Croix et Calvaires

LES SOIXANTE CROIX ET CALVAIRES DE GUISSENY

La synthèse suivante a été réalisée par l’abbé Yves Pascal CASTEL en 2013 à l’occasion de la préparation de la publication de l’ouvrage de Spered Bro Gwiseni sur les « Stèles, Croix et calvaires » (avec des références à son Atlas des Croix et Calvaires du Finistère). Les soixante croix et calvaires présentés peuvent être classés selon les sept rubriques suivantes :

  • 1. Croix antiques
  • 2. Croix simples
  • 3. Croix simples à pans coupés type Roland de Neuville
  • 4. Croix simples portant un emblème.
  • 5. Croix avec Christ
  • 6. Petits calvaires
  • 7. Croix gravées sur des rochers

On essaiera aussi, dans la mesure du possible, de déterminer la raison de l’érection de ces jalons de pierre qui font de la Bretagne « Le Pays des calvaires » :

  • Chapelle disparue (Saint-Gildas),
  • limite de territoire (Lanneunval, Tréouron),
  • témoignages de Missions ou de Jubilé (Croas-an-Aod, croix dans l’enclos paroissial),
  • références à tel ou tel métier (Brendaouez, Kervéléré),
  • mémoriaux funéraires (Keramps, Kerbrézant).

Mais beaucoup de croix garderont leur secret, certaines servant simplement de jalons au croisement de chemins pour orienter la marche de l’égaré comme à Poultoussoc.

On peut également signaler les vestiges de Tréouron, un socle octogonal percé en son centre d’un trou carré destiné à recevoir un fût de croix.

Yves-Pascal Castel 2 mars 2013

…voir les articles qui suivent…

Les croix antiques

Les croix antiques

Lavengat. La plus ancienne croix de Guissény est sans doute la toute petite croix gravée en creux sur la stèle de Lavengat. Cela rappelle un fait rapporté dans une « Vie de saint Samson », qui date du VIIIe siècle, une des plus anciennes vies concernant un saint breton, un fait qui ne se passe pas, précisons-le à Guissény mais en Cornwall de l’autre côté de la Manche. On y lit que passant auprès d’un endroit où étaient rassemblés des gens célébrant à leur manière un culte païen, Samson s’était approché de la grande pierre Il y traça du doigt « comme dans une cire molle l’image de la sainte croix ». La stèle quadrangulaire à pans concaves de Lavengat marquée d’une petite croix remonte à l’âge du fer, cinq siècles avant le christianisme. Elle a été replacée en septembre 2001 en un endroit très proche de ce qui de mémoire d’homme, fut sa place originelle (« Stèles, Croix et Calvaires », p. 27). Kerrigent n° 2. Granite, haut Moyen âge. Plantée à même le sol, la croix a tout l’air avec ses bras courts légèrement levés et son fût gonflé d’avoir été retaillée dans une stèle antique (« Stèles, Croix et Calvaires », p. 18).

Citons aussi parmi les croix anciennes celles qu’on attribue, sans plus de précision au haut Moyen âge.

Croaz Toul. Croix aux bras très courts. Le trou percé à la croisée des branches demeure difficile à expliquer. Sur la face l’orifice s’encadre de rayons et d’un simple cercle au revers. (Atlas n° 710). On connaît une autre croix percée de cette façon curieuse à Plouider (Atlas n° 2146).

CroasToul

Croaz-Tougn. Écourtée, comme écrasée, Croaz-Tougn porte bien son nom. Mutilée elle a été remise en place en 2000, l’année du Jubilé. (« Stèles, Croix et Calvaires », p. 27)

CroazTougn

Kerespern. Granite. Les cinq cupules creusées sur la face de la croix aux bras courts de Kerespern pourraient évoquer les quatre évangélistes entourant le Christ, mais ce n’est qu’une hypothèse. Au revers, se voit une bosse (Atlas n° 720, notice à corriger).

Kerespern

Keroullidic. Granite, section rectangulaire. Ici les bras courts de la croix de Keroulidic ne sont pas de même largeur (« Stèles, Croix et Calvaires », p. 18).

Keroullidic

Croaz Mil Gwern (ou …Horn) (Kervedennic sud). Croix aux bras courts avec une petite croix gravée au centre. La croix des mille mâts située sur une légère hauteur, pourrait rappeler le lieu d’où l’on avait observé l’apparition sur l’horizon d’une flotte de navires ennemis, rappelant ainsi une de ces descentes coutumières aux Vikings venus du Nord vers le IXe siècle (Atlas n° 727).

CroasMilGwern

Saint-Gildas. On notera l’originalité du dessin de la petite croix de Saint-Gildas, qui ne mesure pas un mètre de haut. Ses bras forment une sorte de trèfle. Chaque découpe de la feuille ainsi que la tige portent chacun un petit cercle gravé en creux. Déplacée en 1933, la croix de Saint-Gildas rappelle l’existence d’un prieuré dépendant de l’abbaye du même nom. Le souvenir de la chapelle disparue demeure dans le nom Parc-ar-Chapel une parcelle du secteur. Un testament signé de Jean Floch, signalait une donation de 3 livres aux chapelles de la paroisse, dont Saint-Gildas, qui est de nouveau mentionnée dans un aveu de 1682 (Atlas n° 740).

StGildas

Lizouarn. Granite. Sur un socle circulaire irrégulier, la croix de Lizouarn élève légèrement ses deux bras courts. C’est sans doute elle qui, déterrée vers 1974, lors de travaux de voirie, a été sauvée par M. Kerhervé de Lizouarn (Atlas n° 737). Une note transmise par Donatien Laurent en 1981, signalait aussi à Lizouarn une autre croix aujourd’hui, semble-t-il disparue.

Lizouarn

Ménez Castel-Coz. La croix que la brochure date de 1979, érigée sur le mur de clôture d’une propriété. reprend le profil des croix très anciennes (« Stèles, Croix et Calvaires », p. 24).

Croaz-Torret. Croix cassée, ainsi dénommée car l’un de ses bras est mutilé, un dégât causé, selon la tradition par un tir provenant d’un navire. Légèrement pattée, les bords en sont épannelés. Elle est ornée d’une croix en faible relief. Restaurée, replacée en 2008, sur un socle circulaire, (« Stèles, Croix et Calvaires », p. 8).

CroasTorret

Landenvet. Granite. Moyen âge. Mutilée, la croix est dans un talus près de la fontaine de Landenvet. C’est peut-être à son propos que l’abbé Simon, recteur de Guissény écrit dans le mémoire qu’il rédigea en 1934 et que nous évoquerons plus loin : « Croix de Landévet, au milieu d’un village du même nom : belle croix : ai payé 160 F à J. Quiviger pour relever la croix et cimenter =160 F. » (« Stèles, Croix et Calvaires », p. 21).

Landenvet

Kerrigent n° 3. Granite, petite croix de section rectangulaire à pans coupés (« Stèles, Croix et Calvaires », p. 19).

Kerrigent3

Les croix simples

Croix simples

Après la première catégorie de croix que nous avons appelées « antiques », sous toutes réserves, fourmille un lot important de croix simples qui souvent difficiles à dater, mais où en trouve de relativement récentes.

Croaz-ar-Gall

  • Granite, XVIe siècle. Sur un emmarchement à trois degrés inégaux, un socle plat et carré porte une croix de granite de section circulaire, au long fût. (Atlas n°702).
CroazArGall

Enclos de l’église

  • A l’entrée nord de l’enclos de l’église paroissiale, quatre croix très sobres s’alignent sur les pylônes de facture classique qui doivent datent des environs de 1700. Gwenc’hlan Le Scouézec remarquant les boules ovoïdes qui ornent les socles de manière assez originale les commente ainsi : « Seize galets en forme d’œuf cantonnent les socles des croix, quatre par quatre. Etrange présence que celle, répétée, de ces pierres que l’on trouve sur des tombeaux archaïques, à Lanrivoaré, à Lannuchen au Folgoët, aussi bien qu’en Irlande et ici au seuil du séjour des morts » (« Stèles, Croix et Calvaires », p. 10). G. Le Scouézec, « Pierres sacrées de Bretagne, croix et calvaires, p. 130, 131. L’auteur note aussi que « devant la mairie neuve de Guissény les habitants ont organisé un véritable petit musée des antiquités ». Ces croix et stèles ont été depuis replacé sur leur site d’origine.
EntréeEnclos

Kerdreuzant

  • Granite à gros grain long fût épannelé dressé sur un socle circulaire, le tout porté par un massif assez bas (Atlas n° 719).
Kerdreuzant

Kerléac’h

  • Granite, croix simple de section rectangulaire sur socle carré. (« Stèles, Croix et Calvaires », p. 16).
Kerleac’h

Kerrigent n° 1

  • Granite, Moyen âge, petite croix mutilée de section carrée, située près d’un champ appelé Parc-ar-Groas. (Atlas n° 724).

Kergoniou

  • face à l’entrée de l’allée du manoir. Sur un socle carré semi enterré le fût porte un chapiteau simple soulignant une croix courte. Récemment restaurée (Atlas n° 721).
Kergoniou

Kergroas

  • Granite, XVIIIe siècle. Sur une base moderne un socle circulaire porte une croix aux angles épannelés (Atlas, n°722).
Kergroas

Kervéogant

  • . croix de Saint Sutic, Petite croix de fonte, mutilée insérée au-dessus du fronton d’une fontaine dont la niche abrite une statue d’évêque en kersanton. Au dimanche de Quasimodo a lieu ici le premier pardon de la paroisse. (Atlas n° 730) Dans le même site de Kervéogant la Brochure donne la photo d’une petite croix de granite à pans coupé, sans fût, présentée sur une maçonnerie récente (« Stèles, Croix et Calvaires », p. 19).

Kerzuloc

  • près de Pont-ar-Go. Granite, moyen âge. Croix pattée, sur le long fût de la croix monolithe est gravée une croix en creux (Atlas n° 732).
Kersulec

Lizouarn

  • Il y avait, semble-t-il trois croix à Lizouarn. Leur histoire semble confuse. (Atlas n° 737) (« Stèles, Croix et Calvaires », p. 23).
Lizouarn

Poultoussoc

  • Granite, XVIe siècle, socle carré à ras de terre, croix épannelée (Atlas n°739).

Croix simples plus ou moins récentes

Le Curnic

  • D’une simplicité extrême, la croix du Curnic de section carrée aux angles finement rabattus, plantée sur un socle cubique nous dit par une longue inscription pourquoi elle a été érigée : EN MEMOIRE DE JEANNE GOT /EPOUSE DE THEODORE PILVEN /DECEDEE A RENNES LE 19 JUILLET 1875 / A L’AGE DE 29 ANS / PRIEZ POUR ELLE. (Atlas n° 703).
LeCurnic

Kerbrézant n° 3

  • Croix de section carrée portée par un socle cubique Date et initiales : 1907 et G C. On sait qu’elle fut érigée par Agnès Apolline Gac à la mémoire de son époux, Laurent le Gall, victime d’un accident à cet endroit le 21 août 1907 (« Stèles, Croix et Calvaires », p. 12).

Menez-Castel-Coz

  • La croix à bras courts sur un socle carré érigée sur le mur d’une propriété reprend le profil de certaines croix anciennes La notice de la Brochure, la date de 1979 (« Stèles, Croix et Calvaires », p. 24).

Enez Croas Hent

  • Granite 2001, Sur un socle carré, se dresse une croix aux angles épannelés, à la tête trapue. A la croisée des bras une plaque métallique rappelle les drames de la mer : A TOUS LES PERIS / EN MER / LE 12 MAI 2001. (« Stèles, Croix et Calvaires », p. 10).
EnezKroazHent

Signalons aussi parmi les « croix simples » modernes, les deux croix sculptées par Jean-Louis Polard vers la fin du XXe siècle. Elles ponctuent le chemin creux qui va de Croaz Toul à Frout Creiz (« Stèles, Croix et Calvaires », p. 8).

CroixPolard

Les croix simples (type Neuville)

Croix simples à pans coupés de type Neuville

On sait que Monseigneur de Neufville, se faisait une gloire d’avoir fait planter un grand nombre croix, manière à lui de lutter contre les Huguenots qui ailleurs se faisaient un devoir de les abattre.. Ainsi pendant la durée de son épiscopat de 50 années 1563-1613. dans le diocèse de Léon, furent édifiées des croix simples à larges pans coupés, peu coûteuses.

Brendaouez. Croix dressée au-dessus d’un petit massif de pierres sèches, fleurie. (Atlas n° 700)

Brendaouez

Kerbrézant n° 1. Petite croix à pans coupés insérée dans un mur (Atlas n° 716). Elle se trouvait à l’entrée du chemin menant à l’ancien presbytère, situé à Kerbrézant, entre l’église paroissiale du bourg et le penity Sant Sezny du Lerret.

Kerbrezant1

Kerbrézant n° 2. Granite à gros grain, XVIe siècle. Petite croix à pans coupés portée par un large socle cubique sur lequel s’étale le monogramme I H S insérée dans un mur de clôture (Atlas n° 717).

Kervénaouen. Granite, petite croix sur socle carré bas placée sur un grand cube de pierre devant un petit enclos fleuri bien aménagé (« Stèles, Croix et Calvaires », p. 19).

Kervenaouen

Kervézennec. Petite croix sur socle circulaire, restaurée depuis la parution de l’Atlas qui la montrait avec le haut brisé (Atlas n° 731).

Landenvet. Petite croix de granite mutilée d’un de ses bras, actuellement près de la fontaine de Landenvet (Brochure p. 21).

Lanneunval. Granite, socle fruste. Plantée sur un muretin à la limite de Guissény et de Kernouès, on peut la considérer comme une croix frontière (Atlas n° 734).

Lanveur. Granite socle semi-circulaire (Atlas n° 735)….

Trérohant. Petite croix à pans plantée de façon asymétrique sur socle cubique (Atlas n° 744).

Terrohant

Les croix simples (avec emblème)

Croix simples portant un emblème.

Comme ailleurs dans le Finistère, Guissény porte sur deux de ses croix anciennes un emblème gravé qui a une signification précise..

Kervéléré. La croix de Kervéléré est un monolithe à pans coupés qui le rattachent à la fin du XVIe siècle. On voit néanmoins que son fût porte les traces d’une fracture désormais réparée. Sur l’écu à la croisée des branches se détache un dessin curieux bien fait pour intriguer. Un triangle sur un pied tordu qui s’accompagne de deux autres motifs si usés qu’ils sont difficiles à définir. Un tel dessin se rapporte à ce que l’on appelle le « quatre de chiffre ». L’origine de ce quatre de chiffre vient de ce que les lignes tracées par la main de qui fait son signe de croix rappelle le chiffre quatre. Les marchands chrétiens ont utilisé ce signe triangulaire pour identifier leur marchandise, l’accompagnant souvent de leurs initiales. On en voit sur des cheminées de vieilles maisons d’armateurs à Roscoff et sur plus d’une croix ailleurs dans le Finistère.(Atlas n° 728).

Kervelere

Croaz-ar-Sergent, route de Brendaouez. Après avoir, comme le montre une photo du chanoine Jean Feutren, fait partie de la forêt des croix rassemblées devant la mairie au temps du maire Jean Fily, Croaz-ar-Sergent a été reportée à son emplacement d’origine. Une cognée est gravée sur sa branche haute au-dessus du cercle à rayons cruciformes de la croisée des branches. Ce semble être l’emblème du métier de bûcheron. En certains endroits une telle cognée rappelle la limite d’une déforestation faite en vue d’augmenter la surface de terre cultivable. Ici, le nom de Croaz-ar-Sergent qu’on lui donne pourrait aussi évoquer une hache de guerre. Au revers de notre croix se distinguent de petites croix en relief ou en creux (Atlas n° 711).

CroasArSergent

Les croix avec Christ

Croix avec Christ

Aucune des quarante croix évoquées jusqu’ici ne porte de Christ. Sur le territoire de Guissény, en comptant les calvaires on en relève une quinzaine environ, un lot dans lequel aux croix anciennes qui sont en nombre se joignent quelques croix contemporaines.

  • Croix anciennes avec Christ

Croas-an-aod ou Croix de la Grève. C’est en 1867, à la suite d’une Mission, qu’elle fut plantée au bord de la mer. Le monument se compose en réalité de deux parties bien distinctes. une croix et un autel La croix provient en fait du hameau de Keriber, situé à 3 k au Sud-Est du bourg non loin d’un affluent du Quillimadec qui en cet endroit fait frontière avec Saint-Frégant. Sur un socle carré aux angles à griffes un long fût de section ronde porte sur un chapiteau mouluré une croix avec un Christ. Le monument est coiffé d’un dais gothique, à fleurons plats typiques du XVe siècle. L’autel qui soutient la croix provient d’ailleurs, fort vraisemblablement de la chapelle disparue de Brendaouez. En effet, les extrémités de la table à large cavet, portent les armoiries des Poulpry : « un rencontre de cerf », c’est-à-dire une tête de cerf présentée de face. Or on sait que les Poulpry possédaient Brendaouez en 1643. Les dates laconiques inscrites sur le devant du coffre sont significatives. La première : MISSION 1867, la seconde: : JUBILE 1868. Le déplacement d’éléments pris au fond de la campagne où ils étaient quelque peu perdus s’explique par le désir de christianiser un bord de mer plus fréquenté.

Croas an Aod

Croas-an-aod a inspiré des artistes. Entre autres, peintre relativement connu. Théodore Boulard brosse ainsi une toile où la croix sert de fond à une composition où se déploie une procession haute en couleurs S’y déploie, flottant au vent de la grève la bannière portée des Enfants de Marie en costume du pays. Théodore Boulard (1887-1961), musicien, mathématicien, peintre, nanti de solides convictions laïques, avait été conquis par une Bretagne mystique qui lui a inspiré plusieurs toiles religieuses. Son œuvre a fait l’objet d’une exposition au musée de Pont-Aven qui s’est terminée le 4 janvier 2008 (Atlas n° 705).

Keraignan. Sur un socle circulaire, intégrée dans un muretin de pierres, croix de granite de section octogonale mutilée. Christ bras étendus à l’horizontale de facture artisanale (Atlas n° 714).

Keraignan

Kerderc’h. Granite, moyen âge. Sur un tertre rocailleux où il y a une pierre ovoïde qui pourrait être une stèle de fécondité ovoïde, croix épannelée à long fût, Christ rudimentaire en assez fort relief.(Atlas n° 718).

Kerderc’h

Kerguidillic. Granite, moyen âge. L’originalité de cette croix au long fût, aux bras légèrement pattés, avec un Christ dont les reliefs sont fort érodés, est qu’elle est érigée sur un bloc de pierre informe. Fragment de rocher qui a gardé des traces de débitage, les unes effectives sur la tranche datent des environs de 1900. Les autres sont de simples encoches sur une des faces pourraient être des traces anciennes d’un débitage avorté (Atlas n° 723).

Kerguidilic

Landenvet. Granite, XVIIe siècle. Emmarchement à deux degrés, Haute croix, socle carré à pans, haut fût rond, chapiteau simple, croix à branches rondes sans fleurons. La face s’orne d’un Christ, le revers d’une Vierge de type médiéval (Atlas n° 733). Landenvet possède une autre croix qui a été signalée plus haut.

Landevet2

Lavengat. Granite, moyen-âge, section octogonale. Christ fruste, bras étendus à l’horizontale, pieds joints, et non croisés. La date de 1920 tracée dans le ciment au revers du socle témoigne d’une première restauration dont on sait qu’elle a été suivie d’une autre en 2003 (Atlas n° 736).

Lavengat

Le Dirou / Rosicou. Granite, encadrée d’une épaisse végétation. Base rectangulaire maçonnée, socle circulaire, fût à pans chapiteau rond. .La date de 1. 7. 0. 2 est inscrite de bas en haut. Crucifix en relief (« Stèles, Croix et Calvaires », p. 23).). Lizouré. Granite, moyen âge, sur un socle circulaire, posé sur un massif carré. Le Christ est en faible relief (Atlas n° 738).

LeDirou_Rosicou

Les croix de KERMARO

Kermaro 1. Granite, XVe siècle. Base à deux degrés. Socle à griffes droites. Fût rond, chapiteau. Croix, crucifix, Vierge à l’enfant (Atlas, n° 726).

Kermaro1

Kermaro 2. Granite, Moyen Age, 1,80m. Croix monolithe pattée. Crucifix en relief. Au revers, une petite croix.

Kermaro2

Kermaro 3. Granite, 1638, 2,30m. Croix monolithe de section octogonale. Crucifix en relief. Sur le socle : M. SYMON 1638.

Kermaro3

Kermaro 4. Granite, Moyen Age, 0,30m. Socle. Croix de section octogonale.

Kermaro4

  • Croix récentes avec Christ

Il arrive que l’on voit, posée sur un fût ancien, une croix relativement récente.

Ménez-ar-Groas. Fût de section ronde avec un chapiteau tronc conique du XVe siècle. Croix fine de section carrée avec un Christ de métal. (Atlas n° 729, rubrique Kervenouaen O.).

MenezArGroas

Keramps. 1910. Sur une base maçonnée s’élève un crucifix tel qu’on en voit sur les tombes ordinaires. Elle a été restaurée par des bénévoles en 1999. Deux plaques portent des inscriptions commémoratives : E MEMOR / EUZ A JOB AR BOULCH / PRIED DA VARI JN BERGOT / A DA ANA TIGREAT / MARO AN ANDRED MAN / DAN 9 A C’HENVER 1910 (mil nao c’hant ha dek). 63 (tri ha tri uguent) BLOAS / PEDIT DOUE EVIT AN ANAON (A la mémoire de Joseph le Boulch époux de Marie-Jeanne Bergot et de Anna Tigreat, mort à cet endroit le 9 janvier 1910, âgé de 63 ans. Priez Dieu pour les défunts). MARI COLLIC E / DEUZ ROET AOTRE / DA ZEVEL AR GROAZ /MAN VAR E DOUAR / BENNOZ DOUE (Marie Collic a donné l’autorisation d’élever la croix sur son terrain. Merci) (Atlas n° 715).

Keramps

Monument aux morts. Vers 1920, pierre de kersanton, par Donnard de Landerneau. Sur trois marches le corps cubique du monument porte sur la face l’inscription habituelle : 1914-1918 séparés par la croix de guerre : A LA MEMOIRE / DES ENFANTS DE / GUISSENY MORTS POUR LA FRANCE. Sur les trois côtés s’égrènent les noms des glorieuses victimes. Le corps cubique surmonté d’une large corniche porte un grand crucifix sur une croix à écots aux branches fleuronnées. L’entourage est ponctué, comme dans beaucoup de monuments aux morts par des obus reliés par des chaînes. (Atlas n° 709).

MonumentAuxMorts

Croaz-ar-Styvel. Pierre de kersanton. 1938. Offerte par l’abbé Le Gall, (sans doute Sezny Le Gall, originaire de Guissény (1882-1966). Le monument en pierre de kersanton a pour originalité d’avoir un Crucifix porté par une grosse sphère où sont gravés les contours des continents, avec la légende : ORBIS REDEMPTI VICTIMA REX (royale victime du monde racheté). La Vierge à l’Enfant au revers du Crucifix s’accompagne d’une invocation : O MARIA, O REGINA, ORA PRO NOBIS (O Marie, ô reine, priez pour nous !). Sur le fût de section ronde monte un bref appel au Seigneur : SAUVEZ / LE / MONDE. L’invocation trouve tout son sens lorsqu’on se souvient que le monument fut élevé au cours des mois qui précédèrent la guerre 1939-1945, une guerre que certains voyaient venir à grands pas (Atlas n° 713).

Croa ar Styvel

Les petits calvaires

Petits calvaires

On le sait, la croix simple signe chrétien est d’ordre symbolique tandis que le calvaire est d’ordre historique. Le calvaire, petit ou grand montrant le Christ accompagné de personnages, illustre la scène véritable qui s’est déroulée au Golgotha à Jérusalem. On notera qu’à Guissény, pas plus que dans la paroisse voisine de Plouguerneau, les calvaires sont vraiment peu nombreux. Aucun dans la campagne, seulement deux qu’il faut aller admirer dans l’enclos paroissial.

Calvaire n° 1, enclos côté sud.

CalvaireSud

Granite et kersanton. Œuvre hybride relevant de plusieurs époques. 1555, atelier Bastien et Henry Prigent. 1920 Donnard. 2000, J.-M. Jézéquel. Base circulaire à trois degrés, le premier avec corniche. Socle portant l’inscription : MISSION 1920. Fût circulaire lisse. Nœud en boule où se lit gravé : J . HABASC / GOUNER Gouverneur) 1555, ce qui date l’ensemble du monument.

De manière originale assez peu commune, la branche qui porte les statues a quatre bras, terminés par de larges masques. Sur les deux de l’avant, Vierge éplorée et saint Jean. Sur ceux de l’arrière, il y a saint Yves, une statue dont le revers non sculpté et laissé sous le coup de l’outil, montre que sa place n’est pas d’origine. Faisant pendant à ce saint Yves, une statue d’évêque, au revers lisse, sans doute saint Sezni.

Un Christ lié attendant le supplice est plaqué au revers du crucifié cloué sur une croix aux fleurons boules. Le calvaire a été restauré en 2000 par Jean-Marc Jézéquel. Le saint Jean a en particulier retrouvé sa tête. (Atlas n° 706).

L’histoire de ce calvaire qui n’est plus à sa place d’origine mérite d’être rapportée en suivant le récit circonstancié rédigé par le chanoine Simon. Nous le transcrivons dans son intégralité en respectant style et variantes orthographiques :

« Histoire de la grande et belle croix de Saint Yves »

Transportée au cimetière du Bourg et devenue Croix de Mission 1920 : Au village de SAINT EOZEN il y avait autrefois une chapelle dédiée à Saint-Yves. L’emplacement de la chapelle est toujours visible : il est entouré d’un talus en terre. Dans cet enclos et à quelques dix mètres de l’ancienne chapelle, il y avait une belle croix en bien mauvais état. Le soubassement est circulaire et en grandes pierres de taille, la gaule a dans les trois mètres de haut : tout au haut de cette gaule il y a une grande pierre transversale en kersanton dont chaque extrémité supporte deux statues ; puis vient le Christ avec des deux côtés un eccé homo et une descente de croix ; les extrémités de la croix se terminent par des boules ; la descente de croix et l’ecce homo étaient intacts, ainsi que le Christ, les statues avaient disparus :

je les ai remplacées par quatre autres statues également en kersanton, trouvées par ci par là, un peu partout. L’une de ces statues est une mater dolorosa, avec larmes tombant des yeux : elle a été enlevée de la fontaine Saint Yves dans la prairie d’en face. Je l’ai remplacée dans la fontaine par une statue en pierre, mais de moindre valeur.

Les officiers qui passaient par GUISSENY pendant la grande guerre me disaient en me montrant la Mater dolorosa : « Voilà un vrai chef d’œuvre qui serait vendu des milliers et des milliers de francs aux musées de Paris ».Toutes les pierres de ce calvaire, bien numérotées, ont été par mes soins transportées dans le cimetière du bourg, monsieur DONNARD marbrier à LESNEVEN, a fait le travail. J’ai payé le tout 1.550 F.

Depuis longtemps je voulais avoir cette croix pour le cimetière du bourg. Au village de Saint-Yves, il n’y avait autour d’elle que des chevaux et des vaches ! Un soir quelconque je disais mon bréviaire à l’église, mais hélas ! je n’avais que distractions sur distractions ! Impossible de chasser de mon esprit la pensée de la Croix de Saint Yves ! J’essayais de me recueillir un peu : inutile ! et je croyais entendre sans cesse une voix me dire et me répéter : « Allez donc demander cette croix à son propriétaire : vous l’aurez ». Ennuyé de ne pouvoir dire mon bréviaire attente et devote, je quittais l’église et m’en vais directement chez cette bonne personne Marie Anne BRETON de Brendaouez, à deux bons kilomètres du bourg. Je lui expose le but de ma visite et elle me répondit tout de suite : « Et bien oui, je vous la donne cette belle croix, et cependant, je vous l’avoue, je l’ai refusée plusieurs fois à d’autres recteurs de GUISSENY » Ah ! j’étais vraiment heureux d’avoir réussi. Monsieur DONNARD de LESNEVEN vint au jour convenu prendre la croix qu’il avait déposée à terre pièce par pièce. .J’étais sur les lieux et l’attendais avec impatience l’arrivée de mes paroissiens avec leurs charrettes. Hélas ! je dus attendre longtemps : personne ne bougeait ! A la fin cependant un conseiller municipal d’un village voisin osa s’approcher avec sa charrette : il avait l’air bien penaud. On lui charge sa charrette et le voilà en route pour le bourg. Ce que voyant les autres voisins vinrent aussi avec leurs charrettes, et pour le soir toutes les pièces de la Croix étaient rendues au cimetière du bourg. Mais tous me disaient : « Nous regrettons beaucoup la disparition de cette croix de notre village » je les consolais de mon mieux en leur disant : « Vous la reverrez au cimetière tous les dimanches et fêtes ; elle sera une bénédiction pour vos morts, et puis, plus tard j’élèverai ici à sa place cette autre croix que vous voyez adossée au talus de la route ». J’ai tenu ma promesse, et depuis Février 1934 la nouvelle croix est en place, piédestal en pierres de ciment, total ….450 F. Je me demande souvent si tous ces détails ont leur raison d’être, et à chaque fois raisonne à (mes oreilles)… la parole de Monseigneur COGNEAU : « des dates et des détails auraient été très intéressants ».

Puisque j’ai commencé à parler de croix je continue le même sujet :

  • 1. Croix de CALOUER sur le bord de la route de Brendaouez à PLOUGUERNEAU : ai payé 20 F pour déterrer la Croix et nettoyer tout autour…20 F. (Cette crois est aujourd’hui difficile à repérer).
  • 2. Croix de Croaz-ar-Gall. : « Croix de Croaz-ar-Gall à 100 mètres environ de la chapelle de Brendaouez au bas de la côte ai payé 100 F à Jacques Quiviger pour maçonnerie et garnir de ciment les joints entre les pierres = 100 F ». (La croix a été évoquée plus haut).
  • 3. Croix de Landévet, au milieu d’un village du même nom : belle croix : ai payé 160 F à J. Quiviger pour relever la Croix et cimenter :=160 F (autre croix difficile à repérer).
  • 4. Croix de Kermaro. Au bord de la route de GUISSENY à PLOUGUERNEAU ai payé au même : 100 F pour consolider et cimenter =100 F (Atlas n° 725 ou 726).
  • 5. Croix de Menez-ar-Groaz, sur le bord de la route du bourg à Lavengat : ai payé 100 F à Goulven Quiviger pour fixer une croix en ciment avec Christ sur une gaule existant depuis longtemps =100 F. (Atlas n° 727) »

En marge de cette histoire du calvaire de Saint-Yves, sous la plume du chanoine Simon, on notera, la statue géminée placée dans la niche de la fontaine Saint-Yves, un groupe qui ne peut provenir que d’un calvaire. S’y adossent un Christ aux liens et saint Yves. Le style de ce groupe conduit à l’attribuer à Roland Doré le célèbre sculpteur de Landerneau. (Atlas n° 742). Quant à la croix promise, en 1934, par le recteur Simon, en échange du calvaire, on la voit, aujourd’hui, au village de Saint-Yves, encadrée par une somptueuse végétation (Atlas n° 741).


Calvaire n° 2, enclos côté est.

CalvaireEst

Granite et kersanton, fin XVe siècle. Base carrée à trois marches à corniche. Socle carré plat, fût rond. Chapiteau rond, orné de quatre masques de moines. Au-dessus, quatre branches en étoile se terminent par des culots feuillagés. La croix du Christ à branches rondes est couronnée d’un dais gothique.

Au revers du Christ, belle Vierge couronnée à l’enfant. Ce calvaire est une œuvre hybride dont la composition s’écarte de la tradition des petits calvaires quant au choix et à l’emplacement des personnages. Ainsi à la gauche du Christ, il y a, ce qui va de soi, un saint Jean reconnaissable au calice, mais la Vierge Marie traditionnellement placée à la droite de son Fils mourant cède la place à saint André reconnaissable à sa croix.. Au revers le saint Pierre et le saint Paul, sont des œuvres contemporaines dont le profil rompt avec celui des statues d’origine (Atlas n° 707).

Les croix gravées sur des rochers

Croix gravées sur des rochers

Il n’est pas rare de relever des inscriptions gravées sur des rochers en bord de mer. On en voit entre autres au Pern et à Roc’h-Hir à Ouessant. Il y en aussi sur des blocs de pierre bousculés sur l’estran, à la Pointe du Caro à Plougastel-Daoulas.

A Guissény, au Curnic, au début de la jetée de béton, se voit gravée une petite croix sur un emmarchement. Une inscription est proche de cette croix : --- AN GOULVEN 1906 ( ?) (mil nao c’hant ha c’hoec’h). Il semble que cette croix ait disparu depuis sa description par Yves Pascal CASTEL.

Puis vers Enez Croas Hent, assez ésotérique et difficile à lire : 1893 (mil nao c’hant ha tri uguent). / ER PEN KENTA DOUE / 4000 ( au commencement Dieu, pevar mil) BETEK VAR AZALEKAR BLOAZ --- (jusque , depuis l’année). Un dessin de croix sur un emmarchement accompagne l’inscription.

(photos du rocher de Jacques Buttet)

La paroisse

L’enclos paroissial

L’enclos paroissial de Guissény est un ensemble complet. Guissény a conservé son enclos paroissial entouré d’un mur, originellement d’une belle maçonnerie terminée par un rang de pierres taillées en doucine mais malheureusement mal rénové à certains endroits.

Si l’entrée principale ne possède pas l’arc de triomphe des grands enclos du Haut-Léon, elle dispose tout de même de trois ouvertures encadrées par quatre piliers moulurés, couronnés de petites croix dont le socle est garni de boules.

L’enclos comportait quatre entrées dont certaines barrées par l’échalier qui le protégeait de l’intrusion des animaux.

L’intérieur de l’enclos contient tous les éléments traditionnels : l’église entourée du cimetière, l’ancien ossuaire devenu chapelle de l’Immaculée-Conception et deux calvaires.

L’EGLISE PAROISSIALE.

L’église actuelle a été reconstruite en 1721, sauf les porches nord et sud. Flanquée au nord-ouest du clocher, elle comprend une nef de quatre travées au nord et de cinq travées au sud avec deux ailes formant faux transept, puis un chœur de deux travées avec bas-côtés, terminé par un chevet plat. Deux porches portant des dates, 1735 au nord et 1637 au sud.

Le marché de la tour fut passé en 1700 avec Pierre Tréguer, architecte, à condition qu’elle soit semblable à celle de Ploudaniel jusqu’aux guérites : un clocher à deux étages de cloches et deux galeries, amorti par une haute flèche cantonnée de quatre clochetons, fut restauré aussitôt.

Les cloches sonnent du nord au sud. Cette originalité s’expliquerait par la participation au financement des seigneurs de Penmarc’h et de Kergoniou qui voulaient mieux les entendre de leurs manoirs. La tour est posée sur le côté nord de l’édifice.

LE CIMETIERE.

Le cimetière, cité des morts, est séparé du monde des vivants par un muret et des échaliers. La porte monumentale, normalement située au sud de l’enclos, est ici placée au nord, du côté du bourg.

C’est à partir de la fin du XVIIe siècle que l’interdiction d’inhumer à l’intérieur des églises et des chapelles a entraîné l’installation d’un cimetière extérieur, autour de l’église. Cela ne s’est pas fait facilement en Bretagne où il fallut deux arrêts du Parlement de Rennes en 1719 et 1754 pour imposer la décision royale.

La construction de calvaires assura la présence divine au milieu du domaine des morts et l’ossuaire devint une chapelle funéraire.

Dans la dernière partie du XIXe siècle, la question du transfert du cimetière agite la vie de la commune : en 1873, le maire commence à prévoir l’acquisition d’un terrain pour transférer hors de l’enclos le cimetière parce qu’il est devenu insuffisant (il « suffit à peine aux besoins des inhumations ») et qu’il faut agrandir l’église paroissiale (« agrandissement qui prendra beaucoup du cimetière actuel »).

Mais le conseil fait remarquer que «  la translation du cimetière hors du bourg répugne aux habitudes prises par la population parce qu’elle n’aurait plus les mêmes facilités pour prier sur les tombes de ses parents  » et «  la translation du cimetière exigerait dans les conditions de haut prix des terres environnant le bourg de Guissény une somme supérieure aux ressources dont la commune peut disposer ».

Il préfère donc une autre solution : l’agrandissement du cimetière existant vers le Sud où il est possible d’acquérir un terrain.

La mobilisation de la population a donc permis de conserver le cimetière autour de l’église dans l’enclos. Mais, même s’il a été agrandi, la gestion des inhumations n’est pas facile : le 19 juin 1920, « le conseil, considérant l’état déplorable dans lequel se trouve le cimetière, décide de faire aligner les tombes et de vendre des concessions dont le prix sera fixé ultérieurement. Une partie du cimetière sera réservée pour des concessions gratuites à l’usage des indigents. Chaque famille ne pourra avoir plus de trois tombes ». Et l’année suivante, le conseil refuse une demande de construction d’un caveau faite par un particulier, «  considérant que le cimetière communal n’est pas assez spacieux pour la construction de caveaux ».

C’est au début des années 1990 qu’un nouvel agrandissement du cimetière a été réalisé au sud pour installer des caveaux et reprendre la mise en ordre des tombes ; une deuxième tranche a suivi quelques années plus tard.

LA CHAPELLE DE L’IMMACULEE CONCEPTION (ancien ossuaire)

La chapelle de l’Immaculée Conception est l’ancien ossuaire, reconstruit en 1743 avec aménagement d’un étage pour faire un local pour les « petites écoles », organisées par le clergé paroissial. Elle a été restaurée en 1854 et porte l’inscription : CORENTIN LE ROY . GOUVERNEUR . 1743.

La chapelle abrite un magnifique retable du XVIIe siècle que l’humidité et les vers dégradaient sérieusement. Elle renferme aussi des statues de bois polychrome : Sainte Anne, Saint Yves et Saint Sezny. La restauration a été décidée en 1983.

Le bâtiment avait été reconstruit, en vertu de la permission de l’évêque du 11 juillet 1743, sur les plans de François Tréguer, architecte, qui perçut 369 livres 9 sols pour son travail. Collaborèrent à la construction : Michel Perrot et son fils, tailleurs de pierres, Vincent Le Tinevez, maître-charpentier, Michelot, vitrier… Une restauration a été effectuée en 1854, puis à l’époque du recteur Simon qui en dit : « la chapelle du cimetière, dédiée à sainte Anne, sert surtout pour le catéchisme, pour les réunions du Tiers-Ordre et des Enfants de Marie. Elle avait besoin de réparations, et j’ai profité de la présence des ouvriers qui ont travaillé sur l’église pour faire le strict nécessaire... ».

Le retable est un ouvrage baroque, donnant une vision idyllique du paradis. Des guirlandes de fleurs et des têtes d’anges entourent un tabernacle orné d’un ostensoir, et deux médaillons contenant de curieux portraits : ceux d’un seigneur en perruque et d’une femme en voile, peut-être les donateurs du retable.

De chaque côté, sont placés deux angelots du XVIIIe siècle. Il est possible que ce soit l’ancien retable de l’église paroissiale, remplacé par celui réalisé par Louis Magado, à partir de 1760, pour l’autel du Rosaire. La restauration du retable a été réalisée par André Miossec, de Landerneau, un doreur à la feuille, établi à Plougastel-Daoulas.

LES CALVAIRES.

1. Le Calvaire Est, daté de la fin du XVe siècle, est formé d’un fût rond qui repose sur un socle de quatre degrés à corniche. Le croisillon à quatre bras est orné de masques en dessous des statues de quatre apôtres (Pierre, Paul, André et Jean). La croix centrale à fleurons porte le crucifix d’un côté et une Vierge à l’Enfant au revers.

2. Le Calvaire Sud a pour origine l’ancienne croix de Saint-Yves transportée au bourg pour devenir la Croix de Mission de 1920. Haute de 5,50 m, avec trois degrés de plan circulaire avec une corniche, un socle cubique (inscription : Mission 1920), un fût rond et un croisillon à quatre bras : une mater dolorosa, Jean, Yves et un évêque ; des masques ornent le culot des consoles, une croix à fleurons-boules et un crucifix avec le Christ aux liens au revers.

3. Le monument aux morts de 3,50 m de haut, en kersanton, dans l’angle nord-est de l’enclos, a été construit vers 1920 par le sculpteur Donnart, de Landerneau. Le petit enclos était, à l’origine, délimité par des obus pour tenir les chaînes. Le socle élevé à corniche porte l’inscription 1914-1918 et la liste des victimes de la guerre. Il est surmonté d’une croix à branches rondes, fleurons et crucifix. La liste des victimes de la 2de Guerre mondiale, des guerres d’Indochine et d’Algérie a été rajoutée ensuite.

Les chapelles

Les chapelles de Guissény

En dehors de la chapelle de l’enclos paroissial, il n’existe qu’une seule autre chapelle aujourd’hui, celle de Brendaouez. Les anciennes chapelles des manoirs ont toutes disparu.

Notre-Dame de Brendaouez

La chapelle, située à deux kilomètres au sud du bourg de Guissény, était consacrée à Notre Dame des Carmes (ou Notre-Dame du Mont-Carmel). C’est un bâtiment rectangulaire qui remplace l’ancienne chapelle des Carmes détruite sous la Révolution.

Au-dessus de la porte Ouest, on peut lire deux dates :

  • 1556 (date de la construction primitive)
  • 1874. FR. GOURHANT. RTR (date de sa reconstruction)

La chapelle primitive du XVIe siècle aurait connu des modifications en 1603 et 1656. En 1854, le vicariat de Notre Dame de Brendaouez, laissé vacant pas la mort de Henry Le Gall, fut donné à Guillaume Creff, recteur démissionnaire de Kerlouan. Au XVIIIe siècle, elle était la propriété de l’Archidiacre de Quéménédilly, Yves de Poulpry de Trébodennnic. M. de Kerdanet (au XIXe siècle) signale qu’on y voit ses armes (« d’argent au massacre de cerf de gueules posé de front »). La chapelle avait 5 autels et 2 rangées de colonnes de pierre (dont on voit encore des exemples près de la fontaine).

Ruinée pendant la Révolution, la chapelle a été partiellement restaurée en 1801. La partie basse, la plus belle, était restée à l’état de ruine et présentait au milieu du XIXe siècle, « 6 arcades ogivales intactes, simples mais assez gracieuses ».

La chapelle est reconstruite en 1874 par le chanoine Gourc’hant (originaire de Saint-Pol-de-Léon), recteur de Guissény de 1853 à 1890. « Lors d’une tournée de confirmation, il voulut montrer la nouvelle chapelle à Mr. Jegou, Vicaire Général. Celui-ci, après l’avoir visitée, se contenta de hausser les épaules et rentra précipitamment au bourg au grand scandale du bon recteur ».

Des réparations ont été faites en 1918, 1920, 1935.

De nouvelles réparations ont été faites en 1980 :

"La chapelle qui domine le charmant et antique village de Brendaouez fait, en ce moment, l’objet de la plus grande attention. Depuis lundi exactement, toute une équipe de bénévoles locaux se sont regroupés en comité autour de M. Jean-Louis Breton, adjoint au maire de Guissény. Ils viennent, en effet, d’entreprendre des travaux de restauration de la petite chapelle, perle du village.

Construite en 1556, elle fut restaurée une première fois en 1874. Un peu plus d’une centaine d’année plus tard, la chapelle va donc subir une cure de rajeunissement. Sa toiture, tout d’abord, va être complètement refaite. Puis, petit à petit, se déroulera la réfection de l’extérieur et de l’intérieur où les pierres seront mises à nu. Cela représente un travail de longue haleine qui occupera les loisirs des agriculteurs et des ouvriers qui, spontanément, ont accepté d’accomplir cette tâche.

Mais aussi quelle satisfaction pour chacun ! La petite chapelle qui se mourait, complètement délaissé sauf à l’occasion du pardon annuel, va enfin voir célébrer de nouveau des baptêmes et des épousailles.

Une nouvelle vie commence donc pour elle, et cela dès dimanche prochain, jour de la célébration du pardon de Brendaouez. La fête y battra son plein autour des jeux et du battage à l’ancienne organisés par l’association familiale qui, d’ores et déjà, réserve une partie de la recette pour aider à la restauration".

Le mobilier se compose d’un vieux Christ en bois qui avait été retrouvé dans la cave d’une auberge près de la chapelle et qui provenait vraisemblablement de l’ancienne chapelle : il a été placé en face de la porte d’entrée (côté midi).

On y trouve aussi des statues anciennes (Vierge Marie et groupe de sainte Anne) et deux grands tableaux (dont un de Yann d’Argent).

[Le tableau de Yann d’Argent qui s’y trouve actuellement aurait été mis à l’abri à Brendaouez lors des bombardements fréquents et violents sur Brest pendant la Seconde Guerre Mondiale, et il y serait resté depuis].

Dans la même auberge, avait été trouvée aussi une statue en pierre de Notre Dame des Carmes qui a été placée sur un muretin au-dessus de la fontaine monumentale. Plus bas dans une niche tout au ras de l’eau, il y avait une statue en bois avec trois personnages : sainte Anne, la Vierge et l’Enfant Jésus.

En 1867, à l’occasion de la Mission, une croix, prise à Keriber, fut plantée sur le bord de la mer, dans un site fort pittoresque ; on y a adossé une ancienne pierre d’autel qui provient probablement de la chapelle de Brendaouez, car elle porte à chaque extrémité les armes de Poulpry, une rencontre de cerf ; or, en 1643, Yves de Poulpry possédait Brendaouez en qualité d’archidiacre de Quéménédilly.

En 2012-2013, un nouveau vitrail a été conçu par une équipe de Guisséniens bénévoles et réalisé par Aurélie Habasque-Tobie, vitrailliste installée à Guissény.


Les anciennes chapelles des manoirs

On comptait plusieurs autres chapelles avant la Révolution, celles :

  • de Saint Jean près le Hellez ou de Kergoniou ; la fontaine subsiste.
  • de Saint Tujan (ou Tugen, ou Tudan, ou Tuzan), non loin de Brendaouez, « meas Sant Tudan » en 1596 ;
  • de Saint Gildas ou « Veltas » ; ancien prieuré de l’Abbaye saint Gildas. La fontaine, en pierres de taille, subsiste, abritant la statue de saint Gildas et timbrée des armes de Penmarc’h ;
  • de Saint Charles, en Guissény( ?) : un curé de Guissény, H. Le Gac, lui lègue une offrande par testament en 1671 ;
  • de saint Bellec, près du manoir de Gorréquear ;
  • de Kériber, près du château de ce nom ;
  • de Saint Yves, au château de Kervezennec, avec croix et fontaine sainte ;
  • de Saint Marc à LAVENGAT, signalée comme existant en bon état en 1805 ;

Les recteurs de Guissény

Les quelques recteurs des XVIe et XVIIe siècles

01 . Les recteurs du XVIe siècle

Les renseignements sur ces recteurs sont tirés de la notice sur la paroisse de Guissény par les Chanoines Jean-Marie Abgrall et Paul Peyron, « [Notices sur les paroisses] Guissény », Bulletin diocésain d’histoire et d’archéologie Quimper, 12e année, 1912, p. 270-282, 290-302, 329-351.

Ceux-ci ont utilisé les notes de M. Jourdan de la Passardière et de M. le chanoîne Uguen, supérieur du Petit Séminaire, qui ont dépouillé les archives paroissiales de Guissény.

1) Le premier recteur identifié est Jean de COATLESTREMEUR qui est décédé en 1587.

2) Le deuxième recteur est Jean ROUXEL entre 1587 et 1588.

3) Le troisième recteur est Guénolé MAZEAS à partir de 1588.

La connaissance des recteurs du XVIe siècle s’arrête là.

02 . Les recteurs du XVIIe siècle

Les renseignements sur ces recteurs sont tirés de la notice sur la paroisse de Guissény par les Chanoines Jean-Marie Abgrall et Paul Peyron, « [Notices sur les paroisses] Guissény », Bulletin diocésain d’histoire et d’archéologie Quimper, 12e année, 1912, p. 270-282, 290-302, 329-351.

Ceux-ci ont utilisé les notes de M. Jourdan de la Passardière et de M. le chanoîne Uguen, supérieur du Petit Séminaire, qui ont dépouillé les archives paroissiales de Guissény.

  • 1) Christophe BLEAS, recteur de 1625 à 1645, recteur de Guissény et de Kerlouan.

Il était maître-es-arts de la Confrérie du Léon en 1618.

Sa succession est réglée le 21 mars 1648 par la Juridiction de COATMENECH (AD de Brest - 16 B 47).

Les registres de la paroisse indiquent des extraits des comptes de 1626 de Mgr St Sezni : ils sont signés de Christophe BLEAS, recteur et Yves CHAPALAIN, sous-curé.

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  • 2) François CRENN, recteur de 1645 à 1658.

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  • 3) Nicolas HABASQUE, recteur de 1658 à 1680.

Le 24 septembre 1669, Nicolas HABASQUE, prêtre recteur de Guissény, est le parrain de Julienne Françoise de KERVEN, fille de François de KERVEN et de Renée de PENARCHOAT, sieur et dame de Kersuloc [Guissény] - Lestourdu [Plouider]. La marraine est Françoise GOURIOU, dame de Kergoff. La fille est baptisée le même jour à cause de sa faiblesse.

Le 17 mars 1672, Nicolas L’HABASQUE recteur de Guissény est le parrain de Nicolas FORICHER.

Le 17 octobre 1676, Nicolas HABASQUE recteur Guisseny est parrain d’un autre Nicolas Habasque.

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  • 4) Gabriel FLOC’H, recteur de 1680 à 1698.

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  • 5) François MENEZ, recteur de 1698 à 1706.

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Les recteurs du XIXe siècle

2 . Louis SAILLOUR, recteur de Guissény (1816-1819)

Louis SAILLOUR succède à Christophe Riou en 1816.

Louis SAILLOUR était né le 11 juillet 1760 à Saint-Pol-de-Léon, fils de François Saillour et Michelle Le Godec.

SaillourL°1760

Il est surtout connu pour avoir écrit « Les élégies latines », parues à Brest en 1818.

Présentation de l’ouvrage par Yves PRIGENT dans un bulletin diocésain : "M. Saillour excelle à développer les idées générales : c’est, je crois, sa qualité caractéristique. Sans doute je ne prétends pas faire de notre élégiaque breton un poète latin de premier ordre, ni même de second ordre, il n’est pas question de le comparer aux poètes romains, pas plus d’ailleurs qu’aux poètes français. J’ai cru seulement qu’il était bon qu’il ne demeurât pas ignoré, que les jeunes gens de nos collèges — et les autres aussi — entendissent parler de ses élégies et eussent le plaisir de traduire en français les vers latins d’un poète breton de 1800. Je suis convaincu que la fréquentation des poésies de M. Saillour est de nature à inculquer à la jeunesse le goût de la belle latinité et le goût du beau tout court. Je suis aussi persuadé que ces élégies ont de quoi intéresser tous les lettrés : elles sont parfois touchantes, toujours instructives, jamais soporifiques".

Yves Prigent traduit en français des passages de l’ouvrage écrit en latin. Voici, de la 10e élégie, quelques vers qui révéleront immédiatement sa manière facile, mais agréable.

« Le temps varie, au malheur succède le bonheur ; une rosée, descendue du ciel, se répandra sur la terre ; le raisin mûrira sur nos collines, le vin sortira écumant du pressoir ; les arbres se chargeront de fruits ; le champ se couvrira de lourds épis blancs… Ce sera partout l’abondance et la richesse dans la concorde et dans la paix".

M Saillour sait aussi exposer avec netteté des idées philosophiques. Était-il docteur en Sorbonne comme l’étaient plusieurs curés d’autrefois ? Je l’ignore. Mais on ne peut douter, lorsqu’on parcourt la 7e élégie, qu’il n’ait fait d’excellentes éludes théologiques.

J’ai dit plus haut que notre élégiaque n’est pas toujours un simple écolier de rhétorique, expert dans l’art de versifier en latin. Parfois les malheurs qu’il raconte, les souffrances qu’il peint, l’ont visiblement ému, et nous nous laissons toucher par la sincérité de son émotion".

. Louis SAILLOU décède le 7 mars 1823 au presbytère de Plabennec, dont il était devenu le curé.

SaillourLouis+1823
1 . Christophe RIOU, curé de Guissény (1801-1816)

Le Concordat de1801 place donc Christophe RIOU comme curé de Guissény.

Concordat1801

Il est né le 28 avril 1754 à Loc-Brévalaire, fils de François Riou et Françoise Galliou.

RiouChristophe°1754

« Christophe Riou, fils naturel et légitime de françois Riou et de françiose Galliou naquit le vingt-huit avril mil sept cent cinquante quatre et fût baptisé le même jour par le soussignant recteur ayant pour parain et maraine Christophe Roudault et anne Jezequel qui ont déclaré ne scavoir signer ».

. Il est ordonné prêtre en 1783 et nommé vicaire à Quimper en septembre 1783.

. Il est prêtre réfractaire insermenté pendant la Révolution et reste caché dans la région de Guissény pendant toute la Révolution.

. Il meurt en 1823, prêtre aumônier de l’hospice civil de Landerneau, qualifié d’ex-recteur.

RiouChristophe+1823(b)

« L’an Mil huit cent vingt trois ce jour d’hui cinq juin à neuf heures du matin, devant nous adjoint Maire Délégué fficier de l’État Civil de la commune de Landerneau, sont comparus Jean-Marie Cordé et yves le Guen, les deux ayant l’âge compétent et demeurant en cette ville, lesquels nous ont déclaré que Messire Christophe Riou, prêtre, aumônier de l’hospice civil de cette ville, âgé de soixante huit ans, fils de feu françois Riou et de françoise Galliou, natif de Loc-brévalaire, finistère, demeurant audit hospice, est décédé ce jour d’hui à huit heures du matin en la demeure sus dite. De tout quoi nous avons rapporté le présent acte dont nous avons donné lecture, sous notre seing seulement. Les comparants qui sont les deux infirmiers du dit hospice ne savent signer ».

3 . Hervé JAOUEN, recteur de Guissény (1819-1845)

Hervé JAOUEN devient recteur de Guissény en 1819 à la suite de Louis Saillour.

Hervé JAOUEN est né le 25 mai 1792 au Cosquer à Ploudalmézeau, fils de Gabriel Jaouen et de Marie Anne Mazé.

JaouenHervé°1792

. Il est ordonné prêtre en 1816 et nommé vicaire à GUISSENY.

. En 1819, il devient recteur de GUISSENY où il reste 26 ans.

. Il décède le 10 juin 1845 au presbytère de Kerbrezant à Guissény.

JaouenHervé+1845
Presbytère_Kerbrezant
4 . Bonaventure CAER, recteur de Guissény (1845-1853)

Bonaventure CAER devient recteur de Guissény en 1845 à la suite d’Hervé Jaouen.

. Bonaventure Jean CAER est né le 3 mars 1802 (13 ventôse an X) à La Forest-Landerneau, fils de Jean Marie Caer, cultivateur à Languengar en Lesneven, et de Marie Jacquette Gourves, de La Forest-Landerneau, qui s’étaient mariés le 22 fructidor an 07 (8 septembre 1799) à La Forest-Landerneau.

CaerBonaventure°1802

. Il est ordonné prêtre en 1825 et nommé vicaire à Saint-Pierre-Quilbignon.

. En 1828, il est nommé recteur de Lanildut.

. En 1834, il est nommé recteur de Trémaouézan.

. En 1837, il est nommé recteur de Guerlesquin.

. En 1845, il devient recteur de GUISSENY.

. En 1853, il est nommé curé de Guipavas.

. Il est décédé le 30 avril 1857 au bourg de Guipavas.

CaerBonaventure+1857
5 . François GOURC’HANT, recteur de Guissény (1853-1890)

François GOURC’HANT devient recteur de Guissény en 1853 à la suite de Bonaventure Caer.

François GOURC’HANT est né le 4 juin 1812, rue Batz, à Saint-Pol-de-Léon, fils de Jean Gourhant, tisserand, et de Françoise Congar qui s’étaient mariés le 28 juin 1809 à Saint-Pol-de-Léon.

GOURHANTFrançois°1812

« Du cinquième jour du mois de juin mil huit cent douze à onze heures du matin. Acte de naissance de françois Gourhant, né le quatre juin courant à cinq heures du soir, rue Batz en cette ville, fils de Jean Gourhant, tisserand, et de françoise Congar, son épouse, demeurant en cette ville. Le sexe de l’enfant a été reconnu être Mâle. Premier témoin, françois Congard, tisserand, âgé de trente deux ans, demeurant en cette commune. Second témoin, hamon Le Bars, tailleur, âgé de trente neuf ans, demeurant en cette ville. Sur la réquisition à moi faite par le dit jean gourhant, et lecture donnée aux sus dénommés du présent acte transcrit sur les deux registres, le dit françois Congar a déclaré ne savoir signer. Constaté suivant la loi par moi jean louis hervé chef du bois, adjoint du maire de saint-pôl-de-léon, par lui spécialement délégué pour remplir les fonctions d’officier public de l’état civil, soussigné ».

. Il est ordonné prêtre en 1835 et nommé vicaire à Plounéour-Trez.

. En 1847, il est nommé recteur de Kerfeunteun à Quimper.

. En 1853, il devient recteur de GUISSENY.

. En 1889, il est nommé chanoine honoraire.

. Il est décédé le 29 décembre 1890 au presbytère de Guissény.

GourhantFrançois+1890

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François GOURC’HANT répond en 1856 à une enquête de l’Evêque de Léon :

« En réponse à votre circulaire du 25 octobre, voici ce que j’ai à transmettre à Votre Grandeur.

1 . Il existe sur la paroisse de Guissény une chapelle, dite de Brendaouez, bâtie dans le courant de 1605, partie dans le courant de 1656, et dont la patronne est Notre Dame du Mont Carmel. La fête patronale se célèbre encore au troisième dimanche de juillet. Cette chapelle, détruite tant par le … du temps, que par la tempête révolutionnaire de 1793, a été partiellement restaurée en 1801. La partie basse, la plus belle, est restée à l’état de ruine et présente encore intacte six arcades ogivales, simples mais assez gracieuses. Avec le tout et quelques dépenses, il y aurait moyen de reconstruire une assez belle chapelle. La partie restaurée sert pour une messe matinale, chaque dimanche et fête.

La chapelle de Brendaouez a autrefois appartenu à un ordre religieux qui parait avoir été du Mont Carmel. Dans nos archives, je n’ai rien découvert qui ait trait à cette communauté éteinte : les anciens parlent seulement de Pères Carmel. La disparition des religieux paraît avoir précédé 1793 ; sans cela nos vieillards m’auraient donné des renseignements positifs. Mais il est certain qu’à Brendaouez, il y ait eu autrefois une communauté religieuse d’hommes, assez importantes ; les débris encore existants en font foi. J’ai trouvé sur un contrefort l’inscription suivante : S : CR ; puis l’image d’un calice, taillée dans la pierre ; puis la date de 1656. J’ai encore vu un calice taillé sur un bénitier, et sur un des côtés de la tour, avec une autre inscription que je n’ai pu déchiffrer.

2 . Depuis deux ans nous avons sur notre cimetière une chapelle dédiée à l’Immaculée Conception, qui précédemment servait à ramasser plus ou moins de saletés, malgré la solidité et la beauté de sa construction et se trouve aujourd’hui dans un état très décent. Le jour de la fête se trouve au 8 décembre.

11. Nous avons une maison de filles de l’Immaculée Conception de Saint-Méen (Ploermel) qui se dévouent à la visite des malades et à l’instruction des petites filles : elle est à sa troisième année d’existence, et nous rend le plus grand service.

12 . L’institution de la Confrérie du Rosaire à Guissény remonte au 16 mars 1659. Cette Confrérie fut alors établie par le frère René de Saint Hyacinthe, religieux prêcheur de Quimper hellay, par commission du Père Prieur Jacques de Kersaintgily, de Morlaix, et par concession du Père Jan Baptiste de Marini, Général de l’Ordre. Nous conservons dans nos archives les pièces qui prouvent la dite institution. L’un des autels de l’Eglise principale est sous le vocable de Notre Dame du Rosaire.

Le mois de Marie se fait à Guissény plus ou moins depuis 4 à 5 ans. Pendant le mois de mai, nous nous réunissons devant un autel de la Vierge pour y réciter un chapelet et puis chanter soit l’Ave Marie Stella, soit les litanies de la sainte Vierge, soit un cantique à la Vierge, autant que nous pouvons en trouver. Cette dévotion prend beaucoup de développement, et il serait à désirer qu’il y eût un volume en langue bretonne, où l’on pût trouver ses prières, pratiques, cantiques, et analogue à l’objet des réunions, et d’une simplicité à la portée de nos paysans. Maintenant nous allons beaucoup au hasard et nous sommes complètement dans le désordre.

Je passe, Monseigneur, sous silence les autres article de votre Circulaire, n’ayant là dessus nulle observation à vous présenter.

Agréez, Monseigneur, l’assurance de mon profond respect et de mon parfait dévouement.

Votre humble serviteur, Gourc’hant, recteur ».

Les recteurs du XVIIIe siècle

03 . Trois recteurs jusqu’à la Révolution

Les renseignements sur ces recteurs sont tirés de la notice sur la paroisse de Guissény par les Chanoines Jean-Marie Abgrall et Paul Peyron, « [Notices sur les paroisses] Guissény », Bulletin diocésain d’histoire et d’archéologie Quimper, 12e année, 1912, p. 270-282, 290-302, 329-351.

Ceux-ci ont utilisé les notes de M. Jourdan de la Passardière et de M. le chanoîne Uguen, supérieur du Petit Séminaire, qui ont dépouillé les archives paroissiales de Guissény.


  • Hervé POLARD prend la suite d’Yves MENEZ en 1707 comme recteur de Guissény de 1707 à 1753

On retrouve des traces de son sacerdoce dans deux actes de mariages.

Le 24 novembre 1723, mariage de Yves du PLESSIX de KERADENECH, escuyer, de la treffve de Saint Frégant, veuf de dame Françoise de Kersulguen, avec damoiselleSusanne CHAUVEL, fille de Michel Chauvel et Susanne Symon, nobles personnes, sieur et dame de Kereval. Les témoins sont Mr de Chateaufur et madame, Mr Kerbiquet… L’acte est signé d’Hervé Polard recteur de Guissény.

Le 9 mai 1740, mariage de Clet CABON, sieur de Kerandraon, avec Marie Magdalene HENRI. Les témoins sont M. B. Henry de Kergoff, Clet Boudier, Aleno de Reymond, du Reun Cabon et les les prêtres de Guissény : Prigent Abiven, Yves Le Goff, C. Bleunven J. Foricher, Go Le Menn et Hervé Polard recteur.

En 1740, il y avait donc 5 prêtres à Guissény en plus du recteur Hervé Polard : Prigent ABIVEN, Yves LE GOFF, C. BLEUNVEN, J. FORICHER, Go LE MENN.

Hervé Polard meurt le 19 août 1753 à Guissény, à l’âge de 77 ans et inhumé le lendemain.

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  • Alain TRANVOUEZ est recteur de Guissény de 1753 à 1773.

Alain Tranvouez est né le 3 février 1704 à Trémaouézan.

"Allain fils légitime d’Hervé Tranvouez et de Jeanne Floch a esté né au village de Kergunic le troisième février et baptisé le cinquième, ses parrain et marraine ont esté Jan Derien et Catherine Piriou qui ne scavent signer, le baptisant signe ainsi signé sur la minute, P. Thépault Curé".

Il est décédé le 17 août 1773 à Guissény.

"Vénérable et discret Allain Tranvouez, sieur recteur de la paroisse de Guissény, âgé de soixante neuf ans, mourut le septième décembre mil sept cent soixante treize et fut inhumé le lendemain en présence des soussignés Y. Bergot recteur de Kernouës, F. Lunven curé de Kerlouan et F. Le Millour recteur de Kerlouän".

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  • Jacques FOLLY est recteur de Guissény entre 1774 et 1792.

. Il est né le 10 décembre 1726 au Conquet en Plougonvelin.

. Il a été ordonné prêtre le 3 avril 1756.

. iI est nommé curé de Lochrist. . Il est nommé recteur de Molène le 19 janvier 1765.

. Il est pourvu le 3 mars 1774 : il devient recteur de GUISSENY.

« J.FOLY, R.teur », sur le tronc d’offrande du cimetière

"J.FOLY, R.Guissény" sur le tronc d’offrande du cimetière

. Au début de la Révolution, il refuse de prêter le serment à la Constitution et devient un prêtre réfractaire.

. Il est arrêté et détenu à Kerlot (Quimper).

. Il meurt à l’hôtel-Dieu à Quimper le 27 janvier 1793.

. Jacques FOLLY, recteur de Guissény, a 2 vicaires : Christophe RIOU et Yves PREMEL-CABIC. Il y a également un prêtre habitué : Henri-Alexandre FLOCH.

. En 1775 (répondant à une enquête de l’Evêque de 1774), le recteur Jacques Folly dénombre une centaine de mendiants dans la paroisse et environ cinq cents ménages aisés. « Les causes principales de la mandicité sont la cherté des bleds, le deffaut d’ouvrage surtout en hyver, la vieillesse et l’enfance . Les moyens, à ce que je pense, d’obvier à la mandicité : 1° d’empêcher les mandiants de courir de paroisse en paroisse ; 2° d’ordonner une quête tous ans dans la paroisse et trêve ; 3° de nommer un économe ou deux d’une problité connuë pour en faire la distribution à chacun selon ses bezoins ».

. L’Evêque précisait à la fin de son questionnaire : "Si vous aviez quelques observations utiles à faire relativement aux gouemons, je vous prie de me les communiquer". « Pour ce qui regarde l’article du guémon le bien publique demande qui soit permis aux habitants de la côte d’en couper, d’en sécher et d’en vendre parce qu’ils n’ont pas d’autres ressource pour se procurer leur provision de bois et payer leur petite ferme que le produit de ce guémon. Les personnes qui habitent les terres souffriront aussi une diminution considerable dans la production de la terre si elles ne peuvent s’en procurer comme cy devant des habitants des dittes côtes, ne pouvant l’aller ramasser elles memes ».

. En 1786, le recteur de Guissény écrit que « des généraux de premier rang, des officiers, font leur visite pour examiner les places et fortifications (.. ;) ; tous se rendent chez les recteurs de campagne ne pouvant trouver d’autres endroits pour s’y réfugier » ajoutant qu’« il n’est pas de la décence ni de l’honnêteté de refuser le couvert à ces sortes de personnes »

04 . Le clergé pendant la Révolution

. En 1789, Jacques FOLLY est toujours le recteur de Guissény, mais comme il refuse de prêter le serment de fidélité à la Constitution, il devient un prêtre insermenté, ou prêtre réfractaire.

. Il quitte la paroisse de Guissény en 1792. Il est arrêté et incarcéré à Kerlot en Quimper. Il décède le 27 février 1793 à l’Hôtel-Dieu de Quimper.

. Les deux vicaires refusent aussi le serment mais restent clandestinement dans la paroisse : Christophe RIOU, né à Loc Brévalaire en 1754 et ordonné prêtre en 1783, et Yves Premel-Cabic, né à Plounéour-Trez en 1760 et ordonné prêtre en 1788, appelé généralement Yves Premel.

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Les élections de prêtres constitutionnels (ayant donc prêté le serment)

. Les autorités révolutionnaires veulent élire des prêtres constitutionnels pour remplacer les prêtres réfractaires. Le 3 avril 1791, les électeurs du district de Lesneven sont convoqués en l’église paroissiale Saint-Michel pour élire les 15 recteurs des paroisses du district. Il n’y a que 3 ou 4 candidats et on ne peut en trouver un ni pour Guissény, ni pour Saint-Frégant, si bien que les prêtres insermentés sont autorisés à poursuivre leurs fonctions.

. Le 28 mai 1792, une nouvelle élection est organisée à Lesneven et, pour le 29 au soir, toutes les paroisses sont pourvues d’un recteur élu généralement avec peu de voix. Pour Guissény, sur 21 votants, on décompte 11 bulletins blancs plus 3 nuls, puis 2 voix pour les prêtres réfractaires et seulement 5 bulletins valables dont 3 pour le prêtre élu, Jacques FAGON. Originaire de Lambézellec, il avait été ordonné prêtre le 22 mars 1792 par l’évêque constitutionnel de Quimper, Louis-Alexandre Expilly (élu évêque de Quimper dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre 1790).

. Mais les deux prêtres réfractaires, Christophe Riou et Yves Premel, cachés, gardent leur influence dans la paroisse, soutenus par la population et par la municipalité.

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. Dès le 16 juillet 1792, Jacques Fagon est remplacé par Yves JACQ qui n’arrive à Guissény qu’en novembre après avoir prêté serment à Lambézellec le 21 octobre. Le conseil municipal et le maire François GAC sont changés par les autorités départementales à la fin de l’année 1793 mais le curé constitutionnel n’est toujours pas bien accepté dans la paroisse. Le 14 mai 1794, le sieur Poulmarc’h, secrétaire greffier de la municipalité, est mis en état d’arrestation par le conseil général du département : il est accusé de « fanatiser » la commune et de dresser la population contre le curé constitutionnel.

. Au printemps 1795, Ursin Le Gall, curé constitutionnel de Plounéour-Trez écrit dans une lettre : « Les curés assermentés de Guissény, Saint-Frégant et Plouider se sont vus exclure des temples où ils exerçaient paisiblement leur culte… ». Les prêtres réfractaires, selon la loi du 11 prairial (30 mai 1795) « ont déclaré abandonner l’église en disant qu’il ne leur était pas défendu d’exercer leur culte dans les maison particulières ». Deux Guisséniens, en vertu de la Loi, demandent "à avoir un édifice propre pour le libre exercice de leur culte", la demande est signée par 20 Guisséniens. Ils demandent que leur soit accordé provisoirement « l’occupation d’un édifice national, cy-devant église de Guissény ». Ils assumeront la responsabilité des clefs. Le curé constitutionnel est donc obligé de demander qu’on lui fixe des heures pour pratiquer son culte dans l’église.

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. les deux prêtres insermentés font alors leur réapparition officielle : le premier juillet 1795, An III de la République, ils déclarent qu’ils n’ont point été réfractaires à la loi…« Ils n’ont point fait le serment, mais ils ont abandonné leurs bénéfices, ils ont donc obéi et ne sont point réfractaires…Dire que le culte catholique romain ne peut s’exercer dans les Républiques comme dans les Monarchies, c’est calomnier ce culte et ses ministres ». Le texte est signé Yves Premel, curé de Guissény, et Christophe Riou.

. Le 25 juillet, Yves Le Jacq doit fuir devant un attroupement de femmes qui le poursuivent de leurs injures et de leurs menaces. Les Guisséniens sont coupés en deux clans, entre les partisans du curé constitutionnel et ceux des prêtres réfractaires, les deux clans se disputant l’utilisation de l’église paroissiale. Le conseil municipal condamne par défaut les femmes à 24 heures de détention : tout semble avoir été fait pour retarder la procédure et la condamnation est légère. Yves Le Jacq n’a plus qu’à se retirer, ce qu’il fait dès la fin de 1795 ou le début de 1796, en devenant vicaire à Lambézellec.

. Yves Premel a dû être reconnu comme Curé de Guissény après le décès de l’ancien recteur Jacques Folly en janvier 1793 et il exerça son ministère en marge du curé constitutionnel. En 1795, Yves Premel et Christophe Riou ont commencé à remplir les registres paroissiaux pour officialiser des cérémonies qu’ils ont réalisées dans la clandestinité depuis 1793 et qui n’avaient été inscrites que sur des brouillons. Mais il faut attendre le 13 octobre 1798 pour que les Guisséniens retrouvent officiellement l’usage de leur église.

. Le problème du clergé français est réglé par Bonaparte en juillet 1801 avec la signature du Concordat avec le pape. A cette date, c’est Christophe Riou qui est installé recteur de Guissény avec Yves Premel comme vicaire.

Les recteurs du XXe siècle

01 . Joseph MARZIN, recteur de Guissény (1891-1915)

Joseph MARZIN devient recteur de Guissény en 1891 à la suite de François Gourc’hant.

Joseph MARZIN

Joseph MARZIN est né le 19 juillet 1842 à Plogoff, fils de Joseph Marzin, cultivateur, et de Marie Yvonne Marzin, cultivatrice, qui s’étaient mariés le 18 septembre 1824 à Plogoff. Il était le dernier d’une famille de neuf enfants.

MarzinJoseph°1842

. Il est ordonné prêtre en 1867 et nommé vicaire à Brasparts.

. En 1872, il est nommé vicaire à Treffiagat.

. En 1874, il est nommé vicaire à Plomeur.

. En 1880, il est nommé recteur de Saint-Thois.

. En 1885, il est nommé recteur de Plourin-Les- Marlaix.

. En 1891, il devient recteur de GUISSENY.

. Il est décédé le 16 septembre 1915 au presbytère de Guissény.

MarzinJoseph+1915

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Homélie lors de ses obsèques :

M. Joseph Marzin, recteur de Guissény, a rendu son âme à Dieu le 18 Septembre, dans la nuit. Né à Plogoff le 18 Septembre 1842, il était donc âgé de 73 ans moins deux jours. Le mal qui l’a emporté le minait sournoisement depuis plusieurs années et avait déjà déterminé des crises qui n’avaient pas été sans inspirer des inquiétudes à ses amis.

Avec M. Marzin disparaît une figure originale du clergé finistérien, et nul de ceux qui l’ont connu ne pourra l’oublier. Ennemi de l’étiquette, il recevait ses confrères avec la plus franche cordialité et animait les réunions par sa verve et son entrain. Il était d’aspect sévère, mais sous cette rude écorce battait un cœur d’or, et, malgré les apparences, c’était plutôt un timide et un doux. Pour l’aimer il suffisait de le connaître. Plus que tous les autres, peut-être, les séminaristes de sa paroisse ont pu apprécier son grand cœur : pour eux sa générosité n’avait pas de bornes.

Durant sa longue carrière, M. Marzin a été successivement vicaire à Brasparts, Treffiagat et Plomeur, puis recteur à Saint-Thois, Plourin-Morlaix et Guissény. Partout il a laissé le souvenir d’un prêtre zélé, tout à son devoir, ne reculant devant aucun sacrifice quand il s’agissait de l’intérêt des âmes. A Brasparts, où il se prodigua pendant une épidémie qui fit beaucoup de victimes, il contracta une maladie qui le força à quitter pour quelque temps le ministère. Aussitôt rétabli, il se remit au travail, il se distingua dans le ministère de la prédication. Ses instructions, toujours bien préparées et données avec feu, émouvaient et remuaient les âmes : il fut un prédicateur breton de premier ordre.

A Guissény, où il a passé les vingt-cinq dernières années de sa vie, il a su s’adapter, dès le premier moment, aux besoins de la population qui lui était confiée. De bonne heure, tous les matins, on le voyait se rendre à l’église et, sa messe dite, se diriger vers son confessionnal, où toujours des pénitents l’attendaient : des hommes, des enfants. Ce n’est pas quelquefois, c’est tous les jours de l’année ou à peu près, les jours ordinaires comme le dimanche, qu’il avait ce ministère à remplir. Il poussait ses paroissiens à la réception fréquente des sacrements et ainsi il a gardé très forte la vie religieuse à Guissény.

On n’a pas oublié de quelle façon miraculeuse il fut sauvé, en 1905, de la fureur de l’Océan. La Sainte Vierge, pour laquelle il avait une grande dévotion, jeta sur lui son manteau tutélaire, voulant qu’il travaillât dix ans encore dans sa chère paroisse de Guissény.

Et en effet, il a travaillé depuis ! La magnifique école chrétienne de filles est son œuvre. Selon le précepte de l’Évangile, la main gauche doit ignorer ce que donne la main droite. Dieu seul voit quelle somme M. Marzin a su prélever sur ses ressources personnelles pour la construction et l’entretien de cette école. Aussi ses paroissiens, reconnaissants, béniront sa mémoire. Il a déjà été récompensé dès ce monde, car il avait le bonheur et l’honneur de voir accourir à l’école chrétienne toutes les enfants de sa paroisse. Mais cette œuvre lui comptera surtout près de Dieu. « Opera enim illorum sequuntur illos. »

Un bon et saint prêtre, pieux et zélé, l’homme du devoir toujours, tel a été M. Marzin, et nous aimons à croire qu’il a déjà entendu les paroles consolantes par lesquelles Dieu accueille ses fidèles serviteurs. « Euge serve bone el fidelis, intra in gaudium Domini tui. »

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Une tragique partie de pêche :

Le 3 août 1905, jour de grande marée, Joseph Marzin,le recteur de Guissény, accompagné de 4 prêtres guisséniens en vacances dans leur paroisse natale, quitte son presbytère pour une partie de pêche à la crevette sur l’îlot de Lok-Karreg, en face de la pointe de Neiz-Vran en Kerlouan.

Les 4 prêtres qui accompagnaient le recteur étaient : le chanoine Uguen, supérieur du petit séminaire de Saint Vincent et professeur à l’école Saint-Yves à Quimper, M. Prigent, un nouveau prêtre, M. Le Gall, sous-diacre, et M. Salou, séminariste. Trois d’entre eux ne reviendront à Guissény que treize jours plus tard après une aventure rocambolesque, qui est toujours présente dans la mémoire de plusieurs Guisséniens.

Ils font une bonne pêche sur leur îlot, puis reprennent leur canot pour rentrer à la côte lorsqu’une tempête se lève. Ils ne peuvent franchir le détroit en ramant contre le courant et le vent, et ils décident de regagner Lok-Karreg pour ne pas être entraînés au large. Deux d’entre eux réussissent à débarquer sur les rochers et à mouiller deux ancres pour fixer le bateau aux deux extrémités. Il conseillent aux trois autres de quitter la barque et de les rejoindre sur les grands rochers qui ne sont jamais entièrement recouverts par la mer, mais ceux-ci ne les suivent pas.

La tempête se déchaine et le bateau est secoué dans tous les sens ; les cordes frottent contre les rochers et finissent par se rompre, le canot est poussé vers le large. Le recteur utilise une rame pour godiller et diriger la barque au milieu des rochers tandis que les deux autres rament autant qu’ils peuvent. Ils se retrouvent en pleine mer dans une petite barque d’à peine cinq mètres de long, mais ils ont réussi à ne pas chavirer. Exténués par leurs efforts, ils laissent aller leur bateau au grès du vent, se contentant de godiller un peu pour ne pas être pris de travers par les lames, entraînés vers le nord et disparaissant progressivement aux yeux de leurs deux compagnons restés sur le rocher.

Ceux-ci doivent aussi s’occuper de leur propre sort car la mer continue à monter et ils reçoivent des paquets d’écume de tous les côtés. Après une longue heure de lutte, la houle devient moins violente, c’est le reflux qui commence. Ils sont sauvés mais trempés et gelés car le vent souffle toujours aussi fort et ils sont persuadés que leurs trois compagnons ont été engloutis par la tempête. Toute la nuit, ils font des exercices de gymnastique pour résister au froid. Ils n’osent pas sortir de l’île à la basse mer au milieu de la nuit car ils n’ont plus aucune repère, leurs montres s’étant arrêtées. Mais ils en profitent pour changer de refuge et aller s’installer sur un autre rocher plus élevé à l’ouest de l’île où ils délogent une colonie de cormorans pour prendre leur place.

Aussi les premiers secours, avertis par des enfants qui gardaient les vaches sur la dune et venus à marée basse, les cherchent-ils vainement à l’endroit de leur premier refuge et repartent sans les avoir trouvés et sans s’être fait remarquer par eux. Au lever du jour, ils peuvent se faire repérer par des hommes qui observent les rochers avec des longues-vues. Vers dix heures du matin, huit hommes mettent un bateau à l’eau et viennent les récupérer sur leur rocher. Ils sont accueillis par des parents en larmes et de nombreux Guisséniens et Kerlouanais rassemblés sur la dune. Tout le monde est persuadé que leurs trois compagnons ont péri dans la tempête.

Ce n’est que le lendemain matin que la bonne nouvelle arrive sous la forme d’une dépêche transmise par la Préfecture Maritime de Brest et communiquée par le sémaphore de Kérisoc, en Plouguerneau : "4 août - 3h45 soir - sémaphore du Créac’h, Ouessant - Vapeur espagnol Aurrera, de Bilbao, venant du Nord-Est, route Sud, signale avoir recueilli ce matin embarcation et trois prêtres français - Lui avons demandé à quel endroit - Il a répondu à Guissény". Le bateau espagnol se dirige vers Gênes pour livrer du charbon anglais.

Les trois prêtres avaient réussi à maintenir leur barque à la surface de l’eau malgré les lames qui la ballottaient, vidant tant bien que mal l’embarcation à l’aide de leurs sabots. C’est à six heures et demie qu’ils aperçoivent un bateau et lui font des signaux en attachant un mouchoir à un haveneau et agitant une rame. En fait, ils ont déjà été repérés par l’officier en second du bateau qui est de quart à la passerelle. Le commandant fait approcher le bateau et l’équipage lance des bouées. Après quelques manœuvres difficiles, un marin espagnol saute dans leur barque et organise le transbordement. Les prêtres reçoivent du café chaud, des habits secs, puis des cabines pour se reposer.

Le 14 août, ils arrivent à Gênes où ils sont accueillis par le Vice-Consul de France qui leur apprend que leurs deux compagnons ont bien été sauvés. Ils quittent leurs sauveteurs avec émotion et le vice-consul les conduits chez un marchand de soutanes. Celui-ci les conduit à la gare le lendemain et ils arrivent à Paris le 16 août au matin, puis à Landerneau avant la nuit. Ils sont conduits en voiture à Guissény où ils arrivent à 10 heures du soir. Au mois de septembre, tous les cinq participent au pèlerinage de Lourdes.

(d’après le récit du chanoine Uguen)

02 . Nicolas Jean François SIMON, recteur de Guissény (1915-1939)

Nicolas Jean François SIMON devient recteur de Guissény à la suite de François Gourc’hant.

Chanoine Simon

Nicolas Jean François SIMON est né le 25 août 1860 à Kerdilizien au Drennec, fils de Tanguy Simon et Marie Jeanne Yvonne Jacopin qui s’étaient mariés le 7 juillet 1859 au Drennec. Il était l’ainé d’une famille de sept enfants.

. En 1885, il est ordonné prêtre et nommé vicaire à Sibiril.

. En 1887, il est nommé vicaire à Cléder.

. En 1904, il est nommé recteur de l’Ile-Tudy.

. En 1906, il est nommé recteur de La Forest-Landerneau.

. En 1915, il devient recteur de Guissény.

. En 1935, il est nommé chanoine honoraire.

. En 1939, il se retire à la maison Saint-Joseph.

. Il est décédé le 27 septembre 1941.

SimonNicolas+1941

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L’œuvre de Nicolas SIMON dans la paroisse de Guissény.

Chanoine2

. La restauration de l’église

. Des réparations à la chapelle de l’Immaculée Conception (dans le cimetière) et à la chapelle de Brendaouez.

. L’installation de la croix de Saint-Yves dans le cimetière pour en faire une croix de mission de 1920.

. L’entretien des croix sur le territoire de la paroisse.

. L’entretien des fontaines.

. La création de l’école du Sacré-Cœur en 1922.

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Les noces d’or de Nicolas SIMON

Les fêtes jubilaires pour Nicolas SIMON se sont déroulées le 23 juillet 1935 pour célébrer les cinquante ans de prêtrise de l’abbé, recteur de Guissény depuis 20 ans.

Le charmant petit bourg de Guissény était, mardi matin, décoré et paré comme aux grands jours de fête. Partout des drapeaux, des oriflammes, des calicots portant des inscriptions élogieuses pour le pasteur de la paroisse. Presque toute la paroisse était assemblée au bourg en cette belle journée de fête. A 9h45, un cortège se forma à l’église et se rendit processionnellement au presbytère pour y accueillir le jubilaire. Ce dernier prit place sous le dais et la procession revint lentement par la rue pleine de soleil, vers le sanctuaire.

L’église était à peine assez spacieuse pour contenir la foule des assistants. M. le Chanoine Simon, demeuré étonnamment alerte malgré son âge, célébra la grand-messe qui fut précédée d’un service funèbre. L’harmonium était tenu par M. l’abbé Jaffrès, vicaire de Guissény, l’organisateur de la journée.

A l’Offertoire, M. le Chanoine Thomas, curé-doyen de Lannilis, monta en chaire et célébra éloquemment, en un breton très pur et très châtié, les mérites et les vertus du vénéré jubilaire. La cérémonie se clôtura par le salut du Saint-Sacrement.

Trois cents convives environ se réunirent ensuite autour des tables de l’école du Sacré-Cœur où le directeur, M. l’abbé Rannou, avait préparé un excellent menu, très bien servi par les élèves de l’établissement. Le repas se déroula dans une atmosphère de saine gaieté et d’extrême cordialité.

Menu : Apéritif « Epheta » - Salade de tomates, sardines d’argent, maquereaux de rade, parmentier « à l’huile », filets de harengs - Jambon d’York à la gelée - Homards de « Neiz-Vran » - Noix de veau à la « Christophe » - Poulet de grains rôti - Haricots « Glaz », laitue - Moka, corbeille de fruits - Café. Les vins : blanc, rouge, Bordeaux, Bourgogne, Champagne, Fine.

03 . Joseph CADIOU, recteur de Guissény (1939-1942)

Joseph CADIOU devient recteur de Guissény en 1939 à la suite de Nicolas Simon.

Joseph Cadiou

Joseph CADIOU est né le 2 septembre 1886 au bourg de Plouescat, fils de Hervé Cadiou, cultivateur, et de Marie Thérèse Appéré qui s’étaient mariés le 7 octobre 1885 à Plouescat.

CadiouJoseph°1886

. Il fait ses études au collège du Kreisker à Saint-Pol-de-Léon.

. En 1912, il est ordonné prêtre, et nommé surveillant, puis professeur à Saint Vincent.

. Il participe à la 1re Guerre Mondiale (1914-1918 ).

. En 1919, il est nommé vicaire à Saint-Corentin, Quimper.

. En 1939, il devient recteur de GUISSENY.

. En 1942, il est nommé curé de Plabennec.

. En 1945, il devient vicaire général et chanoine honoraire.

. En 1958, chanoine titulaire et en décembre 1958, doyen du chapitre cathédral .

. Il est décédé le 2 mars 1980 à Quimper.

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La carrière militaire de Joseph CADIOU

Joseph Cadiou militaire
Fiche matricule

. Conseil de Révision : affecté au 106e Régiment d’Infanterie. . Signalement : cheveux et sourcils châtains ; yeux bleus et font ordinaire ; nez et bouche moyens ; menton rond et visage ovale ; taille = 1m71 ; degré d’instruction = 5.

. Promu sous-lieutenant, puis lieutenant au 19e RI ; officier de renseignements, agent de liaison.

. Croix de guerre et Chevalier de la Légion d’honneur le 30 mars 1923.

. Cinq citations :

  • 1re citation (Ordre de la Brigade) : “Officier d’un dévouement et d’un zèle inlassables. Dans un secteur perpétuellement soumis à un violent bombardement, a, pendant deux périodes successives, assuré les services extérieurs du régiment et a fait des reconnaissances très périlleuses, avec une bravoure simple au dessus de tout éloge”.
  • 2e citation (Ordre de la Division) : “ Officier de renseignement, s’acquitte de ses fonctions avec un zèle et une compétence digne des plus grands éloges. Dans un secteur d’attaque, durant dix jours (avril 1917), n’a cessé de provoquer, de recueillir et de contrôler les observations qui ont renseigné le commandement avec précision et exactitude ; aux heures les plus critiques du combat, a fait preuve d’un courage qui n’a d’égal que sa sérénité et sa modestie.
  • 3e citation : “ Officier de renseignements d’une haute valeur morale, homme de devoir, consciencieux, modeste. Le 27 mai 1918, n’a quitté son poste que sur l’ordre de ses chefs, alors que l’ennemi y avait déjà pris pied et que le feu des mitrailleuses en balayait les abords. A aidé à l’organisation du pont de B… et C… et n’a cessé d’être un précieux auxiliaire pour le capitaine commandant provisoirement le régiment, dans la direction des éléments privés de leurs chefs et la réorganisation des services du corps. ”
  • 4e citation (Ordre du Corps d’Armée) : “ Officier de haute valeur morale. Au cours des combats du 24 au 28 mars 1918, s’est rendu sous le feu, aux endroits les plus exposés, pour porter les ordres, donnant à tous l’exemple de l’abnégation et du mépris du danger. ” 5e citation (Ordre de la Division) : “ Officier de la plus grande valeur. Auxiliaire précieux du chef de corps. Pendant les combats du 26 septembre au 12 octobre, a fait de nombreuses reconnaissances, accomplissant toutes les missions dont il était chargé, avec sa sérénité et sa modestie coutumières ”.

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Les obsèques de Joseph CADIOU le 4 mars 1980

Les obsèques de M. le Chanoine Cadiou, Doyen du Chapitre, ont été célébrées le mardi 4 mars, à la cathédrale de Quimper, puis à l’église de Plouescat. A ces deux célébrations de nombreux prêtres ont accompagné leur Doyen en sa dernière étape de sa route parmi nous. Dans son homélie. Monseigneur l’Evêque y a évoqué ce que fut cette longue et belle vie de prêtre.

Mes Frères, « Heureux le serviteur que le Maître, à son retour, trouvera en train de veiller… ». Jusqu’à la fin de sa vie, Monsieur le Chanoine Cadiou a été ce serviteur vigilant, attendant le signal du Seigneur. Né le 2 septembre 1886, il a été rappelé à Dieu le 2 mars 1980, à l’âge de 93 ans et demi. A mon arrivée à Quimper, il était déjà depuis 10 ans Doyen du Chapitre Cathédral. Je l’ai connu très respectueux, très digne, très alerte, toujours ponctuel, portant sur les personnes et les événements un regard apaisé, mais lucide. On peut dire qu’il est resté tel jusqu’au bout : il n’y a guère que trois ans qu’il a cessé de conduire sa voiture, et quelques mois qu’il a interrompu sa promenade quotidienne, même s’il en avait un peu raccourci le parcours. Même sur son lit de malade, il demeurait dans le calme et la paix. « J’ai fini ma course, me disait-il. Je suis prêt à partir quand le Bon Dieu voudra ». Il trouvait seulement, les tout derniers jours, qu’il tardait à lui faire signe. Comme de ces justes de l’Ancien Testament, On peut dire qu’il est « mort dans une heureuse vieillesse, à un âge avancé et rassasié de jours ».

Il n’a pas toujours été le vieillard que nous avons connu : il est issu d’une famille et d’un terroir qui l’ont marqué, par leur présence, et plus encore peut-être par leur absence. Il est né à Plouescat, le 2 septembre 1886 et, bien qu’il ait passé à Quimper la plus grande partie de sa vie — 55 ans au moins — et qu’il ait quitté sa petite patrie depuis son entrée au séminaire, à 19 ans, — les vacances étaient bien courtes alors — il est resté très attaché à sa paroisse natale et il a demandé que son corps soit replongé dans la terre originelle pour y jouir de son dernier repos. Son père est décédé en 1895 : Joseph avait alors 9 ans. De sa mère il est dit, sur sa fiche d’entrée au Séminaire, qu’elle était commerçante. Nul doute qu’elle l’ait beaucoup marqué. C’est d’elle sans doute qu’il tenait cette grande délicatesse et cette profonde sensibilité qu’il essayait parfois de masquer sous un langage un peu abrupt Elle devait décéder en 1906, peu de mois après l’entrée de son fils au Séminaire.

Comme élève de l’école paroissiale et comme enfant de chœur, il fut distingué par le clergé de Plouescat et envoyé à Saint-Pol-de-Léon faire ses humanités au Collège de Léon. Sans remettre en question son orientation, il entra au Grand Séminaire de Quimper, aujourd’hui Lycée Chaptal, le 3 octobre 1905. Ils étaient, cette année-là, 43 rentrants. Il fallait pourtant en ce temps-là un certain courage pour s’orienter vers le sacerdoce. Du côté du pouvoir, soufflait un vent très défavorable à l’Eglise : c’est le 9 décembre 1905 qu’était promulguée la Loi de Séparation de l’Eglise et de l’Etat, qui privait l’Eglise de toute reconnaissance juridique et de tout statut légal et ouvrait la douloureuse période des expulsions et des inventaires.

Le Séminaire fut atteint par la tourmente. Le 26 janvier 1907, dès 8 h 30 du matin, toutes les routes qui y conduisaient sont barrées par plus de 200 gendarmes et un bataillon du 118e de ligne, auxquels vint se joindre une compagnie de sapeurs-pompiers avec deux pompes en batterie. A 9 h précises, arrive le Préfet. La foule proteste, des brutalités sont commises, deux manifestants arrêtés. Les portes sont enfoncées. Malgré les protestations, ordre est donné aux responsables et à leurs amis de sortir. Les séminaristes étaient réunis dans la « salle des exercices », récitant le chapelet. Sur leur refus de sortir, énergiquement exprimé à plusieurs reprises, on les prend un à un et on les fait passer entre deux haies de gendarmes jusqu’à la rue où ils continuent leur chapelet que la foule sympathique et émue, récite avec eux…

C’était au temps où les Français ne s’aimaient pas… Pourquoi ce temps n’est-il pas définitivement passé ? Car ces jeunes séminaristes qu’on expulsait aimaient la France, eux, et Monsieur Cadiou, comme tant d’autres, allaient le prouver. Pendant deux ans, de 1907 à 1909, il sert au camp de Châlons, et termine ses deux ans comme sergent-major.

Il reprend alors ses études dans les locaux de fortune, aménagés en séminaire, au Carmel de Brest, avant de revenir à Quimper, rue Verdelet, en 1911. Il est ordonné prêtre le 25 juillet 1912 en cette cathédrale de Saint-Corentin. Il fut alors envoyé, comme surveillant d’abord, puis comme professeur au Petit Séminaire Saint-Vincent qui, après les expulsions de 1907, avait trouvé refuge au Likès. C’est à ce poste qu’il reçut son ordre de mobilisation.

La guerre de 14-18, la « grande guerre », le marqua profondément. Patriote sans panache, il était l’homme du devoir sans réticence. Mobilisé comme officier dans un régiment breton, le 19e d’infanterie, il restait pour ses hommes « Monsieur Cadiou » et non « Mon Lieutenant » car en lui, plus que l’officier ils voyaient le prêtre. Il avait leur confiance, leur admiration, leur affection même, qui les faisait s’écrier quand ils le voyaient s’exposer au danger : « Monsieur Cadiou, vous allez vous faire tuer ! ».

Il passa ces longues années au milieu de la tourmente, aux postes les plus périlleux, fidèle au devoir. De la guerre il rapporta, avec une blessure au bras, cinq citations, la croix de guerre et la Légion d’Honneur. Il rapporta aussi quelques bonnes histoires qu’il racontait avec tant d’humour. A son retour, prévoyant le rôle que pourraient jouer dans l’après-guerre les Anciens Combattants, il accepta la présidence départementale des Prêtres Anciens Combattants dont les interventions furent d’un grand poids pour la défense des libertés lorsque celles-ci furent à nouveau menacées par les vieux démons de la politique, comme en 1905.

Il ne retourna pas à Saint-Vincent. Sans doute le Conseil épiscopal d’alors retrouva-t-il sur sa fiche de séminaire cette note soulignée d’un trait : « Bon organiste », ou bien se souvint-on qu’au temps où il était encore séminariste il avait été envoyé en stage à l’île de Wight pour s’initier au grégorien près des Pères Bénédictins de Solesmes : il fut nommé vicaire à Saint-Corentin, le 10 avril 1919. Il devait y demeurer 20 ans.

Maître de Chapelle, il fut l’homme de la liturgie, de la musique et du chant. La Cathédrale lui doit en particulier son orgue de chœur qui accompagne aujourd’hui les chants de ses obsèques, et dont on envisage la restauration… à son grand étonnement d’ailleurs, car il disait tout récemment à un ami : « Cet orgue est tout neuf : c’est moi qui l’ai installé ». C’est bien vrai, mais il y a 50 ans de cela ! Tandis que certains de ses confrères, comme Monsieur Le Goasguen ou Monsieur Hervé, par exemple, étaient plus spécialement les vicaires « chargés des œuvres de jeunesse », il fut, dans l’équipe, celui qui porta particulièrement le souci des vocations sacerdotales, religieuses et missionnaires, et de l’imposant groupe d’enfants de chœur qu’il avait formé, comme des jeunes filles qui s’adressaient à lui en confession, surgirent des vocations éprouvées. Beaucoup de ceux ou celles qui lui doivent l’orientation de leur vie vers le service du Seigneur et de l’Église lui sont demeurés profondément attachés.

Il prenait aussi, bien sûr, sa part du ministère ordinaire de la paroisse et, par là, se préparait à d’autres responsabilités. En avril 1939, il était nommé Recteur de Guissény, d’où, trois ans plus tard, il était transféré à Plabennec comme curé-Doyen. Trop rapides passages, au gré des paroissiens, qui n’eurent guère que le temps d’apprécier sa bonté et sa fermeté, son sens de l’accueil et son souci de disponibilité, dans un style de ministère moins dispersé qu’aujourd’hui, plus préoccupé sans doute, comme on dirait en langage moderne, de sacramentalisation que d’évangélisation, mais sans jamais opposer l’une à l’autre.

Pour ses qualités de pasteur st pour ses bonnes relations avec les prêtres, il fut appelé par Monseigneur Duparc à la charge de Vicaire général. C’était l’époque où la prise en charge apostolique ne se mesurait pas en kilomètres au Compteur de la voiture ni au nombre de réunions par semaine. Responsabilité d’administration plus que de pastorale, au sens où nous l’entendons aujourd’hui. Monsieur Cadiou se trouvait à l’aise en cette fonction de service. Sous l’autorité et la responsabilité de « Mgr l’Evêque », auquel il se référait toujours dans l’exercice de ses principales responsabilités, par sens de l’obéissance, peut-être aussi un peu pour se couvrir, car c’était un timide, il recevait visites et consultations avec bienveillance. Il répondait le jour même, de sa belle écriture si finement moulée, à toutes les lettres qu’il recevait, et vérifiait minutieusement tous les comptes et registres.

Il était lui-même d’une régularité exemplaire. Levé tous les matins à 6 h, pour avoir le temps de vaquer à la prière (oraison, bréviaire, messe). Il était à son bureau, à l’Évêché de 9 h à midi, puis de 14 h à 17 h. Au retour, il passait à la Cathédrale pour un nouveau temps de prière, puis rentrait chez lui : les dernières heures de la journée étaient son temps personnel, consacré à l’étude, ou à la lecture ou à quelque autre travail qu’il avait entrepris. Il se couchait tôt, pour reprendre le lendemain le même rythme, sauf les jours où il devait accompagner son évêque en quelque tournée pastorale. Avec les prêtres, il était à l’aise, les accueillant volontiers à sa table, comme il fréquentait avec joie les presbytères amis, les dimanches où il était libre. Mais quand il s’agissait de l’application des consignes diocésaines, il était d’une fermeté et même d’une certaine rigueur qu’explique sa timidité, dont témoigne aussi un certain besoin d’abriter ses décisions d’une référence à l’autorité supérieure : « Que veux-tu, mon cher ami, c’est la volonté de Monseigneur ! ». Quitte à donner ensuite libre cours à sa sensibilité, près de ses amis, après une intervention particulièrement pénible : « Je l’ai vu pleurer plus d’une fois », me disait l’un de ceux-là.

Il portait aussi le souci de la vie religieuse et telle congrégation qui l’avait pour « Supérieur ecclésiastique » se souvient de son dévouement et de son attachement Avec les laïcs, il était moine à Taisé. Il n’était pas l’homme des réunions ou des sessions qu’il trouvait toujours trop longues, quoiqu’il y participât par devoir. On évoque encore volontiers l’accueil réservé à telle ou telle délégation venue réclamer à l’évêché au sujet d’une nomination ou d’une délimitation de paroisses. C’était l’homme d’une pastorale pour son temps. Et dans cette responsabilité il fut un prêtre heureux, serein, épanoui.

Après Mgr Duparc, Mgr Fauvel (qui m’a dit son grand regret de ne pouvoir être présent à cette célébration, pour des raisons de santé) a profité pendant 10 ans de ses loyaux services. En 1958, il lui proposa d’accepter la dignité de Doyen du Chapitre Cathédral : il avait alors 72 ans. A sa manière à lui, qui ignora toujours retard ou refus, il accepta. Depuis 22 ans, il a rempli cette charge, tant que ses forces le lui ont permis, bien conscient que la prière de louange et d’intercession pour le diocèse était encore un ministère. Il était moins mêlé à la vie du diocèse, alors en pleine évolution, mais pour beaucoup de prêtres il demeurait une référence, par la dignité de sa vie et le rayonnement de sa personnalité sacerdotale.

S’il fallait résumer d’un mot l’ambition de sa vie, je lui donnerais volontiers comme devise « Servir l’Eglise ». Oui, il a été un de ces bons serviteurs dont parlait tout à l’heure l’Évangile, toujours « en tenue de service et sa lampe allumée à la main », toujours prêt à aller là où le Maître l’enverrait, prêt aussi à lui ouvrir au jour où il frapperait à la porte.

Et le secret de son obéissance, de la liberté dans le service, de cette sérénité dont il a fait preuve jusqu’en sa dernière maladie, c’était sa foi en l’amour prévenant du Père. Il redisait avec saint Paul : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? J’en ai la certitude : rien ne pourra nous séparer de l’amour que Dieu a pour nous et dont il nous a donné la preuve en Jésus-Christ Notre Seigneur ». Au jour de son ordination, quand l’Archidiacre le présenta à l’Evêque pour l’ordination sacerdotale, l’Évêque posa la question rituelle : « Savez-vous s’il en est digne ? ». Alors qu’a pris fin sa longue vie sacerdotale, il me semble qu’en présence du peuple chrétien on peut répondre — autant que le permet l’humaine faiblesse — avec plus d’assurance que l’Archidiacre : « Oui, il s’est montré digne de la fonction et de la mission qui lui ont été confiées »…

04 . Auguste LESPAGNOL, recteur de Guissény (1942-1947)

Auguste LESPAGNOL devient recteur de Guissény en 1942 à la suite de Joseph Cadiou

Auguste LESPAGNOL est né le 29 avril 1889 à Run ar Chang en Lanvéoc, fils de Jean François Lespagnol, batelier, et Marie Yvonne LESCOP.

. Le 25 juillet 1921 : ordonné prêtre à la cathédrale de Saint-Corentin à Quimper

. Le 16 septembre 1921, il est nommé vicaire à Locmaria-Plouzané

. En 1923, il est nommé vicaire aux Carmes de Brest

. En 1942, il devient recteur de Guissény

. En 1947, il est nommé curé doyen de Châteauneuf-du-Faou

. En 1949, il est nommé chanoine honoraire

. En 1950, il est curé archiprêtre de Quimperlé

. En 1957, il est nommé chanoine titulaire

. Il est décédé le 1er décembre 1957 à Quimper

A.Lespagnol+1957

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La Carrière militaire d’Auguste Marie LESPAGNOL (registre matricule : classe 1909, n° 84 à Brest)

Fiche matricule

. incorporé au 132e Régiment d’Infanterie le 9 octobre 1911

. arrivé au corps le dit jour (n° matricule : 4924) : soldat de 2e classe

. envoyé en congé le 25 septembre 1913 (Certificat de bonne conduite accordé)

Guerre 1914-1918 : . rappelé à l’activité par décret de mobilisation générale du 1er août 1914

. arrivé au corps le 3 août 1914 et parti aux armées le 8 août 1914

. passé caporal le 30 août 1914

. blessé à Lénnarhée par balle à la cheville gauche évacué le 7 septembre 1914

. rentré au dépôt le 25 octobre 1914 et nommé sergent le 5 janvier 1915

. parti en renfort le 12 mai 1915

. passé adjudant de bataillon le 15 septembre 1915 et sous-lieutenant de réserve à titre temporaire à dater du 10 octobre 1915 (décision du général en chef du 15 septembre 1915)

. blessé à Douaumont évacué sur l’intérieur le 8 avril 1916 : fracture du tibia et du péroné gauche

. rentré au dépôt le 20 novembre 1916 et rejoint les armées le 8 janvier 1917

. passé au 129e Régiment d’Infanterie le 12 septembre 1917

. promu lieutenant de réserve à titre temporaire (décision ministérielle du 28 décembre 1917)

. passé au 369e Régiment d’Infanterie le 6 juin 1918

. blessé le 11 août 1918 à Machemont par éclat d’obus : plaie au coude droit

. promu sous-lieutenant à titre définitif par décret du 22 octobre 1918 pour prendre rang du 25 septembre 1918, puis lieutenant de réserve (à T.D.) à compter du 31 août 1918

. passé au 7e Régiment d’Infanterie suite à la dissolution du 369e R.I. (4 avril 1919)

Citations  :

  • cité à l’ordre du Corps d’Armée (n° 117) le 3 février 1916 : « Parti comme soldat de 2e classe, s’est magnifiquement conduit à Maissin le 22 août 1914 où sous un feu d’artillerie et d’Infanterie extrêmement violent, il a ramené au combat une trentaine d’hommes isolés, les a énergiquement maintenus sur une position de première importance qu’il n’a voulu évacuer qu’après en avoir reçu l’ordre formel. A été blessé le 7 septembre à Lénnarhée , est revenu sur le front à peine guéri, s’est particulièrement distingué pendant les attaques du 25 septembre au 8 octobre 1915 où comme chef de section, il a déployé de grandes qualités de coup d’œil, de courage et de sang-froid  ».
  • cité à l’ordre de l’armée du 29 juin 1918 (J.O. du 27 août 1918) : «  A l’attaque du 11 juin 1918 a brillamment enlevé sa section et fait prisonnier un sergent major ennemi ».
  • cité à l’ordre de la brigade (n° 119) du 30 août 1918 : « Officier très brave. Le 11 août 1918 a entraîné vigoureusement sa section, a atteint son objectif. Blessé au cours de l’action ».

décorations  :

  • Croix de Guerre avec étoile de bronze, et étoile de vermeil et palme
  • Chevalier de la Légion d’Honneur (rang du 16 juin 1920 – J.O. du 4 septembre 1920) : « officier d’une haute valeur morale, animé du plus noble esprit de sacrifice, des plus purs sentiments de dévouement et d’abnégation, gagnant le cœur de ses hommes par sa belle bravoure ».
Légion d’Honneur

. mis en congé illimité de démobilisation le 4 août 1919 : conserve le bénéfice de la double campagne au-delà de ses services effectifs pendant une année complète à partir du jour de sa blessure en l’espèce jusqu’au 10 août 1919.

. se retire à Lanvéoc (Finistère)

. proposé pour maintien dans les cadres, pension permanente 10% par la Commission de réforme de Brest du 29 avril 1922 pour « séquelles de fracture de la jambe gauche, 1/3 infirmité : incurvation, raccourcissement, amyotrophie légère – Raideur du coup de pied ».

Guerre 1939-1945 :

. rappelé à l’activité le 23 août 1939 : affecté au H°/248 D.I., 1re Compagnie F.V.

. arrivé au corps le 24 août 1939

. démobilisé par la Brigade de gendarmerie de Brest le 11 octobre 1940 pour compter du 25 juin 1940 (non prisonnier).

. proposé à la radiation des Cadres par la Commission de réforme de Brest du 10 avril 1940.

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Les digues

La deuxième digue

La construction de la deuxième digue de Nodeven

Après la destruction de la première digue, la propriétaire demande l’autorisation de construire une nouvelle digue « en arrière de la première » et selon une technique différente.

L’administration qui avait imposé le mode de construction de la première digue qui n’a pas tenu plus d’une année, se montre cette fois-ci plus conciliante et laisse la propriétaire choisir la technique.

L’autorisation de construction de la nouvelle digue est accordée le 14 mai 1834. Il s’agit cette fois-ci de la digue actuelle, entre Le Curnic et Nodeven.

Le Ministre secrétaire d’Etat des finances

Vu l’ordonnance du Roi, du 15 septembre 1831, qui concéda à Mme Vve Merven, née Gaultier, un lais de mer situé à Guissény, département du Finistère, à la charge de construire dans un délais de dix ans une digue sur l’emplacement et conformément aux plan et devis arrêtés par les ingénieurs (articles 3 et 5), et sous la conditions (article 4), de justifier chaque année qu’il a été exécuté au moins un neuvième de cette digue ;

La pétition par laquelle la dame Veuve Merven après avoir exposé que, dans le cours de l’année 1832, elle avait complètement terminé la digue, selon les conditions qui lui avaient été imposées, mais que cette digue n’ayant pu soutenir l’effort de la mer, elle a été emportée par les flots en 1833, ainsi qu’une partie des bâtimens d’exploitation qui avaient été édifiés sur le terrain endigué, demande l’autorisation de construire une nouvelle digue en arrière de la première, mais avec un profil différent, le premier mode qu’elle avait été obligée de suivre n’ayant pas réussi.

L’avis du conseiller d’Etat chargé de l’administration des Ponts et Chaussées, portant que le changement proposé par Madame Veuve Merven, dans l’emplacement et le mode de construction de la digue, peut porter atteinte à aucun intérêt public ni privé, que la concessionnaire exécutant les travaux à ses risques et périls, doit être libre d’en déterminer le système et qu’on ne peut lui interdire la faculté de substituer à un mode incertain un mode plus coûteux, mais dont l’expérience a sanctionné le succès dans la contrée même où il doit être employé.

L’avis du conseiller d’Etat, Directeur général de l’administration des Domaines et de l’Enregistrement, par lequel il fait observer que dans les travaux de cette nature, le gouvernement ne doit régler que ce qui concerne les intérêts publics ou privés ; que les concessionnaires doivent avoir le choix de leurs moyens d’exécution ; que ce principe a été consacré par l’article 9 de l’ordonnance du 28 février 1831, relative aux travaux publics ; que d’un autre côté l’obligation de construire une digue par neuvième pourrait devenir sans profit pour l’Etat, une cause d’inquiétude pour la concessionnaire qui annonce d’ailleurs l’intention de refaire en entier la digue avant l’équinoxe d’automne.

Considérant que Madame Veuve Merven avait rempli, dans le cours de l’année 1832, les obligations qui lui étaient imposées par l’article 3 de l’ordonnance du 15 septembre 1831, et pour laquelle il lui avait été accordé dix ans ; que la condition résolutoire réservée au Domaine dans le cas où l’endiguement n’aurait pas été effectué dans le délai fixé, ne pourra être invoquée qu’à l’expiration de ce délai ; que la concessionnaire offre de réparer immédiatement le désastre qu’elle a éprouvé, et que non seulement elle aura de nouvelles dépenses à faire, mais qu’encore, elle sera obligée de laisser à l’action de la mer une partie du terrain qui lui a été concédé et dont elle a payé le prix ;que la perte déjà éprouvée par Mme Merven et la nouvelle tentative qu’elle se propose de faire, doivent porter l’administration à lui accorder toutes les facilités qui ne porteront aucun atteinte au principe de l’ordonnance du 15 septembre 1831. Décide ce qui suit  :

  • Article 1er : Madame Veuve Merven est autorisée à élever une nouvelle digue sur le lais de mer de Guissény, soit sur l’emplacement qui avait été fixé par le plan joint à l’ordonnance du 15 septembre 1831, soit en arrière de cet emplacement.
  • Article 2 : La Concessionnaire pourra donner à la nouvelle digue la hauteur et le profil qu’elle jugera le plus propre à garantir la solidité convenable et à prévenir tout nouvel accident, mais elle sera obligée de conserver les deux aqueducs à clapet, exigés par l’article 3 de l’ordonnance précitée.
  • Article 3 :La Concessionnaire ne sera pas tenue de la justification exigée par l’article 4 de cette ordonnance, mais les travaux devront être complètement terminés dans le délai de dix accordé par l’article 3, et c’est à l’expiration de ce délai que les Ingénieurs des Ponts et Chaussées devront

fait à Paris, le 14 mai 1834 . Signé : Humann. Pour ampliation, Le Conseiller d’Etat Directeur général

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Le 20 juin 1834, le conseil municipal de Guissény est appelé à statuer sur l’extraction des pierres nécessaires à la construction de la nouvelle digue.

Il autorise "Monsieur Reynaud, architecte chargé de la construction de la digue du lais de mer de Guissény, d’extraire des pierres de toutes les carrières du rocher du Squéis et sur les dunes près le Bec-an-nanquoupendoul, l’espace d’une année à partir du 16 avril 1834 aux conditions suivantes.

M. Reynaud comptera à la commune entre les mains de M. le receveur municipal la somme de cent francs sitôt la digue achevée.

En outre, il comblera les trous faits par des carriers sur le rocher du Squéis et Bec-an-nanquou avant le 16 avril 1835.

Il plantera à ses frais les bornes nécessaires pour marquer les délimitations du terrain de la commune et celui du lais de mer depuis l’extrémité nord-ouest de la digue jusqu’au chemin dit Carriguel-ar-vein-ven.

Le sieur Reynaud abandonnera également à la commune de Guissény la petite maison construite sur le Squéis par M. Derrien à l’exception de la toiture et tout le bois de charpente et menuiserie, et il jouira de cette maison jusqu’au premier juillet prochain".

Pour avoir une idée de la valeur de cette somme de cent francs, nous pouvons indiquer que le salaire journalier moyen d’un ouvrier employé par la commune aux travaux de terrassement ou d’empierrement pour l’entretien des chemins vicinaux était d’un franc.

Mais les constructeurs de la digue du Curnic ont de nouveaux projets et proposent de bâtir une deuxième digue dans la baie du Quillimadec. Le 10 juillet 1834, le conseil municipal de Guissény exprime son opposition à cette dernière demande.

Les conseillers municipaux, "après lecture de la lettre de Mme Veuve Merven, en date du 1er juillet courant, laquelle déclare vouloir construire une digue entre les communes de Guissény et de Kerlouan à seule fin de s’approprier d’un lais de mer, nommé la palue de Lerret, ont décidé à la pluralité des voix que cette cloture qu’elle veut faire, serait nuisible et incommode pour les deux communes, principalement à celle de Guissény et pour les communes riveraines.

Voici la raison : les habitants se sont servis et se servent toujours des mottes et du sable pour améliorer et engraisser leurs terres, et leur étaient d’une grande utilité. que si on permettait à cette dame de construire cette digue, qu’elle a déclaré vouloir faire, serait incommode et très nuisible pour le pays.

ont décidé qu’ils n’accepteraient point à la construction de la sus-dite digue et donnent leurs oppositions et d’avis de prier M. le sous-préfet de l’approuver".

Le 1er septembre 1834, le conseil municipal se réunit pour étudier une « requête et déclaration » qui a été adressée par écrit au maire "par MM. Toullec et Troude, propriétaires d’une partie de la palue de Guissény, de la contenance de vingt cinq hectares, sauf la défalcation qu’ils sont obligés à fournir pour les chemins de communication en vertu de l’ordonnance royale en date du 15 septembre 1831 et enregistré à Guissény le 21 octobre suivant même année".

La lettre est la suivante :

Brest, le 1er août 1834,

Monsieur le Maire,

Les soussignés Toullec, propriétaire, et Troude, capitaine de frégatte, propriétaire indivis, en vertu d’acte du 30 octobre 1830 d’une portion du lais de mer en Guissény concédé à Madame Veuve Merven par ordonnance royale du 15 septembre 1831, veulent mettre en culture la portion qu’ils ont acquis, aussitôt que la clôture en sera terminée, et profiter du bénéfice de la loi qui accorde au concessionnaire l’exemption d’impôts pendant un certain nombre d’années moyennant la déclaration imposée aux propriétaires de terrains vagues d’en continuer sans interruption de défrichement, nous vous faisons connaître l’intention où nous sommes de commencer au mois de septembre prochain l’exploitation de 25 hectares que nous avons acquis de Madame Veuve Merven, nous vous prions de nous donner acte de la présente déclaration pour nous servir à ce que de droit.

Le maire leur donne acte de leur demande en vertu de l’article 11 de la loi du 4 novembre 1790.

Le 4 janvier 1835, le registre de Guissény enregistre un arrêté de la sous-préfecture de Brest autorisant la nomination d’un garde-champêtre particulier pour les nouveaux terrains gagnés sur la mer après la construction de la digue : "Nous sous-préfet de l’arrondissement de Brest, Chevalier de l’ordre royal de la Légion d’honneur, Vu la demande en date du six novembre dernier, enregistré le douze du même mois, formée par M. Lunven, notaire à Guissény au nom et comme fondé de pouvoirs des propriétaires des terrains provenant du lais de mer de cette commune, dit le Kurnic, à eux concédés par ordonnance royale du 15 septembre 1831, à l’effet d’obtenir l’autorisation d’avoir pour garde champêtre particulier, le sieur Cabon Jean-Marie pour être affecté spécialement à la conservation de la sus-dite propriété. Vu le certificat de bonnes vie et mœurs délivré au dit sieur Cabon par M. le maire de Guissény, en date du 10 novembre dernier. Vu l’ordonnance royale du 29 novembre 1820 et l’instruction ministérielle du 4 juillet 1827

arrêtons : art. 1er : le sieur Cabon Jean-Marie est nommé garde champêtre particulier de M. Lunven, notaire à Guissény, fondé de pouvoirs des propriétaires des terrains provenant du lais de mer dit le Kurnic pour être affecté spécialement à la conservation des sus-dits terrains situés dans la commune de Guissény. art. 2 : une expédition du présent arrêté sera remise au dit sieur Cabon Jean-Marie pour lui servir de commission. Il ne pourra exercer ses fonctions qu’après avoir prêté serment devant le tribunal de 1re instance à Brest et s’être accrédité près M. le Maire de la dite commune de Guissény. A l’hôtel de la sous-préfecture à Brest, le 5 décembre 1834. Le sous-préfet, signé : Cocagne. Enregistré à Brest le 17 décembre 1834. Le dénommé au présent arrêté a prêté le serment prescrit par la loi devant le tribunal civil de Brest ce jourd’hui 17 décembre 1834".

Mais les sources de conflit continuent entre la municipalité et les concessionnaires : le 20 novembre 1835, le registre note encore que "M. Reynaud architecte prenait des mottes et du sable sur une propriété appartenant à la commune servant sécherie de gouémon« . Le conseil municipal autorise le maire à poursuivre M. Reynaud »pour réparer le tort qu’il fait à la propriété sus-dite sans avoir été autorisé ; de plus à l’obliger à combler les trous qui sont faits dans la dite carrière donnant sur la propriété sus-dite en 18334 ainsi qu’à placer les pierres bornalles dont il s’était obligé par un traité convenu entre M. Reynaud et le conseil municipal le 20 juin 1834".

Le 4 août 1836, une mention est rajoutée dans la marge du procès-verbal du 20 juin 1834 pour indiquer que M. Reynaud a acquitté la somme de 100 francs qu’il devait payer à la municipalité « sitôt la digue achevée ». On peut donc en conclure que les travaux de construction de la digue sont terminés à cette date. Mais il s’était engagé aussi à combler les trous faits dans les carrières et il n’a pas satisfait à cette obligation.

Le 18 mai 1837, le registre note que les concessionnaires de la grève devaient "combler les excavations qu’ils avaient pratiquées dans la dite grève pour l’extraction des pierres nécessaires à la construction de leur digue« . Ils offrent une somme de 100 F. pour être dispensés de remplir cette condition. Le conseil municipal considère que »ces excavations ne nuisent en rien que ce soit aux intérêts de la commune et à ses habitants… Les excavations se combleront d’elles-mêmes sous peu d’années au moyen des sables transportés par les vents« . Le conseil accepte donc la transaction avec M. Reynaud qui paye finalement 117 F., soit 17 F. supplémentaires »pour les pierres qu’ils ont été autorisés à extraire l’année dernière pour diverses constructions faites par eux".

En 1841, à l’échéance du délai de dix ans prévu par l’ordonnance royale de 1831, l’administration accorde le "certificat de réception définitive" à M. Reynaud (de Saint-Malo) .

Préfecture du Finistère : Certificat de Réception définitive « Lais de mer de Guissény » "Aujourd’hui, vingt cinq Septembre, Mil huit cent quarante et un, nous, Elève Ingénieur des Ponts et Chaussées, chargé de l’Arrondissement de Landerneau, nous étant transporté à Guissény, à l’effet de vérifier si les travaux prescrits par ordonnance royale du 15 septembre 1831, ont été exécutés conformément aux conditions exigées, avons reconnu que le sieur Reynaud de St Malo, cessionnaire de la dame Veuve Merven, à qui le lais de mer de Guissény avait été concédé, a donné conformément à l’article 2, de la décision Ministérielle du 14 Mai 1834, la hauteur et le profil le plus propre à garantir la solidité convenable et a établi les deux aqueducs à clapet, exigés par l’article 3 de l’ordonnance précitée ; en fois de quoi, nous avons délivré le présent certificat pour valoir ce que de droit". Landerneau, le 25 septembre 1841, L’Elève Ingénieur Vu par l’Ingénieur en chef, Quimper, le 27 octobre 1841.


Cette deuxième digue s’avère être plus solide que la première puisqu’elle est toujours en place aujourd’hui. Mais les difficultés liées à son existence n’ont pas disparu tout de suite.

Le 1er août 1841, le conseil municipal de Guissény, réuni « relativement aux inondations de la baie Tréas-an-anouès,… déclare qu’il est impossible que cet état de chose puisse durer. Considérant que les clapets pratiqués dans la digue de Guissény sont insuffisants dans les fortes eaux en hiver et dans les temps d’orage en été, pour laisser échapper les eaux qui dévalent de l’extérieur des terres pour se jeter dans la mer. Considérant qu’il en résulte chaque année des inondations désastreuses, qui, non seulement envahissent les propriétés riveraines, mais encore interceptent les communications de commune à commune et empêche le transport du goëmon. Considérant qu’il est de l’intérêt public de signaler ces faits à l’autorité compétente ; que l’on tombe à l’époque de l’année où les travaux, auxquels on devra se livrer pour prévenir le retour de ces inondations, peuvent s’exécuter ; que si la belle saison s’écoule encore sans qu’on entreprenne ces travaux, on s’exposerait aux mêmes inconvénients. Considérant qu’il y a urgence. Le conseil invite instamment M. le Sous-Préfet à prendre telle mesure qu’il jugera convenable pour le faire cesser promptement ».

Les clapets, mis en cause, avaient été prévus par l’article 3 de l’ordonnance du 15 septembre 1831 : « établir, dans le corps de la digue, un second aqueduc à clapet qui pourra fonctionner lorsqu’il y aura lieu de réparer le premier et à placer dans chaque aqueduc une vanne de sûreté en cas d’avarie des clapets  ». Cela avait été confirmé dans le certificat de réception définitive en 1841 : « a établi les deux aqueducs à clapet  ». Il semble donc que ces précautions n’aient pas été suffisantes.


Un projet d’une deuxième digue entre Guissény et Kerlouan avait été présenté en juillet 1834, pour récupérer « la palue de Lerret », et rejeté par le conseil municipal de Guissény. La question revient à l’ordre du jour en 1852 mais avec un autre objectif : il s’agit cette fois-ci de réaliser une digue pour faire passer une route entre Guissény et Kerlouan, au fond de la baie au lieu dit Le Coufon.

  • Le 16 octobre 1852,

« M. le Maire fait part au conseil du projet concerté entre lui et son collègue de Kerlouan, de lier entre elles les deux communes au moyen d’une digue à frais commun à la condition d’obtenir la concession du lais de mer dit Palue de Coufon. Considérant qu’il n’existe, à marée basse, qu’une route presque impraticable entre ces deux communes importantes et qu’à marée haute toute communication est interceptée. Vu les fréquents accidents résultant de la rapidité des grandes marées aux moindres retards qu’éprouvent les charrettes qui transportent les engrais de mer. Considérant que le chemin qui résulterait de la construction de cette digue présenterait le double avantage de permettre aux cultivateurs de faire à toute heure et sans accident possible, leurs charrois d’engrais, et de communiquer à volonté, avec les communes de Kerlouan, Plounéour, Goulven, Plouescat, etc… Vu l’importance incontestable de la création de ce chemin. Le conseil, à l’unanimité, sollicite, d’accord avec la commune de Kerlouan, la concession du lais de mer dit Palue de Coufon, à charge de faire une digue sur laquelle passerait le chemin vicinal destiné à lier les deux communes entre elles. M. le Maire est, en conséquence, autorisé à remplir toutes les formalités nécessaires pour arriver à ce résultat, le conseil s’engageant à lui accorder, sur sa demande, les sommes nécessaires à cet effet ».

  • Et le 1er avril 1853,

« le conseil considérant qu’il n’existe, à la haute marée, aucun chemin praticable pour communiquer avec Kerlouan dont les rapports avec Guissény sont de toute nécessité, tant pour le transport des engrais de mer, que pour les relations de bourg à bourg. Considérant que la partie de route à réparer et élargir en Guissény, pour arriver à la limite de Kerlouan, ne présente qu’une étendue de 12 à 1500 mètres, au milieu de laquelle se trouve la carrière communale ; que le chemin pour arriver à cette carrière doit être nécessairement réparé ; que, dès lors, il ne restera presque rien à faire pour compléter le travail. Considérant que, par suite des pluies et des neiges, presque tous les fossés se sont éboulés et que l’occasion est favorable pour obtenir une largeur provisoirement suffisante, au moyen d’une faible indemnité, si ce n’est gratuitement. Le conseil, à l’unanimité, vote le classement de cette route comme chemin vicinal de troisième classe et s’en rapporte à M. le Maire pour le faire passer, soit par le milieu du village de Kerbrésant, soit le long des méchous de Coufon, suivant la direction qui lui paraîtra la plus économique  ».

  • Le 16 novembre 1865, le conseil vote une somme de cinquante francs « pour venir en aide aux victimes des inondations de la marée du quatre courant ». Mais cette fois-ci la digue n’est pas directement mise en cause dans la délibération du conseil.

Cette deuxième digue a bien résisté aux tempêtes pour être toujours en place aujourd’hui et protéger la palue et la route du bourg au Curnic. Mais elle nécessite régulièrement de l’entretien et des réparations après les hivers rigoureux, notamment celui de 2014.

La digue-jetée du Curnic

La construction de la digue-jetée et l’aménagement du port du Curnic

Dès le 7 septembre 1933, le conseil municipal de Guissény avait été amené à délibérer sur « la demande formulée par un certain nombre d’habitants du village du Curnic sollicitant l’autorisation de construire à leur compte une simple cale pour leur permettre d’effectuer plus aisément les chargements de goëmon et de tourbe ». Le conseil donne son aval « sans que la commune ait à participer dans les frais de construction ».

Le 21 décembre 1961, « Monsieur le maire donne lecture à l’assemblée d’une motion votée le 3 septembre 1961 par le conseil d’administration du centre nautique de Guissény et remise par son président le 15 décembre 1961, demandant l’aménagement de l’abri naturel du Curnic en Guissény. Le conseil…, considérant que l’aménagement de l’abri naturel du Curnic en Guissény permettrait une plus grande extension de l’activité nautique dans la commune, demande aux services intéressés des Ponts-et-Chaussées d’entreprendre l’étude et le financement d’un brise-lames entre l’île « Enez Croaz ant » et la pointe de « Corn ar garrech  ».

Mais le 2 septembre 1962, le conseil municipal décide d’ajourner l’avant-projet de construction du brise-lames au port du Curnic, considérant que la commune a déjà engagé des travaux de première urgence (la construction d’une mairie-poste et l’adduction d’eau au chef-lieu). Une lettre du 7 décembre 1964 du président du centre nautique demande la suite réservée à la construction du brise-lames et le conseil renouvelle, le 26 décembre, sa décision d’ajournement jusqu’à l’achèvement des travaux engagés par ailleurs.

La question revient à l’ordre du jour du conseil municipal le 17 février 1969, mais l’avant-projet élaboré par les services des Ponts-et-Chaussées (du 24 août 1962) ne correspond plus aux besoins actuels. Le conseil demande à « l’Equipement de procéder à l’étude d’un nouveau projet d’aménagement de l’abri naturel du port du Curnic en Guissény ». Ce projet est présenté le 14 octobre 1971 au conseil municipal qui « décide de demander son inscription au programme départemental du VIe plan  ».

Et le 21 décembre 1971, « M. le maire rend compte à l’assemblée que les services de la Direction départementale de l’Equipement viennent de lui adresser le projet de construction d’une digue de protection au Curnic, établi à la suite d’une réunion tenue le 5 octobre 1971. M. le maire précise que le projet vise à construire une digue en enrochements d’une longueur de 375 mètres environ, reliant le littoral à Enez Croazant. M. le maire indique que cette opération d’amélioration du port, évaluée à 580.000 francs, est susceptible de bénéficier d’une subvention de l’Etat au taux de 25 % et du Département du Finistère au taux de 37,50 % . Après avoir entendu l’exposé de monsieur le maire, l’assemblée : 1°) approuve le projet de construction de la digue de protection au Curnic tel qu’il lui est présenté ; 2°) sollicite de la part de l’Etat l’octroi d’une subvention aussi élevée que possible qui, sur la base d’un taux de 25 %, serait de 580.000 F. x 25% = 145.000 F. ; 3°) sollicite de la part du Département du Finistère l’octroi d’une subvention pour la réalisation des travaux, au taux de 37,5%, soit 217.500 F. ; 4°) se déclare maître de l’œuvre pour les travaux à réaliser ; 5°) s’engage à assurer l’entretien ultérieur des ouvrages. D’autre part, considérant l’importance de l’opération, le conseil décide de solliciter le concours de la Direction Départementale de l’Equipement pour assurer l’établissement du projet et la surveillance des travaux  ».

Le 9 juin 1972, les possibilités de subvention ont changé : . Etat = 10 %, soit 58.000 F et département = 45%, soit 261.000 F. Le conseil s’engage à assurer en temps utile le règlement de la quote-part restant à la charge de la commune.

Le 23 mai 1973, « M. le maire dépose sur le bureau de l’Assemblée le dossier relatif aux travaux de construction de la digue du Curnic. Il rappelle les délibérations antérieures qui faisaient état d’une estimation de dépenses de 580.000 francs  ». L’adjudication des travaux s’est déroulée le 26 avril 1973. L’Entreprise Marc de Brest, qui a offert d’exécuter les travaux aux conditions les plus avantageuses pour un montant de 682.374 francs, a été déclaré adjudicataire. Compte tenu de l’augmentation de la dépense, la combinaison financière de l’opération s’établit comme suit :

. Subvention :

  • Etat = 10%, de 580.000 F…………………………..= 58.000 F.
  • Département = 45% de 580.000 F…………….…= 261.000 F.
  • Emprunts :
  • Caisse d’Epargne de Brest (réalisé)………….…..= 151.000 F.
  • Caisse des Dépôts et Consignations……………..= 212.374 F. (transfert provisoire de crédits)
  • Total……………………………………………………….= 682.374 F.

M. le maire propose de traiter avec l’Entreprise Marc de Brest pour la réalisation des travaux dont il s’agit et demande l’autorisation de signer les pièces du marché établi par les services de l’Equipement de Brest – Littoral. Le conseil, à l’unanimité, décide : "a) la mise en exécution immédiate des travaux de construction de la digue de protection du port du Curnic ; b) d’accepter les propositions de l’Entreprise Marc de Brest dont le montant s’élève à la somme de 682.374 F. et d’autoriser M. le maire à signer les pièces du marché à passer avec ladite entreprise ; c) d’imputer la dépense correspondante sur les fonds de subventions et d’emprunts alloués à la commune pour cette opération".

Pour permettre la mise en exécution immédiate des travaux de construction de la digue du Curnic, le conseil municipal décide le transfert provisoire de la somme de 225.000 F. du compte 2305 (voirie) au compte 2309 (construction digue). Cette somme est la part de la commune dans l’emprunt de 1.00.000 F. réalisé par le syndicat d’Equipement de la Côte des Légendes. Le maire est autorisé à contracter un emprunt de 240.000 F. auprès de la Caisse des Dépôts et Consignations pour le financement des travaux de construction de la digue du Curnic. Des travaux supplémentaires du chantier de construction du Port du Curnic sont nécessaires et notamment le décapage de bancs de pierre. La dépense est évaluée à 31.000 francs hors taxes. Le conseil donne son accord.

Mais comme pour la première digue de Nodéven au XIXe siècle, les premiers problèmes ne vont pas tarder à venir : dès le premier hiver, la tempête provoque des dégâts sur la digue toute neuve. Le conseil municipal délibère sur la question le 20 février 1974 : « A la suite des dégâts causés par les fortes tempêtes de l’hiver 1973-1974, une subvention de 40.000 francs a été accordée à la commune par le Conseil Général. Effectivement des détériorations sont maintenant apparentes sur une partie du parement Est de la digue et jusque sous la dalle de circulation où des affouillements sont encore à craindre. Le conseil décide de procéder immédiatement à la remise en état de l’ouvrage, suivant les directives des services de l’Equipement de la Subdivision de Brest – Littoral. Le coût des travaux de réparation serait d’un montant de 40.000 francs environ ». Un avenant au marché Marc est également voté : « le maire est autorisé à signer un avenant au marché Marc pour un montant de 3.104 francs, dû aux hausses exceptionnelles de certains produits  ».

L’hiver suivant n’est pas plus favorable et le 27 juin 1975 doit encore décider de travaux de réparation : « Au cours des tempêtes du mois de décembre 1974, la digue du port du Curnic a subi de sérieuses détériorations sur une longueur d’environ 50 mètres. Selon les propositions de l’Entreprise Marc et un accord avec la Direction de l’Equipement de Brest – Littoral, le conseil municipal prend la décision de faire procéder dans les meilleurs délais aux réparations nécessaires. La dépense est évaluée à la somme de 78.000 francs. Une subvention de 40.000 francs accordée par le Département, et non encaissée en 1974, pourra être dégagée à cet effet au budget supplémentaire de l’exercice en cours  ». Un nouveau problème se pose également avec l’ensablement du port du Curnic et le conseil décide qu’ : «  il sera demandé à la même Direction de l’Equipement de rechercher les modalités d’autorisation de dégager convenablement les sables et alluvions encombrant en permanence une partie du mouillage des bateaux. Dans le cas contraire, le port deviendra inutilisable à très brefs délais  ».

Un nouveau marché est passé avec l’entreprise Marc pour les réparations : « Après avoir décidé de faire procéder aux travaux de réparation de la digue du port du Curnic, comprenant : . la fourniture et la pose de béton-cyclopéen pour blocage de la dalle ; . la reprise des enrochements en pied de talus, côté port ; . la fourniture et la mise en œuvre de béton de couronnement sur enrochement, le conseil municipal autorise le maire à traiter de gré à gré avec l’Entreprise Marc de Brest, qui avait déjà obtenu l’adjudication des travaux de construction de la digue. La dépense s’élève à la somme de 77.075,04 francs, toutes taxes comprises  ».

Le 21 juin 1977, le conseil municipal se préoccupe de nouveau de la question de l’ensablement du port du Curnic : « Depuis la construction de la digue de protection du Curnic, le port s’ensable lors de certaines tempêtes. Les extractions périodiques des dépôts alluvionnaires qui l’encombrent, résout partiellement le problème, dont la cause essentielle provient certainement du détournement des courants marins provoqués par cette construction. Afin d’y trouver une solution remédiable, le conseil municipal demande au maire de contacter les services compétents de l’Equipement pour une étude du problème  ».

Mais si la construction de la digue a eu comme première conséquence l’ensablement du port, une deuxième conséquence apparaît également rapidement : c’est le recul de la dune entre le centre nautique et la pointe de Beg-ar-Skeiz. Le 6 décembre 1977, le conseil s’occupe de cette question : « La construction de la digue de protection du port du Curnic a modifié les courants côtiers et, de ce fait, les attaques de la mer près de pointe du Skeiz ont été aggravées, notamment lors des dernières tempêtes. Les dégâts ont été constatés par les services de l’Equipement de la Subdivision de Brest – Littoral Nord. Ces derniers préconisent la nécessité immédiate d’un enrochement de protection. La facture sera importante et, à ce sujet, le conseil municipal pense qu’une partie du financement de l’opération pourrait être assurée par le budget départemental. Par ailleurs, la possibilité de constituer un dossier de demande de subvention de l’Etat n’est pas à exclure  ».

Le 28 février 1978, le maire peut présenter au conseil un avant-projet des travaux de protection de la dune du Curnic, établi pour les services de l’Equipement de Brest – Littoral Nord. Les travaux consistent à protéger par des enrochements de 3 à 5 tonnes, une bande du littoral sur une longueur de 350 mètres. La dépense est évaluée à la somme de 600.000 francs. «  Le conseil municipal : a) estimant qu’il devient extrêmement urgent de protéger la dune en ce secteur, donne un avis favorable à l’avant projet en question ; b) considérant que le coût des travaux constitue une exceptionnelle et lourde charge pour la commune, et que le financement de l’opération ne peut être assuré par les ressources ordinaires du budget, Décide . de solliciter l’aide financière du Département au titre de la construction d’ouvrages de protection contre la mer ; . de solliciter l’aide financière de l’Etat au titre de la protection du littoral et des dunes ; S’engage à voter, en temps utile, les ressources nécessaires au financement de la part des dépenses restant à la charge de la commune, par voie d’emprunt  ».

Le 1er mars 1979, le conseil municipal peut décider de l’adjudication des travaux. « Les travaux de protection de la dune dans le secteur de Beg-ar-Skeiz ont déjà fait l’objet d’une décision de principe du conseil municipal. Les services de l’Equipement de Brest – Littoral Nord ont actuellement étudié le dossier en vue d’un enrochement. Le devis initial comportait une dépense total évaluée à 600.000 francs. Une substantielle subvention a été obtenue du Département et le docteur Guéguen a confirmé, par lettre, la somme de 360.000 francs. Cependant, la part communale, résultant de l’adjudication, sera couverte par emprunts. Il est demandé au maire de préparer, dès à présent, le dossier de mise en adjudication des travaux et de rechercher le complément de financement auprès des différentes caisses de crédit. Compte tenu des imprévus, il est prudent de prévoir un emprunt de 350.000 francs. Le conseil désigne les délégués du conseil pour représenter la commune à l’adjudication des travaux  ».

Une autre conséquence de la construction de la digue-jetée a été l’envahissement du port du Curnic et de la plage par les algues vertes.

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Lors des tempêtes de l’hiver 2014, la digue-jetée souffre encore beaucoup :

La première digue

La première digue de Nodeven : construction et destruction

1. LA CONSTRUCTION DE LA PREMIERE DIGUE. En 1830, un « sieur Troude », officier de Marine, de Brest, demande à obtenir la concession d’un « lais de mer » à Guissény, en vue de la construction d’une digue. Il abandonne ensuite sa requête au profit d’une dame Veuve Merven, de Ploudaniel. Un ingénieur des Ponts et Chaussées établit le plan de la digue et l’administration accorde la concession le 15 septembre 1831.Il s’agit de l’ancienne digue, construite entre la pointe de Beg ar Skeiz et la pointe du Dibennou. La concession est accordée à des conditions très contraignantes fixées par les Domaines, par une ordonnance royale du 15 septembre 1831. "Il sera établi dans le corps de la Digue un second aqueduc à clapet qui pourra fonctionner lorsqu’il y aura lieu de réparer le premier… Dans chaque aqueduc il sera placé une vanne de sûreté, en cas d’avarie du clapet… Considérant qu’en accordant la concession demandée, on donnera à l’agriculture une étendue de terrain qui est maintenant baignée par la mer deux fois par jour ; qu’on assainira le pays et les propriétés de la concession…" Le lais de mer d’un étendue de 180 hectares est concédé à Mme Veuve MERVEN, née GAULTIER, demeurant à PLOUDANIEL. Le concessionnaire est tenu de construire dans un délai de dix ans et de verser dans les caisses du Domaine, dans les 3 mois, les 412, 60 Francs, montant de l’estimation faite par les experts, le 19 décembre 1830. Il est aussi tenu de fournir gratuitement le sol des chemins ou sentiers qui seront reconnus indispensables pour aborder la grève, le préfet constatant leur utilité et déterminant leur direction et leur largeur. Cette ordonnance a été retranscrite dans le registre des délibérations de la commune, "pour copie conforme", le 21 octobre 1831. La digue est achevée en 1832, largement avant le délai de dix ans prévu, mais sa construction n’a pas été sans conséquences pour les usages des habitants de la commune, concernant notamment la récolte du goémon et l’utilisation de la sécherie. Chaque année, au début du mois de janvier, le conseil municipal de Guissény publie un règlement très précis et contraignant pour l’organisation de cette récolte. Le 20 janvier 1833, il doit s’occuper des problèmes issus "des empiétements qu’on fait journellement sur un terrain acquis pour servir de sécherie de gouémon à l’utilité des habitants de la commune, d’après un contrat en date du 4 octobre 1788 par le conseil d’Etat".

Le conseil demande au Préfet du département une "copie du plan du 18 mai 1830 dressé par Monsieur Troude, officier de Marine à Brest, à l’effet d’obtenir la concession gratuite d’un lais de mer situé à Guissény« ainsi qu’une copie du procès-verbal de limitation de cette étendue, »à seule fin d’éviter toutes contestations qui pourraient s’élever entre les concessionnaires de ce lais de mer et les habitants de la commune, dans ce temps présent et futur ; outre pour servir d’éclaircissement aux autorités de la commune pour la propriété, dont les conseillers municipaux prennent intérêt, vraiment très indispensable aux habitants, qu’on est sur le point d’usurper par les concessionnaires qu’on a déjà parlé". Le 24 février 1833, le conseil municipal autorise le maire "de mettre opposition sous le plus bref délai possible, sur des envahissements qui se fait journellement sur la sécherie de gouémon appartenant à la commune, par les ouvriers de M. Derrien, concessionnaire d’un lais de mer, donnant près du même endroit ; lesquels depuis plusieurs mois n’ont cessé de prendre des matériaux du lieu du Squéis pour mettre à la digue qu’ils ont construit, abus que nous voulons faire cesser le plus tôt possible et requérir dédommagement, des dommages qu’il aurait occasionné sur cette étendue ; en tout cas qu’ils veuillent continuer même envahissement et usurpation de matériaux de ce terrain, de les citer par devant justice correctionnelle au besoin, dont la commune répondra des dépenses et frais de citation qu’il aurait été obligé de faire pour la défense de cette propriété". Les choses semblent s’arranger par la suite et un règlement à l’amiable est recherché par une commission composée de 6 commissaires, nommés par la municipalité, et de M. Derrien. Les commissaires sont Goulven Breton, maire, de Brendaouez, Yves Tigréat, second adjoint, Goulven Borgne, conseiller, de Trérohant, Jean Lossec, conseiller, de Kermarro, Sezny Roudaut, de Poultoussec, et Jean-Marie Géléoc, de Kerandraon. Guillaume Louis Marie Derrien est "fermier de la totalité de la palue dite tréas-an-naouès, et propriétaire d’un indivis dans la dite palue qui vient d’être conquise sur la mer au moyen de la digue qu’il a construite dans le courant de l’année 1832, le tout en exécution de l’ordonnance royale du 15 septembre 1831 ; le dit Derrien agissant tant en son nom que comme fondé des pouvoirs de Dame Veuve Etiennette Duparc Gautier, Veuve Mervin et autres intéressés dans la sus-dite palue". La commission désire régler à l’amiable et déterminer d’une manière avantageuse pour toutes les parties intéressées, "la direction et la largeur des chemins qui sont nécessaires pour la fréquentation de la grève, et dont les concessionnaires de la palue de tréas-an-naouès doivent le sol au titre de l’article sept de l’ordonnance précitée". Le 1er mars 1833, le résultat des travaux de la commission est publié dans le registre des délibérations du conseil municipal. "Nous sommes rendus vers les neuf heures du matin près de la maison du nommé Gabriel Le Borgne où abouti un chemin venant du bourg de Guissény, nous avons reconnu d’un commun accord que le chemin déjà tracé par M. Derrien et qui prend en droite ligne de l’extrémité de ce chemin dit du Cléguer jusqu’à la sortie de la palue, où commençait l’ancien chemin de Plouguerneau, est d’une direction convenable et a une largeur suffisante, ayant six mètres entre les deux fossés. A l’avenir ce chemin sera suivi dans toute sa longueur pour la communication de Guissény vers Plouguerneau. Remontant vers le nord et prolongeant divers clos dits messiou trérohan, ayant diverses issues sur la palue, nous avons reconnu que pour leur fréquentation, il est nécessaire d’y laisser un chemin qui, devant les entrées des pièces, devra avoir six mètres cinquante centimètres pour faciliter le tour des charrettes, et le long des fossés se réduira à cinq mètres comptés à partir du pied des fossés existants. Ce chemin se prolongera jusqu’au chemin dit an-nodeven venant de trérohan. Ce dernier chemin ira en droite ligne rejoindre l’allée tracée au bout du jardin de la ferme commencée au Kurnic. En quittant le chemin an-nodeven, la terre formait une presqu’ille de rochers dits Bec-ar-Perrin. Le chemin de servitude ne prendra point ce contour, mais rentrant dans les terres, et laissant à droite la maison habitée par le Garde Champêtre Seny Bramoullé, il rejoindra la grève à l’endroit dit pors-olivier . Aucun clos n’a d’issue sur cet endroit ; mais il y aboutie un chemin venant de Guissény et passant par trérohan qui traverse en ligne droite la plaine pour descendre à la dune du Squéis, dans la coupure dite Cariguel-ar-squéis conduisant à Poul-carrec-paol. Ce chemin est le dernier jusqu’à la digue, construite depuis le rocher An-dibennou, jusqu’à la pointe Ar Squéis. Parcourant les dunes qui bordent la concession en descendant vers le O.S.O., nous avons reconnu qu’il serait fort utile d’empêcher d’arracher ou de couper les joncs qui poussent dans les dunes et contribuent à les fixer. Le tort que font aux terres les sables volants rend cette mesure nécessaire et monsieur le maire est convenu qu’il rendrait un arrêté pour empécher ce dégat. Suivant la dune dite Ar-Voust, nous sommes arrivés au lieu qui sert de sécherie à la commune de Guissény, et avons reconnu que les labours de monsieur Derrien s’étaient étendus au-delà de l’espace qui était couvert par la mer, et qu’il avait empiété sur le terrein concédé à la commune par ordonnance royale du 4 octobre 1788, dont le titre lui a été présenté. Il a répondu à ce reproche qu’il était loin d’avoir atteint les limites qui sont tracées à la concession parle plan annexé à l’ordonnance royale précitée du 15 septembre 1831 ainsi que par le procès verbal de délimitation qui y est joint, cependant pour éviter à la commune un dommage important qui résulterait pour elle de la perte de ce terrein qui lui est indispensable pour sécherie et n’est pas d’ailleurs d’une grande valeur comme terre arable, il est convenu, sous la réserve expresse de l’approbation de ses associés qu’il ne peut engager n’ayant pas pouvoir à cet effet, de ne pas pousser plus avant ses labours, et après la récolte des semences qu’il a mises en terre, de se retirer jusqu’à la limite du terrein appartenant à la commune. Les divers chemins pris au hasard aux environs de la sécherie et dits Carriguel-ar-Vein-Ven seront réunis en un seul qui ira joindre en passant par l’allée plantée autour du Kurnic, les chemins déjà désignés qui seront suivis pour la fréquentation de cette partie de la grève. A partir de ce chemin, le premier en suivant est celui qui sert à la fréquentation des villages de Traonriou et Kermaro à la grève dite Aot-bras ou Aot-Dreus. Ce chemin sera suivi en ligne droite depuis le Carriguel-ar-pont-coat jusqu’au grand chemin de Plouguerneau qui sera suivi jusqu’à son embranchement avec le chemin direct qui descend de Traonriou. A partir de Carriguel-ar-pont-coat, aucun chemin ne sert à la fréquentation de la grève jusqu’à celui qui vient de Kermaro à Traonriou pour aller à la grève dit An-aot-vras. Les divers sentiers tracés par les charrettes seront réunis en un seul et par la ligne la plus courte. De même que nous maire, adjoint et conseillers municipaux avons réclamé le terrein appartenant à la commune comme il est dit ci-dessus, nous croyons qu’il est de notre conscience de certifier aux concessionnaires que, dans cette portion de la concession, diverses pièces de terre qui étaient régulièrement couvertes par les marées et que nous considérons comme faisant partie de la concession, ont été empiétées par plusieurs particuliers ; entre autres Christophe Bramoullé de Traon Menez Kermaro qui y a clos ou en manœuvre trois pièces ; Jean Bernard de Trérohan qui en manœuvre une pièce ; Daj Galliou de Kermaro qui en manœuvre une autre ; Jean Sénant de Kermaro et divers autres. Sezny Roudaut a déclaré qu’il était fermier d’une prairie qui est serré des terres de la concession et n’a ainsi que plusieurs autres pièces contingues, aucune autre issue que par ces terres. Il demande à pouvoir y passer après la récolte pour enlever les produits des champs qu’il manœuvre. Le chemin de Traonriou qui joint le grand chemin de Plouguerneau sera conservé tel qu’il existe, seulement il sera régularisé et redressé autant qu’il sera possible. La fréquentation des pièces donnant sur la palue comprise entre Traonriou et Streat-ar-goléjou aura lieu par l’espace laissé entre les fossés de ces champs et le fossé de ceinture qui borde la palue. A partir de Streat-ar-goléjou, le chemin ira en droite ligne jusqu’au Squéis, en coupant le chemin de Plouguerneau et celui qui lui est parallelle. Un espace de six mètres sera laissé pour la fréquentation des pièces comprises et ayant leurs issues entre Streat-ar-goléjou et le chemin de Poultoussec. Le chemin de Poultoussec ira en ligne droite au grand chemin de Plouguerneau, il sera laissé un chemin de six mètres pour la fréquentation des pièces donnant sur la palue entre le chemin de Poultoussec et celui du Poulgroas. Le chemin de Poulgroas ira rejoindre celui de Plouguerneau et, le coupant, ira jusqu’à celui de An-nodeven. Le long du chenal du moulin d’alanan, du chemin de Plougroas à celui du Poulouprie, il sera laissé un chemin de six mètres pour la fréquentation des champs qui y ont leur issue. La communication entre le chemin de Streat-Vudec et celui de Streat-ar-feunteun aura lieu en ligne droite. Aucun autre chemin n’est nécessaire et tous ceux convenus devront avoir une largeur de six mètres. De tout ce que dessus nous avons rapporté le présent procès verbal pour être présenté à l’Ingénieur qui sera chargé par monsieur le Préfet de fixer la direction et la largeur des chemins". Un additif est rajouté à ce procès verbal le 22 septembre 1833, Goulven Le Borgne et son neveu Jacques Roudaut obtiennent de M. Marzin, agissant pour M. Toullec, que celui-ci "s’oblige de leur faire un chemin praticable pour la fréquentation de leurs champs par la digue pour aller rejoindre le chemin du Squéis et à lui de boucher et garder en propriété depuis l’embouchure du chemin de Poultoussec jusqu’à leur champ sauf auxdits Borgne et consorts d’entretenir ce chemin qui leur est livré à leurs frais sans recours vers M. Toullec d’aucune façon quelconque".

Mais dès l’année 1833, la digue, « n’ayant pu soutenir l’effort de la mer », est « emportée par les flots » (le registre des délibérations du conseil municipal ne mentionne pas cet événement).

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2. La construction de la digue décrite par Emile SOUVESTRE (« Les derniers Bretons ») La digue au moyen de laquelle le lais du Kurnic avait été arraché à la mer, présentait d’immenses difficultés à construire. On ne pouvait travailler qu’entre les marées, et le sable et le roc étaient les seuls matériaux que l’on eût à distance convenable. Chaque jour, cent cinquante hommes s’agitaient pour hâter l’œuvre, et le soir, quand chacun d’eux se reposait, fatigué d’avoir apporté son grain de sable à la dune factice, la mer venait en grondant : elle s’arrêtait un instant devant la barrière qu’on lui avait élevée, semblait la regarder, puis, comme un propriétaire de mauvaise humeur qui écrase sous son talon une fourmilière dont l’aspect dépare son domaine, elle passait son pied houleux sur la digue commencée, et tout disparaissait. Alors, les cent cinquante travailleurs recommençaient avec cette patience inflexible qui élève l’homme presque au niveau d’un Dieu. On feignait de céder aux flots ; on leur laissait un libre passage au milieu, tandis que, des deux côtés, le môle grandissait insensiblement et étendait deux bras toujours plus près de se joindre. Enfin un jour, profitant de quelques basses marées, on pressa les travaux, elle se heurta, étonnée, à un long mur de pierre qui se dressait audacieusement devant elle.

Mais cette lutte de l’industrie contre l’Océan avait duré huit mois. Son histoire était un drame plein de poésie, d’incidents et de péripéties inattendues. J’interrogeai l’entrepreneur pour en connaître tous les détails.

  • Figurez-vous, me dit-il, ce que durent être nos premiers travaux dans un lieu où il n’existait pas un toit pour se défendre de l’ouragan, pas un arbre pour éviter le soleil, pas une fontaine pour étancher sa soif. Il fallut souffrir, avec les ouvriers, le froid et le chaud, le vent et le givre. Il fallut être plus gai et plus fort que les plus gais et les plus forts, afin de donner à tous du courage. Les Bretons sont vigoureux, mais lents et contemplatifs. Quand aucune passion ne les pousse, ils attendent l’ordre. Aucun élan ne vient d’eux ; ils ne s’intéressent pas au travail qu’ils font pour leur maître ; ils n’y emploient pas leur intelligence. Ce n’est qu’en appuyant la main sur leur esprit qu’on peut le faire marcher ; il faut les monter ainsi qu’une horloge. Aussi étais-je obligé d’appliquer ma volonté aux trois cent bras que j’employais. Il fallait aiguiser sa colère contre l’inertie de ces hommes de pierre, les pousser du geste, de la parole, les placer sous le joug de sa pensée, dominer avec sa voix les mugissements des vagues, le bruit du travail et les roulements des chariots. Il fallait être toujours là, soutenant le duel contre les flots avec une armée indocile ; toujours là, le mètre à la main, prenant la mesure de la mer pour que le corset de pierres que nous lui faisons allât bien à sa taille. Heureux encore quand, à l’heure du repas, l’imprévoyance d’un commissionnaire ou son retard ne me condamnait pas à la faim ; car aucune ressource n’existait autour de moi.

Cependant cette vie sauvage me rendit ingénieux. Je découvris une fente de rocher d’où je pouvais surveiller les travailleurs, sans être exposé à toutes les fureurs du vent ; l’eau nous manquait, je fis sonder le terrain, et un ouvrier trouva sous sa pioche une source limpide qui coulait sur un lit de sable blanc. Ce jour fut un beau jour pour moi ; désormais j’avais une oasis dans mon désert. Peu après je fis construire une maisonnette pour enfermer les outils, et ce fut un abri sûr et commode. Mais les obstacles renaissaient sans cesse : je n’éludais une difficulté que pour en voir d’autres apparaître. Enfin, après plusieurs mois de fatigues, le môle, deux fois détruit et deux fois réparé, allait être terminé : encore une journée de travail, et le problème était résolu ! J’éprouvais une impatience facile à comprendre, car la marée d’équinoxe arrivait le surlendemain. Le soir, comme les ouvriers se retiraient, un charretier m’avertit qu’il ne pourrait venir le lendemain avec son attelage, parce que c’était la fête de saint Eloi, et qu’il devait conduire ses chevaux pour entendre la messe à Landerneau ; un autre vint bientôt m’apporter la même nouvelle ; puis un troisième, puis un quatrième, puis tous. Effrayé, je leur expose les dangers d’un retard ; je les supplie, je m’emporte ; je leur propose de doubler, de tripler le prix de leur travail ; tout est inutile. Ils m’écoutent attentivement, suivent mes raisonnements, les approuvent, et terminent toujours par me répéter qu’ils ne peuvent venir, parce que leurs chevaux mourraient dans l’année s’ils n’entendaient pas la messe de saint Eloi. Il fallut me résigner. Le lendemain la marée arriva, surmonta les travaux inachevés, couvrit la baie dans toute son étendue, et emporta la digue en se retirant. C’était trente mille francs que me coûtait une messe. Il fallut recommencer sur nouveaux frais. Cette fois, je pris mes précautions ; je subordonnai mes calculs aux fêtes et aux dimanches ; le temps me favorisa, et le môle fut achevé tel que vous le voyez.

Nous étions, en effet, dans ce moment, sur la jetée, en face de la mer qui roulait paisiblement ses ondes soyeuses qu’une écume scintillante perlait à peine sur les bords. Si je n’avais connu l’Océan, j’aurais eu peine à comprendre, vis-à-vis de ce lac tranquille, les difficultés dont l’entrepreneur venait de me faire le récit et la nécessité d’aussi immenses travaux ; mais j’avais appris, par expérience, ce qu’il fallait croire de ces apparences pacifiques. Je savais que notre mer est comme ce cheval du diable, célèbre dans les contes bretons, qui s’approche d’abord tout petit, tout joueur, tout caressant, qui se roule près des enfants, lèche leurs mains, leur présente son dos, puis qui, tout-à-coup, grandit, franchit les fleuves, les forêts, les vallées, et disparaît avec son cavalier que l’on ne revoit plus.

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3. L’ouragan et la destruction de la digue (E. SOUVESTRE) La moisson était achevée. Un silence monotone régnait de nouveau dans le lais de mer dépouillé, et les vents d’octobre commençaient à faire tourbillonner les sables de la plaine. L’automne arrivait ; non pas celui des vallées avec ses feuilles tombantes, ses pâles rayées de soleil et ses dernières fleurs frileusement cachées dans les buissons ; mais l’automne dépouillé de tout son cortège poétique, sombre et baigné de brumes froides ; l’automne au ciel ardoisé, tout retentissant de murmures menaçants, et portant les naufrages dans ses pluvieuses nuées. Des pluies continuelles vous retiennent prisonniers, sans que le froid rende le foyer agréable : tout est sans caractère et comme flottant entre deux saisons. Les habitudes mêmes se ressentent de cette incertitude ; le temps des longues promenades est passé, celui des veillées n’est pas encore venu.l’orage qui avait grondé tout le jour s’était accru, et les toits du Kurnic craquaient sous la tempête ; mais, isolés dans nos rêves, nous n’entendions rien. Mais un sifflement profond et déchirant se fit entendre au dehors ; les fenêtres du salon furent enfoncés par l’ouragan, une colonne de vent, mêlée de sable, entra dans l’appartement comme une trombe ; toutes les lumières s’éteignirent, et le feu, balayé de l’âtre, s’éparpilla de tous côtés. Tout le monde s’était levé en poussant un cri : je courus à la fenêtre pour la refermer ; mais là un spectacle inattendu me tint immobile et sans voix.

La digue que l’on apercevait à une certaine distance, vis-à-vis même de la fenêtre, paraissait couronnée d’une ligne d’écume blanche. Aux deux extrémités, de hautes vagues s’élevaient incessamment, et, surmontant le parapet, se répandaient sur le môle en immenses cascades. A voir, au milieu de la nuit, ces grands flots blancs monter avec une agilité humaine le long du revêtement, et escalader le mur d’appui, on eût dit une armée de fantômes s’élançant à l’assaut d’un rempart abandonné. A chaque instant, les vagues qui se précipitaient devenaient plus pressées ; on entendait la digue pousser, sous leurs efforts, un mugissement caverneux, tandis que le bruit du ressac se faisait entendre à sa base, semblable à des décharges régulières de mousqueterie. Par intervalles, pourtant, l’orage se taisait, et la mer suspendait sa furie. Alors, il se faisait un silence solennel au milieu duquel on n’entendait que le bruissement sombre du flot sur les plages éloignées. Puis, tout-à-coup, comme à un signal donné, le vent poussait un hurlement plus horrible ; toute les anfractuosités du rivage, tous les récifs, tous les promontoires jetaient à la fois un cri plus haut, et la mer, entassant l’une sur l’autre ses vagues, croulait comme une montagne sur la digue mugissante. J’avais eu à peine le temps d’appeler à moi l’entrepreneur, qui, debout à mes côtés, contemplait ce spectacle avec une terreur muette, lorsque nous vîmes tout-à-coup la digue fondre et disparaître par ses extrémités. Un cri nous échappa à tous deux en même temps ; mais il n’était pas achevé que la vague arrivait au mur de la maison, et que son écume nous jaillissait au visage. Le défrichement était complètement submergé !

Vouloir peindre notre consternation serait inutile. Nous passâmes la nuit dans des angoisses déchirantes. Quand le jour vint, la marée s’était retirée et la plaine était à sec : mais les flots y avaient marqué leur passage. Fossés, douves, chemins, sillons, tout avait disparu. Le lais de mer ne présentait plus qu’une surface unie sur laquelle les vagues avaient laissé les traces de leurs ondulations. A voir cette grève, si semblable à toutes les grèves, il était impossible de croire que les flots eussent jamais cessé de la baigner et que la main des hommes y eût touché. La grange aussi avait été minée par les eaux et s’était écroulée. Son toit, emporté par le vent, gisait à deux cents pas de là sur le sable comme la carcasse d’un navire naufragé. Les ménageries avaient mieux résisté, et l’on entendait sortir de leurs murs, troués mais debout, les mugissements lugubres des bestiaux. De distance en distance on apercevait des tonneaux brisés, de poutrelles à demi enfouies dans le sable, des monceaux de paille entremêlée d’algues marines. Après avoir contemplé un instant ce désastre, nous nous dirigeâmes rapidement à travers les débris, vers la digue dont on apercevait au loin les ruines amoncelées. Au premier coup d’œil, il était facile de reconnaître que tout espoir de réparer les ravages commis par la mer était perdu, et qu’une reconstruction même était devenue impossible. Les rocs servant à l’édification du môle avaient été entassés dans certains endroits, et formaient des récifs factices qui brisaient l’ancien alignement de la digue ; ailleurs la mer avait creusé dans le sable des crevasses profondes dans lesquelles bouillonnaient l’onde salée. Nous nous arrêtâmes, frappés de stupeur devant ce bouleversement effrayant de l’Océan, qui s’étendait vis-à-vis, montrant à peine alors un reste de turbulence ; on eût dit un combattant qu’avait fatigué une lutte prolongée et dont la colère rentrait au repos. Quelques longues vagues s’élevaient seules, çà et là, comme des veines gonflées d’un reste d’émotion. Nous voulûmes monter sur le promontoire pour mieux embrasser de l’œil tous les détails de cette catastrophe. Nous restâmes encore quelque temps sur le cap, contemplant la scène de désolation que nous avions sous les yeux, sans pouvoir nous rassasier de ce cruel spectacle. Enfin, pourtant, nous reprîmes tristement et en silence le chemin du Kurnic. Avant d’y arriver, l’entrepreneur et moi, par un mouvement involontaire et simultané, nous nous détournâmes une dernière fois vers la mer : un homme était debout sur l’amas de ruines qui indiquait encore l’emplacement de la digue.

Les manoirs

La diversité des manoirs

La diversité des manoirs de Guissény

  • Le mot « manoir » désigne soit une seigneurie, soit l’édifice lui-même (du latin « manere » = demeurer, ou du celtique / bas-breton « maner » = maison de noblesse). La notion de manoir est également associée au caractère noble de la terre : juridiquement c’est une terre qui bénéficie de l’exemption fiscale. C’est également une unité économique, associant le domaine et la terre qui assurent la subsistance du seigneur. Le nombre de manoirs augmente dans les paroisses du Léon entre le XVe et le XVIe siècle. La création de nouveaux manoirs est soumise à la volonté du Duc de Bretagne qui cherche à s’appuyer sur un réseau de clientèle de vassaux fidèles et loyaux en multipliant les anoblissements. L’essor de l’administration ducale favorise l’ascension sociale de roturiers qui cherchent à utiliser leur fortune pour acquérir des terres nobles et entrer dans la noblesse. Le mot manoir finit par ne plus désigner que la demeure et beaucoup de petits domaines nobles sont réduits à la maison et son pourpris. Les nouveaux manoirs du XVIe siècle sont le plus souvent des « sieuries », des manoirs sans droit de justice et même des manoirs affermés à des paysans.
  • Le mouvement de construction ou de rénovation des manoirs avait déjà été amorcé au XVe siècle ; le calme qui suivit la Guerre d’Indépendance de la Bretagne ouvrit une période de prospérité, favorable à la construction de nouveaux édifices. Certains bâtiments gardent toutefois des éléments défensifs (meurtrières, murailles, portail fortifié,…pas seulement décoratifs). La majorité des manoirs n’existe plus en tant que tel. Si quelques-uns ont pu être rénovés, la plupart ont été transformés en bâtiment de ferme ou sont en ruine. Certains subsistent par quelques pierres dispersées dans les bâtiments de ferme du village. Plusieurs événements historiques sont aussi la cause de la disparition de ces manoirs : la Guerre de la Ligue par exemple, l’abandon des exploitations par des petits propriétaires ruinés,… Un grand nombre de manoirs a disparu entre le XIXe siècle et nos jours.
  • Le choix du lieu de construction du manoir s’appuie sur une situation géographique intéressante : sur le plateau, sur une hauteur ou à flanc de coteau, et à une certaine distance du centre paroissial. Il est également lié à l’existence d’un certain nombre de facteurs locaux : . la proximité de l’eau (ruisseau ou source). La présence d’un cours d’eau permet d’installer un moulin, privilège seigneurial (banalité) ; . la qualité des terres agricoles : le domaine seigneurial est d’abord une exploitation agricole dont les récoltes servent à nourrir le seigneur et à lui procurer des revenus pour pouvoir vivre noblement. . la proximité de voies de communication (« grants chemins ») et d’un bois (« haulte fustaye » : futaie signe de puissance nobiliaire) : matériau de construction et bois de chauffage mais aussi lieu de chasse.
  • Beaucoup de noms de manoirs commencent par le préfix « Ker », issu du vieux breton « caer », équivalent du latin « castrum » (un lieu retranché). Au XIIe siècle, le préfixe « ker » prend le sens de « lieu habité et cultivé » : il désigne une unité d’exploitation agricole. Le manoir, composé de la demeure seigneuriale et des terres agricoles, peut comprendre aussi un certain nombre de dépendances selon l’importance du domaine et le rang du propriétaire. De longues « rabines » mènent au logis seigneurial dont la façade est décorée d’une porte principale surmontée d’un arc brisé portant les armoiries de la famille, des fenêtres à meneaux, des lucarnes… Un escalier de pierre orne l’intérieur, placée dans une tour ronde ou carrée extérieure. Des « jardrins », « courtilz » et « vergiers » à proximité de la demeure, parfois délimités par un mur d’enceinte, fournissent les légumes et les fruits pour la consommation de la famille noble. Les manoirs les plus importants possédaient également un colombier, un four banal et un moulin banal, une chapelle privée.

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Les manoirs de Guissény sont cités dans les registres d’état-civil (baptêmes et décès) :

. Le manoir de BEAUREGARD, à Brandaouez (1675)

. Le manoir de BRAMOULLAY (1675) ou BRAMOULLE : en 1536, une métairie noble à BRECHMOLLEAU, propriété d’Olivier LE MOENNE ; un aveu de 1541, une maison et lieu noble à BRAMOULLE, propriété de Tanguy LE MOYNE.

. Le manoir de BRENDAOUEZ, ou « Hostel du presbytère » (1779)

. Le manoir de CASTEL-AL-LEZ (1713 - 1777) : une « maison noble » à Castel-al-Lais en 1536. Un aveu de 1680 décrit : « un manoir avec une court close dans laquelle il y a aplacement de chapelle, deux autres courtils appellés l’un Liortz an Castel ou il y a aplacement de vieux chasteau et l’autre Liortz an Grange ».

. Le manoir du HELLEZ - KERGONIOU (1669 - 1777), sous le fief de Penmarc’h : en 1531, Jeanne de Keraldanet, dame du HELLEZ, épouse Guillaume de GOUZILLON, sieur de Kergoniou (en Lesneven). Une chapelle proche du manoir : Saint Jean du Hellez.

. Le manoir de KERBIQUET (1674)

. Le manoir de KERESPERN (1671 - 1782) : il est cité dans des aveux de 1520, 1541, 1562. Aveu de 1541 : « aultre parch sittué entre ledict chemyn passant par devant ladicte porte dudict masnoir, le ruisseau dévalant dudict masnoir et autre chemyn mesnant de Guicsény à Lesneven ». Au XVIe siècle, le manoir appartient à la famille LE MOYNE qui le vend ensuite aux seigneurs de KERVEN.

. Le manoir de KERGOFF (1821 - 1822) : propriété de la famille HENRY au XVIIIe siècle.

. Le manoir de KERHORNAOUEN (1780 - 1821)

. Le manoir de KERIBER (1678 - 1824) : un aveu de 1488 pour l’héritage de Salomon de KERIBER, puis le manoir passe à la famille RANNOU (de Ploudalmézeau) et ensuite à la famille de SANSAY. Un aveu de 1520 : « Le manoir de Keriber o ses jardrins, vergiers, porte, boys, guareine, columbier, issues, franchises et largisses, ainsi qu’il est cerné de murs, mazières et fosses, situé entre les chemyns qui viennent de Guicsezny à Lesneven d’un côté, et ung aultre chemin qui conduict du villaige de Kerderch audict lieu de Lesneven d’aultre. Item le moulin dudict manoir de Keriber o ses buron, estang, bie, reffoul, issues, franchises et largisses, avecques le fenyer dudict manoir estant au dessoubz dudict manoir, moulin comme sont situez entre le chemin estant entre les clostures dudict manoir et ledit fenyer d’une part, et terres appartenances du manoir du Rest, d’aultre ».

. Le manoir de KERIJAN (1676 - 1782) : Kerrigean ou Kerrigent, un hostel - manoir, propriété de Jean PILGUEN au XVe siècle. En 1536, une maison noble à Kerdyjan, propriété d’Olivier ABALLERAN.

. Le manoir de KERISQUIN (1782 - 1783) - aujourd’hui, en Saint-Frégant.

. Le manoir de KERLEAC’H (1779 - 1849) - un aveu de 1520

. Le manoir de KERSULEC (1779 - 1784) : en 1536, une maison noble propriété de Goulfen KERGUEN ; un aveu de 1541. En 1680 : « …sa chapelle batye de pierre de taille a l’entrée de la rabine proche de la grande porte de la dicte pré… court, coulombier a présent ruiné sittué au milieu du grand clos qui sera cy apprès déclaré… ». En 1683 (Régaires de Quemenet-Ily), un manoir noble QUERSULEC, propriété de Messire François de QUERVEN, sieur de QUERSULEC.

. Le manoir de KERVEZENNEC ( 1823 - 1829) : au XVe siècle, un manoir propriété d’Alain de TREFFILI et en 1536 une maison noble propriété du sieur de KERUYLO.

. Le manoir de KERVOLAN (1743 - 1781)

. Le manoir de LA VIGNE (1683 - 1739) : au XVe siècle, le QUINIEC ; en 1536, une maison noble propriété de Salomon du QUINQUIS ; un aveu de 1541.

. Le manoir de LANVENGAT (1781) : en 1421, un hostel propriété d’Hervé QUERE ; en 1475, un hostel propriété de Jean GUIOMARCH ; puis une maison noble (en 1536), un manoir (1541) propriété de Guillaume de POULPRY. En 1680 : « Le lieu, manoir et maison noble de Lavengat… ayant ses maisons, cuisine, salle, chambres, greniers, escuries, creiches, maisons à four, grange, burons, chapelle, le tout couvert d’ardoise et de genetz, droitct de colombier, mazières, murailles, perrières, court close et desclose, puis, bois de décoration ». . Le manoir de LESSINQUET (1788)

On peut rajouter à cette première liste un certain nombre d’autres manoirs qui sont cités dans d’autres documents anciens :

. Le manoir de GOULETKER : un aveu de 1524 parle d’un manoir - hostel. Un texte de 1680 : « … Item au mesme terrouer de Goueletquear un aplacement et vieilles vestiges et masures d’une chapelle a presant ruinée et les murailles à fleur de terre jasdis désidée sous l’invocation de Sainct Bellec érigée en son nom… a costé du grand chemin conduisant dudit lieu noble de Goueletquear à la rive de la mer et il se void encore a présent qu’il y a eu un chœur séparé de la grande neffe ayant ses estandues et issues en dehors avec la fontaine vulgarisée pareillement la croix et fontaine de Sainct Bellec ». Au XVIe siècle, les seigneurs sont de la famille du POULMIC.

. Le manoir de KERAMPS : un manoir appartenant au sieur de KERMAON au XVe siècle. Un aveu de 1541 : le manoir avec « courtill, aere, yssues et franchisses ».

. Le manoir de KERRIOUGUEL au XVIe siècle, dépendance du manoir de Kériber. Aveu de 1520 : « Le manoir dudict seigneur de Keriber nommé Keriaquell o ses portes, jardrins, courtilz, aire, burons, pres, clostures, issues, franchises et largisses, ainsi qu’ils sont situez en la paroisse de Ploesezny, cerné de fosses et de mazières entre le grand chemyn qui vient dudict lieu de Guicsezny à Lesneven d’un costé, et unqu’aultre chemyn qui conduict dudict villaige de Kerderch audict lieu de Lesneven d’aultre, et fesant d’un bout sur l’aultre grant chemyn illecques, et l’autre bout sur le ruysseau qui descend de Tuon-an-Frout au manoir de Kerespern d’aultre ».

. Le manoir de KERVELLERE : au XVe siècle, à KERGUELLERE, un « hostel qui n’est manoir, ne applacement de manoir », propriété de Jean KERGUEN ; en 1683, à QUERVILLERE, un manoir noble propriété de Messire François de QUERVEN, sieur de QUERSULEC.

. Le manoir de KERVEZEL ou KERGUEZEL, fief de l’Evêque : un manoir au XVe siècle propriété de Yvon FERANT. En 1536, une maison noble dont le propriétaire est « un gentilhomme duquel ne savent le nom ».

. Le manoir de LEVEDERN : aveu de 1476, manoir propriété de Tanguy PILGUERN et aveu de 1557, manoir propriété de Guillaume PILGUERN et M. KERGRALL. Dans l’aveu de 1476 : « Savoir est le manoir de Levedern avec ses porte, jardrins, vergiers, boys, moulin, issures, relaix, largisses et franchises sittué en la parroisse de Ploesizny ».

. Le manoir de MESCAM ou MESCAMP : en 1536, un manoir propriété d’Hervé MESCAM. Aveu de 1541.

. Le manoir de TERROHANT : au XVe siècle, à TREROHAN, un hostel propriété de Alain de KEROUARTZ et un hostel propriété de Jean KERGUEN ; en 1536 et aveu de 1541, à MEZ-TREROHANT, une maison noble propriété de Goulfen KERGUEN.

. Le manoir de TREOURON ou TREGOURON : au XVe siècle, un manoir propriété du sieur de COETIVY. Aveu de 1541.

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Sources :

  • Archives de Guissény.
  • Isabelle PARC, « Les manoirs du pays des Abers aux XVè et XVIè siècles (communes de Guissény, Landéda, Lannilis, Plouguerneau, Saint-Frégant », mémoire de Maîtrise, Brest, 1996).
  • Yvon GAC, « Guissény, histoire d’une commune au cœur du pays pagan », Spered Bro Gwiseni, imprimerie CLOITRE, Saint-Thonan, 2000.

Le manoir de Beauregard (Brendaouez)

Le manoir de Beauregard à Brendaouez et la famille Lescop

  • Gabriel LESCOP le Vieil. . né vers 1595 . sieur, honorable homme . décédé le 27 novembre 1675 au manoir de Beauregard, à 80 ans. . marié à Marguerite LEOST (ou LAOUST) . enfants : . Gabriel . René, décédé le 3 mai 1680 à Kéroulidic, marié à Louyse FILY
  • Gabriel LESCOP . né vers 1635 à Plouider . marié vers 1660 à Jeanne CASTEL, née vers 1637 à Plouider et décédée le 31 décembre 1697 à Guissény. . enfants nés à Guissény : . Jeanne, née le 25 mars 1666 (parrain : Charles Henry, honorable marchand) . François, né le 11 octobre 1667 . Claude, né le 27 novembre 1669
  • François LESCOP . né le 11 octobre 1667 à Guissény, fils de Gabriel et Jeanne Castel. . marchand, résidant au manoir de Beauregard, sieur de Kereval (en 1695), sieur de Beauregard (1701) . décédé le 16 janvier 1737 à Guissény . marié le 22 février 1686 à Guissény à Marie PARLOUER (JAFFREZ), née en septembre 1664 à Guissény et décédée le 11 avril 1700 à Guissény. . enfants nés à Guissény : . René, né le 23 janvier 1697, prêtre, bachelier, recteur de Taulé, chanoine de Lesneven et décédé le 5 avril 1748 . Charles, né le 19 février 1688 et décédé le 22 février 1688 . Françoise, née le 23 février 1689 . Honorée, née le 7 mars 1691 . Guillaume, né le 30 juillet 1692, prêtre, vicaire de Savenay (Evêché de Nantes) et décédé le 26 mars 1748. . Marie Jeanne, née le 2 janvier 1695 et décédée le 13 janvier 1695 à Brendaouez . Margueritte, née le 4 juillet 1696 . Gabriel, né le 28 décembre 1697, prêtre, vicaire de Morzail (Evêché de Nantes) et décédé le 24 juillet 1747 (Missire)

. remarié le 20 juin 1701 à Lanhouarneau à Marie DERRIEN, née à Saint-Vougay, fille de François Derrien et Françoise Le Guen.

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. Un aveu du 10 février 1740, auprès de l’étude de Me Joseph Marie Brichet, notaire royal à Lesneven : 1- René LESCOP prêtre chanoine de Lesneven, 2- de Guillaume LESCOP prêtre vicaire de Savenay évêché de Nantes, 3-Gabriel LESCOP vicaire de Morzail évêché de Nantes, 4- HM Jean LOTRIAN mari de Françoise LESCOP du manoir de Kerillas à Plouguerneau, 5- Honorée LESCOP veuve de Vincent PERROT du manoir de Beauregard à Guissény, . tous frères et sœurs, héritiers de François LESCOP, père décédé en janvier 1737, et de Marie PARLOUER, mère décédée en 1700.

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  • Le 1er décembre 1740, l’émancipation de Marie-Françoise 18 ans1/2, Vincent 17 ans 11 mois, Yves13 ans 4 mois, mineurs de + Vincent PERROT et de + Honorée LESCOP. Paternel : René PERROT prêtre curé de la Roche-Maurice, Yves PAUGAM cousin du père de Quicquelleau, François CALVEZ oncle sieur de Keredou de Lanarvily, Guillaume LE GENDRE cousin des mineurs de Gorrequer à Lannilis, écuyer Claude De COATALEM veuf d’Anne ABJAN oncle de Lesneven, Claude TANGUY de Kervezel à Guissény, maternel : René LESCOP prêtre bachelier frère de la mère, François LESCOP cousin germain de Beauregard à Guissény, Jean LOTTRIAN mari de Françoise LESCOP sœur de la mère de Kerillas à Plouguerneau, Michel LESCOP cousin de Bramoullé à Guissény, Jean ABERNOT mari de Marie LESCOP de Beauregard et Yves Joseph INIZAN ,1/3 bourg de Brendouez à Guissény.

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  • Claude LESCOP . né le 27 novembre 1669 à Guissény, fils de Gabriel et Jeanne Castel. . marchand, honorable homme . décédé le 24 janvier 1732 à Guissény . marié le 23 janvier 1696 à Plouider à Marguerite FILY, née le 31 juillet 1678 à Ploudaniel et décédée le 16 mai 1747 à Guissény, fille de Guillaume et Jeanne Soutre. . enfants nés à Guissény : . Jeanne, née le 6 février 1697 et décédée le 31 août 1698 . Guillaume, né le 12 avril 1699 et décédé le 26 juillet 1718, écolier . Jan, né le 15 septembre 1701 . François Pierre, né le 29 mars 1703 - Michel, né le 22 octobre 1706 . Françoise, née le 26 mars 1709 et décédé le 5 mars 1721 . René, né le 14 novembre 1711 . Hervé Claude, né le 30 décembre 1713 et décédé le 10 janvier 1714 . Guillaume, né le 14 juin 1716 et décédé le 17 juin 1718 . Yves, né le 28 juillet 1719 (frère du tiers ordre de Saint-François) . Gabriel, né le 1er octobre 1720 . Marie, née le 17 juillet 1723 et décédée le 13 juillet 1754, mariée le 13 octobre 1739 à Guissény à Jean ABERNOT, notaire royal, originaire de Tréménech.
  • François Pierre LESCOP . né le 29 mars 1703 à Guissény, fils de Claude et Marguerite Fily . décédé le 20 septembre 1746 à Guissény. . marié le 11 février 1727 à Guissény à Marguerite SIMON, née le 2 août 1708 à Kerlouan, fille de Gabriel Simon et Jeanne Le Verne. . enfants nés à Guissény : . Claude (garçon), né le 21 juillet 1728 . Marguerite, née le 27 juillet 1730 et décédée le 28 août 1730 . Honnorée, née le 2 octobre 1731 et décédée le 8 mai 1732 . Jean Marie, né le 13 décembre 1733 . Michel, né le 24 janvier 1737 et décédé le 24 mars 1737 . Yves, né le 20 mai 1738 . Gabriel, né le 28 novembre 1740 et décédé le 5 septembre 1741 . Marie, née le 13 août 1742 et décédée le 17 juin 1746 . Anonyme, né et décédé le 12 juin 1744 . Joseph, né le 6 juin 1745 et décédé le 19 avril 1747.
  • Yves LESCOP . né le 20 mai 1738 à Guissény, fils de François et Marguerite Simon . notaire royal . décédé le 11 novembre 1776 à Bourg-Blanc . marié le 8 novembre 1763 à Guissény à Honnorée LE JUMEAU, née à Guissény et décédée le 24 janvier 1808 à l’hospice civil de Brest, fille de Louis-Marie Le Jumeau, écuyer, sieur de Lavante, et Marie Olive Le Bot (remariée le 16 août 1780 à Bourg-Blanc à Hervé Le Loaëc) . enfant nés à Guissény : Marie-Louise, née le 16 décembre 1764. . enfants nés à Bourg-Blanc : . Yves Marie, né le 4 janvier 1767 . Laurent Marie, né en 1769 . Joseph Marie, né le 26 mai 1771 . Marie Françoise, née le 2 janvier 1776

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  • Un membre de la famille a défrayé la chronique dans la ville de LESNEVEN : René LESCOP, né le 23 janvier 1697, prêtre, bachelier en théologie, recteur de Taulé, chanoine de Lesneven et décédé le 5 avril 1748, obtient le 12 juillet 1731 du Chapitre des Chanoines de Lesneven, dont il est l’un des membres, la moitié de la maison prébendale, à raison de 100 livres par an. Mais ce sieur LESCOP ne semble pas avoir été un chanoine d’une régularité bien exemplaire. « En 1729, le Chapitre est unanime à le « modérer » pour deux mois, en raison d’absences trop fréquentes, et à se plaindre que ledit LESCOP ait brigué et capté l’annate et cure d’office de Kernouez, à l’insu du Collège ; aussi se réserve-t-on de le pointer comme il conviendra, attendu l’incompatibilité des deux bénéfices qui, tous deux, exigent résidence et présence actuelle. En 1730, pour absences fréquentes et presque journalières du sieur LESCOP, on le pointe encore pour deux mois. En 1742, les chanoines portent à 120 livres le prix de location imposé au sieur LESCOP, lequel accepte en principe, sauf à chercher ensuite des compensations. En effet, le 21 juillet 1744, les chanoines se plaignent que leur collègue affecte de ne pas assister à leurs offices, n’acquitte pas les messes portées par la fondation de la collégiale, sous prétexte que le loyer, qu’il ne paie pas d’ailleurs depuis deux ans, excède les revenus de sa prébende dont, à l’entendre, il n’aurait même rien perçu depuis douze ans  ».

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- Sources : . Archives de Guissény : registres paroissiaux . Bulletin diocésain d’histoire et d’archéologie : notice sur Lesneven. . Photos de Pierre LEPEE

Le manoir de KERBIQUET

Le manoir de KERBIQUET

Ni la carte d’aujourd’hui, ni le cadastre napoléonien ne signalent l’existence du manoir de Kerbiquet qui apparaît pourtant dans les archives, notamment les archives notariées et certaines indications permettent de le localiser à l’extrémité ouest du bourg de Guissény.

Plan du manoir
manoir

Le manoir était à l’origine dans la famille du Poulpry : Michel du Poulpry était seigneur de Kerbiquet ; « l’héritière nommée Marie du Poulpry fut mariée en la maison de Ranvelin ».

Le 28 septembre 1674, Jean HENRY, époux de Marie Grall, décède au manoir de Kerbiquet à l’âge de 52 ans (en présence de son frère Charles, de son fils Charles, de ses filles Marie et Catherine et de ses gendres Guillaume Abiven et René Lisac).

C’est son frère Charles HENRY, époux de Gabrielle Floc’h, qui s’installe au manoir de Kergoff (ou Kerangoff), également dans le bourg de Guissény, à la fin du XVIIe siècle.

Escalier intérieur

En 1685, un « Mémoire des tombes par relation de Guénollé Bourchis qui inume ordinairement le corps dans cette église » : « dans le cœur hors du sanctuaire… au second rang du mesme costé le bancq de Mr Kergoniou, 3 tombes apartenant à Mr Kersulec jusques au banc de Kerbiquet ».

Le rôle des capitations de 1742 pour la paroisse de Guissény indique une somme de 12 livres pour « le sieur Kerbiquet Chauvel » du bourg.

Cadastre napoléonien

Un aveu du 24 juillet 1752, dressé à la suite du décès, en 1750, de François CHAUVEL, sieur de KERBIQUET, présente un descriptif précis du manoir : « Au bourg paroissial de Guissény, le manoir noble de Kerbiquet consistant dans un grand corps de logis, cuisine et dépendances, derrière ycelle séparé en deux par une cloison, dont y jointe… de Chambres, tant hautes que basses. Le dit manoir couvert d’ardoises… Porte cochère sur icelle, et autre porte, pour servitude, délaissée. Les autres maisons à four, écurie, au bout, couverte, à présent, de glebs dont les murailles sont percées, du côté de la cour close, de trous à pigeons.

L’aire, séparée de la cour par une muraille. Les granges aussi couvertes en glebs et autres. Sur la dite aire, en appenty, au long d’une autre muraille, en laquelle il y a aussi une porte cochère, ayant son ouverture sur la rue. Et… le chemin, vers le levant et vers le nord du dit bourg, avec un petit courtil, au bas de la dite aire, vers le midi d’ycelle. Plus en arrière du grand corps de logis, vers le nord, un petit jardin, clos de murailles dans lequel une auge de pierre, placée d’antiquité.

Au bout duquel jardin est une maison, à présent couverte de glebs, au bout de laquelle maison, il y a, à présent, une autre plus petite, couverte de paille servant de crèche, à la coursière du dit jardin, il y a une tourelle à trois étages où il y a une cave, cabinet et volière à pigeons au-dessus, couverte d’ardoises. Ayant les dites maisons, leurs ouvertures, tant hautes que basses, sur le chemin et sur les dits jardins.

Plus un autre jardin, servant à présent de verger, aussi clos de murailles, aboutissant du côté du levant sur la dite cour et aire, du côté nord et… sur le chemin conduisant au manoir de La Vigne, et du côté du midi et du couchant sur un grand clos de terre chaude, dont il sera, cy après, parlé.. au dit verger garni des arbres fruitiers… ».


La famille CHAUVEL apparaît à Guissény à la suite du mariage, dans la paroisse de Kernouës, le 11 juin 1674 de Michel CHAUVEL et Suzanne SIMON de MESGOUEZ. « En 1698, Noble homme Michel Chauvel, sieur de Kereval, et Suzanne Simon, sa femme, son en leur maison au bourg de Guissény ».

 Michel Chauvel, né le 5 octobre 1653 à Lesneven et décédé le 11 octobre 1702 à Guissény, est sieur de KEREVAL et lieutenant de la paroisse de Guissény. Il est le fils de Nicolas Chauvel de Montreuil (1620-1682) et d’Anne Balaznant (1623-1694) ; le père est noble, avocat, notaire royal de la Cour de Lesneven, syndic de Lesneven en 1673, député aux Etats de Bretagne à Vitré (leur mariage a été célébré à Lesneven le 16 août 1646).

. Suzanne Simon de Mesgouez, née vers 1655 à Kergunic en Kernouës et décédée le 5 novembre 1700 à Guissény, est la fille de Hiérosme Simon de Mesgouez et de Françoise Le Dot (de Plouescat) ; le père est notaire royal, capitaine de la paroisse de Plounéour-Trez.

. les premiers enfants du couple naissent à Lesneven : Françoise (1675), Louise (1677), Michel ( ?) et François ( ?). Puis un fils Hervé Julien naît le 1er mars 1683 au manoir de Kerveuleugan à Plouider. Françoise épouse le 24 novembre 1695 à Guissény Jean de CHATEAUFUR, de Tréflez, fils de Maurice et Renée HUON : les parents de Françoise sont sieur et dame de Kereval et les parents de l’époux sont sieur et dame de Kervolan.

Cuisine

Et c’est à partir de 1685 que les enfants suivants naissent à Guissény ; les registres ne précisent pas le lieu dit mais indiquent que les parents sont nobles, sieur et dame de Kereval :

  • Renée, née le 10 novembre 1685 (le parrain François Chauvel est dit sieur de Kerbiquet) et décédée le 19 novembre 1694
  • Nicolas François, né le 7 juillet 1687
  • Julien Louis, né le 8 mars 1691
  • Jeanne Guillemette, née le 13 juillet 1692 et décédée le 8 juillet 1698
  • Marianne, née le 22 août 1693
  • Suzanne, née le 19 avril 1695 et mariée à Yves du Plessix, sieur de Kéradennec et de Kergoff en Saint-Frégant
  • Marguerite Augustine, née le 5 mai 1697
  • Jeanne Françoise, née le 25 septembre 1699

Un acte du 17 octobre 1704 des Réguaires du Léon (à Plouider) indique : « François Chauvel, sieur de Kerbiquet, et Jean de Chateaufur, curateur de Julien, Anne, Suzanne, Marguerite, Jeanne Chauvel, enfants de Michel, sieur de Kéréval, et Suzanne Symon ».

Le procès-verbal des prééminences, établi en 1721, à l’occasion des travaux d’agrandissement des l’église paroissiale de Guissény, indique : « Le sieur de Kerbiquet Chauvel possède, au chœur, un escabeau avec tombe en-dessous et un bénitier armoryé d’une rencontre de cerf, qui sont les armes de Michel du Poulpry, autrefois seigneur de Kerbiquet ».

Michel Chauvel a un frère Antoine (né en 1663), sieur des Isles (1719). Le manoir des Isles en Kernouës avait été construit en 1641 à l’emplacement d’un manoir plus ancien par Alexandre Benault, maire de Lesneven en 1623. Il fut acheté en 1660 par Nicolas Chauvel, le père de Michel et Antoine.

Françoise CHAUVEL, fille de Michel et Suzanne Simon, née le2 juin 1675 à Lesneven et décédée le 9 janvier 1735 à Lesneven, épouse le 24 novembre 1695 à Guissény Jean de CHATEAUFUR (1661 – 1726) de Tréflez, fils de Maurice de Chateaufur et Renée Huon. Ce mariage fit entrer le manoir des Isles à Kernouës dans la famille de Chateaufur (il fut détruit par un incendie en 1798).

Le couple eut notamment un fils Hervé de CHATEAUFUR, sieur des Isles et du Hellan, né en 1698 et marié le 25 novembre 1727 à Lesneven avec Anne Marie DINCUFF (ou Dencuff ou Deneuf), née le 13 avril 1701 à Kerhourleau en Plouzané et décédée le 20 mai 1767 au manoir des Isles, fille de Pierre Dincuff (ou Deincuf ou Deneuff), écuyer, seigneur de Kerhourlo, et Gabrielle Tronson, résidant au manoir de Kerhourleau. [Vincent du Poulpry, seigneur de Kerillas, avait épousé Françoise Tronson – Famille Tronson, sieur de Kerduat à Plouarzel].

Le couple Chauteaufur / Dencuf est nommé dans l’introduction de l’aveu de 1752 : « Devant nous nottaire de la juridiction de la vicomté de Coatmenach avec soumission à icelle ont comparu en personnes Dame Anne Marie Deincuf, veuve d’Escuyer Hervé de Chateaufur, demeurant en son manoir des Isles, paroisse de Kernouez, fondée en qualité de tutrice de ses enfants, et Escuyer Joseph de Chateaufur, sieur du Hellan, demeurant en sa terre du Grand Goulannou, paroisse de Tréflez, frère dudit deffunt, sieur de Chateaufur, enfants de dame Françoise Chauvel, sœur de feu François Chauvel, sieur de Kerbiquet, décédé depuis deux ans. Lesquels avouent et reconnaissent tenir et posséder et… en fait tiennent et possèdent les maisons, terres et hérittages après describés comme hérittiers dudit deffunt sieur de Kerbiquet après avoir partagé avec les autres hérittiers suivant transaction passée le vingt juin mil sept. cent cinquante deux du proche fief de très haut et très puissant seigneur monseigneur Anne François de Montmorency-Luxembourg, duc de Montmorency, premier Baron de France et premier Baron chrétien, premier souverain d’Aigremont, marquis de Seignelay, duc de … et de Blainville, comte de Tancarvile et de Gournay, colonel du régiment de Touraine, comme mary de très haute et très puissante dame Louise Pauline Françoise de Montmorancy Luxembourg de Tingry, dame des dits lieux de Coatmenach, Rodalvez en Plouider et autres terres et seigneuries et… de ladite seigneurie et vicomté de Coatmenach, sujets à devoir de foy hommages, rachapts,… vantes et tous autres devoirs seigneuriaux le cas avenant, scavoir est Au bourg paroissial de Guissény… ».

  • Louise Pauline Françoise de Montmorency-Luxembourg de Tingry, née le 16 janvier 1734 à Paris et décédée le 25 août 1818 à Paris, fille de Charles François Christian de Montmorency-Luxembourg-Tingry et Anne Sabine Olivier de Senozan, a épousé le 17 février 1752 Anne-François de Montmorency-Luxembourg, né le 9 décembre 1735 et décédé le 22 mai 1761, fils de Charles François Frédéric de Montmorency-Luxembourg et Marie Sophie Emilie Honorate Colbert de Seignelay.

Son père Charles-François, parent éloigné des Kergroadez, avait procédé en 1759 à la liquidation mobilière de la succession après la mort de la marquise, dernière représentante de la maison de Kergroadez : la vicomté de Coatmenach en faisait partie. Le domaine de Rodalvez est passé de la famille du Louet de Coetjunval à la famille du Harlay. Louise Madeleine d’Harlay épouse en 1711 Christian Louis de Montmorency Luxembourg : leur fils Charles François Christian récupère la propriété et la transmet à sa fille Louise Pauline.

C’est pourquoi Anne-François de Montmorency est concerné dans l’aveu « comme mary de très haute et très puissante dame Louise Pauline Françoise… », véritable propriétaire. Veuve en 1761, elle était la dernière propriétaire des manoirs de Coatmenach et Rodalvez en Plouider. Elle les vend en 1763 à Claude Alain Barbier de Lescoët.

  • Joseph de Chateaufur, né le 22 octobre 1708 au manoir des Isles en Kernouës et décédé le 26 janvier 1753 à Tréflez, était le frère de Hervé de Chateaufur et donc beau-frère d’Anne Marie Dincuff.

GrandeCheminée

L’aveu du 24 juillet 1752 (communiqué par M. Jacques Miorcec de Kerdanet)

"Au Bourg paroissial de Guissény, le Manoir noble de Kerbiquet concistant dans un grand corps de logis, cuisine, un département derrière icelle séparé en deux par une cloison d’avec y jointe, et chambres tant hauttes que basses, le dit Manoir couvert d’ardoise. En cour porte cochère sur icelle et autre porte pour la servitude de l’aire, les crèches, maison à four et écurie au bout couvertes à présent de gled, dont les murailles sont percées du cotté de la dite cour close de trous à piegeons ; l’aire séparée de la dite cour par une muraille. Les granges aussi couvertes de gleds étantes sur la dite aire. Un arpenty au long d’une hautte muraille, en laquelle il y aussy une porte cochère ayant son ouverture sur la rue et chemin vers le levant et le nord du dit Bourg avec un petit courtil au bas de la dite aire vers le midi d’icelle.

Plus au derrière dudit grand corps de logis vers le nord, un petit jardin clos de muraille dans lequel est le puy, auprès duquel est une auge de pierre placée d’antiquitté, au bout duquel jardin est une maison, à présent couverte de gleds au bout de laquelle maison il y a à présent une autre plus petite couverte de paille servant de crèche, à la cornière de laquelle et dudit jardin, il y a une tourelle à trois étages où il y a cave, cabinet, volière ou retraite à pigeons, au dessus couverte d’ardoise ; ayants ledistes maisons leurs ouvertures hauttes et basses sur le chemin et sur le dit jardin.

Plus autre jardin servant à présent à verger aussi clos de Muraille, aboutissant du cotté du levant sur la dite cour et aire du cotté du nord sur le chemin conduisant au manoir de La Vigne et du cotté du midi et du couchant sur un grand clos de terre chaude dont sera cy après parlé, le dit verger garny de ses arbres fruitiers.

Plus ledit grand clos cerné de vers le nord de la muraille dudit verger en partie et en une autre d’un fossetz donnant sur le chemin menant audit manoir de La Vigne vers le couchant des terres de la Dame de Kerannot acquéreure de la terre de La Vigne, du midy des terres des hérittiers de François henry, du levant du chemin conduisant au pont Milin ar Prat, ayant ledit clos ses fos et fossetz tout à l’entour garny de ses arbres tant chesnes qu’ormaux. Touttes les dites maisons, murailles, cour, aire, courtils, jardin et verger et ledit clos se joignants ayant leurs panetz en dehors et leurs vaux, issues et franchises de l’un et de l’autre cotté, et des chemins et entrée dudit Manoir de Kerbiquet contiennent ensemble le nombre de cent soixante quinze cordées et demy.

Plus proche du dit Manoir, un grand parc aussi terre chaude nommé Tachen Bras, cerné du cotté du levant des terres des hérittiers dudit François Henry, des cottés du nord et du couchant du champs nommé Mes an Cellier et du midi des terres de la Dame de Kerannot, en partie et en autre des terres des hérittiers de Catherine Henry contenant le dit grand parc avec ses fos et fossetz vers le nord et couchant et en partie vers le levant, le nombre de deux cents dix sept cordées aiant sa servitude par le chemin nouvellement fait par les hérittiers dudit François Henry.

Item audit champs de Mes an Cellier, une parcelle de terre chaude contenant quatre seillons en labeur joignant du cotté du levant terre d’Yves Kermarrec de Ploudaniel et du couchant terre des héritiers d’Hervé Monot.

Plus un colombier auquel joignoit autrefois un grand cellier et aussy une étendue de terre à fougère à l’entour dudit colombier, laquelle est présentement séparée par un chemin de charrette d’une autre étendue de terre sabloneuse vers le levant, lesquelles terres cernées du midi dudit champs de Mes an Cellier du nord et au bout vers le levant du port et de la graive dudit Guissény et du couchant terre de la Dame de Kerannot et contiennent environ deux journaux de terre à fougère et sabloneuse.

Item autre parc terre chaude proche dudit Bourg, nommé Clos en Escop, joignant du cotté de l’occident terre des Chappalains et consorts et des autrs cottés des champs nommés Cleuz Fourn huelaf et Cleuz Fourn Iselaf, ayant ses fos et fossetz du cotté d’occidant et contenant cent vingt huit cordées.

Plus un grand prez nommé Fouennec Pont Milin ar Prat avec ses issues et franchises et la servitude pour l’aroser depuis l’eau du canal qui decend de Pont ar Gof et de Kersulec et ruisseau de la fontaine de Kervelléré, ledit canal la séparant du cotté du nord d’autres préz et terres apartenants maintenant à la Dame de Kerannot et aux hérittiers de François Henry et joignant de l’autre cotté et du bout vers le couchant à autres terres et prez à la dite Dame de Kerannot et de l’autre bout aboutissant sur le pont dudit nom Pont Milin ar Prat, ayant ladite prée ses fos et fossetz au deux bouts étant de la consistance de sept journées de faucheur. Plus en la dite paroisse de Guissény au terroir de Keredou proche de Pont ar Gof une tenure aussi de terre noble dudit nom de Keredou étante divisée et séparée par des fossetz en six parcs clos et une petite pièce de terre à fougère pour la servitude d’iceux contenants ensemble avec un petit prez au bas de l’un desdits parcs le nombre de quatre cents trente cinq cordées et quart, terre chaude excepté laditte prez en terre à fougère, ayant leurs fos et fossetz à la réserve d’un petit bout de fossetz de l’un desdits parcs vers le midy dont la propriété est contestée, laquelle tenue de terre est cernée du chemin de Pont ar Gof qui conduit à Brendaouez vers le nord de la prez de Pont ar Goff dépendant du domaine du Roy, vers le couchant des terres de la Dame de Kerannot et vers le midy de la terre d’Yves Perrot de Brendaouez.

Au même terroir un parc nommé Parc Pont ar Goff aussy terre chaude et noble contenant quatre vingt seize cordées et demy ayant ses fos et fossetz tout alentour et joignant du cotté du levant terre des hérittiers du sieur Kerescar-Guillou, du cotté du nord terre des hérittiers dudit Yves Perrot, du couchant terre de René Bernard, et du midy de la prée de Pont ar Gof lesdits champs de Keredou et Pont ar Gof sont chargés de la somme de quarante deux livres de cheffrante annuelle paiable à ladite seigneurie et vicontée de Coatemenach aux bans et assignation des autres rantes et cheffrantes d’icelle, cy…. 42 livres de cheffrantes.

Pour ce qui est devant describé est tenu en ferme par François et Honnorée Le Roy frère et sœur pour en paier par an la somme de quatre cents vingt livres et cent cinquante livres de commission avec reservation de deux chambres, le petit jardin derrière le manoir où est le puy, la tourelle et le colombier en cas que quelqu’un des hérittiers veille y aller demeurer sans diminution du prix de leur ferme estimez ensemble la somme de dix huit livres, la dite commission réduite en rante avec les autres sommes font ensemble celle de quatre cents cinquante quatre livres traize sols quatre deniers ; la dite somme de quatre cents vingt livres paiable à chaque terme de St Michel suivant bail du vingt trois novembre mil sept cents cinquante passé et signé de tous les hérittiers, offres que font les dits sieurs avouants de paier ladite somme pour le rachapt dudit feu Sieur de Kerbiquet… 454 livres 13 sols 4 deniers.

Davantage audit Bourg de Guissény un petit parc nommé Liors Pennec ou Pengroaz aussi terre chaude contenant dix sept cordées aboutissant vers le nord sur la terre de Barbe Chapalain, de Kernilis, vers le couchant sur la terre de François Quiton et vers le levant et le midy sur des chemins qui conduisent dit Bourg au village de Kerbresant ayant ses fos et fossetz tout à l’entour fors du cotté du nord sur lequel petit parc et issues le dit feu Sieur de Kerbiquet a consenti un aplacement de maison qui a servi de four banal dont René Kerhornou et Marie Pilot sa femme jouissent pour en paier par an la somme d’une livre dix sols sans bail depuis quelques années, au bas duquel parc le dit feu Sieur de Kerbiquet a fait nouvellement bâtir une maison couverte de gledz et une petite crèche y jointe aussi couverte de gledz donnant sur le chemin qui conduit dudit Bourg à Kerbrezant, tenu avec le dit petit parc en ferme par Laurans Martin et Catherine Jestin sa femme pour en paier par an la somme de trante livres suivant bail du vingt neuffième juin mil sept cents quarante huit, cy…..31L10s. De plus lesdits Sieurs avouants déclarent avoir dans l’église paroissiale de Guissény cy devant au cœur d’icelle un grand banq avec les tombes audessous et la plus prochaine à l’entrée dudit banq un bénittier dans le pillier qui est à cotté et deux tombes audessus dudit banq entre icelluy et les balustres du grand autel, lesdits tombes et bénittier armoyryez d’une rencontre de cerf qui sont les armes de feu Michel du Poulpry autrefois seigneur de ladite Maison de Kerbiquet dont l’hérittière nommée Marie du Poulpry fut mariée en la maison de Ranvelin, et dans l’une desquelles tombes a été enterré un fils juveigneur de ladite Maison, en son vivant Recteur de ladite paroisse, à raison de quoy on y avoit gravé un calice, de plus une autre tombe qui est à fleur de terre entre l’escabeau de la maison de Keriber, et autrefois le bout du marchepied du grand autel et néantmoins dans l’enclos des balustres du cotté de l’évangile sur laquelle tombe et ledit banq sont les armes de ladite maison de Ranvelin, semblable à celles qui sont en bosse en dehors et audessus de la porte cochère de la cour dudit manoir de Kerbiquet à cause de laquelle lesdits Sieurs avouants ont droit de patronage et de présentation d’une chapélenie deservie en l’église paroissiale de Plouguerneau à présent possédée par Missire Julien Louis Chauvel, prêtre auquel ladite chapellenie a été présantée par ledit feu sieur de Kerbiquet son frère…

Finalement déclarent les dits avouants que de ladite terre de Kerbiquet depandoit d’autrefois quelques articles de fief et chefrantes qu’ils ont été … par le Seigneur de Tromelin, au désir d’une sentence rendue en la Cour Royalle de Lesneven, confirmé par aveu de la Cour du vingt huit avril mil six cent quatre vingt onze auquel le feu Sieur de Kereval Chauvel, grand père au maternel desdits sieurs avouant et ses consorts furent forcez d’y aquérir ; laquelle terre de Kerbiquet est échue aux dits avouants en indivis entre eux entendu la minorité des enfants dudit feu sieur de Chasteaufur de la succession dudit deffunt François Chauvel, sieur de Kerbiquet leur oncle.

Tout ce que devant les Sieurs avouants comme hérittiers purs et simples dudit défunt Sieur de Kerbiquet affirment contenir véritté à leur connoissance, promettant ainsy tenir à l’avenir lesdits hérittages sous ladite Seigneurie de Coatmenach par obligation de leurs biens foy et serment et hipotecque spéciale desdits hérittages et continuer de paier à l’avenir laditte cheffrante de quarante deux livres deux sols sur les champs de Keredou et Pont ar Goff comme on a cy devant … aux bans et assignations des autres rentes et cheffrantes, les autres hérittages étant quitté de toutes charges envers ladit Seigneurie de Coatmenach ; en foy de quoy ils signent avec nous dits nottaires ce jour vingt quatre juillet mille sept cent cinquante deux.

Signatures : Daincuff de Chasteaufur et Du Hellan de Chasteaufur Daniel Dulaudé et Le Becq, notaires"

mur d’enceinte

Les prééminences dans l’église paroissiale

D’après un «  mémoire des tombes par relation de Guenollé Bourchis qui inume ordinairement le corps dans cette égalise  » datant de 1685 :

  • au second rang du mesme costé le bancq de Mr KERGOUNIOU, 3 tombes apartenant à Mr KERSULLEC jusques au bancq de KERBIQUET.

D’après l’inventaire des prééminences de 1721 :

  • « Le Sieur de Kerbiquet Chauvel possède au chœur un escabeau avec tombe en-dessous et un bénitier armoyré d’une rencontre de cerfs, qui sont les armes de Michel de Poulpry autrefois Seigneur de Kerbiquet ».

D’après la description des biens de l’aveu du 24 juillet 1752 : « De plus lesdits Sieurs avouants déclarent avoir dans l’église paroissiale de Guissény cy devant au cœur d’icelle un grand banq avec les tombes audessous et la plus prochaine à l’entrée dudit banq un bénittier dans le pillier qui est à cotté et deux tombes audessus dudit banq entre icelluy et les balustres du grand autel, lesdits tombes et bénittier armoyryez d’une rencontre de cerf qui sont les armes de feu Michel du Poulpry autrefois seigneur de ladite Maison de Kerbiquet dont l’hérittière nommée Marie du Poulpry fut mariée en la maison de Ranvelin, et dans l’une desquelles tombes a été enterré un fils juveigneur de ladite Maison, en son vivant Recteur de ladite paroisse, à raison de quoy on y avoit gravé un calice, de plus une autre tombe qui est à fleur de terre entre l’escabeau de la maison de Keriber, et autrefois le bout du marchepied du grand autel et néantmoins dans l’enclos des balustres du cotté de l’évangile sur laquelle tombe et ledit banq sont les armes de ladite maison de Ranvelin, semblable à celles qui sont en bosse en dehors et audessus de la porte cochère de la cour dudit manoir de Kerbiquet à cause de laquelle lesdits Sieurs avouants ont droit de patronage et de présentation d’une chapélenie deservie en l’église paroissiale de Plouguerneau à présent possédée par Missire Julien Louis Chauvel, prêtre auquel ladite chapellenie a été présantée par ledit feu sieur de Kerbiquet son frère… »

  • un grand banc au-dessus des tombes et un bénitier dans le pilier voisin
  • deux tombes entre le banc et les balustres du grand autel.
Intérieur
Etage

Sources : Recherches d’Yvon GAC à partir des documents fournis par M. Jacques Miorcec de KERDANET

Le manoir de Kerhornaouen

Le manoir de Kerhornaouen

Cadastre napoléonien

Le 15.02.1676 a lieu le mariage de Allain de KERVIZIAU, sieur de Troléon, de Milizac, avec Louise Gabrielle de BOCHIC, fille de Charles de BOCHIC et Catherine CORNAOUEN ,seigneurs de kerhornaouen.

Pour retrouver les origines de ce KERVIZIAU, il faut remonter dans l’histoire du manoir de TRELEON, dans la paroisse de Milizac, où l’on trouve en héritage la famille de TEFFLEON, la famille de KERANRAIS, la famille de KERBESCAT et Vincent de PLOEUC .

En 1616, Sébastien de PLOEUC, baron de Kergorlay et seigneur du Breignou, fils aîné de Vincent et Mauricette de Goulaine, épouse Marie de RIEUX, fille de René de RIEUX, sieur de Sourdéac, gouverneur du château de Brest. Vers 1650, ils vendent leur terre et seigneurie du Breignou en Plouvein au profit de Maurice Thépaut, chevalier seigneur de Tréffalégan, puis donnent celle de Tréffléon en partage à leur fille aînée, Mauricette Renée de PLOEUC, mariée en 1644 avec Donatien de MAILLE,marquis de Carman. Avant de trouver la mort à Berrien, le 22 mars 1652 à l’issue d’un duel malheureux l’ayant opposé à Claude du Châtel, Donatien aliène Tréffléon par acte du 9 janvier 1649 au profit de Christophe de KERGUIZIAU, chevalier seigneur du Vijac, fils cadet du seigneur de Kerscao.

Il semblerait que le nouvel acquéreur ait délaissé pendant un certain temps la jouissance du manoir à son frère cadet, Hervé de KERGUIZIAU, qui serait mort jeune et sans avoir eu de descendance. C’est alors que Christophe, avec l’accord de Renée CAMPIR son épouse, se démet de la terre de Tréffléon au profit de leur fils aîné, Alain de KERGUIZIAU, à l’occasion de son mariage, en janvier 1676, avec Louise Gabrielle BOHIC, fille du seigneur de Kergorchanaouen. Puis arrive le moment de la Grande Réformation du Domaine. A l’égal de tous les autres vassaux de la Couronne, Alain doit se soumettre aux exigences des commissaires et, depuis sa demeure sise en la paroisse de Coat-Méal, fait la déclaration de sa terre par acte du 8 octobre 1687. Cette déclaration erronée lui attire des poursuites judiciaires de la part de Maurice Thépaut en réclamation de chefrente sur la terre de Tréffléon.

Du 22 janvier 1701 (Inventaire sommaire, série B, t.II, AD Finistère) : Maurice Thépault, chevalier, seigneur de Treffalégan, demandeur en assignation contre écuyer Allain de Kerguiziou, sieur de Tréléon, au sujet de sa rente féagère due annuellement par ledit Kerguiziou à la seigneurie du Breignou. Du 24 mars 1679 (Inventaire sommaire…) : Charles Luhandre, sieur de Pontangrolle, ci-devant fermier du domaine du Roy en cette juridiction, en privé nom et comme père et garde naturel des enfants mineurs de son mariage avec défunte demoiselle Marie Le Nobletz, demandeur en exécution de sentence judicielle contre écuyer Allain de Kerguiziau, sieur de Tréléon.

De son alliance avec Louise BOHIC, Alain de KERGUIZIAU eut au moins trois enfants : . René Joseph de KERGUIZIAU, leur fils aîné, chevalier, seigneur de Tréffléon, dont la résidence principale se situait au-delà, mais non loin, des portes de Recouvrance. Par contre, vers 1741, on sait qu’il tenait garnison au château du Mengant en Plouzané. Il était marié avec Anne DAYME de NOYALLES. Du 22 décembre 1724 (Inventaire sommaire…) : Procès : René-Joseph de KERGUIZIAU de Tréléon, contre Louis Daymé de Nouailles, enseigne de vaisseau. . Louis François Germain de KERGUIZIAU, seigneur de Chef-du-Bourg, époux en premières noces de Jeanne GUILLOU et en secondes noces en décembre 1730, de Julienne Elisabeth POUSSEPIN issue d’une famille originaire de Paris, dont un fils Louis-Joseph-Julien de KERGUIZIAU, officier des chevaux-légers (1773). . Louise Françoise de KERGUIZIAU qui s’unira avec Gabriel de GOUYON.

Louise Gabrielle BOHIC, veuve du sieur Alain de KERGUISIAU, chevalier, est décédée le 29 juin 1738, et enterrée dans le chœur de l’église de Saint Dominique à Morlaix.

1753 : aveux de René-Joseph et de Louis-François-Germain de Kerguiziau, propriétaire du manoir de Tréléon, en Milizac.

René Joseph de KERGUIZIAU étant décédé en fin 1755, la totalité de la terre de Tréffléon revint à son fils unique, Olivier Louis Antoine de KERGUIZIAU, capitaine des vaisseaux du roi, qui devait épouser Marie Anne LE RODELLEC, fille cadette de François le Rodellec, seigneur du Porzic, le 1er octobre 1776.

Sources : archives de Guissény et Yves LULZAC, « Chroniques oubliées des manoirs bretons », t. 1, Nantes, 1994.

Le manoir de KERRIGENT

Le manoir de KERRIGENT

  • Localisation  :
KerrigentCarte
Kerrigentmanoir

Un certain Guéguen Kerigan de Guissény meurt en janvier 1405. Une chapellenie de Kerigeant a été fondée le 14 août 1654 à l’église de Guissény pour une messe le dimanche à l’autel saint Jean : 60 livres.

  • Les familles nobles propriétaires du manoir
  • Le couple Gabriel de PARCEVAUX et Renée NOUEL

* Gabriel de PARCEVAUX, né le 16 juin 1607 à Kerlouan et décédé le 17 juillet 1676 au manoir de Kerigan en Guissény, fils de Jacques de Parcevaux, seigneur de Kerjean, et Marie Gourio, dame de Lesider. Jean de Parcevaux, frère de Jacques, est seigneur de Kerigean et de Coatmeur. * Escuier, sieur de Kerigan (ou Kerigean, ou Kerjan)

* marié avec Renée NOUEL, née le 3 février 1619 à Lesneven, fille de David Nouel et Catherine Abhervé (parrain : Prigent Lescoat, haut et puissant sieur de Kergoff ; marraine : Renée Desportes, dame du Porziou)

* Enfants nés à Guissény :

  • Guillaume, né le 19 février 1669 (mère : dame de Kerijan, parrain : Guillaume Gouzillon, sieur de Kergoniou, et marraine : Sébastienne de Kerven, dame de Kerivoaz).
Guillaume de Parcevaux°1669
  • François Guillaume, né le 21 mars 1672 (parrain : François David, sieur de Keraudren Coatuon, et marraine : Guillemette GouzIllon, dame de Kergouniou).
François de Parcevaux°1672
  • Jean ( ?)
  • Marie, dame de Kerigent, décédée le 3 mars 1713 à Lochrist, mariée à Gabriel MILON.

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Biens du terroir de Querijan dépendant de la vicomté de Coatménac’h en Plouider (1681)

324. La seigneurie de ligence avec quattre boisseaux de bled fromant, scavoir deux d’iceux comble et les deux autres raclés mesure de Lesneven de cheffrante à prandre l’an d’escuyer Gabriel Parcevaux, sieur de Querriian dessus le mannoir noble de Kerigjan avec ses maisons, terres et hérittages, appartenances et despandances. 325. Quinze deniers monnoye un quart et demy quart boisseau fromant comble de cheffrante par chacun an avec les fieff de ligence sur la moittié d’une maison couverte de gledz, issuës et franchises, et la moittié de deux parcs despandants de la dite maison, appartenans aux hérittiers et causayans Deniz an Habasque. 326. Plus la seigneurie de ligence sur l’autre moittié de ladite maison et desdits deux parcs sujets au payement des cheffrentes du dernier article, appartenans aux héritttiers de feu missire Cristophle Ropartz de Saint Trégarec. 327. Plus la seigneurie de ligence sur les hérittages de Jan Simon, sisttués esdits terroir et parroisse sur un parc nommé « parc an croasent », un courtil nommé « liortz an Enez », deux parcs s’entretenans nommés l’un « parc Keraldanet », l’autre « parc lan », un fennier nommé « fouennec pontanguen » avec un doué à lin au dessous, une pièce de terre au champ de « meas saint Enezou queruedel ». 328. Plus le fieff et seigneurie de ligence sur un grand corps de logis avec ses issues, appartenances et despandances, appartenant à Hervé Symon.

Cet aveu du vicomte de Coatmenach (Plouider) montre l’appartenance du manoir de Kerrigent à Gabriel de Parcevaux. L’article 328 montre qu’une autre partie appartient à Hervé Symon, de la famille Symon de Mesgouez que nous retrouvons ensuite.

Jean CABON, notaire royal, est qualifié de sieur de Kerigean en Guissény en 1683.

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Famille Symon de Mesgouez

blason Symon de Mesgouez

* Hervé SYMON de MESGOUEZ, né vers 1620 à Lannilis et décédé le 30 novembre 1680 à Lizouré en Guissény, noble, escuyer, marié à Françoise MAREC.

* Gabriel SYMON de MESGOUEZ, un de ses fils, né vers 1648 à Guissény et marié avec Marie Abiven, décède le 19 décembre 1723 à Kerigean en Guissény. * Il est notaire royal et marchand. * Enfants :

  • Claude (fille), née le 14 décembre 1682
    Claude Symon°1682
  • François, né le 21 mars 1686
  • Jan, né le 13 janvier 1689
    Jan Symon°1689
  • Gabriel, né le 27 février 1692
  • Françoise, née le 21 juin 1696

* Jean SYMON de MESGOUEZ, fils de Gabriel et Marie Abiven, né le 13 janvier 1689 à Guissény et décédé le 15 mars 1741 à Guissény, est marié le 11 mai 1723 à Guissény en secondes noces à Anne Lyvinec (1692-1741).

Jan Symon x Anne Lyvinec 1723

*Enfants :

  • Marie, en 1724
  • François en 1725
  • Hyérome en 1727
  • Jan en 1729
  • Anonyme en 1731
  • Goulven en 1732 et décédé en 1732
  • Goulven né le 18 juin 1733
    Goulven Symon°1733

* Goulven SYMON de MESGOUEZ, noble, fils de Jan Symon de Mesgouez et de Anne Lyvinec, né le 18 juin 1733 à Guissény, décède le 12 septembre 1810 à Kerigean à Guissény. Il s’est marié le 13 février 1760 à Saint-Frégant avec Anne LE MEN, décédée le 16 octobre 1806 à Kerigeant.

* Enfants nés à Kerigeant :

  • Goulven le 15 mars 1761 et marié le 29 octobre 1793 avec Marie Jeanne Roudaut
Goulven Symon x Roudaut 1793
  • Marie, le 13 décembre 1762 et décédée le 21 février 1763 à Kerigeant
  • Marie Anne, le 4 février 1765
  • Jeanne, le 25 janvier 1768
  • Jean, le 1er octobre 1769 et décédé le 28 juin 1833 à Kerigeant, cultivateur
  • Jean Marie, le 22 avril 1771 et décédé le 16 janvier 1781 à Kerigeant
  • Anne, le 7 avril 1774 et décédée le 13 juin 1774 à Kerigeant
  • Marie Michelle, le 16 décembre 1775
  • Anne le 19 octobre 1778
  • Marie Jeanne, le 3 janvier 1782 et décédée le 22 mars 1782 à Kerigeant
  • Sezny, le 7 janvier 1783 et décédé le 20 janvier 1783 à Kerigeant

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LES PREMIERES FAMILLES DE PAYSANS

* Le couple Michel KERBRAT et Marie ROUDAUT

  • mariés le 24 novembre 1744 à Guissény
  • décès de Marie ROUDAUT le 17 décembre 1752, à l’âge de 33 ans
  • décès de Michel KERBRAT le 7 juillet 1783 au manoir de Kerigean, à l’âge de 79 ans

* Enfants nés à Guissény :

  • Nicolas, né le 25 mai 1746
  • Gabriel, né le 21 mars 1748
  • Marie Anne, née le 10 avril 1750

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* Le couple Nicolas KERBRAT et Marie LE ROY

  • Nicolas KERBRAT, né le 25 mai 1746 à Guissény et décédé le 13 juillet 1816 à Lizouré, fils de Michel Kerbrat et Marie Roudaut
  • marié le 7 février 1776 à Guissény avec Marie LE ROY, fille de Yves Le Roy et Marie Anne Anton ; décédée le 2 mars 1823, à l’âge de 68 ans.

* Enfants nés à Guissény :

  • Marie Jeanne, née le 5 mai 1778 à Kerrigean
  • Marie Gabrielle, née le 13 juillet 1780 à Kerrijan
  • Sezny, né le 19 septembre 1782 au manoir de Kerigean et décédé le 24 août 1784 au manoir de Kerigean.
  • Jeanne, née le 15 octobre 1786 à Kerrigant
  • Yves, né le 17 février 1789 à Kerrijan et décédé le 27 juin 1790 au manoir de Kerigean
  • Marie Michelle, née le 2 mars 1792 au manoir de Kerrijan
  • Marie Anne, née le 1er janvier 1797 à Kerigeant

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* Le couple Gabriel KERBRAT et Jeanne CASTEL

  • Gabriel KERBRAT, né le 21 mars 1748 à Guissény et décédé le 3 février 1791 à Kerrigean, fils de Michel Kerbrat et Marie Roudaut,
  • marié le 7 février 1776 à Guissény avec Jeanne CASTEL, fille de Jean Castel et Marie Simon ; décédée le 12 octobre 1808 à Kerigeant, à l’âge de 54 ans.

* Enfants nés à Guissény :

  • Jacques, né le 26 février 1777
  • Marie Anne, née le 17 juillet 1778 à Kerrigean
  • Jean, né le 12 juin 1780 à Kerrigeant
  • Nicolas, né le 28 février 1782 au manoir de Kerrigean et décédé le 22 octobre 1783 au manoir de Kerigean.
  • Hervé, né le 26 novembre 1783 au manoir de Kerrigent
  • Marie Michelle, née le 12 avril 1786 au manoir de Kerrigent et décédée le 26 juin 1787 au manoir de Kerigent.
  • Michel, né le 26 janvier 1789 à Kerrigen
  • Gabriel, né le 27 avril 1791 à Kerigean

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* Le couple Jacques KERBRAT et Marie Françoise LE MEN

  • Jacques KERBRAT, né le 26 février 1777 à Guissény, fils de Gabriel Kerbrat et Jeanne Castel
  • marié le 30 janvier 1800 à Plouguerneau avec Marie LE MEN, de Kervolant à Guissény, fille de Guillaume Le Men et Marguerite Breton.

* Enfants nés à Guissény :

  • Goulvin, né le 12 janvier 1801
  • Jean Marie, né le 25 mai 1802 à Kerigean
  • Guillaume, né le 1er mars 1804 à Kerigent
  • Marie Michelle, née le 28 juillet 1805 à Kerigent
  • Marie Anne, née le 9 mai 1807 à Kerigent
  • Marguerite, née le 14 mars 1811 à Kerigent

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* Le couple Jean KERBRAT et Marguerite MENN

  • Jean KERBRAT, né le 12 juin 1780 à Kerrigeant en Guissény, fils de Gabriel Kerbrat et Jeanne Castel
  • marié le 12 juillet 1809 à Guissény avec Marguerite MENN, née le 22 octobre 1783 à Kervolant en Guissény, fille de Jean Menn et Marie Josèphe Le Boulch.

* Enfants nés à Guissény :

  • Marie Josèphe, née le 21 septembre 1810 à Kerigent
  • Jeanne, née le 28 septembre 1812 à Kerigent
  • Jean, né le 31 janvier 1815 à Kerrigean

Le manoir de Lavengat

Le manoir

Les premières mentions d’un manoir de Lavengat (ou Lanvengat) apparaissent dans des aveux du XVe siècle : en 1421, un « hostel » propriété d’Hervé QUERE et en 1475, un « hostel » propriété de Jean GUIOMARC’H. A partir du milieu du XVIe siècle (1536 et 1541), le manoir ou « maison noble » est la propriété de « Maître Guillaume du POULPRY ».

La ruine du vieux manoir

En 1680, la propriété est décrite ainsi : "le lieu, manoir et maison noble de Lavengat… ayant ses maisons, cuisine, salle, chambres, greniers, escuries, creiches, maisons à four, grange, burons, chapelle, le tout couvert d’ardoise et de genetz, droict de colombier, mazières, murailles, perrières, court close et declose, puis, bois de décoration".

Chapelle de Lavengat

La chapelle de Lavengat est signalée comme étant en bon état en 1805, mais elle a disparu depuis : un « liors ar chapel » (D201) et « franchis ar chapel » (D202) figurent au cadastre napoléonien qui indique l’emplacement de la croix (dans le 202).

La famille du Poulpry de Lavengat

La famille de Poulpry de Lavengat est une branche de la grande famille de Poulpry de Ploudaniel ; son blason est « d’argent au rencontre de cerf sommé de 10 cors de gueules  ». Elle a des liens de parentés avec les seigneurs de Kergoniou et les seigneurs de Kersulec.

La branche de Lavengat se place, au XVIe siècle, dans la descendance de Guillaume du Poulpry et de son épouse Louise de Parcevaux (de Mésarnou) qui ont 7 enfants, dont :

  • Yves du Poulpry, fils aîné, qui épouse Marie de Gaspern, une riche héritière de Ploudaniel. Ils ont trois enfants, dont Guillaume du Poulpry, auteur de la branche cadette de Lavengat.
  • Alain du Poulpry, seigneur de Lavengat, qui entre dans les ordres et participe, comme bien d’autres, à la chasse aux bénéfices. Il est ainsi archidiacre de Léon, chantre de Cornouaille, puis doyen du Folgoët en 1591. Mais il est surtout un juriste, conseiller au Parlement de Bretagne en 1573. C’est à lui que l’on doit la construction, en 1584, du superbe manoir de Trébodennic en Ploudaniel.
  • Françoise du Poulpry, qui épouse François de Gouzillon, seigneur de Kergoniou en Guissény.
  • Yves du Poulpry meurt probablement en 1598. Le 13 novembre de cette année, en effet, Alain, son fils aîné, fournit « l’homage rendu au Roy (…) comme héritier du dit Yves du Poulpry son père ». Sa femme décède au début du XVIIe siècle et le problème de la succession est posé le 27 novembre 1603. Un arrêt de la Cour du 8 novembre 1606 règle le partage entre Alain et Guillaume du Poulpry, mais il faut attendre le 10 juillet 1615 pour voir disparaître toute contestation. Cet acte règle en même temps le partage des successions de leurs oncles Alain du Poulpry, seigneur de Lavengat, l’ecclésiastique, et Jean du Poulpry, seigneur de Kersalvator, tous deux morts sans descendant : « acte de partage baillé par noble et puissant messire Allain du Poulpry, seigneur du dit lieu, Measguen, Trébodennic, et autres lieux, conseiller du Roy en sa Cour et Parlement de Bretaigne, fils aisné, principal et noble, de feu noble et puissant Yves du Poulpry et de demoiselle Marie du Gaspern, vivants sieur et dame des dits lieux, à nobles homes Guillaume du Poulpry, seigneur de Lavengat, Queranaouet, Querbescat, son frère juveigneur, par laquelle transaction est porté que les successions de feu messire Allain du Poulpry, vivant seigneur de Lavengat, conseiller en la dite Cour et Présidant aux Enquestes, et de nobles homes Jean du Poulpry, seigneur de Kersalvator, frères juveigneurs du dit Yves du Poulpry, estant morts sans hoirs de corps, apartenoient au dit Allain leur nepveu et devoient être distraites de la succession de son dit père, par lequel est outre reconnu la noblesse de leurs personnes, encestres et successions, et pour partage du dit Guillaume le dit Allain luy bailla la terre de Lavengat à condition de la tenir comme juveigneur d’aisné, le dit acte du dixième juillet 1615  ».
    Cheminée du manoir
Le domaine de Lavengat
  • Lors de ce partage, Guillaume du Poulpry reçoit le domaine de Lavengat, en Guissény, propriété, anciennement de la famille Marc’hec du Roudoushir, mais possédée par les Poulpry dès le XVe siècle. Il reçoit ainsi : « le manoir noble et terre de Lanvengat avecq touttes les terres, mettairyes, convenants, préminances d’église, apartenances et despendances quelconques de la dite terre cy-apprès nommés et déclarés, scavoir est le dit manoir de Lanvengat… et outre jouira le dict seigneur de Lanvengat de la sixiesme partye de la ferme du moulin de Lanvengat... ».

Guillaume du Poulpry épouse Jeanne du Bois, une riche héritière de Ploumoguer, fille de Jean du Bois, seigneur de Kerannaouet, mort en 1597. Guillaume du Poulpry et Jeanne du Bois ont eu 3 enfants dont René, fils aîné et principal héritier. En 1630, cherchant à agrandir son domaine et à investir son argent, Guillaume du Poulpry achète le manoir de Kervolan en Saint-Frégant. Le 16 novembre 1630, « devant nous notaires royaux à la Cour de Lesneven […] ont comparus en leurs personnes messire Guillaume du Poulpry, seigneur de Lanvengat, Keranaouet, etc…, résidant en son manoir de Lanvengat, paroisse de Guissény, et autre part escuyer Jean du Chasteaufur, sieur de Kervolant, faisant à présent sa demeurance au lieu de Mesangral, paroisse de Plouescat. Entre lesquelles partyes a esté reconnu comme cy devant plusieurs contratcs de vente auroient estés passez […] par lesquels contracts le dict sieur de Kervollant auroit vendu et transporté au dict seigneur de Lavengat le dict lieu noble de Kervollant avecq touttes ses maisons, apartenances, servitudes et despendances, bois, rabines, toutes et chacunes les terres tant chaudes que froides, prés, feniers, taillis et toutes et chacunes ces terres, apartenances, servitudes et despendances sans rien réserver… ». Cette acquisition a été en fait le résultat d’une longue tractation, avec le versement de plusieurs échéances entre 1624 et 1630. Peut-être les premiers versements étaient-ils, d’ailleurs, plutôt des prêts accordés à Jean de Chasteaufur… Finalement, après le paiement d’une somme totale de 2.642 livres, un acte du 20 novembre 1630 « a mis et induict le dit seigneur de Lanvengat présent en sa personne en la possession réelle, actuelle et corporelle du lieu noble de Kervollant scittué au treff de Sainct Frégan paroisse de Guicezny, concistant en maisons couvertes de gledz avecq sa court close, maison à four, jardin, verger, bois de haulte futaye, bois taillis, rabines, issuës, franchises, apartenances et despendances… Item au bas du dict lieu une franchise dans laquelle il s’aparoist des vestiges et vieilles mazières d’un moulin… »

Pour annoncer à la population de Guissény le changement de propriétaire, des « bannies pour parvenir à l’apropriement » ont lieu en mars 1631 : « Soubz signé Yves Urien, sergent royal estably et résidant en la ville de Lesneven, certiffie et rapporte que, à la requeste de messire Guillaume du Poulpry, seigneur de Lanvengat, Kerannouet, etc…, je me suis exprès transporté de ma dite demeurance jusques au bourg paroissial de Guissény, distant de deux lieues ou environ, les dimanches 16, 23 et 30e jours du mois de mars 1631 consécutivement, où incontinent apprès la célébration des grands messes et divin service en ladite églize, le peuple estant en grande assemblée près la croix et au devant de la principalle entrée du cimetière, lieu accoustumé à faire les bannies et exploitz de justice ; j’ay banny et déclaré en vulgaire langage bretton et françoys la teneur de certain contrat d’acquest par ledit seigneur de Lanvengat fait du lieu noble de Kervollant et appartenances sans rien réserver, sittué en ladite paroisse de Guissény du proche fieff du Roy, quitte de charges, pour la somme de 2.642 livres de principal payée d’escuyer Jan de Chasteaufur, sieur de Kervollant  ». A Kervollant, pas très loin de Lavengat, il reste encore quelques vestiges de ce manoir, et en particulier la vieille maison, aujourd’hui couverte d’ardoises. Guillaume du Poulpry meurt avant 1658 : le 15 mars 1658, en effet, René et Jean du Poulpry ainsi que Charles de Penancoet règlent le partage de la succession de leur père et beau-père.

  • René du Poulpry, fils aîné de Guillaume, acquiert en 1635 la charge de sénéchal de Lesneven, charge qui restera désormais dans la famille du Poulpry pendant environ un siècle. Il épouse le 5 novembre 1641 Claude du Bois, née à Lesneven en 1619, « fille unique et seule héritière de défunt noble homme Jean du Bois, sieur de Goasvennou, conseiller du Roy, lieutenant et juge ordinaire au dit Lesneven, et de demoiselle Françoise de Coetquelven, dame douarière du dit lieu ». Il décède le 7 février 1663 et il est inhumé près de sa mère en l’église des Récollets de Lesneven. Il laisse deux enfants, qui vont devenir les plus fastueux représentants de la famille : Guillemette du Poulpry, qui épouse René Pierre, baron de Kersauzon, et Yves du Poulpry.
  • Yves du Poulpry est encore mineur quand meurt son père. Un conseil de famille se réunit alors pour décider de son émancipation : «  le vingtième jour de juillet 1663, au logix devant monsieur le bailliff de la Cour royalle de Lesneven, ayant pour adjoint le soubzsignant Saliou, commis au greffe, a comparu en personne dame Claude du Bois, veuve et douarière de feu messire René du Poulpry, vivant seigneur de Lavengat, Keranouet, Kerbezcat ou autres, conseiller du Roy et premier magistrat de Léon au dit siège de Lesneven, dame en proprietté de Gouazvennou, Braningant, Launay et autres, ayant à procureur Mre Nicolas Chauvel, lequel a remonstré, en présence de Monsieur le procureur du Roy dudit siège que messire Yves du Poulpri, fils aisné hoir principal et noble dudit seigneur de Lavengat ayant obtenu lettres de béneffice d’âge en la chancellerie de ce pais dabtés du vingt et huit feuvrier dernier signés par le Roy […] affin de pouvoir estre esmancipé et jouir de ses meubles, fruits et revenus de ses imeubles au terme de la Coustume… De tout quoy acte a été décerné et ouy et le consantant ledit Procureur du Roy, ont esté les dictes lettres entérinées, et ledit sieur de Lavengat émancipé pour avoir l’administration de ses biens meubles, fruits et revenus de ses imeubles au terme de la Coustume, sans pouvoir contacter mariage, vendre ny engager ses imeubles, couper bois de haute futaye ny de décoration, sans l’advis de ses dits parants, décret et aucthorité de justice, que par l’âge de vingt cinq ans passé, et luy estre donné pour curatrice honnoraire la dite dame douairière sa mère par le serment qu’elle a présentement fait de se bien et fidellement comporter en la dite charge…  ». Yves du Poulpry hérite en outre de son père de la charge de sénéchal de Lesneven. Il épouse Marguerite de Bréhant, dame de Gallinée.
  • Yves du Poulpry est certainement le personnage le plus fastueux de la famille. En 1682, il achète le château et la baronnie de Kérouzéré en Sibiril, avec toutes les terres et tous les droits qui s’y rattachent. Cette forteresse du XVe siècle était alors possédée par Michel de Boiséon. Parmi les droits ainsi acquis figure le droit de foire à Plouescat et c’est Yves du Poulpry qui fait construire les superbes halles en charpente que l’on peut toujours admirer sur la place centrale de la ville. Yves du Poulpry meurt sans héritier en 1696. Il est inhumé en l’église des Récollets de Lesneven. Avec lui s’éteint la branche des Poulpry de Lavengat. Son épouse, Marguerite de Bréhand, lui survit jusqu’en 1713.
  • C’est Alain Jacques du Poulpry, de la branche de Kerillas en Plouguerneau, qui hérite de son cousin Yves du Poulpry, sieur de Lavengat et c’est son fils Jean François du Poulpry qui porte le titre de seigneur de Lavengat et devient sénéchal de Lesneven. Mais il meurt prématurément le 29 mars 1740, sans postérité. Son frère, François Marie du Poulpry, né en 1720, devient le principal héritier lors du décès de sa mère Marguerite de Penfeunteuniou le 22 février 1770.
  • François Marie du Poulpry hérite également en 1780, à l’extinction de la branche aînée de la famille, des titres de chef de nom et d’armes et de marquis du Poulpry. Il avait épousé Marie Josèphe Michel de Kervenny, héritière du manoir de Kervenny en Plougonvelin.
La famille du Poulpry sous la Révolution

François Marie du Poulpry passe la Révolution à Lesneven où il doit subir, un temps, les rigueurs des nouvelles lois. En 1792, il est emprisonné à Lesneven comme parent d’émigré et adresse, aux autorités, une requête (citée par les frères Blanc) : « Nous nous sommes toujours conformés aux lois, nous nous sommes empressés de rendre nos armes dès que nous avons été requis, nous nous sommes rendus à toutes les réquisitions qui nous ont été faites ; nous avons fourni des fournitures aux hôpitaux ; avons prêté notre jument toutes les fois qu’on l’a requise ; nous avons accordé notre maison gratis pour servir de maison d’arrest, nous avons toujours porté la cocarde tricolore et l’avons fait porter à nos domestiques ; nous avons rendu nos titres qui ont été bruslés… ».

Un fils avait émigré en Angleterre : Jean-François comte de Poulpry, né le 28 octobre 1754 à Plougonvelin. Nommé sous-lieutenant sans appointements le 4 mai 1771 dans le régiment Colonel-Général de la Cavalerie. Nommé capitaine réformé le 28 février 1778 en payant 10.000 livres, dont il ne retirera que 7500. Capitaine en second le 22 janvier1780. Pourvu d’une compagnie à la réorganisation le 1er mai 1788. Colonel-Général de la Cavalerie devient 1er régiment de Cavalerie le 1er janvier 1791. Son régiment stationnant à Lille, il "abandonne" pendant l’été 1791 peu après l’arrestation du Roi à Varennes et émigre. Campagne de 1792 dans l’armée des Princes. Décédé en 1798 à Hamm en Westphalie. Il a épousé le 22 septembre 1784 à Paris, paroisse St Sulpice, Anne-Nicole Le Féron, fille de riches colons de Saint-Domingue ; le contrat a été signé le 13 septembre par le Roi et la famille royale ; le jeune couple a les honneurs de la Cour en novembre suivant (Journal de Paris n°266 du 22 septembre 1784, Gazette des gazettes 1784). Le ménage ne fut pas heureux car Anne comtesse de Poulpry devint très rapidement la maîtresse du maréchal de camp (général) François-Antoine comte de Bercheny avec lequel elle s’afficha en émigration.

Le 12 prairial suivant (31 mai 1794), François Marie du Poulpry adresse aux autorités une nouvelle supplique, demandant sa mise en liberté. Et le 28 vendémiaire an trois (19 octobre 1794) la commune de Guissény est contactée : « A comparu au bureau municipal de Guissény le citoyen Jean-Yves Kergad […] de la commune de Lesneven, porteur de trois extraits de certificats de résidence pour François Marie Poulpry père, François Claude Poulpry fils cadet, Jeanne Joseph Poulpry épouse Brivès, tous trois en arrestation à Lesneven lesquels certificats signés par les voisins et témoins…..  ». Neuf Guisséniens ont signé les certificats. Suite à ces demandes, François Marie du Poulpry est libéré et ses biens lui sont restitués. Il s’installe dans son manoir de La Haye en Saint-Divy, hérité de son grand-père maternel Sébastien de Penfeunteunio.

  • Sa fille Jeanne Josèphe de Poulpry avait épousé, le 10 décembre1783 à Lesneven, Pierre Louis Robert de Briois, baron d’Angre. Le jeune couple vit d’abord à Lesneven où naît un enfant mort-né en 1784. A partir de 1786, il réside au manoir de Lavengat en Guissény. Le 1er janvier 1791, Briois émigre tandis que Jeanne-Josèphe reste en Bretagne. Le 23 juin 1793, elle est mise en résidence surveillée à Plouguerneau et elle doit se présenter tous les jours à 10 heures au Directoire du District. Puis le 9 mai 1794, elle est emprisonnée à Lesneven comme femme et sœur d’émigré, en même temps que son père et son frère. Elle est libérée en avril 1795 et s’installe au manoir de Lavengat. D’après son bulletin d’écrou, elle a alors 32 ans, les cheveux châtain et la bouche petite ; elle mesure 5 pieds 3 pouces. Elle meurt sans enfant vers 1800.
  • Le fils François Claude du Poulpry réside alors avec son père au château de La Haye, en Saint-Divy. Né et ondoyé le 7 janvier 1756 à Plogonvelin. Nommé sous-lieutenant dans le régiment Boulonnais-infanterie le 7 juin 1776. Lieutenant en second le 4 octobre 1782. Premier-lieutenant le 18 juin 1784. Capitaine en second le 6 mars 1788. A quitté le corps le 15 septembre 1791. Un laissez-passer du 15 nivose an VI le décrit ainsi : "Agé de 41 ans, taille de cinq pieds six pouces, cheveux et sourcils gris, yeux gris, nez bien fait, bouche petite, menton rond, visage ovale". S’occupant de ses affaires, il se déplace régulièrement pour visiter ses propriétés : il se trouve, par exemple, à Lavengat en Guissény en nivose an VI (janvier 1798). Il est secondé dans la gestion de ses affaires par Daniel Nicolas Miorcec de Kerdanet, qui se charge d’encaisser les fermages et de faire les travaux qui s’imposent. Il a épousé, le 27 vendémiaire an IV (19 octobre 1795), Marie Gabrielle Charlotte de Penfeunteuniou, mais il n’a pas eu d’enfants. Il meurt le 25 février 1827 et sa succession donne lieu à un procès retentissant. Il avait rédigé un testament en 1809 en faveurs de ses neveux et nièces. Mais le 23 février, deux jours avant sa mort, il rédige un nouveau testament qui institue légataire universelle son épouse Marie Gabrielle Charlotte de Penfeunteuniou.

Avec la mort de François Claude du Poulpry, c’est la famille du Poulpry qui s’éteint.

Montant de porte vers le jardin
Sources
  • Yvon GAC, "Guissény, histoire d’une commune au cœur du pays pagan", Spered Bro Gwiseni, 2000.
  • Jean-Yves LE GOFF, « La Famille du Poulpry », Lesneven, Musée du Léon, 1993.
  • Isabelle PARC, "Les manoirs du pays des Abers aux XVè et XVIè siècles", mémoire de maîtrise, Brest, 1996.
  • Général Raymond Boissau : Archives militaires (SHDN/Terre)

Le manoir du Hellez - Kergoniou

Le manoir, dit de KERGONIOU, serait en fait à l’origine le manoir du HELLEZ. Ses seigneurs ont des prééminences dans l’église de GUISSENY. Ce manoir est sous le fief de PENMARC’H. Un manoir de KERGONIOU, sous le fief du roi, existe dans la paroisse de LESNEVEN. Il y a donc bien deux manoirs différents dans deux paroisses différentes et sous deux fiefs différents.

Kergoniou- façade
Kergoniou- arrière
Cadastre napoléonien
Vue aérienne

Dans son « Histoire de Lesneven », Jean-Yves LE GOFF dit que le manoir de Lesneven « a probablement été bâti au XVè siècle par un membre de la famille de KERGONIOU, seigneur du dit lieu en Guissény, qui lui donne son nom ». Mais il semble que l’appellation la plus ancienne à GUISSENY soit celle de « manoir du HELLEZ ». La famille GOUZILLON était devenue propriétaire des deux manoirs.

Les deux manoirs ont le même propriétaire depuis le mariage le 18 juin 1531 de Jeanne de KERALDANET, dame du HELLEZ, avec Guillaume GOUZILLON, seigneur de KERGONIOU. Les deux manoirs restent dans la famille GOUZILLON jusqu’au début du XVIIIe siècle où le manoir de Guissény comme celui de Lesneven passent par succession collatérale dans la famille TOURONCE, sieur de GORREQUER (manoir de LANNILIS).

Le blason de la famille GOUZILLON est « d’or, à la fasce d’azur, accompagnée de trois pigeons de même, membrés et becqués de gueules, deux en chef, un en point ». La famille de GOUZILLON serait un ramage de la famille du COLOMBIER, de PLOUGUERNEAU, dont le blason est « d’or à trois pigeons d’azur, becqués et membrés de gueules ». Elle pourrait également avoir un lien avec la famille de PENMARC’H : blason écartelé aux 1 et 4 : « de gueules à la tête de cheval d’argent » ; aux 2 et 3 : « d’or à la fasce d’azur, accompagné de six pigeons de même ».

Cadastre napoléonien

Le manoir de Guissény possède une chapelle Saint-Jean-du-Hellez et un moulin, dit moulin de Kergoniou. La chapelle est mentionnée dans des actes de 1788 et 1804 notamment ; elle n’a été démolie qu’au début du XXè siècle. Elle était citée dans les chapellenies de la paroisse de Guissény : « du Hellez, dit de Kergoniou, cinq messes par semaine, dans la chapelle Saint-Jean, près le Hellez (260 livres), présentateur le seigneur du Hellez ». Le 15 mars 1659, fondation de Yves GOUZILLON, sieur de KERGONIOU, en faveur du Rosaire ; il est fondé également une messe, le second dimanche du mois, sur l’autel de la Trinité lui appartenant et une messe, tous les jours, en la chapelle de Saint-Jean-du-Hellez. Le 26 janvier 1672, c’est une fondation faite par Messire Guillaume Gouzillon, de 150 livres de rente, pour fondation d’un service et messe à chant, memento et De Profondis qui seront chantés après la messe, proche le banc du dit seigneur de KERGONIOU, au chœur de l’église, du côté de l’Evangile, et à la charge que « pour la plus grande gloire de Dieu, le saint Sacrement sera exposé durant la dite messe et à la fin d’icelle qu’on chante les oraisons ordinaires et, passé la bénédiction qui sera donnée du saint Sacrement, l’on viendra chanter le dit memento comme dit est ». Le général de la paroisse devra désigner une personne pour assister au dit service et quêter pendant la messe ; la Confrérie du Saint Sacrement profitera de l’excédent de la rente. En 1719, une fondation de la Confrérie des Trépassés est effectuée par Guillemette de GOUZILLON, dame de KERGONIOU, qui donne à cet effet 1200 livres. Le 16 octobre 1719, une Bulle de Clément XI avait accordé les indulgences à la Confrérie des Trépassés.

Dans les actes de Guissény, on trouve les deux appellations pour les deux frères au XVIIe siècle : Guillaume GOUZILLON est sieur de KERGONIOU et Rolland GOUZILLON est sieur du HELLEZ. Après la mort de Rolland en 1688, Guillaume GOUZILLON récupère les deux titres.

A la fin du XVIIe siècle, Guillaume GOUZILLON est seigneur de KERGONIOU, du HELLEZ, de MOGUERRIEC et de KERLECH, capitaine garde côte de la paroisse : il meurt le 11 octobre 1715.

Les prééminences de l’église paroissiale décrites en 1721 à l’occasion des travaux montrent deux phases distinctes dans l’histoire du manoir et de la famille : . les prééminences de familles KERALDANET / GOUZILLON, seigneurs du HELLEZ, qui suggèrent que cette famille KERALDANET est une branche cadette de la famille de LANNILIS, seigneur de KERALDANET et du RASCOL (armes brisées d’un lambel à trois pendants). . les prééminences plus anciennes relevées sur les tombes de la famille propriétaire du HELLEZ qui porte pour armes un peigne avec un lambel, armes inconnues des armoriaux.

« Pour Messire Claude-Jean Touronce, Seigneur de Gorrequer et du Hellez, il est constaté que, dans un pilier, du côté de l’Evangile, sur un bénitier, est empreint un peigne avec son flambeau, anciennes armes du Hellez, qu’il possède cinq tombes en la chapelle de la Trinité ».

Entrée du domaine
Allée d’entrée

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Les familles seigneuriales

  • Famille de KERALDANET
BlasonKeraldanet

Jeanne de KERALDANET, dame du Hellez, fille de Jean de KERALDANET, seigneur de Keraldanet et du Rascol en Lannilis, et de Jeanne du FAOU, épouse le 18 juin 1531 Guillaume de GOUZILLON, seigneur de KERGONIOU (en Lesneven). Le manoir du Hellez passe dans la famille GOUZILLON et prend désormais plutôt le nom de manoir de Kergoniou.

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  • Famille de GOUZILLON
BlasonGouzillon

Guillaume II GOUZILLON, écuyer, seigneur de KERGONIOU (Kergourio ?) et KEROUAT, marié vers 1460 avec Marie LE GLAYDIC de KERAOUFAS. Yvon GOUZILLON, seigneur de KERGONIOU, marié avec Anne de PENFEUNTENIOU Guillaume III GOUZILLON, seigneur de KERGONIOU, marié le 18 juin 1531 avec Jeanne de KERALDANET, dame du Hellez. Guillaume IV GOUZILLON, seigneur de KERGONIOU, marié avec Louise de POULPRY. Trois enfants : Françoise, Yves et Guillemette.

Les enfants de Guillaume de Gouzillon et Louise de Poulpry :

. Yves épouse le 21 février 1591 Jeanne de KERGUZ

. leur fils Yves Gilles épouse le 26 novembre 1629 à Plougonven Marguerite Lagadec

. leur fils Guillaume, né vers 1630 et décédé le 9 octobre 1715 à Guissény, Ecuyer seigneur de Kergoniou, le Hellez, Moguériec et Kerlech, capitaine garde-côte de Guissény.

Écuyer Guillaume GOUSILLON seigneur de KERGOUNIOU possesseur du manoir du HELLEZ où il demeure à présent en la paroisse de Guisezny avec la mettayrie moulin et terres dépendantes pouvant valoir par communes années la somme de huit (cent) vingct écus soubz la charge de cent quatre sols et quatre deniers moy et d’un demy boesseau froment de cheffrante tenu du fieff de PENMARCH et le dit moulin sousz le fieff du com souz la charge de sept sols de cheffrante outre en distraction de la dite somme foncière il paye la somme de cent livres pour desservir la chappellenye en la chappelle du dit HELLEZ et la somme de trente six livres et douze services en l’église paroessialle du dit Guisezny. (réf : « Déclarations des terres nobles » Art. 34 J 120 du fonds « Le Guennec ».)

Déclaré âgé d’environ 90 ans à son décès en 1715, soit une naissance se situant vers 1625. Mais elle paraît plus vraisemblable en 1630 car il est dit fils aîné, or ses parents se sont mariés en octobre 1629.

. leur fils Rolland, seigneur du Hellez, né vers 1638, décédé le 22 mars 1688 à Guissény.

. leur fille Jeanne, demoiselle, née vers 1641 et décédée le 1er avril 1671,, à 30 ans

. leur fille Guillemette, Dame de Kergoniou, née vers 1642 et décédée le 23 avril 1723 à Guissény, à 81 ans.

Guillaume II GOUZILLON, écuyer, seigneur de KERGONIOU (Kergourio ?) et KEROUAT, marié vers 1460 avec Marie LE GLAYDIC de KERAOUFAS. Yvon GOUZILLON, seigneur de KERGONIOU, marié avec Anne de PENFEUNTENIOU Guillaume III GOUZILLON, seigneur de KERGONIOU, marié le 18 juin 1531 avec Jeanne de KERALDANET, dame du Hellez. Guillaume IV GOUZILLON, seigneur de KERGONIOU, marié avec Louise de POULPRY. Trois enfants : Françoise, Yves et Guillemette.

Les enfants de Guillaume de Gouzillon et Louise de Poulpry

. Yves épouse le 21 février 1591 Jeanne de KERGUZ . Marguerite, demoiselle de Kergoniou, fille de Guillaume et Louise du Poulpry, épouse en 1622 Jacques TOURONCE, sieur de Gorréquer. . leur fils Yves Gilles épouse le 26 novembre 1629 à Plougonven Marguerite Lagadec . leur fils Guillaume, né vers 1630 et décédé le 9 octobre 1715 à Guissény, Ecuyer seigneur de Kergoniou, le Hellez, Moguériec et Kerlech, capitaine garde-côte de Guissény.

« Écuyer Guillaume GOUSILLON seigneur de KERGOUNIOU possesseur du manoir du HELLEZ où il demeure à présent en la paroisse de Guisezny avec la mettayrie moulin et terres dépendantes pouvant valoir par communes années la somme de huit (cent) vingct écus soubz la charge de cent quatre sols et quatre deniers moy et d’un demy boesseau froment de cheffrante tenu du fieff de PENMARCH et le dit moulin sousz le fieff du com souz la charge de sept sols de cheffrante outre en distraction de la dite somme foncière il paye la somme de cent livres pour desservir la chappellenye en la chappelle du dit HELLEZ et la somme de trente six livres et douze services en l’église paroessialle du dit Guisezny » (réf : « Déclarations des terres nobles » Art. 34 J 120 du fonds « Le Guennec ».)

Déclaré âgé d’environ 90 ans à son décès en 1715, soit une naissance se situant vers 1625. Mais elle paraît plus vraisemblable en 1630 car il est dit fils aîné, or ses parents se sont mariés en octobre 1629.

. leur fils Rolland, seigneur du Hellez, né vers 1638, décédé le 22 mars 1688 à Guissény. . leur fille Jeanne, demoiselle, née vers 1641 et décédée le 1er avril 1671,, à 30 ans . leur fille Guillemette, Dame de Kergoniou, née vers 1642 et décédée le 23 avril 1723 à Guissény, à 81 ans

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  • La famille de TOURONCE
BlasonTouronce

. Marguerite, demoiselle de Kergoniou, fille de Guillaume et Louise du Poulpry, épouse en 1622 Jacques TOURONCE, sieur de Gorréquer.

. Leur fils Jacques II TOURONCE est marié avec Marie MICHEL

. Leur fils François Ollivier TOURONCE, né le 17 mai 1655 à Lannilis et décédé le 13 février 1699 à Gorrréquer en Lannilis, est marié avec Marie Claude de KEROUANTENAN, née vers 1660 et décédée le 26 juin 1717 à Lannilis).

. Leur fils Claude Jean de TOURONCE, né le 26 novembre 1689 à Lannilis et décédé le 12 avril 1724 à Lannilis, s’est marié le 5 novembre 1716 avec Suzanne Louise LE BORGNE de KERUSORET, fille de Alain Louis LE BORGNE de KERUSORET et Marie Anne de KEROUANTENAN.

. Leur fille Marie Anne Olive de TOURONCE, née le 2 janvier 1718 à Plouvorn et décédée le 11 décembre 1782 au château de Gorrequer à Lannilis, s’est mariée le 21 novembre 1741 à Lesneven avec Joseph François de CALLOET de LANIDY, né le 3 janvier 1709 à Botsorhel et décédé le 3 juin 1783, comte, sieur de Lanidy.

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  • Famille de CALLOET de LANIDY
BlasonCalloet

. Etienne René Calloët de LANIDY, né le 11 mai 1748 à Plouigneau et décédé le 28 mars 1805 à Plouigneau, capitaine des chevaux légers du roi, marié le 11 mai 1773 à Tréveneuc avec Marie Louise Chrestien de Tréveneuc, comtesse de Lanidy, née le 1er novembre 1749 à Cléguérec (ou 30 juillet 1755 à Bringolo) et décédée après le 2 octobre 1825.

4 enfants :

. Anonyme de CALLOET, née le 17 novembre 1776 à Plouigneau

. Anonyme de CALLOET, née le 08 janvier 1779 au château de Lanidy, en Plouigneau

. Apoline Renée Hyacinthe CALLOET de LANIDY, née le 9 février 1783 à Plouigneau

. Zoé Renée CALLOET de LANIDY, née le 13 mars 1784 à Morlaix, Saint-Melaine et décédée le 26 octobre 1810 à Morlaix, mariée le 26 novembre 1804 à Plouigneau avec Jean Anne Casimir Audren de Kerdrel, comte de Kerdrel, né le 31 mai 1781 à Lesneven et décédé le 1er octobre 1813 à Tours.

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Famille de AUDREN de KERDREL

BlasonAudren

. Casimir Audren de Kerdrel (1807-1861), marié avec Sidonie Le Borgne de Keruzoret :

dont Amaury Audren de Kerdrel (1836-1921) et Clémentine Audren de Kerdrel (1840-1895)

. Paul Marie Eugène Audren de Kerdrel né le 15 novembre 1809 à Morlaix et décédé le 31 janvier 1889 à Saint-Gravé, député du Morbihan, marié le 30 juin 1835 à Plestin-les-Grèves avec Pauline de La Bouëxière de Lennuic, né le 31 juillet 1813 et décédée le 19 mai 1872 à Saint-Gravé :

dont Roger Audren de Kerdrel (1841) et Clotilde Audren de Kerdrel (1843-1912).

En 1842, le manoir de Kergoniou appartient à AUDREN de KERDREL.

Les familles nobles

La famille de KERIBER

Les premiers seigneurs de KERIBER

Le manoir de KERIBER est une baronnie comme le manoir de PENMARC’H, dans la trève de Saint-Frégant, les deux familles se disputant la première place dans la paroisse de GUISSENY.

L’héritage principal de Kériber est décrit dans l’aveu de 1520 : « Savoir est, en la paroisse de Ploesezny, le manoir de Keriber o ses jardrins, vergiers, ,porte, boyas, guareine, columbier, issues, franchises et largisses, ainsi qu’il est cerné de murs, mazières et fosses, situé entre les chemyns qui viennent de Guicsezny à Lesneven d’un côté, et ung aultre chemyn qui conduict du villaige de Kerderch audict lieu de Lesneven d’aultre. Item le moulin dudict manoir de Keriber o ses burons, estang, bie, reffoul, issues, franchises et largisses, avecques le fenyer dudict manoir estant au dessoubz dudict manoir, moulin comme sont situez entre le chemin estant entre les clostures dudict manoir et ledit fenyer d’une part, et terres des appartenances du manoir du Rest, d’aultre ».

ruines du manoir

Il faut y rajouter le manoir de Keriaquell, également propriété du seigneur de KERIBER ainsi que des terres dans la trève de Saint-Frégant.

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  • Salomon de KERIBER est marié à Amice KERAUDI. Il est présent à la Montre de Lesneven le 1er janvier 1378. Il meurt en octobre 1400 et elle en janvier 1416. Ils ont un fils aîné Olivier. (souces : les comptes des receveurs de Lesneven Guillaume Marheuc et Maurice Kermaleuc).
  • Olivier de KERIBER, fils aîné et héritier principal (comptes du receveur de Lesneven de 1403-1404), « fait hommage au duc ». Il est marié à Amice de KEROULAS (fille d’Hervé de Keroulas et Catherine de Kergadiou, mariés le 19 avril 1393). Olivier est décédé avant 1422 et Amice après 1422. Ils ont un fils aîné Salomon.
  • Salomon de KERIBER marié à Jehanne de KERLECH. A la Réformation de 1427-1429, Salomon KERIBER possède le manoir de Keriber, mais aussi un « hostel » au village de Kervenaouen et un autre à Keryaquell. A la Montre de 1443, un « Salaun de KERIBERT » est dit « sieur dudit lieu » et « sieur de KERVENOUAN », paroisse de Guissény. Il est en procès avec Jan de Keroulas, frère de sa mère (8 may 1458 et 8 juillet 1460) : « 2 exploicts judiciels, au pied l’un de l’autre, entre Sallomon de Keriber, fils d’Olivier de Keriber et Amice de Keroulas, et ledict Jean de Keroulas, frère aisné de ladicte Amice de Keroulas et hérittier principal et noble de Hervé de Keroullas, pour l’exécution du mariage promis à la dicte Amice ». En 1488, c’est Jeanne de KERLECH qui présente un aveu pour le manoir en tant que veuve de Salomon KERIBER.

Avec le remariage de Jeanne de KERLECH, les biens de KERIBER passent dans la famille RANNOU de Ploudalmézeau.

façade du manoir

La famille de KERVEN de KERSULEC

La famille de KERVEN de KERSULEC

Blason de Kerven
  • Les origines de la maison de KERVEN.

La maison de KERVEN (ou de Querguen à l’origine) a pour origine Ecuyer Guillaume de KERVEN, seigneur dudit lieu et de Kersulec, sorti cadet de la maison des seigneurs de VILLEBLANCHE, seigneurs de BROONS, et époux de Marie de CORNOUAILLES. Elle a pour berceau les terres de KERVEN et de KEREZREC dans la paroisse de PLOUDANIEL, évêché dé Léon, et de KERSULEC, dans la paroisse de GUISSENY. Elle a figuré aux Montres et Réformations de 1426 à 1534 dans ces deux paroisses. A la Réformation de 1668, elle fut reconnue noble d’ancienne extraction chevaleresque avec neuf générations.

La famille se partage en deux branches principales dès l’origine avec les enfants de Guillaume :

. Allain de KERVEN épouse Constance de TREFILY : ils sont qualifiés de sieur et dame de KERVEN en 1407. Leur fille Péronnelle épouse Yvon du POULPRY en 1425 de Ploudaniel. Le 29 mars 1405, Alain de KERVEN « partage à viage Prégent de Kerven, son frère juveigneur, et lui donne pour sa part la terre de Kerezrec, dont il reçoit de lui l’hommage de bouche et de main, selon la Coutume des nobles de Bretagne ».

. Hervé de KERVEN, frère cadet, est l’auteur de la branche de KERVEN de KERSULEC, en GUISSENY.

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  • La branche de Guissény.

Ils sont seigneurs de KERVEN de KERSULEC, de KERVELLERE, de KERESPERN, de TREROHAN en Guissény et de LESTOURDUFF en Plouider.

Manoir de Kersulec

* Messire Hervé de KERVEN de KERSULEC.

* Ecuyer Jehan de KERVEN, seigneur de KERSULEC, marié à Catherine HENRY. Il est procureur général de Basse-Bretagne à LESNEVEN en 1439 et l’un des « arbitres chargés le 2 mars 1438 du prisage des terres, seigneuries et appartenances données par le Duc de Bretagne à Pierre, son puiné ». Il est présent à la Réformation de la noblesse de 1417-1429 et représenté par son fils Guillaume lors de la Montre de 1491, tenues à Lesneven. Il apparaît notamment comme propriétaire de KERGUELLERE, « un hostel qui n’est manoir ne applacement de manoir » et de la maison noble de TERROHANT.

Maison manale de Terrohant

* Ecuyer Guillaume de KERVEN marié en 1482 à Aliette de THOUMELIN (ou TROMELIN). Il est présent à la Montre de 1503.

* Ecuyer Goulven de KERVEN marié à Anne de MONTFORT. En 1536, il est signalé comme propriétaire du manoir de KERSULOC et de la maison noble de TERROCHAN, tandis que le manoir de LA VIGNE appartient alors à Salomon du QUINQUIS (présent à la montre de Lesneven en 1481). Le manoir de Lestourdu (ou Lestourduff) en Plouider, qui appartenait à la famille MONTFORT, passe dans la maison de KERVEN à la suite de ce mariage.

manoir de Lestourdu en Plouider

* Ecuyer Charles de KERVEN, sieur de KERSULEC, marié en 1546 à Louise de KERGUS, dame de TROFFAGAN.

* Ecuyer Guillaume de KERVEN marié à Béatrice de KERGRIST.

* Ecuyer Charles de KERVEN, seigneur de KERSULEC, marié à Gabrielle du PLESSIS-QUENQUIS. En 1636, il était Capitaine de la paroisse de Guissény et de sa trève Saint-Frégant. Ce mariage fait entrer le manoir de LA VIGNE dans la famille de KERVEN. Procès verbal de la carence des réparations dans l’église Notre-Dame de Lesneven en décembre 1635 : Demoiselle de Quinquis, curatrice de Charles de Kerven, sieur de Kersullec.

Porte du manoir de La Vigne

* Ecuyer Gabriel de KERVEN, sieur de KERSULEC, né le 25 décembre 1617 au manoir de Kersulec, est marié

1°) à Louise ARREL (née vers 1622 et décédée avant 1677), en 1637 à Ploumiliau (contrat de mariage du 28 juillet 1637), fille de Pierre ARREL et Renée de COETANSCOURS ;

2°) à Louyse de CARNE, décédée le 12 juin 1710 à l’âge de 96 ans dans son manoir de Lestourdu à Plouider. Son nom apparaît dans les registres comme marraine à Guissény dès la date la plus ancienne des baptêmes en 1657. Gabriel eut 7 enfants de ses deux mariages : François (1642), Vincent (1645), Louyse Corentine (1647), Gabrielle, Xainte Sébastienne, Simon, Philibert.

* Ecuyer François de KERVEN, de KERSULEC, fils de Gabriel et de Louise Arrel, (baptisé le 24 octobre 1642), est marié :

1)° à Renée de PENANCOET, fille de Jean de PENANCOET et de Françoise de KERASQUER, dame de QUILLIMADEC (née vers 1648 et décédée le 10 août 1688 à l’âge de 40 ans). En 1680, le manoir de Kersullec est présenté ainsi : « … sa chapelle batye de pierre de taille a l’entrée de la rabine proche de la grande porte de la dicte pré.. court, coulombier a présent ruiné sittué au milieu du grand clos qui sera cy appres déclaré …. ». En 1683, « le manoir noble de Quersulec ainsi que le manoir noble de Quervilléré appartiennent à Messire François de Querven, sieur de Quersullec ». Ils eurent 9 enfants : Julienne Françoise (1669), Françoise Renée (1670-1694), Marie (1672), Alain Guillaume (1674), Jeanne Gilette Guillamette (1675), François René (1676), Renée (1678), Pierre (1681) et Yves Louis (1683)

2°) à Marguerite GOURIO, de Guipavas, fille de Guillaume de GOURIO du REFUGE et de Marguerite de KERCONDUFF, le 30 octobre 1691 (dispense de consanguinité au tiers). En 1694, lors de l’émancipation de Monsieur de Quillimadec, Jean Jacques de PENANCOET, intervient « Messire François cheff de nom et d’armes de Kerven, seigneur de Kersullec et autres lieux, demeurant en son manoir de La Vigne, paroisse de Guissény, parent au paternel  ».

Une autre référence : « Louis par la grace de Dieu roy de France et de Navarre au premier nostre huissier ou sergent sur ce requis salut de la part de nostre amé François de Querven sieur de Quersullec, nous a esté exposé que dame Louyse Arrel sa mère estant decedez sans avoir eu partage des successions de deffunct nostre amé Pierre Arrel et dame Renée de Couetanscours sieur et dame de Quermechou ses père et mère ; nostre amé Gabriel de Querven père de l’exposant son garde naturel en fist demande en la juridiction de Lannion a nostre amé Sébastien Le Bigot et dame Marie Arrel sieur et dame de Kerjegu… Et de plus les successions de dame Marie de Queret mère de ladite de Couetanscours et dame Marie Arrel dame de Lesmabon soeure aisnée du sieur de Quermechou estant depuis escheu à l’exposant comme héritier pur et simple de sa mère… Le vingtiesme du mois d’octobre mil six cents septante et sept après midy ». [AD22 – 2E314]

* Vincent de KERVEN, seigneur de KERESPERN, frère cadet de François, né en 1645 et décédé le 10 mai 1698 à Trérohan, marié le 30 octobre 1684 à Guissény à Françoise de KERMELLEC. Ils eurent trois enfants : Guillaume Gabriel (1685, mort à 3 mois), François Joseph (1686, mort à 1 an) et Bernard Gabriel Corentin (1692).

Manoir de Kerespern

* Bernard Gabriel de KERVEN, né le 16 septembre 1692 à Guissény, est marié le 16 février 1722 à Marie Françoise STEPHAN de Plouguerneau où s’installe la famille. Ils ont neuf enfants : François Marie (1723), Charles René (1725), Toussaint Marie (1726), Pierre François (1728), Louise Marie (1730), Louis Anne (1731), Marie Françoise Claudine (1732), Catherine Françoise Anne (1734), Bernard Toussaint (1736).

* Toussaint Marie de KERVEN, seigneur de Kersulec, lieutenant de vaisseau du Roi, Chevalier de Saint-Louis, né le 8 mars 1726 au bourg de Plouguerneau, marié le 11 février 1754 à Kernilis à Marie Anne Bonaventure LE PAPE du LESCOAT, de Lanarvily (fille de Vincent Michel, écuyer, sieur de Lescoat, et de Mare Anne Touronce de Gorrequer). Ils ont huit enfants : Vincent Marie (1754), François (1755), Charles Louis Marie (1757), Goulven Louis Marie (1758), Pierre Jean Marie (1761), Marie Françoise Olive (1762), Casimir Bernard Marie (1764) et Anne Louise Marie (1766).

La famille s’est éteinte en la personne de deux filles du couple : Marie Françoise de KERVEN de KERSULEC (1762-1810), mariée en 1788 à Guillaume Paul Fidèle de FOUCHER de CARHEIL, écuyer (1761-1837) et Anne Louise Marie de KERVEN de KERSULEC (1766-après 1818) mariée en 1790 à messire Louis Marie de GOUYON de COYPEL (1765-1819), officier de marine, ainsi que de leur nièce Julie de KERVEN, fille de Charles Louis de KERVEN et d’Anne Marie LE GRIS du CLOS, mariée le 25 octobre 1805 à Olivier de QUELEN.

Porte d’entrée du domaine de La Vigne

La famille de SANSAY de Keriber

La famille de Sansay (ou Sanzay), barons de Keriber

BlasonSanzay
  • René de SANZAY épouse, avant 1607, Renée RANNOU : ils sont Baron et Dame de KERIBER. Son père René est chambellan d’Henri II et gouverneur de Nantes. Son oncle Anne de Sansay, comte de la Magnanne, chevalier de l’ordre, célèbre capitaine ligueur, épousa en 1588 Marie de Tromelin, dame de Bourouguel, veuve du Baron de PENMARCH, en Saint-Frégant. Ils ont notamment un fils René de Sanzay, né le 11 mai 1607 à Ploudalmézeau, « fils aîné de haut et puissant seigneur René de Sansay, baron de Thais, et de haute et puissante dame Renée Rannou ».
  • René de SANZAY, Baron de KERIBER,(né en 1607 et mort vers 1666-1670) épouse, en mars 1652, Jeanne LE HENO (née en 1620 et décédée en 1710). Ils ont 7 enfants. La mère et une des filles apparaissent dans les registres de GUISSENY, la famille devait résider parfois au manoir de KERIBER : Anne de SANSAY, dame de KERIBER, est marraine à GUISSENY le 31 mai 1680 et Janne LE HENNO, « baronne, douairière de KERYBER », est marraine en 1692 et 1695. Devenue veuve, Jeanne LE HENO obtient pour ses fils un arrêt de maintenue de noblesse le 24 octobre 1670.
Jeanne Le Heno
  • Samuel de SANZAY (1660-1710) épouse Madeleine DENIS (1675-1743), le 3 septembre 1689. Sa femme est l’héritière de la seigneurie du BOIS à Gouesnou. Ils ont 14 enfants, dont René Jean de SANZAY.
  • René Jean de SANZAY, sieur de KERIBER, né en 1693, qui apparaît dans le registre des baptêmes de Guissény comme parrain en 1724 d’une fille du seigneur HENRY de KERGOFF. Il est surtout connu pour les nombreux méfaits qu’il a commis dans la région avec son frère aîné Augustin, ce qui leur valut d’être traduits en justice devant le siège royal de Brest et condamnés à une forte amende en avril 1726.
  • La lignée des de SANZAY s’éteint avec deux sœurs célibataires, Catherine Marthe de SANZAY, née en 1702, et Gillette Anne de SANZAY, née en 1704. Elles se retirent dans leur hôtel particulier à LESNEVEN et vendent le manoir du BOIS à Gouesnou le 6 septembre 1768. Elles restent, semble-t-il, attachées au domaine de KERIBER à GUISSENY car si elles meurent à Lesneven en 1770, elles sont enterrées à Guissény : Catherine Marthe, le 1er mars 1770 et Gillette Anne, Baronne de KERYBER, le 19 mars 1770.
Décès de Catherine deSanzay
Décès de Catherine deSanzay

La famille RANNOU de Pratmeur et de Keriber

La famille RANNOU, seigneurs de PRATMEUR en Ploudalmézeau et de KERIBER en Guissény

BlasonRannou
  • Jehanne de KERLECH, veuve de Salomon de KERIBER, se remarie avec Olivier RANNOU, sieur de PRATMEUR, paroisse de Ploudalmézeau. Celui-ci descend de Guimarc’h RANNOU présent à la Réformation de 1426 et de son fils Olivier RANNOU, présent à la Réformation de 1448, qui rend aveu au Duc François II en 1476 pour la terre de PRATMEUR.
  • Olivier RANNOU, époux en secondes noces de Jehanne de KERLECH, fait rentrer le domaine de KERIBER dans sa famille dont les membres deviennent seigneurs de PRATMEUR, en Ploudalmézeau, et de KERIBER, en Guissény. Il est procureur fiscal de la juridiction du CHASTEL à partir de 1486 et probablement jusqu’à sa mort vers 1505. Il avait déjà, avant son mariage avec Jehanne de Kerlech, un fils aîné nommé également Olivier Rannou.
  • Olivier RANNOU, seigneur de PRATMEUR, marié vers 1490 à Azelice de KERGUIZIAU,. Il rend aveu au Duc pour le manoir de PRATMEUR et à la Montre de Lesneven de 1481, il est qualifié d’ « archer en brigandine à 2 chevaulx » et à celle de 1503 il est présenté avec « deux hommes en abillement et un paige ». Il est notaire et greffier en 1514, puis avocat en 1515 à la Cour de Saint-Renan. Ils utilisaient le manoir de KERIBER comme résidence puisqu’ils ont une fille Azelice RANNOU qui est née à Guissény (« de la maison de Keriber ») et épouse Jehan du MESGOUEZ (fils de Hervé et Catherine de Touronce). Ils ont aussi un fils aîné Bernard qui assure la succession.
  • Bernard RANNOU, seigneur du PRATMEUR et de KERIBER, comparaît à la Montre du ban et de l’arrière-ban de 1534 où il reçoit l’injonction de « faire lance ». Il rend des aveux en 1518 et 1520 pour le domaine de KERIBER. Il épouse vers 1515 Madeleine de KERLECH, dame de KERBARSTARD, fille de Henri et de Catherine de Penhoadic, seigneur et dame du CHATEL de KERLECH. Ils ont un fils aîné Tanguy.
  • Tanguy RANNOU rend hommage au roi pour sa terre du PRATMEUR en 1540 et 1541 et un aveu pour la terre de KERIBER en 1540. Il épouse Françoise BARBIER de la maison de KERJEAN, en Saint-Vougay, veuve de Guillaume de KERLECH, seigneur de TROUZILIT. Tanguy a notamment deux enfants, Françoise (épouse de Jacques du Chastel, puis de Prigent de Kerlech) et Guillaume.
  • Guillaume RANNOU, chevalier, épouse, vers 1580, Marguerite de KERALDANET : il est Baron de KERIBER, Vicomte de PRATMEUR, Sieur du Beaudiez (Plourin). Le 7 avril 1608, des « lettres de Chevalier de l’Ordre du Roy et de Gentilhomme de sa Chambre sont concédées par HENRI IV, roi de France, à Messire Guillaume RANNOU, sieur baron de KERYBER ». Le couple a une fille Renée RANNOU, puis trois autres filles Anne RANNOU (dame de KERYBER), Jeanne Gabrielle (épouse, le 5 avril 1640, de noble homme Tanguy de Kersauson, sieur et dame de Penandreff) et Louise (épouse de noble homme François de Kergadiou, sieur et dame de Tremabihan).
  • C’est leur fille aînée Renée RANNOU qui, par son mariage avec René de SANSAY, fait passer la propriété des RANNOU dans la famille de SANSAY., dont le manoir et la baronnie de Keriber en Guissény.

Les derniers nobles de KERIBER

Les derniers propriétaires nobles du manoir de KERIBER

Fenêtre à meneaux
  • BARIL de MONVAL : Au XVIIIe siècle, les documents de baux de fermage attribuent la propriété du manoir à une certain Joseph Marie Bernard BARIL, sieur de MONVAL. En 1711, on trouve la trace d’un mariage à Guissény concernant cette famille :

. le 8 juin 1711, à Guissény, Nicolas BARIL, de Saint-Thomas à Landerneau, sieur de MONVAL, advocat au Parlement, fils de Philippe BARIL et Anne GOUCHER, épouse Gabrielle HENRY, dame de Basse-Ville, fille de Jean HENRY et Jeanne GUILLOU, sieur et dame de KERGOFF.

Un J.B. BARIL-MONVAL, notaire et procureur à Landerneau, s’est marié avec Marie-Louise Féburier (née en 1722), fille de Laurans Féburier, sieur de Lassagne, orfèvre (1681-1750) et de Françoise Nicole Denys (née en 1701).

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Au XIXe siècle, les baux signalent d’autres propriétaires :

  • Madame de KERVEL : En 1816, « Monsieur François Marie Borgnes Desbordes, propriétaire demeurant à sa terre du Fransic, commune de Carantec, tuteur des enfants mineurs de feux Monsieur Jean Baptiste Simon et Madame Reine de KERVEL, et faisant pour les majeurs… ».
  • Baron GUSMAN KINDELAN : En 1833, Monsieur le Baron Joseph Marie du Transit Antoine François d’Assise Laurent Raymond Xavier Vincent Féré Dominique du GUSMAN KINDELAN, rentier, domicilié à Brest, est cité comme propriétaire du manoir.
  • Comte de TREGAIN : En 1892, la propriétaire est Madame Emilie Elisabeth BARDIN (ou BAUDIN), comtesse de TREGAIN, épouse divorcée de Monsieur Emile Joseph Jean Marie de MESLOU (ou MESLAN), comte de TREGAIN. « Le trente juin mil huit cent quatorze devant nous adjoint et officier public a comparu Messire Jean Bertrand de Meslou de Trégain, Chevalier comte de Trégain, agé de trente un an, demeurant rue St Georges, lequel nous a présenté un enfant de sexe masculin né avant hier soir neuf heures de lui déclarant et de Dame Virginie Cécile Vauquelin de la Rivière, son épouse, auquel il a donné le prénom de Emile Joseph Jean Marie, en présence de Messires Charles Vauquelin de la Rivière majeur, demeurant rue aux …… et de François Jehannot de Penquer majeur, demeurant rue de la Mayenne, qui ont signé avec le père et nous ».

Elle demeure au n° 2 de la rue du Château à Brest (auparavant elle résidait à Paris, 20 rue de Calais). Elle s’était remariée au sieur Charles Théodore MAREUX, résidant alors à Kerallas en Guipavas, puis était devenue veuve.

Elle a des propriétés pour une superficie supérieure à 202 hectares, à Saint-Pierre-Quilbignon, à Gouesnou, à Kernouès, au Folgoët et à Guissény. A Guissény, elle possède la ferme de Pen-ar-Valy (17ha), la ferme de Keriber (10,5 ha) et une autre ferme de Keriber (10,4 ha). François PREMEL-CABIC, cultivateur, époux de Anne-Marie CABON, demeurant au bourg de Kerlouan, était tiers-détenteur de la ferme de Kériber consistant « en maison manale, cour, autres édifices, terres labourables, le tout figurant au plan cadastral de la commune de Guissény pour une contenance de dix hectares quarante sept ares trente sept centiares ».

Ruines du manoir aujourd’hui

Les moulins

L’ensemble des moulins

Les moulins de Guissény, cités dans les registres paroissiaux et d’état-civil

  • Le moulin d’Alana ou de La Vigne (1777-1893)
  • le moulin de Beauregard (1811-1818)
  • Le moulin de Brendaouez - Grand moulin (1743-1901)
  • Le moulin de Brendaouez- Petit moulin ( 1778-1887)
  • Le moulin de Castel-al-Lez ou ar-Raden (1761-1804)
  • Le moulin du Frout (1781-1864)
  • Le moulin de Keraloret (1798-1873)
  • Le moulin de Kerdroch (1777-1866) - aujourd’hui en Saint-Frégant
  • Le moulin de Kergoniou (1669-1901)
  • Le moulin de Keriber (1781)
  • Le moulin de Kervolan
  • Le moulin de Lavengat (1686-1876)
  • Le moulin du Roudous (1778-1893)
  • Le moulin du Couffon (1672-1859) - aujourd’hui en Kerlouan
  • Le moulin du Pont (1833) - aujourd’hui en Kerlouan

Le moulin d’Alana ou de La Vigne

Le moulin d’Alana ou de La Vigne

Dans les registres paroissiaux, les deux appellations de moulin d’Alana ou de moulin de La Vigne sont utilisées, semble-t-il indifféremment, pour désigner le même moulin puisque les enfants d’un même couple de meuniers sont indiqués nés au moulin d’Alana ou au moulin de La Vigne.

Moulin d’Alana

 La famille FRANCES . Le couple Yves LEZOU (ou LE NEZOU) et Marie FRANCES. Yves LEZOU, fils de Jacques Lezou et Catherine Nédélec Marié le 9 juin 1773 à Guissény avec Marie FRANCES, fille de Claude Frances et Marie Marzin, décédée le 4 octobre 1776 à Brendaouez à l’âge de 29 ans. . Enfant :

  • Marie, née le 11.11.1773 et décédée le 08.03.1775 ;
  • Sezny, né le 08.01.1776 et décédé le 05.01.1777 au moulin d’Alana . Remarié le 08 janvier 1777 à Guissény avec Marie TANGUI, fille de Jean Tanguy et Marguerite Le Goff. Un enfant : Goulven, né le 13.07.1781 à Brendaouez.

. Le couple Goulven LE GUEN et Marie FRANCES. . Goulven GUEN, né le 3 décembre 1751 à Kerlouan, fils de Guillaume Guen et Anne Uguen. . marié le 09 janvier 1777 à Guissény avec Marie FRANCES, né le 15 août 1758 à Guissény, fille de Charles Frances et Marie Roudaut. .Enfants : Guillaume, né le 30.01.1778 (Alana) et décédé le 25.03.1780 (moulin de La Vigne) ; Marie Jeanne, née le 01.08.1779 (Alana) ; Jean, né le 19.12.1781 (Alana) ; Marie Anne, née le 10 février 1783 (Alana) ; Sezny, né le 27.10.1784 (Alana) ; Goulven, né le 18.04.1786 (Alana) et décédé le 09.05.1786 (Alana) ; Michel, né le 23.03.1789 (Alana) et décédé le 19.06.1789 (moulin de La Vigne) ; Marie Anne, née le 02.06.1790 (Alana) ; Goulven, né le 18.04.1792 (moulin de La Vigne) ; Jean François Marie, né le 25.03.1796 (Alana) et décédé le 05.07.1796 (Alana).

. Le couple Sezny FRANCES et Marie Françoise ABIVEN. Sezny FRANCES, né le 14 février 1770 à Guissény, fils de Charles Frances et Marie Roudaut, meunier au moulin du Frout à Guissény avant de rejoindre le moulin d’Alana où il meurt le 12 octobre 1831. Marié le 16 septembre 1799 à Plouguerneau avec Marie Françoise ABIVEN de Guissény, née le 1er février 1767 à Guissény, fille de Yves Abiven et Marie Le Gall, et décédée le 6 novembre 1828 meunière au moulin d’Alana à Guissény. Enfants nés au moulin du Frout : Marie Jeanne (1801) et Marie Yvonne (1802). Enfants nés au moulin d’Alana : Charles, né le 26.06.1804 ; Marie Jeanne, née le 20.10.1805 ; Guillaume, né le 20.05.1808 ; Corentin, né le 04.12.1810 et décédé le 18.03.1831 (meunier).

. Le couple Charles FRANCES et Françoise CALVEZ. . Charles FRANCES, meunier, est né le 26 juin 1804 au moulin d’Alana en Guissény et décédé le 6 avril 1854 au Grand Moulin de Brendaouez en Guissény, fils de Sezny Frances et Marie Françoise Abiven. . Marié avec Françoise CALVEZ, meunière originaire du Folgoët en 1806, décédée le 8 mai 1866 à Brendaouez, fille de François Calvez et Jeanne Guillerm. . Le couple exerce la profession de meunier au moulin d’Alana jusqu’en 1841-1842 avant de rejoindre le Grand Moulin de Brendaouez. . Enfants nés au moulin d’Alana : François Marie, né le 15.01.1837 ; Marie Michelle, née le 28.12.1839 et décédée le 28.01.1840 (Alana) ; Sezny, né le 12.01.1841 ; . Enfants nés au Grand moulin de Brendaouez : Yves (1843), Marie Jeanne (1846) et René (1852).

Moulind’Alana

. Marie Louise Charlotte SANQUER, meunière, épouse de Guillaume BRELIVET, décède le 15 mai 1844 au moulin d’Alana, à l’âge de 48 ans.

 La famille LE MENN : . Le couple Jean Marie LE MENN et Marie Yvonne LE ROY Jean Marie LE MENN, meunier, né le 22 mars 1811 à Kervolan en Guissény et décédé le 7 octobre 1880 à Alana, fils de Guillaume Le Menn et Marie Anne Breton Marié le 2 juillet 1850 à Guissény avec Marie Yvonne LE ROY, meunière, née le 5 août 1829 à Lessinquet en Guissény et décédée le 14 juillet 1884 à Alana., fille de Yves Le Roy et Marie Anne Le Boulch. Enfants :

  • Marie Anne, née le 25 mai 1851 à Alana
  • Yves, né le 17 avril 1853 au moulin d’Alana et décédé le 21 février 1861 à Alana
  • Sezny, né le 5 mars 1855 à Alana et décédé le 19 mai 1855 à Alana
  • Guénolé, né le 20 mai 1856 à Alana et décédé le 28 mai 1861 à Alana
  • Marie Françoise, née le 19 mars 1859 à Alana
  • Jeanne, née le 5 juin 1861 à Alana et décédée le 25 août 1885 à Alana
  • Yves Marie, né le 20 avril 1863 à Alana
  • Gabrielle, née le 11 avril 1865 à Alana
  • Guillaume, né le 23 septembre 1867 à Alana, meunier à Saint-Frégant

. Le couple Yves Marie LE MENN et Marie Jeanne PHELEP Yves Marie LE MENN, meunier, né le 20 avril 1863 à Alana, fils de Jean Marie Le Menn et Maryvonne Le Roy, Marié avec Marie Jeanne PHELEP, meunière Enfants :

  • Alain Jean Marie, né le 6 juillet 1890 à Alana (parents meuniers)
  • Joseph Guillaume Marie, né le 21 mars 1892 au moulin d’Alana
  • Marie Jeanne Michelle, née le 21 août 1893 au moulin d’Alana.
Moulind’Alana

. Le couple Jean Marie BOUCHER et Marie François LE MENN Jean Marie BOUCHER, né 6 janvier 1859 au bourg de Guissény, fils de Jean Boucher et Marie Michelle Lagadec Marié le 15 janvier 1888 avec Marie Françoise LE MENN, meunière, née le 19 mars 1859 à Alana et décédée le 13 avril 1920 à Guissény, fille de Jean Marie Le Menn et Marie Yvonne Le Roy. Enfants :

  • Marie Yvonne Michelle, née le 2 novembre 1888 au moulin d’Alana et décédée le 2 mars 1963 à Guilers
  • Jean, né le 9 février 1890 à Mesmeur et décédé le 11 février 1890 à Mesmeur.
  • Marie Jeanne Gabrielle, née le 16 janvier 1891 à Mesmeur et décédée le 21 mai 1892 à Mesmeur.
  • Jean, né le 2 mars 1893 à Mesmeur et décédé le 28 juin 1976 à Charleville-Mézières.
  • Jean Marie, né le 24 novembre 1894 à Mesmeur et décédé le 30 décembre 1948 à Kerbrézant.
  • Goulven, né le 27 septembre 1896 à Mezmeur et décédé le 20 février 1977 à Lambézellec.
  • Marie Jeanne, née le 7 septembre 1898 à Mezmeur et décédée le 11 décembre 1983 à Lesneven.
  • Anastasie, née le 2 mai 1901 à Mesmeur et décédée le 1er octobre 1988 à Brest.

. Le couple Paul LE ROY et Marie Anne LE MENN Paul LE ROY, meunier, né le 2 juin 1845 à Kerisquin en Guissény, fils de Jean Marie Le Roy et Marie Jeanne Lichou. Marié le 14 janvier 1872 à Guissény avec Marie Anne LE MENN, ménagère, née le 25 mai 1851 et décédée le 22 novembre 1911 à Guissény, fille de Jean Marie Le Menn et Marie Yvonne Le Roy. Enfants :

  • Jean François, né le 10 novembre 1872 à Alana
  • Jean Louis, né le 22 février 1874 au moulin d’Alana
  • Yves Marie (1875), Marie Jeanne (1876), Yves Guillaume (1878), Marie Françoise (1882), et Jean François Marie (1884) sont nés à Kerisquin où leur père est devenu cultivateur.

Il y avait donc encore des meuniers au moulin d’Alana à la fin du 19e siècle.

Le moulin de Lavengat

Le moulin de Lavengat

Dans un document datant du 20 mai 1727 : « Minu et déclaration spécifique des maisons, terres, héritages et rentes dont est mort possesseur Pierre Bigeaud, Sieur Duquets… », le moulin de Lavengat est cité : "Le moulin de Lavenguat situé en la paroisse de Guisseny tenu à titre de pure et simple ferme de neuf ans par François Le Nae et femme pour payer par an six cens trente six Livres suivant bail du septième mars 1715 passé devant les notaires royaux de Lesneven". [Soazig LE GALL, Chambres d’hôtes Moulin du Couffon, KERLOUAN].

Un cahier des charges établi le 10 mars 1853 pour une vente aux enchères nous fournit une description du moulin au milieu du XIXe siècle. Ce cahier des charges a été dressé pour «  parvenir à la vente, sur licitation, aux enchères, des immeubles dont la désignation est ci après », suivant le jugement du tribunal civil de Brest (le 5 mai 1852) ordonnant la vente.

  • Désignation du bien. « En la commune de Guissény, canton de Lannilis, arrondissement de Brest, le moulin à eau de Lanvengat, composé comme suit : Une maison à moulin, couverte d’ardoises, ayant de longueur à l’extérieur treize mètres soixante quatre centimètres et de largeur cinq mètres vingt centimètres avec deux portes ouvrant l’une au levant et l’autre au couchant, Dans cette maison existent trois moulins à farine avec leurs mécaniques et accessoires. Deux fonctionnent au moyen de routes à palettes à l’extérieur et le troisième au moyen d’une roue à pirouette avec sa cage à l’intérieur. Au couchant de la dite maison et y attenant au bout du midi, une maison à four, aussi couverte d’ardoises composée d’un rez-de-chaussée et d’un étage au grenier avec son four adossé au pignon du couchant. Au levant du moulin, la chaussée ayant de longueur deux cent dix mètres quatre vingt quatre centimètres et de largeur neuf mètres soixante quinze centimètres. Au levant de la chaussée, l’étang du moulin et le canal des eaux perdantes. Le tout d’un tenant, cadastré section B sous les numéros 184 et 185 et contenant vingt neuf ares soixante quatre centiares. »
  • Les propriétaires. Les copropriétaires des immeubles dont la désignation précède, sont : «  1°) Jean Marie Beyer, époux d’Isabelle Caraës pour une part indivise qu’il a recueillie dans la succession de Françoise Ségalen décédée épouse de François Beyer, sa mère 2°) Marie Françoise Berthou, femme Le Hir, aussi pour une part indivise recueillie par elle dans les successions de Jean Berthou et Marie Vezo, ses père et mère Et les dits deux mineurs Jean Louis et François Berthou pour une part indivise formant la totalité du dit moulin et dépendances, laquelle part a été par eux recueillie dans la succession de Yves Berthou, leur père auquel elle était échue des successions des dits Jean Berthou et Marie Vezo, ses père et mère. Les droits des parties dans les immeubles sus désignés ont été établis par un contrat de vente reçu par Me Le Jeune, notaire à Lannilis, le vingt cinq octobre mil huit cent vingt cinq, enregistré le lendemain duquel acte il semble résulter que Jean Marie Beyer y est intéressé dans la portion de vingt-un francs quarante un centimes de revenu à celle de neuf cent quatre vingt dix huit francs cinquante neuf centimes qui reviendraient à Marie Françoise Berthou, épouse de Jean Le Hir et aux dits mineurs Berthou ci dessus qualifiés entre eux. Il n’existe du dit moulin exploité par les époux Le Hir et la veuve Inizan ou plutôt Marie Yvonne Inizan, veuve Berthou, qu’un bail verbal devant expirer le vingt neuf septembre mil huit cent cinquante trois ». La mise à prix est fixée à 18.000 francs et les enchères ne pourront être moindres de cent francs. « Elles ne seront point reçues de la part de personnes qui n’offriraient pas une garantie suffisante ». L’adjudication aura lieu au plus offrant et dernier enchérisseur après l’extinction successive des trois feux de la durée d’environ une minute chacun. « Le paiement ne pourra être effectué et avoir lieu valablement qu’en espèces d’or ou d’argent ayant actuellement cours de monnaie  ». Le prix ne produira point d’intérêts attendu que l’adjudicataire n’entrera en jouissance qu’à partir du 29 septembre 1953.
  • Adjudication du 5 avril 1853. Devant nous Me. Rucard et l’un de nos collègues, notaires à Lesneven (Finistère), soussigné Ont comparu : Jean Marie Beyer meunier, époux de dame Isabelle Caraës, demeurant au moulin du Mingam en la commune de Lannarvily, d’une part ; Dame Marie Françoise Berthou et le sieur Jean Le Hir son mari en autorité, meuniers, demeurant et domiciliés au moulin de Lanvengat en la commune de Guissény, le dit sieur Le Hir agissant pour autoriser la dite épouse et en outre en sa qualité de subrogé tuteur des mineurs Berthou ci après nommés et qualifiés Dame Marie Yvonne Inisan, veuve du sieur Yves Berthou, meunière demeurant et domiciliée au dit moulin de Lanvengat agissant au nom et comme tutrice légale de Jean Louis et François Berthou, ses deux enfans mineurs, issus de son mariage avec le dit Yves Berthou, sans profession, demeurant avec elle, d’autre part.

Les comparants ont requis le dit Me Rucard commis de faire la lecture tant du cahier des charges que des dires des parties et de procéder ensuite à la réception des enchères ainsi qu’à l’adjudication des sus dits immeubles, sur la mise à prix de 18.000 francs.

« Les enchères ayant été déclarées ouvertes, un première bougie a été allumée ; pendant sa durée, plusieurs enchères successives ont été portées et la dernière a fait monter le prix à la somme de 18.100 francs. Un second feu a été allumé et pendant sa durée plusieurs enchères successives ont été reçues dont la dernière mise par Jean Le Hir comparant a fait monter le prix de la vente à la somme de 20.300 francs. Deux nouvelles bougies ont été successivement allumées, ont brûlé et se sont entièrement éteintes sans que personne ait surenchéri. Et aussitôt le dit Me Rucard, notaire commis, a déclaré le dit sieur Le Hir, dernier enchérisseur, adjudicataire du dit immeuble pour la somme de 20.300 francs, outre les charges de l’enchère. Le dit Jean Le Hir a déclaré accepter la dite adjudication au nom de dame Marie Françoise Berthou, son épouse, susnommée et de Jean Louis et François Berthou, mineurs issus du mariage de feu Yves Berthou et de dame Marie Yvonne Inisan, dans les proportions établies au cahier des charges. Ce qui a été également accepté par les dites femme Le Hir et veuve Berthou aux dits noms ».

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LES FAMILLES DE MEUNIERS DE LAVENGAT

  • Le couple Guillaume CALVEZ et Marie ROPARZ Guillaume CALVEZ, né le 23 mars 1634 à Saint-Frégant et décédé le 17 novembre 1695 à Saint-Urbain, est veuf de François BEYER (famille de meuniers), décédée le 15 août 1682 au moulin du Creignou à Bourg-Blanc, lorsqu’il se remarie le 25 février 1683 à Bourg-Blanc Marie ROPARZ qui décède le 9 juin 1686 à l’âge de 40 ans au moulin de Lavengat à Guissény.
  • Le couple François ROUDAUT et Claudine LUNVEN François Roudaut est veuf de Marie-Anne SEGALEN, du moulin du Coufon, épousée le 10 février 1767 à Kerlouan et décédée le 23 juin 1775 à Guissény à l’âge de 25 ans (lieu-dit non précisé sur l’acte). Il se remarie le 7 novembre 1775 à Plouédern avec Claudine LUNVEN. Ils ont treize enfants nés au moulin de Lavengat( ou Lanvengat, ou Lavingat) : . Marguerite, née le 09.11.1776 et décédée le 24.11.1776 . Jacques, né le 15.12..1777 et décédé le 10.01.1778 . Yves, né le 17.12.1778 et décédé le 31.12.1778 . Anne, née le 18.08.1780 et décédé le 16.09.1780 . François Sezny, né le 16.09.1781 et décédé le 15.10.1781 . Jeanne, née le 19.01.1783 . Marie Françoise, née le 16.02.1784 . François, le 23.04.1785 et décédée le 10.01.1786 . Jean Marie, né le 12.09.1786 et décédée le 20.11.1786 . Marie Anne, née le 13.12.1787 . Catherine, née le 29.11.1789 . Guillemette, née le 09.02.1791 et décédée le 17.04.1791. . Marie Jacquette, née le 24.04.1792 et décédée le 25.06.1792
  • La famille BERTHOU

* Jean BERTHOU, né le 11 mars 1777 et décédé le 11 janvier 1849 à Lavengat à Guissény, fils de Yves Berthou et Catherine Inizan. . meunier à Lavengat . marié le 19 février 1818 à Guissény avec Marie LE VEZEAU, née le 9 juin 1789 au moulin du Dourguen à Trégarantec, fille de Jean Le Vezo, meunier à Trégarantec, et Marie Caradec. Marie Le VEZEAU, meunière au moulin de Lavengat, avait épousé en premières noces le 5 août 1813 à Trégarantec, Jean Claude SEGALEN, né le 13 mars 1778 au moulin du Coufon en Kerlouan et décédé le 12 avril 1817 à Lavengat. . enfants nés à Guissény : . Anonyme, né et mort le 18 décembre 1818 . Marie Françoise, née le 21 juillet 1820 au moulin de Lavengat . Yves Marie, né le 11 octobre 1821 . Yves François Marie, né le 23 février 1824 et décédé le 2 mars 1824 . Pierre, né le 23 février 1824 et décédé le 6 mars 1824.

* Yves BERTHOU, né le 11 octobre 1821 et décédé le 24 août 1847 au moulin de Lavengat à Guissény, fils de Jean Berthou et Marie Le Vézeau. . meunier à Lavengat . marié le 14 novembre 1844 à Plouescat avec Marie Yvonne INIZAN, cultivatrice, née le 10 novembre 1818 à Plouescat et décédée le 20 novembre 1891 à Lavengat (meunière), fille de François Inizan et Renée Le Saint. . enfants nés à Guissény : . Jean Louis, née le 20 août 1845 au moulin de Lavengat . François Marie, né le 23 février 1847, au moulin de Lavengat

* Marie Françoise BERTHOU, née le 21 juillet 1820 au moulin de Lavengat à Guissény, fille de Jean Berthou et Marie Le Vezeau . mariée le 9 juillet 1939 à Guissény avec Jean LE HIR, né le 23 janvier 1813 à Kervaon en Kernilis, fils de Hervé Le Hir et Marie Trébaol. . enfants nés à Lavengat : . Jean Marie, né le 13 octobre 1840 . Marie Jeanne, née le1er avril 1842 et décédée le 23 mars 1846 . Marie Françoise, née le 19 janvier 1844 . Marie Yvonne, née le 21 avril 1848 et décédée le 25 avril 1848 . Yves, né le 28 mai 1849 et décédé le 2 septembre 1849 . Marie Françoise, née le 10 octobre 1850 et décédée le 18 mai 1852 . Marie Anne, née le 9 février 1853 et décédée le 16 février 1853 . Marie, née le 11 mars 1855 . Jean François, né le 24 mai 1857 et décédé le 7 mars 1858 . Michelle, née le 3 juillet 1859 et décédée le 13 mars 1860 . Marie Yvonne Françoise, née le 3 mars 1861 et décédée le 9 octobre 1864

  • Solde de l’achat du moulin de Lavengat : « Devant Me Rucard et l’un de ses collègues notaires à Lesneven, Finistère, soussignés A comparu : Jean-Marie Beyer, meunier, époux d’Isabelle Caraës, demeurant au moulin du Mingam en la commune de Lanarvily Lequel a reconnu par ces présentes avoir reçu ce jour, en présence des notaires soussignés, de Jean Le Hir et Marie-Françoise Berthou, sa femme, de Marie-Yvonne Inizan, veuve d’Yves Berthou, demeurant au moulin de Lavengat en la commune de Guissény, tous meuniers de profession, la somme de quatre cent quarante huit francs, y compris l’année courante de fermage pour solde de la part revenant au dit Beyer comparant dans le prix de la vente qui a été consentie du moulin de Lanvengat en Guissény au profit des dits époux Le Hir et veuve Berthou suivant contrat d’adjudication reçu par le dit Me Rucard, l’un des notaires soussignés, le cinq avril mil huit cent cinquante trois, enregistré De laquelle somme le comparant donne ici quittance sans aucune réserve ni recours vers les acquéreurs susnommés pour ce qui concerne le contrat de vente à dessus date. Dont acte Fait et passé à Lesneven en l’étude et au rapport du dit Me Rucard L’an mil huit cent cinquante trois, le vingt huit août Et lecture faite, le comparant a signé avec nous notaires Signé : J.M. Beyer, Barjou aîné notaire, Rucard notaire Enregistré à Lesneven le sept septembre mil hui cent cinquante trois… »

* Jean Louis BERTHOU, né le 20 août 1845 au moulin de Lavengat à Guissény, fils de Yves Berthou et Marie-Yvonne Inizan. . meunier . marié le 15 juin 1872 à Kerlouan avec Marie Anne LOAEC, ménagère, née le 13 janvier 1844 à Kerlouan et décédée le 22 avril 1876 à Guissény, fille de François Marie Loaëc et Marie Anne Habasque. . enfants nés au moulin de Lavengat à Guissény : . François Marie, né le 30 avril 1873 . Yves Marie, né le 26 octobre 1874 . Jean François, né le 19 avril 1876

* François Marie BERTHOU, né le 23 février 1847 au moulin de Lavingat à Guissény, fils de Yves Berthou et Marie-Yvonne Inizan. . meunier . marié le 15 juin 1872 à Kerlouan avec Marie Françoise LOAEC, ménagère, née le 23 juin 1849 à Kerlouan, fille de François Marie Loaëc et Marie Anne Habasque. . enfant née à Guissény : . Marie Louise, née le 13 mai 1873 à Lavengat.

Les deux frères Jean-Louis et François-Marie BERTHOU ont épousé deux sœurs LOAEC. Marie Anne, l’épouse de Jean Louis est décédée en 1876, trois jours après la naissance de son fils Jean-François.

[Documents fournis par M. Jo. BERTHOU]

Le moulin du Frout

LE MOULIN DU FROUT et LES MEUNIERS

Le moulin du Frout

Guillaume BOSSEUR et Jeanne NICOLAS, Marguerite BERVAS, Jeanne KEROMNES et Marie Anne GOGUEUR.

  • Guillaume BOSSEUR, né en 1734 à Kernouès, fils de Jean Bosseur et Marguerite Thépaut
  • marié le 13 février 1759 à Kernilis avec Jeanne NICOLAS, née vers 1732 à Plouguerneau, fille de Yves Nicolas et Marie Gac. Ils ont une fille Marie Jeanne, née en 1768, et un fils Goulven qui épouse le 26 janvier 1780 à Guissény Marie Anne Tanguy, dont le fils Hervé décède le 26 octobre 1790 au moulin du Frout à l’âge de 5 ans. Jeanne Nicolas décède le 8 juin 1780 au moulin du Frout.
  • Guillaume BOSSEUR remarié le 10 janvier 1781 à Guissény avec Marguerite BERVAS, née le 19 septembre 1751 à Guissény, fille de Prigent Bervas et Marie Thoumin.
  • Ils ont 5 enfants nés au moulin du Frout :

* Jean Marie, né le 19 octobre 1781 et décédé le 25 octobre 1781 au moulin,

* Marie, née le 15 mars 1783 et décédée le 13 juillet 1784, morte noyée au moulin,

* Marie, née le 25 octobre 1784,

* Christophe, né le 6 mars 1787

* Jean (Bossard Toby), né le 26 mai 1789 et décédé le 27 mai 1789.

  • Marguerite Bervas est décédée le 25 janvier 1790 au moulin du Frout.
  • Guillaume BOSSEUR s’est remarié une 3e fois le 26 octobre 1790 à Kernilis avec Jeanne KEROMNES, de Bréventec, fille de Gabriel Keromnes et Anne Pellan.
  • Guillaume BOSSEUR s’est remarié une 4e fois le 2 juin 1795 à Kernilis avec Marie Anne GOGUEUR, fille de Gabriel Gogueur et Marie Roudaut. Ils ont un fils François Bosseur dit Toby, né le 10 janvier 1798 au moulin du Frout.
Le moulin du Frout

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Le couple François THOMAS et Marie Jeanne BOSSEUR

  • François THOMAS, né vers 1768, de Kernilis, et décédé le 3 janvier 1819 à Kernouës, fils de Claude Thomas et Marie Conseil
  • marié le 5 février 1793 à Guissény avec Marie Jeanne BOSSEUR, née en 1768, fille de Guillaume Bosseur et de Jeanne Nicolas.
  • Les deux époux sont meuniers au moulin du Frout.
  • ils ont un fils Guillaume, né le 21 octobre 1793 au moulin du Frout.

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Le couple Sezny FRANCES et Marie Françoise ABIVEN.

  • Sezny FRANCES, né le 14 février 1770 à Guissény, fils de Charles Francès et Marie Roudaut, et décédé le 12 octobre 1831 au moulin d’Alana à Guissény.
  • marié le 16 septembre 1799 à Plouguerneau avec Marie Françoise ABIVEN, née le 1er février 1767 à Guissény, fille de Yves Abiven et Marie Renée Le Gall, et décédée le 6 novembre 1828 à Guissény, meunière au moulin d’Alanas.
  • ils ont deux enfants nés au moulin du Frout : - Marie Jeanne, née le 26 avril 1801 - Marie Yvonne, née le 21 juillet 1802).
  • Ils ont ensuite quatre enfants nés au moulin d’Alana entre 1804 et 1810.

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Le couple Thomas LE BOCHEC et Marie Anne LE ROUX.

  • Thomas René LE BOCHEC, né vers 1757, originaire de Sucheres (Côtes du Nord), habitant Locquirec (trêve de l’évêché de Dol), maître de barque à Morlaix, marchand marin, syndic des gens de mer, fils de François Le Bochec et Anne Féat. Il décède le 21 décembre 1815 à Kervohic en Plouguerneau, à l’âge de 59 ans.
  • marié le 9 avril 1788 à Plouguerneau avec Marie Anne Corentine LE ROUX, née le 31 mai 1769 au bourg de Plouguerneau et décédée le 7 janvier 1851 au bourg de Plouguerneau, ménagère, fille du maire de Plouguerneau François Le Roux et de Marie Anne Bramoullé.
  • ils ont trois enfants appelés BOHEC nés au moulin du Frout : - Marie Jeanne, née le 05 avril 1807 et décédée le 25 juillet 1807 au Frout - Marie Jeanne Corentine, née le 28 septembre 1808 - Guillaume, né le 13 janvier 1811.
  • Ils avaient eu neuf enfants à Plouguerneau entre 1790 et 1805.

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Le couple Jean MORVAN et Marie Jeanne KERLIDOU.

  • Jean MORVAN, meunier, né le 2 décembre 1779 à Trégarantec, fils de Yves Morvan et Marie Anne Quéré.
  • marié en 1809 à Ploudaniel avec Marie Jeanne KERLIDOU, née vers 1785 à Ploudaniel et décédée le 16 mars 1826 au moulin du Frout, à l’âge de 41 ans, fille de Yves Kerlidou et Françoise Géléoc.
  • ils ont deux enfants nés au moulin du Frout : - Nicolas, né le 28 avril 1819 et décédé le 4 juin 1819 au Frout - Jean, né en 1817 ( ?) et décédé le 24 juillet 1819 au Frout - Yves, né le 21 novembre 1820.
  • Jean MORVAN se remarie le 16 novembre 1826 à Guissény avec Jeanne BERTHOU, de Corbrat, née le 24 octobre 1786 à Kérozet en Plouider et décédée le 7 octobre 1830 au moulin du Frout, fille de Jean Berthou et Guillamette Rozec.
Le moulin du Frout

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Le couple François RAMOUNET et Anne BOULIC.

  • François RAMONET, né le 10 décembre 1816 à Saint-Frégant, fils de Marguerite Jacquette Ramonet.
  • marié le 27 octobre 1844 à Kerlouan avec Anne BOULIC, née le 9 août 1827 à Kerlouan, fille de Jean Boulic et Marie Agnès Abautret. - Ils ont un fils Guillaume, né au moulin du Frout le 19 octobre 1845. - Ils ont aussi une fille Angèle en 1848 née à Keradennec en Saint-Frégant, puis une autre fille Françoise, née en 1850 à Kerderch en Guissény. Ils ne sont pas signalés comme meuniers ( ?).

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Le couple Guillaume PATINEC et Marie Jeanne BERTHOULOUX

  • Guillaume PATINEC, né le 29 août 1836 à Kergoff en Plouider, fils de Yves Patinec et Marie Françoise Jezequel. Il est qualifié de meunier lors de la naissance de ses enfants.
  • marié le 9 février 1863 à Plouguerneau avec Marie Jeanne BERTHOULOUX, née le 1er mars 1833 à Kervizouarn en Kerlouan, fille de Goulven Berthouloux et Marie-Yvonne Fave.
  • ils ont deux enfants nés au moulin du Frout : - Jean, né le 25 février 1865 - Marie Rosalie, née le 24 octobre 1866.

Le moulin du Raden

Le moulin de Castel-al-Les : le moulin du Raden
Raden01

Les registres paroissiaux présentent trois couples successifs avec des naissances et des décès au moulin du Raden :

 1er couple : François LE GALL et Jeanne SEGALEN . François LE GALL, né vers 1722 et décédé le 29 août 1781 au moulin Ar Raden, à l’âge de 59 ans, fils de François Le Gall et Marie L’Hostis de Plouguerneau, . marié le 29 juillet 1761 à Guissény avec Jeanne SEGALEN, née le 3 février 1738 à Guissény et décédée le 20 février 1799 au moulin de Castel-A Lez, fille de Allain Ségalen et Gabrielle Castel, père meunier au moulin de Kergoniou-Hellez à Guissény.

 2e couple : Alain BOTOREL et Jeanne SEGALEN, veuve LE GALL. . Alain BOTOREL, né le 17 novembre 1746 à Guicquelleau et décédé le 14 mai 1818 à Kerhornaouen en Guissény, fils de Goulven Botorel et Françoise Le Dall. Il était meunier à Plougoulm. . marié le 30 janvier 1782 à Guissény avec Jeanne SEGALEN, veuve de François LE GALL.

 3e couple : Alain BOTOREL, veuf SEGALEN, et Marie Jeanne HAMON . Alain BOTOREL, meunier, veuf de Jeanne SEGALEN, se remarie le 7 août 1799 à Plouguerneau avec Marie Jeanne HAMON, née le 19 novembre 1769 à Plouguerneau et décédée le 18 novembre 1833 à Trérohan en Guissény, fille de René Hamon et Marie Anne Appamon. . Ils ont deux enfants nés au moulin :

  • René Marie, né le 5 juin 1800 (moulin de Castel A Lez) et décédé le 1 mai 1804 (moulin du Raden),
  • Marie Jeanne, née le 7 avril 1804 (moulin du Raden) et décédé le 5 juillet 1863 (à Trérohan). .Après la mort de son époux, Marie Jeanne HAMON se remarie le 30 juillet 1823 à Guissény avec Jean FALCHUN qui était lui-même veuf.

Après 1804, les registres ne mentionnent plus le moulin du Raden.

Le moulin du Roudous

Le moulin du Roudous et les meuniers

Les meuniers

  • Le couple François PELLAN et Anne LABBAT. . François PELLAND, né le 16 avril 1738 à Plouescat, fils de Jean Pelland et Catherine David, et décédé le 23 novembre 1800 à Guissény. . marié le 24 septembre 1766 à Guissény avec Anne L’ABBAT, née le 22 mars 1744 à Guissény, fille de Gabriel Labbat et Catherine Normand. . Ils ont sept enfants nés à Guissény : Marie (27.03.1768), Marie Anne (23.03.1769), Marie Jeanne (18.03.1772), Marie Claudine (28.08.1774), Pierre (23.12.1776), François (09.09.1778 au moulin du Roudous) et Marie Françoise (30.01.1781 au Roudoux et décédée le 09.12.1781 au moulin du Roudous). Pour les cinq premiers enfants, le registre ne précise pas le nom du village.
  • Le couple Goulven BOTHOREL et Marie Françoise BARS. . Goulven BOTOREL, , fils de Jérôme Botorel et Anne Maguerez de Guinevez, marié le 11 octobre 1785 à Plouguerneau avec Marie Françoise BARS, née le 24 mai 1754 à Plouguerneau, fille de Olivier Bars et Anne Hulin. . Quatre enfants nés au moulin du Roudous : Marie (12.11.1786), Marie Jeanne (21.12.1788), Marie Françoise (29.05.1791) et Marie Michèle (27.12.1793).
  • Le couple Jean MARREC et Marie GOURVENNEC. . Deux enfants nés au moulin du Roudous : Yves (05.04.1804) et Marie Jeanne (02.06.1807 et décédée le 18.06.1807 au moulin).
  • Le couple Tanguy BARS et Barbe MARREC. . Tanguy BARS, de Lannilis, né le 25 janvier 1790 à Plounéour-Trez, fils de François Bars et Marie Olivier . marié le 18 octobre 1810 à Guissény avec Barbe MARREC, du moulin du Roudoux, née le 6 mai 1790 à Plouguerneau, fille de Jean Marrec, meunier au Val, et Marie Gourvennec. . Huit enfants nés au moulin du Roudous : Jean (03.01.1812), François (12.07.1813), Anne (22.06.1816), Guillaume (08.02.1818), Jean (08.09.1819), Marie Jeanne (15.10.1821), Pierre (25.11.1822) et Jean-Marie (23.05.1825).
  • Le couple Toussaint PILOT et Marie Yvonne LE NY. . Toussaint PILOT, né le 1 novembre 1774 à Guissény, fils de Hervé Pilot et Marie Le Didou, aide meunier au moulin du Coufon à Kerlouan. . marié le 29 mars 1813 à Guissény avec Yvonne LE NY, née le 18 mars 1790 à Kerlouan, fille de Jean Le Ny et Marie Thomas, habitant à Kerbrezan à Guissény. . deux enfants nés au Roudous : Anne (29.04.1829) et Toussaint (28.08.1831).
  • Le couple Hervé BEYER et Marie Anne BROUDIN. . Hervé BEYER, meunier, né le 16 juin 1817 à Sibiril, fils de François Beyer et Marguerite Laure Segalen, et décédé le 21 juillet 1893 au moulin du Roudous. . marié le 21 novembre 1848 à Guissény avec Marie Anne BROUDIN, meunière, née le 27 février 1830 à Kervénaouen en Guissény, fille de Goulven Broudin et Marie Jeanne Breton, et décédée le 13 novembre 1850 au Roudous. Ils ont une fille Marie Jeanne, née le 24 juillet 1850 et décédée le 8 août au Roudous. . remarié le 3 janvier 1853 à Guissény avec Marguerite LE GALL, née le 11 août 1829 à Plounéour-Trez, fille de Brévalaire Le Gall et Marie Yvonne Stéphan. Ils ont dix enfants nés au moulin du Roudous : Marguerite (01.02.1854), Marie Yvonne (13.06.1855), Goulven (08.02.1857), Marie (28.09.1858), Jean François (17.05.1860), Marie Jeanne (16.01.1862), Gabriel (27.02.1865), Yves (26.04.1867), Françoise (26.04.1869) et Brévalaire (29.07.1871).

Les moulins de Brendaouez

LES MOULINS DE BRENDAOUEZ

1. Le grand moulin de Brendaouez

GrandmoulinBrendaouez
Brendaouez

Les familles de meuniers.

Le couple François SEGALEN et Marie Jeanne CASTEL

  • François SEGALEN, né le 24 avril 1760 à Guissény, fils de François Ségalen et Renée Le Gall, meuniers au Grand Moulin, et décédé le 18 novembre 1829 au Grand Moulin, meunier.
  • marié le 26 novembre 1788 à Guissény avec Marie Jeanne CASTEL, fille de Prigent Castel et Marguerite Poder, et décédée le 13 juillet 1790 au moulin de Brendaouez, à l’âge de 23 ans. Ils ont une fille Marie Renée, née le 9 janvier 1790 au Grand Moulin de Brendaouez et décédée le 3 mai 1791.
  • remarié le 11 février 1795 à Guissény avec Marie Yvonne LE BORGNE, née le 26 mai 1768 à Guissény, fille de Claude Le Borgne et Marie Cardinal. François Ségalen est meunier et son épouse cultivatrice. Ils ont quatre enfants nés au Grand Moulin de Brendaouez : Jeanne (28 mars 1796), Nicolas (03.09.1797), Anonyme et Gabriel (03.11.1799).
  • remarié le 2 février 1804 à Guissény avec Marie Renée TALORN, née le 11 octobre 1767 à Guissény, fille de Allain Talorn et Guillemette Chouloux, et décédée le 3 janvier 1831 à Créach-Suillet en Guissény. François Ségalen est meunier. Ils ont eu deux filles nées au Grand Moulin de Brendaouez : Marie (002.04.1805) et Marie (14.08.1810).
GrandmoulinBrendaouez

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Le couple Joseph SEGALEN et Marie Anne GUEGUEN

  • Joseph SEGALEN, né le 15 mars 1770 à Guissény, fils de François Ségalen et Renée Le Gall.
  • marié le 11 février 1795 à Guissény avec Marie Anne GUEGUEN, née le 5 décembre 1774 à Plouguerneau, fille de Joseph Guéguen et Marie Maléon. Joseph Ségalen est meunier et son épouse cultivatrice.
  • ils ont un fils François né le 28 août 1797 au Grand Moulin de Brendaouez.

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Le couple Jean Marie MAHOT et Marie SEGALEN.

  • Jean Marie MAHOT, né le 2 janvier 1801 à Lanneuffret, fils de Goulven Mahot et Marguerite Le Reste, habitant Landerneau.
  • marié le 8 février 1825 à Guissény à Marie SEGALEN, née le 2 avril 1805 à Brendaouez en Guissény, fille de François Ségalen et Renée Talorn. Les deux époux sont meuniers.
  • ils ont deux enfants nés au Grand Moulin de Brendaouez : Goulven (20.05.1827) et Marie Jeanne (01.11.1828).

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Le couple Yves KEROMNES et Pauline LUCAS.

  • Yves KEROMNES, né le 13 février 1796, fils de Philippe Keromnes et Marie Calvez.
  • marié le 18 janvier 1826 à Saint-Frégant avec Pauline LUCAS, née le 26 janvier 1800, fille de Claude Lucas et Marie Lavanant. Ils ont une fille Marie née le 14 octobre 1830 au Grand Moulin de Brendaouez.

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Le couple François BEYER (ou BAYER) et Marie Françoise LE HIR.

  • François BEYER, né le 11 juin 1805 au moulin de Kérénès en Kerlouan, fils de Jean Beyer , meunier, et Catherine Ollivier.
  • marié le 13 mai 1826 à Plouguerneau avec Marie Françoise Le Hir, née le 11 septembre 1809 à Plouguerneau, fille de Jean Le Hir et Louise Jaouen. François Beyer est meunier.
  • Ils ont cinq enfants nés au Grand Moulin de Brendaouez : François (24.03.1832), Marie Jeanne (17.04.1834), Louise (29.12.1836), Marie Louise (21.09.1838) et François (18.09.1840).
Brendaouez

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Le couple Charles FRANCES et Marie Françoise CALVEZ.

  • Charles FRANCES marié en 1835 au Folgoët avec Marie Françoise CALVEZ. Ils sont installés d’abord au moulin d’Alana où ils ont trois enfants entre 1837 et 1841, puis ils vont s’installer au Grand Moulin de Brendaouez.
  • ils ont quatre enfants nés au Grand Moulin de Brendaouez : Yves (26.10.1843), Marie Jeanne (14.09.1846), Anne (26.10.1850) et René (22.04.1852).
Brendaouez

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Le couple François INIZAN et Anne HABASQUE.

  • ils ont quatre enfants nés au Grand Moulin de Brendaouez : Michelle (14.11.1852), Jean (15.04.1855), Marie Yvonne (02.02.1857) et Marie (15.03.1863).

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Le couple Jean-Marie SALIOU et Marie Michelle INIZAN

  • Jean Marie SALIOU, né le 14 octobre 1856 à Plouguerneau, fils de Gabriel Marie Saliou et Marie Talec.
  • marié le 19 octobre 1884 à Guissény avec Marie Michelle INIZAN, née le 14 novembre 1852 à Brendaouez à Guissény, fille de François Inizan et Anne Habasque. Les deux époux sont meuniers.
  • Ils ont trois enfants nés au Grand Moulin de Brendaouez : Marie Renée (20.11.1887), Jacques François Marie (22.02.1889) et Marie Joséphine (27.02.1891).

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Le couple Yves PASCOET et Marie Anne SENE.

  • Yves Marie Pascoet, né le 5 juillet 1859 à Brendaouez, fils de Jacques Pascoet et Marie Pors.
  • marié le 3 juin 1888 à Guissény avec Marie Anne SENE, née le 5 avril 1867 à Kerderch en Guissény, fille de Jean Séné et Françoise Broc’h. Yves Pacoet est cultivateur, puis meunier et Marie-Anne Séné est ménagère.
  • ils ont deux enfants nés à Brendaouez : Jean René (10.04.1889) et Jacques (08.04.1891), le père étant cultivateur. Puis ils ont deux enfants nés au Grand Moulin de Brendaouez : René (08.02.1893) et Marie Joséphine Perrine (08.02.1896), le père étant meunier.

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2. Le petit moulin de Brendaouez ou moulin de Beauregard.

Petit moulin
Beauregard

Le couple Hervé MARZIN et Marie Jeanne LE VERGE.

  • Hervé MARZIN, né le 30 octobre 1742 à Kernilis, fils de René Marzin meunier et Marie Habasque, et décédé le 24 novembre 1779 au moulin de Brendaouez.
  • marié le 10 novembre 1763 à Guissény avec Jeanne FLOCH, décédée le 11 mai 1777.
  • marié le 2 septembre 1777 à Guissény avec Marie Jeanne LE VERGE, née le 20 août 1754 à Guissény,fille de François Le Verge et Marguerite Rolland, et décédée le 31 décembre 1815 à Plouider (remariée).
  • ils ont trois enfants nés au petit moulin de Brendaouez : René et Yves nés le 4 juin 1778 et décédés le 17 juillet 1778 (Yves) et le 12 août 1778 (René), puis François né le 18 juillet 1779.

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Le couple Alain PERON et Marguerite FORICHER.

  • Alain PERON, né le 26 novembre 1741 à Tréflez, fils de Yves Péron et Marie Bescond, habitant Saint-Frégant, et décédé le 19 novembre 1818 à Kervezennec en Guissény.
  • marié le 7 février 1780 à Guissény avec Marguerite FORICHER, né à Trégarantec, fille de Nicolas Foricher et Marguerite Crafet.
  • ils ont cinq enfants nés au moulin de Brendaouez : Marie Michelle (12.03.1781 et décédée le 11.09.1787), Anne Françoise (28.09.1782), Marie Jeanne (23.03.1784), Marguerite (19.03.1786 et décédée le 07.05.1786) et Marie Gabrielle (31.07.1789 et décédée le 01.07.1790).

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Le couple Servais LARSONNEUR et Marie Anne FORICHER.

  • Servais LARSONNEUR, né le 6 février 1764 à Kernilis, fils de Yves Larsonneur et Marguerite Bleinhant, meunier au moulin de Kergoff, puis au moulin du Carné et au moulin de Croazicouarn en Kernilis, et décédé le 25 mai 1845 à Croazicouarn en Kernilis.
  • marié le 10 janvier 1792 à Saint-Frégant avec Marie Anne FORICHER, née le 10 août 1760 à Guissény, fille de Guillaume Foricher et Jeanne Larsonneur, et décédée le 1er novembre 1810 à Saint-Frégant. Ils ont cinq enfants nés à Saint-Frégant entre 1793 et 1804.
  • remarié le 15 janvier 1811 à Saint-Frégant avec Marie Scholastique SIMON, née le 19 juillet 1776 à Languengar, fille de Jacques Simon et Jeanne Le Gallou. Ils ont trois enfants nés à Kerlouan, puis une fille Anne Françoise, née le 7 mai 1818 au moulin de Bourregat à Guissény.

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Le couple Yves LARSONNEUR ET Marie Magdeleine MONOT.

  • Yves LARSONNEUR, né le 2 septembre 1769 à Kernilis, fils de Yves Larsonneur et Marguerite Bleinchant.
  • marié le 23.07.1793 à Guissény avec Marie Magdelaine MONOT, née le 1er juin 1774 à Kerlouan, fille de Jean Marie Monot et Anne Le Ségalen.
  • ils ont un fils né en 1797 au moulin du Coufont en Kerlouan, puis 4 enfants nés au moulin de Brendaouez en Guissény : Jean (01.03.1799), Barbe (27.05.1801), Marie Gabrielle (31.08.1803) et Marguerite (19.03.1808).

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Le couple Jean LE VEZO et Catherine BELLEC.

  • Jean LE VEZO, né le 11 octobre 1784 au moulin de Lescoat à Plouider, fils de François Le Vézo (décédé en 1794 au moulin de Kervella à Saint-Méen) et Anne Paugam, et décédé le 10 mai 1820 à Plounéventer.
  • marié le 10 juillet 1810 à Ploudaniel avec Catherine BELLEC, née le 2 décembre 1788 à Ploudaniel. Jean Le Vezo est meunier.
  • ils un fils Laurent, né le 25 septembre 1811 au moulin de Bonregard. Puis ils ont deux enfants nés à Plougar et 1814 et 1816.

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Le couple Yves OLLIVIER et Françoise ABALAIN.

  • Yves OLLIVIER, né le 18 septembre 1780 à Penarmeas en Kerlouan, fils de Jacques Ollivier et Anne Roudaut.
  • marié le 7 janvier 1803 à Kerlouan avec Françoise ABALAIN, née le 23 décembre 1775 à Kerlouan, fille de François Abalain et Marguerite Corfa, et décédée le 27 janvier 1841 au moulin de Locmaze au Drennec.
  • un fils Sezny né le 5 mars 1821 au moulin de Brendaouez.

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Le couple François LARSONNEUR et Marie Anne PERROS.

  • François LARSONNEUR, né le 30 septembre 1797 à Saint-Frégant, fils de Servais Larsonneur et Marie Anne Foricher, et décédé le 12 février 1852 à Kervezennec en Guissény.
  • marié le 16 novembre 1824 à Guissény avec Marie Anne PERROS, née le 22 mai 1790 à Kervéogant en Guissény, fille de Sezny Perros et Marie Thoer, et décédée le 27 avril 1851 à Kervézennec.
  • Ils ont quatre enfants nés au moulin de Brendaouez : Marie Françoise (14.08.1826), Servais (27.05.1828), Gabrielle (16.08.1832) et Gabriel (05.03.1834).

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Le couple François Marie GOULM et Marie Gabrielle BEIER.

  • François Marie GOULM, né le 20 juillet 1845 au Folgoët, fils de Yves Goulm et Marie Jeanne Salou, habitant à Lavengat en Guissény.
  • marié le 25 novembre 1877 à Guissény avec Marie Gabrielle BAYER, née le 4 septembre 1841 au moulin de Keraloret à Guissény, fille de Christophe Bayer et Marie Tanguy, et décédée le 15 décembre 1882 à Brendaouez. Les deux époux sont meuniers.
  • ils ont deux filles, nées au moulin de Brendaouez : Marie Yvonne (04.05.1879) et Marie Françoise (08.07.1880).

Les sites divers

Croas an Aod

Le site et le calvaire

Yves Pascal CASTEL, atlas des croix et calvaires du Finistère :

N° 705. Croix de la Grève ou Croas-an-Aod, (provient de Keriber),

Matériau : granite

Hauteur : 7 mètres

Epoque : XVè siècle

Située près d’un grand rocher

Trois degrés

Grande table d’offrande

Ecus : de Poulpry

Inscription : MISSION 1863 - JUBILE 1868

Socle à griffes

Fût élevé, petit chapiteau

Croix à fleurons et dais

Crucifix

Croas-an-Aod ou Croix de la Grève.

C’est en 1867, à la suite d’une Mission, qu’elle fut plantée au bord de la mer. Le monument se compose en réalité de deux parties bien distinctes : une croix et un autel.

La croix provient en fait du hameau de Keriber, situé à 3 k au Sud-Est du bourg non loin d’un affluent du Quillimadec qui en cet endroit fait frontière avec Saint-Frégant.. Sur un socle carré aux angles à griffes un long fût de section ronde porte sur un chapiteau mouluré une croix avec un Christ. Le monument est coiffé d’un dais gothique, à fleurons plats typiques du XVe siècle.

L’autel qui soutient la croix provient d’ailleurs, fort vraisemblablement de la chapelle disparue de Brendaouez. En effet, les extrémités de la table à large cavet, portent les armoiries des Poulpry : « un rencontre de cerf », c’est-à-dire une tête de cerf présentée de face. Or on sait que les Poulpry possédaient Brendaouez en 1643.

Les dates laconiques inscrites sur le devant du coffre sont significatives. La première : MISSION 1867, la seconde : JUBILE 1868. Le déplacement d’éléments pris au fond de la campagne où ils étaient quelque peu perdus s’explique par le désir de christianiser un bord de mer plus fréquenté.

Croas-an-aod a inspiré des artistes. Entre autres, peintre relativement connu, Théodore Boulard brosse ainsi une toile où la croix sert de fond à une composition où se déploie une procession haute en couleurs S’y déploie, flottant au vent de la grève la bannière portée des Enfants de Marie en costume du pays. Théodore Boulard (1887-1961), musicien, mathématicien, peintre, nanti de solides convictions laïques, avait été conquis par une Bretagne mystique qui lui a inspiré plusieurs toiles religieuses. Son œuvre a fait l’objet d’une exposition au musée de Pont-Aven qui s’est terminée le 4 janvier 2008 (Atlas n° 705).

L’installation de la croix et la contestation communale

(Yvon Gac, Guissény, Histoire d’une commune au cœur du pays pagan, Cloître, 2000).

Cette croix de Croas-an-Aod, appelée auparavant la « Croix de Roch-an-Abat » et venant du village de Keriber, en souvenir d’une Mission ne s’est pas faite sans créer, en 1863, des difficultés dans la commune, et surtout un conflit entre le recteur et le maire à la limite d’une « guerre de religion ». Le recteur considérait qu’il s’agissait d’une propriété privée et avait obtenu l’autorisation du propriétaire tandis que le maire affirmait que la croix était propriété communale. Le 6 septembre 1863, le conseil municipal explique sa décision de s’opposer au transfert de la croix : "Par son architecture gothique et son cachet d’antiquité, la Croix de Keribert est considérée par les habitants, et même les étrangers, comme un monument historique pieux que chacun, de père en fils, est habitué à saluer en passant. Son nom est resté au terroir au milieu duquel elle se trouve, Keribert-ar-Croas. Aussi la commune la verrait-elle disparaître avec peine, et au lieu d’en demander, comme le prétend le Desservant, la translation à Roch-an-Abat qui est un lieu tout à fait isolé, quelquefois entièrement entouré par la mer, et n’ayant d’autre utilité que d’abriter les baigneurs de la campagne. Dans l’intérêt de la pudeur, le conseil municipal, qui la représente, en sollicite le maintien et propose de voter les fonds nécessaires à sa restauration sur les lieux".

D’autre part, concernant la propriété du lieu d’implantation à « Roch-an-Abat » : "Cette roche est située sur la grève entièrement séparée des limites riveraines et ne portant aucun n° cadastral. Elle ne figure même pas sur le plan, d’où il résulte qu’elle ne peut être une propriété particulière, mais bien une propriété de la commune, comme le pourtour jusqu’au lé des flots de marée, est la propriété des Domaines. Mais ce qui exclut toute contestation à cet égard, c’est que la dune qui, jadis, a peut être fait partie intégrante de cet îlot et qui s’en trouve la plus rapprochée, est portée à la matrice cadastrale et au plan, au nom de la commune sou le n° 343. La Fabrique ne pourrait donc, dans tous les cas possibles, y ériger une croix sans l’autorisation de la commune".

Devant cette opposition de la municipalité, le recteur fait appel à l’autorité préfectorale, fort de l’appui d’une partie de ses paroissiens et du conseil de fabrique. Et, en juin 1865, le maire convoque son conseil après avoir reçu une injonction du sous-préfet de Brest et, cette fois, le recteur obtient satisfaction : "le conseil adopte, à la majorité de quatorze vois sur quinze, les conclusions suivantes… Considérant que le refus manifesté par la délibération précitée a été mal interprété et a excité les esprits contre l’administration municipale, en lui donnant le caractère d’un acte antireligieux, le conseil déclare protester d’abord contre ses malveillantes interprétations et, revenant sur sa décision antérieure, autorise M. le Recteur, sous sa responsabilité, à enlever la Croix de Kériber pour la faire transporter à tel lieu qu’il lui plaira". Cette « Croas-an-Aod » repose sur une table d’autel, elle-même posée sur un socle élevé de trois marches : l’autel, provenant de l’ancienne chapelle de Brendaouez, est décoré à ses deux extrémités de deux écussons « rencontre de cerf », armes d’Yves du Poulpry, archidiacre de Quéménéet-Ily en 1643 et gouverneur de la chapelle de Brendaouez. Une inscription, sur le devant de l’autel, rappelle la mission de 1863 et le jubilé de 1868.

Le Corps de Garde

A partir de la fin du 17e siècle, de petits édifices en pierre se dressent partout sur la côte. Simples corps de garde d’observation reliés aux autres par des signaux, ils peuvent aussi constituer des ensembles fortifiés. Autrefois entretenus par les paroisses littorales, les corps de garde servaient d’abri aux miliciens qui se réchauffaient devant la cheminée attendant un hypothétique ennemi…

Les batteries et corps de garde étaient desservis par les milices garde-côtes : recrutés dans les paroisses littorales réunies en capitaineries, des milliers d’hommes âgés de 16 à 60 ans doivent assurer le guet de la mer : mission de surveillance des bateaux de passage : caboteurs, bateaux de pêche locaux, convois… Astreints aux maniements des armes mais sommes toute assez inexpérimentés, ils doivent pouvoir repousser un débarquement en attendant l’arrivée de troupes régulières. En cas d’apparition de voiles ennemies, les miliciens de la compagnie garde-côte alertaient les autorités par signaux codés : jeux de pavillons par temps clair, coup de canon, tocsin de l’église la plus proche, feux la nuit.

Le bâtiment

Le corps de garde est un édifice, un bâtiment où se tiennent les soldats de garde. Le bâtiment comprend généralement une seule pièce voûtée en plein cintre. ; il est construit en moellons et (ou) pierres de taille de petit et moyen appareil, le plus couramment en granite et (ou) pierres locales. Les murs font entre quarante et cinquante centimètres d’épaisseur.

La toiture est en dalle de granite ou plus rarement en ardoises pour des corps de garde de grande dimension. Le bâtiment est d’une longueur variant entre six mètres et trois mètres sur six à un deux mètres de largeur et d’une surface comprise entre quarante et sept mètres carrés.

A l’intérieur, se trouve une grande cheminée en pierres de taille et un dallage en pierre. Il est percé de deux à quatre baies ou meurtrières orientées vers la mer pour le guet ou destinées à la défense rapprochée.

L’ (les) entrée (s) est (sont) orientée (s) de manière à éviter que le vent dominant d’ouest ne s’engouffre pas dans le bâtiment. Généralement l’entrée principale est percée dans la façade Sud. En fonction de certaines particularités topographiques des sites : corps de garde adossé à un rocher ou se situant dans un renfoncement, les ouvertures peuvent être orientées différemment. Les éléments naturels, la mer, l’eau, le vent, le sable, dégradent rapidement les corps de garde.

La charge du guet de la mer

Elle est confiée à l’Amiral par les édits de 1517, 1524 et 1584 et elle est assurée par les habitants des paroisses maritimes, situées à une demi-lieue des côtes. La défense des côtes de Bretagne est assurée depuis le XVIe siècle par le ban et l’arrière-ban, organisée lors des Guerres de Religion ; elles pouvaient être réorganisées au profit du pouvoir royal. La fonction de « Capitaine de paroisse » apparaît alors : c’est un nouveau personnage, séparée de la noblesse et de la féodalité.

En 1666, Mazarin, Lieutenant Général de la Province de Bretagne, réorganise la Garde Côte [L’Evêché de Nantes avait alors un autre lieutenant général]. Les habitants des paroisses côtières devaient assurer le « guet de mer » à pied ou à cheval, par escouades se relayant quotidiennement sur une période de dix jours. Dans le Léon, 46 paroisses étaient organisées en 36 compagnies à pied et 8 compagnies à cheval. Cela représentait 12390 fantassins. Il existait 17 corps de garde, reliés entre eux par des signaux rudimentaires. Ils dépendaient de la capitainerie du Comte de la Bellière. Les compagnies à pied étaient composées d’une seule paroisse normalement : elles étaient dirigées par un capitaine, un lieutenant et un enseigne,. Les compagnies à cheval se composaient de 20 brigades de 3 cavaliers et un état-major de 4 officiers.

Le service de surveillance

Il est assuré par des escouades pour l’infanterie, qui montent la garde pour une durée de 24 heures, en se relayant par roulement tous les 20 jours, à des corps de garde nommément, et donc géographiquement, désignés. Il y a de ce fait 18 roulements par an qui couvrent 360 jours. Le service à pied est assuré par les compagnies de paroisses : ces compagnies sont normalement composées des habitants d’une seule paroisse, incluant trèves et dépendances, mais peuvent aussi en regrouper plusieurs en fonction du nombre de leurs habitants en état de monter la garde.

Ces compagnies sont commandées par trois officiers : un capitaine, un lieutenant et un enseigne, désignés par les habitants de la paroisse qui mettaient les noms sur un billet après la messe du dimanche, puis nommés par le Capitaine Général à partir de 1692. A chaque corps de garde sont affectées une ou plusieurs compagnies de paroisses qui fournissent les 20 escouades nécessaires pour assurer le roulement. Ces escouades sont constituées d’un certain nombre d’habitants des paroisses qui varie en fonction de l’importance de ces dernières mais aussi en fonction de l’importance stratégique du lieu auquel elles sont affectées.

Les escouades montent quotidiennement aux corps de garde sous la conduite d’un des officiers de la compagnie et récupèrent les armes (épées et mousquet) des escouades qui descendent ; cette pratique évite d’avoir un trop grand nombre d’armes en circulation. Les officiers assurent l’accompagnement par roulement : le capitaine conduit les 1res, 4es, 7es, etc… escouades ; le lieutenant les 2es, 5es, 8es, etc… ; et l’enseigne les 3es, 6es, 9es, etc… Seul un petit nombre de fantassins reste au corps de garde pour assurer le service d’avis, c’est-à-dire effectuer en cas d’alarme le signaux optiques prédéfinis, les autres étant répartis en petits groupes pour aller arpenter les sentiers côtiers (ces fameux sentiers des douaniers) et assurer ainsi un service continu de découverte le long des côtes.

Le corps de garde de Guissény

Le corps de garde du Dibennou à Guissény dépendait de 3 paroisses :

  • Guissény : 6 escouades de 71 hommes,
  • Kerlouan : 5 escouades de 76 hommes,
  • Lesneven : 9 escouades de 73 hommes.

Le capitaine est François de Kerven, sieur de Kersulec Le lieutenant est Jean Henry L’enseigne est Charles Henry. L’ensemble de la compagnie représentait 20 escouades de 1.463 fantassins et 9 officiers. Par tirage au sort, les paysans et les marins non soumis aux classes, de 18 à 60 ans, sont versés dans des compagnies détachées pour les mauvais numéros et dans des compagnies de guet pour les bons numéros. En principe, ces hommes servent sur place et exercent la surveillance et la défense des côtes. Mais, si l’on en croit Vauban, cette milice est médiocre, manque d’expérience et de motivation. Quant aux petits nobles qui les encadrent, il les décrit désargentés, misérables, sans monture et n’aspirant qu’à regagner rapidement leurs manoirs délabrés. Bref, des troupes sur lesquelles il est bien difficile de compter.

L’ordonnance de 1691 parle de « milice garde côte  ». Entre 1713 et 1741, c’est une période de paix. Le guet est toujours assuré et un exercice une fois par mois après la messe. En 1716, l’obligation de service est étendu à deux lieues des côtes. La compagnie du guet de Lesneven regroupe 50 habitants des paroisses voisines. En 1756, le Duc d’Aiguillon fait une visite d’inspection des côtes de Bretagne : il fait augmenter le nombre des corps de garde et renforcer l’armement des batteries. Un uniforme est attribué aux compagnies détachées et certaines ont même un drapeau. En 1778, la milice garde côte est remplacée par les canonniers garde côte. Entre le Koréjou et Pontusval, Kerizoc (avec un bâton à signaux), Guissény (Dibennou) et Kerlouan (Ménéham) sont dotés de corps de gardes. Mais cette portion de littoral est difficile d’accès par la multitude de récifs qui hérissent la côte et l’on ne peut raisonnablement envisager de débarquement dans de telles conditions. La présence défensive se limite alors à des patrouilles et à la surveillance à partir de ces points d’ancrage.

Les miliciens

Ce sont des gens du cru qui peuvent rester sur place pour effectuer leur service. Ils sont mobilisables entre 18 et 60 ans jusqu’à deux lieues de la côte. Il faut une taille de 5 pieds minimum pour entrer dans la milice. Les compagnies du XVIIIe siècle : les capitaineries de Brest, Lesneven - Aberwrach et Saint-Pol comprennent chacune 10 compagnies et 500 hommes. Il existe des compagnies détachées, les plus combattantes, et des compagnies de guet, s’occupant aussi du transport et des réparations.

Les officiers sont des petits nobles. La discipline est assez relâchée. La nourriture est mauvaise ; les désertions de poste sont fréquentes, à cause de l’ennui et de la faim. Elles ont souvent lieu pendant les gros travaux de ferme. Il existe un entraînement avec des exercices et des revues, le dimanche après la messe. Les hommes astreints au guet devaient avoir chez eux un mousqueton ou un fusil, une épée, une demi-livre de poudre et deux livres de balles sous peine d’amende. L’ordonnance du 13 juin 1708 ajoutait à cela " une bayonnette, un porte-bayonnette et un fourniment avec le cordon.

L’ordonnance de 1712 réglementait le port et l’utilisation de ces armes : elles ne pouvaient être portées en dehors des jours de revue et d’exercice ; impossibilité de tirer des pigeons ou de chasser, même en étant en autorisation du port d’armes, sous peine d’amende ou de prison. En contrepartie, interdiction était faite aux huissiers de les saisir pour dettes. A partir de 1757, les armes furent déposées dans un magasin, bien gardé par le capitaine de la paroisse ou le gouverneur de la fabrique, ne sortant plus que pour les revues et le service. Fournies désormais par le roi, elles furent ainsi uniformisées, de même que les munitions.

Les capitaineries

Le littoral pagan fait partie de la 11e capitainerie de Bretagne en 1756. Les paroisses se regroupent au sein de ces capitaineries. L’inventaire de l’Amirauté de Léon fournit parfois les noms des gentils hommes membres des compagnies détachées des milices gardes-côtes. On y découvre en octobre 1757 : un sieur du Plessis pour Guissény et un chevalier du Plessis pour Kerlouan. En 1772, Charles René de Kervern de Kerzulec est capitaine aide-major de l’infanterie garde-côtes de Lesneven, le lieutenant un sieur Henry et le lieutenant Charles Henry.

Les registres paroissiaux de Guissény nous fournissent différents noms d’officiers, surtout à l’occasion de leur décès, précisant leurs anciennes fonctions :

  • 1701, Michel Chauvel, sieur de Kereval, lieutenant de la paroisse, décédé à 50 ans.
  • 1715, Guillaume Gouzillon, seigneur de Kergoniou, du Helles, de Mogueriec, de Kerlech, capitaine de la paroisse, décédé à 90 ans.
  • 1731, Charles Charlez, sieur de Kerynou, époux de Marie Jeanne Henry, capitaine du détachement de Guissény.
  • 1738, André de Keryouas, « ancien capitaine garde de cotte ».
  • 1740, Nicolas Potier, sous-brigadier du roi.
Sources :
  • Jean-Pierre HIRRIEN, Le Pagan et la mer, Editions Label-LN, 2007
  • Michel BOURLIER, La défense des côtes du Léon aux XVIIe et XVIIIe siècles, Conférence du 6 octobre 2007, Musée du Léon, Lesneven.
  • Yvon GAC : Archives de Guissény.
  • Inventaire général du Patrimoine Culturel
  • Photos d’Yvon GAC

Le site de Croas-MilHorn

CroasMilhorn

Albert LE GRAND, dans « La vie des Saints de la Bretagne Armorique » (1636), parle de l’histoire de FRAGAN et Saint-GUENOLE et de leur rôle lors des invasions des Vikings sur la côte du Pays Pagan. L’histoire de la croix de Croas Mil Guern ou Croas Mil Horn est liée à cet épisode.

Croas-Milhorn
Fragan et Guénolé

Le roi Grallon étant venu à la Couronne, par le décès de Conan Mériadec, l’an 388, continua Fragan en son gouvernement ; et, ayant reconnu, par un grand miracle, la sainteté de S. Corentin, le visitait fort souvent et aussi S. Guennolé, leur faisant grandes aumônes, et se recommandant à leurs saintes prières.

Un jour saint Guennolé étant, par permission de S. Corentin, allé voir son père, qui était pour lors en Léon, certains Pirates Païens, que Fragan avait chassés de Léon, du temps du feu roi Conan, revinrent en plus grand nombre, résolus de prendre terre et s’y habituer ; leur flotte ayant paru en mer, l’alarme se donna à la côte, et Fragan, ayant amassé une petite armée à la hâte, encouragé par S. Guennolé, marche vers le rivage de la mer pour empêcher l’ennemi de descendre, et, étant en la paroisse de Guic-Sezni, près Lavengat, ils aperçurent la flotte ennemie en rade, si épaisse que les mats des navires semblaient représenter une forêt, ce qu’étant vu par le conducteur de l’avant-garde, s’écria « Me à vel mil guern », c’est-à-dire, « je vois mille mats de navires ». En mémoire de quoi, après la bataille, fut dressée en ce lieu une Croix, qui encore à présent s’appelle « Croas ar mil Guern ».

Les Pirates, se sentant découverts, se rallièrent dans les tranchées de leur camp, ne voulant donner combat ; mais les Bretons les y assaillirent de telle furie, que, les y ayant forcés, ils taillèrent la plupart en pièces, excepté quelques uns qui se sauvèrent à la nage vers leurs vaisseaux, desquels plusieurs furent brûlés.

Pendant le conflit, saint Guennolé, comme un autre Moïse, priait avec grande ferveur. Après la victoire, il exhorta son Père et les Chefs de l’Armée d’employer le butin pris sur les ennemis pour bâtir un Monastère en l’honneur de la sainte Croix, au même lieu où fut donnée la bataille, qui s’appelait an « Isel-vez » en la paroisse de Plou-nevez ; ce qui fut fait, et fut nommée Loc-Christ, riche Prieuré, à présent presque désert et sécularisé".

La protection du site ?

Le site qui était devenu un lieu de décharge sauvage a été nettoyé ces dernières années par les élèves de l’école, des volontaires et les agents municipaux au cours de plusieurs opérations.

La croix a été dégagée, des plantations ont été effectuées, une table a été installée. Des projets d’installation d’une structure panoramique ont été formulés, vu l’intérêt de ce site pour observer le côté mer mais aussi le côté terre avec ses nombreux clochers.

Mais si, au Moyen-Age, le danger venait de la mer, aujourd’hui il vient de l’intérieur puisque le site est de nouveau saccagé et est redevenu un dépotoir…

Fragan et Guénolé doivent se retourner dans leur tombe. Les drakkars des vikings sont largement dépassés par les engins de terrassement d’aujourd’hui !!!

Des circuits de randonnée

Sur le site, deux circuits de randonnée, ayant des tronçons communs, se séparent juste après la croix. Il s’agit de « parcours du patrimoine », balisé en bleu, qui part vers Kervédennic et « la boucle intercommunale », balisage jaune (double trait) qui descend vers Kergoff.

Les services de la mairie de Guissény se sont rendus sur place pour "constater les dommages et les qualifier". La recherche des responsabilités est en cours et la mairie suit le dossier pour aboutir à une remise en état du site.

Le site a finalement été à peu près réaménagé. Il reste à continuer de l’entretenir. La protection du patrimoine est un combat permanent.

Les stèles de l’âge du fer

Les stèles de l’Age du Fer (fin de la Préhistoire)

Le nom de ces pierres dressées se rapporte à l’époque de leur érection. Elles sont caractéristiques du second Age de Fer, de 400 à 50 av.J.C. Elles se rencontrent essentiellement dans la péninsule armoricaine à l’ouest d’une ligne joignant Saint-Brieuc à Redon, avec une concentration extraordinaire de ces monuments dans les cantons de Saint-Renan et de Ploudalmézeau. Ainsi, on parle quelquefois de « Stèles armoricaines de l’Age du Fer ».

A cette époque, la Bretagne historique était peuplée par cinq tribus gauloises : les Osismes (capitale : Vorgium / Carhaix), les Vénètes (Darioritum / Vannes), les Coriosolites (Fanum-Martis / Corseul), les Riedones (Condate / Rennes) et les Namnètes (Condevicnum / Nantes), d’où le nom de stèles gauloises donné aussi à ces pierres.

Dans ces tribus, la société était hiérarchisée en trois classes solidement liées : la noblesse (guerriers, prêtres, bardes, artisans spécialisés - notamment forgerons et charpentiers -, juristes et médecins), les hommes libres (artisans communs et paysans) et les non-libres (esclaves, populations soumises). La majorité de la population vivait dans un habitat très dispersé, installé de préférence au sommet ou sur le bord des collines ou plateaux.

L’économie de production reposait essentiellement sur l’agriculture : culture du blé, de l’orge, de l’avoine et du lin, élevage des oies et des porcins. Cette époque voit aussi la production de sel marin (comme sur le site du Curnic à Guissény) pour la conservation de la viande.

On distingue les stèles basses, essentiellement hémisphériques et ovoïdes, et les stèles hautes, tronconiques, quadrangulaires, octogonales… Les stèles hémisphériques et les stèles hautes possèdent, en général, une partie supérieure taillée, partie visible et une partie inférieure brute de taille : l’embase, le plus souvent enfouie.

L’interprétation de ces monuments n’est pas facilitée par la diversité de leurs formes et celle des lieux où on les trouve, d’autant plus que la plupart ont subi des déplacements. Elles ont pu être déplacées, débitées pour des constructions, des supports de croix ou de barrières, détruites ou enfouies parce qu’elles rappelaient pour le clergé une forme de paganisme. Leur signification fondamentale ne peut se déduire que de l’étude des stèles trouvées « en place », c’est-à-dire dans leur environnement d’origine.

Toutes les informations fournies par les découvertes anciennes et récentes montrent que les stèles trouvées en place sont étroitement liées à des sépultures à incinération des VIè et Vè siècles av.J.C. Une stèle peut être directement liée à une seule sépulture mais peut aussi marquer une nécropole.

A côté de cette fonction funéraire clairement démontrée, les stèles ont pu avoir un rôle commémoratif ou encore de représentation de divinités comme peuvent le faire penser les associations stèle-fontaine.

Trois stèles hautes sont actuellement visibles à Guissény, replacées ou dégagées à l’initiative de Spered Bro Gwiseni :

  • la stèle de Lavengat
  • la stèle de Ranhir
  • la stèle de Saint-Gildas

Les stèles

Les stèles de l’Age du Fer (fin de la Préhistoire)

Le nom de ces pierres dressées se rapporte à l’époque de leur érection. Elles sont caractéristiques du second Age de Fer, de 400 à 50 av.J.C. Elles se rencontrent essentiellement dans la péninsule armoricaine à l’ouest d’une ligne joignant Saint-Brieuc à Redon, avec une concentration extraordinaire de ces monuments dans les cantons de Saint-Renan et de Ploudalmézeau. Ainsi, on parle quelquefois de « Stèles armoricaines de l’Age du Fer ».

A cette époque, la Bretagne historique était peuplée par cinq tribus gauloises : les Osismes (capitale : Vorgium / Carhaix), les Vénètes (Darioritum / Vannes), les Coriosolites (Fanum-Martis / Corseul), les Riedones (Condate / Rennes) et les Namnètes (Condevicnum / Nantes), d’où le nom de stèles gauloises donné aussi à ces pierres.

Dans ces tribus, la société était hiérarchisée en trois classes solidement liées : la noblesse (guerriers, prêtres, bardes, artisans spécialisés - notamment forgerons et charpentiers -, juristes et médecins), les hommes libres (artisans communs et paysans) et les non-libres (esclaves, populations soumises). La majorité de la population vivait dans un habitat très dispersé, installé de préférence au sommet ou sur le bord des collines ou plateaux.

L’économie de production reposait essentiellement sur l’agriculture : culture du blé, de l’orge, de l’avoine et du lin, élevage des oies et des porcins. Cette époque voit aussi la production de sel marin (comme sur le site du Curnic à Guissény) pour la conservation de la viande.

On distingue les stèles basses, essentiellement hémisphériques et ovoïdes, et les stèles hautes, tronconiques, quadrangulaires, octogonales… Les stèles hémisphériques et les stèles hautes possèdent, en général, une partie supérieure taillée, partie visible et une partie inférieure brute de taille : l’embase, le plus souvent enfouie.

L’interprétation de ces monuments n’est pas facilitée par la diversité de leurs formes et celle des lieux où on les trouve, d’autant plus que la plupart ont subi des déplacements. Elles ont pu être déplacées, débitées pour des constructions, des supports de croix ou de barrières, détruites ou enfouies parce qu’elles rappelaient pour le clergé une forme de paganisme. Leur signification fondamentale ne peut se déduire que de l’étude des stèles trouvées « en place », c’est-à-dire dans leur environnement d’origine.

Toutes les informations fournies par les découvertes anciennes et récentes montrent que les stèles trouvées en place sont étroitement liées à des sépultures à incinération des VIè et Vè siècles av.J.C. Une stèle peut être directement liée à une seule sépulture mais peut aussi marquer une nécropole.

A côté de cette fonction funéraire clairement démontrée, les stèles ont pu avoir un rôle commémoratif ou encore de représentation de divinités comme peuvent le faire penser les associations stèle-fontaine.

Trois stèles hautes sont actuellement visibles à Guissény, replacées ou dégagées à l’initiative de Spered Bro Gwiseni :


- La stèle de Lavengat

Elle a été replacée en septembre 2003 en un endroit très proche de ce qui était, de mémoire d’homme, sa place originelle. C’est une stèle quadrangulaire à pans concaves. Elle a été christianisée, une des faces porte une croix gravée en creux dont les branches ont une longueur de 12 cm - dimensions : hauteur visible = 165cm ; bas = 65x52 cm ; haut : 37x32 cm.


La stèle de Ranhir

Après un séjour devant la mairie de Guissény, elle a été mise en place à Ranhir en février 1999. Vraisemblablement ce n’est pas sa place originelle mais elle est là très proche du site de Toulhouarn où des fouilles ont montré l’existence d’un village important ; des tessons de poterie recueillis ont permis de dater le site de la Tène ancienne (470 av.J.C.). Elle est de forme tronconique, entaillée de rainures verticales encore visibles selon la position du soleil. Son sommet est rainuré mais on n’en connaît pas la signification. Rectangulaire à la base, elle est plutôt ronde au sommet. Ce type de stèle à cannelures longitudinales est presque une spécialité du sud-ouest de la Cornouaille, Cap-Sizun et Pays Bigouden. La stèle de Ranhir est, semble-t-il, le seul exemplaire du Bas-Léon. Dimensions : hauteur visible = 155 cm ; bas = 60x50 cm.


La stèle de Saint-Gildas

Proche d’une fontaine remarquable, elle semble se trouver à son emplacement d’origine. Un chantier ouvert en septembre 2005 a permis de la dégager jusqu’à l’embase des roches et de la terre qui masquaient la plus grande partie. C’est une pierre quadrangulaire, à angles arrondis. Dimensions : hauteur visible = 150 cm ; bas = 50x40 cm ; haut = 29x25 cm.