvrages. D’autre part, considérant l’importance de l’opération, le conseil décide de solliciter le concours de la Direction Départementale de l’Equipement pour assurer l’établissement du projet et la surveillance des travaux  ».

Le 9 juin 1972, les possibilités de subvention ont changé : . Etat = 10 %, soit 58.000 F et département = 45%, soit 261.000 F. Le conseil s’engage à assurer en temps utile le règlement de la quote-part restant à la charge de la commune.

Le 23 mai 1973, « M. le maire dépose sur le bureau de l’Assemblée le dossier relatif aux travaux de construction de la digue du Curnic. Il rappelle les délibérations antérieures qui faisaient état d’une estimation de dépenses de 580.000 francs  ». L’adjudication des travaux s’est déroulée le 26 avril 1973. L’Entreprise Marc de Brest, qui a offert d’exécuter les travaux aux conditions les plus avantageuses pour un montant de 682.374 francs, a été déclaré adjudicataire. Compte tenu de l’augmentation de la dépense, la combinaison financière de l’opération s’établit comme suit :

. Subvention :

  • Etat = 10%, de 580.000 F…………………………..= 58.000 F.
  • Département = 45% de 580.000 F…………….…= 261.000 F.
  • Emprunts :
  • Caisse d’Epargne de Brest (réalisé)………….…..= 151.000 F.
  • Caisse des Dépôts et Consignations……………..= 212.374 F. (transfert provisoire de crédits)
  • Total……………………………………………………….= 682.374 F.

M. le maire propose de traiter avec l’Entreprise Marc de Brest pour la réalisation des travaux dont il s’agit et demande l’autorisation de signer les pièces du marché établi par les services de l’Equipement de Brest – Littoral. Le conseil, à l’unanimité, décide : "a) la mise en exécution immédiate des travaux de construction de la digue de protection du port du Curnic ; b) d’accepter les propositions de l’Entreprise Marc de Brest dont le montant s’élève à la somme de 682.374 F. et d’autoriser M. le maire à signer les pièces du marché à passer avec ladite entreprise ; c) d’imputer la dépense correspondante sur les fonds de subventions et d’emprunts alloués à la commune pour cette opération".

Pour permettre la mise en exécution immédiate des travaux de construction de la digue du Curnic, le conseil municipal décide le transfert provisoire de la somme de 225.000 F. du compte 2305 (voirie) au compte 2309 (construction digue). Cette somme est la part de la commune dans l’emprunt de 1.00.000 F. réalisé par le syndicat d’Equipement de la Côte des Légendes. Le maire est autorisé à contracter un emprunt de 240.000 F. auprès de la Caisse des Dépôts et Consignations pour le financement des travaux de construction de la digue du Curnic. Des travaux supplémentaires du chantier de construction du Port du Curnic sont nécessaires et notamment le décapage de bancs de pierre. La dépense est évaluée à 31.000 francs hors taxes. Le conseil donne son accord.

Mais comme pour la première digue de Nodéven au XIXe siècle, les premiers problèmes ne vont pas tarder à venir : dès le premier hiver, la tempête provoque des dégâts sur la digue toute neuve. Le conseil municipal délibère sur la question le 20 février 1974 : « A la suite des dégâts causés par les fortes tempêtes de l’hiver 1973-1974, une subvention de 40.000 francs a été accordée à la commune par le Conseil Général. Effectivement des détériorations sont maintenant apparentes sur une partie du parement Est de la digue et jusque sous la dalle de circulation où des affouillements sont encore à craindre. Le conseil décide de procéder immédiatement à la remise en état de l’ouvrage, suivant les directives des services de l’Equipement de la Subdivision de Brest – Littoral. Le coût des travaux de réparation serait d’un montant de 40.000 francs environ ». Un avenant au marché Marc est également voté : « le maire est autorisé à signer un avenant au marché Marc pour un montant de 3.104 francs, dû aux hausses exceptionnelles de certains produits  ».

L’hiver suivant n’est pas plus favorable et le 27 juin 1975 doit encore décider de travaux de réparation : « Au cours des tempêtes du mois de décembre 1974, la digue du port du Curnic a subi de sérieuses détériorations sur une longueur d’environ 50 mètres. Selon les propositions de l’Entreprise Marc et un accord avec la Direction de l’Equipement de Brest – Littoral, le conseil municipal prend la décision de faire procéder dans les meilleurs délais aux réparations nécessaires. La dépense est évaluée à la somme de 78.000 francs. Une subvention de 40.000 francs accordée par le Département, et non encaissée en 1974, pourra être dégagée à cet effet au budget supplémentaire de l’exercice en cours  ». Un nouveau problème se pose également avec l’ensablement du port du Curnic et le conseil décide qu’ : «  il sera demandé à la même Direction de l’Equipement de rechercher les modalités d’autorisation de dégager convenablement les sables et alluvions encombrant en permanence une partie du mouillage des bateaux. Dans le cas contraire, le port deviendra inutilisable à très brefs délais  ».

Un nouveau marché est passé avec l’entreprise Marc pour les réparations : « Après avoir décidé de faire procéder aux travaux de réparation de la digue du port du Curnic, comprenant : . la fourniture et la pose de béton-cyclopéen pour blocage de la dalle ; . la reprise des enrochements en pied de talus, côté port ; . la fourniture et la mise en œuvre de béton de couronnement sur enrochement, le conseil municipal autorise le maire à traiter de gré à gré avec l’Entreprise Marc de Brest, qui avait déjà obtenu l’adjudication des travaux de construction de la digue. La dépense s’élève à la somme de 77.075,04 francs, toutes taxes comprises  ».

Le 21 juin 1977, le conseil municipal se préoccupe de nouveau de la question de l’ensablement du port du Curnic : « Depuis la construction de la digue de protection du Curnic, le port s’ensable lors de certaines tempêtes. Les extractions périodiques des dépôts alluvionnaires qui l’encombrent, résout partiellement le problème, dont la cause essentielle provient certainement du détournement des courants marins provoqués par cette construction. Afin d’y trouver une solution remédiable, le conseil municipal demande au maire de contacter les services compétents de l’Equipement pour une étude du problème  ».

Mais si la construction de la digue a eu comme première conséquence l’ensablement du port, une deuxième conséquence apparaît également rapidement : c’est le recul de la dune entre le centre nautique et la pointe de Beg-ar-Skeiz. Le 6 décembre 1977, le conseil s’occupe de cette question : « La construction de la digue de protection du port du Curnic a modifié les courants côtiers et, de ce fait, les attaques de la mer près de pointe du Skeiz ont été aggravées, notamment lors des dernières tempêtes. Les dégâts ont été constatés par les services de l’Equipement de la Subdivision de Brest – Littoral Nord. Ces derniers préconisent la nécessité immédiate d’un enrochement de protection. La facture sera importante et, à ce sujet, le conseil municipal pense qu’une partie du financement de l’opération pourrait être assurée par le budget départemental. Par ailleurs, la possibilité de constituer un dossier de demande de subvention de l’Etat n’est pas à exclure  ».

Le 28 février 1978, le maire peut présenter au conseil un avant-projet des travaux de protection de la dune du Curnic, établi pour les services de l’Equipement de Brest – Littoral Nord. Les travaux consistent à protéger par des enrochements de 3 à 5 tonnes, une bande du littoral sur une longueur de 350 mètres. La dépense est évaluée à la somme de 600.000 francs. «  Le conseil municipal : a) estimant qu’il devient extrêmement urgent de protéger la dune en ce secteur, donne un avis favorable à l’avant projet en question ; b) considérant que le coût des travaux constitue une exceptionnelle et lourde charge pour la commune, et que le financement de l’opération ne peut être assuré par les ressources ordinaires du budget, Décide . de solliciter l’aide financière du Département au titre de la construction d’ouvrages de protection contre la mer ; . de solliciter l’aide financière de l’Etat au titre de la protection du littoral et des dunes ; S’engage à voter, en temps utile, les ressources nécessaires au financement de la part des dépenses restant à la charge de la commune, par voie d’emprunt  ».

Le 1er mars 1979, le conseil municipal peut décider de l’adjudication des travaux. « Les travaux de protection de la dune dans le secteur de Beg-ar-Skeiz ont déjà fait l’objet d’une décision de principe du conseil municipal. Les services de l’Equipement de Brest – Littoral Nord ont actuellement étudié le dossier en vue d’un enrochement. Le devis initial comportait une dépense total évaluée à 600.000 francs. Une substantielle subvention a été obtenue du Département et le docteur Guéguen a confirmé, par lettre, la somme de 360.000 francs. Cependant, la part communale, résultant de l’adjudication, sera couverte par emprunts. Il est demandé au maire de préparer, dès à présent, le dossier de mise en adjudication des travaux et de rechercher le complément de financement auprès des différentes caisses de crédit. Compte tenu des imprévus, il est prudent de prévoir un emprunt de 350.000 francs. Le conseil désigne les délégués du conseil pour représenter la commune à l’adjudication des travaux  ».

Une autre conséquence de la construction de la digue-jetée a été l’envahissement du port du Curnic et de la plage par les algues vertes.

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Lors des tempêtes de l’hiver 2014, la digue-jetée souffre encore beaucoup :