LES SOIXANTE CROIX ET CALVAIRES DE GUISSENY

La synthèse suivante a été réalisée par l’abbé Yves Pascal CASTEL en 2013 à l’occasion de la préparation de la publication de l’ouvrage de Spered Bro Gwiseni sur les « Stèles, Croix et calvaires » (avec des références à son Atlas des Croix et Calvaires du Finistère). Les soixante croix et calvaires présentés peuvent être classés selon les sept rubriques suivantes :

  • 1. Croix antiques
  • 2. Croix simples
  • 3. Croix simples à pans coupés type Roland de Neuville
  • 4. Croix simples portant un emblème.
  • 5. Croix avec Christ
  • 6. Petits calvaires
  • 7. Croix gravées sur des rochers

On essaiera aussi, dans la mesure du possible, de déterminer la raison de l’érection de ces jalons de pierre qui font de la Bretagne « Le Pays des calvaires » :

  • Chapelle disparue (Saint-Gildas),
  • limite de territoire (Lanneunval, Tréouron),
  • témoignages de Missions ou de Jubilé (Croas-an-Aod, croix dans l’enclos paroissial),
  • références à tel ou tel métier (Brendaouez, Kervéléré),
  • mémoriaux funéraires (Keramps, Kerbrézant).

Mais beaucoup de croix garderont leur secret, certaines servant simplement de jalons au croisement de chemins pour orienter la marche de l’égaré comme à Poultoussoc.

On peut également signaler les vestiges de Tréouron, un socle octogonal percé en son centre d’un trou carré destiné à recevoir un fût de croix.

Yves-Pascal Castel 2 mars 2013

…voir les articles qui suivent…

Les croix antiques

Les croix antiques

Lavengat. La plus ancienne croix de Guissény est sans doute la toute petite croix gravée en creux sur la stèle de Lavengat. Cela rappelle un fait rapporté dans une « Vie de saint Samson », qui date du VIIIe siècle, une des plus anciennes vies concernant un saint breton, un fait qui ne se passe pas, précisons-le à Guissény mais en Cornwall de l’autre côté de la Manche. On y lit que passant auprès d’un endroit où étaient rassemblés des gens célébrant à leur manière un culte païen, Samson s’était approché de la grande pierre Il y traça du doigt « comme dans une cire molle l’image de la sainte croix ». La stèle quadrangulaire à pans concaves de Lavengat marquée d’une petite croix remonte à l’âge du fer, cinq siècles avant le christianisme. Elle a été replacée en septembre 2001 en un endroit très proche de ce qui de mémoire d’homme, fut sa place originelle (« Stèles, Croix et Calvaires », p. 27). Kerrigent n° 2. Granite, haut Moyen âge. Plantée à même le sol, la croix a tout l’air avec ses bras courts légèrement levés et son fût gonflé d’avoir été retaillée dans une stèle antique (« Stèles, Croix et Calvaires », p. 18).

Citons aussi parmi les croix anciennes celles qu’on attribue, sans plus de précision au haut Moyen âge.

Croaz Toul. Croix aux bras très courts. Le trou percé à la croisée des branches demeure difficile à expliquer. Sur la face l’orifice s’encadre de rayons et d’un simple cercle au revers. (Atlas n° 710). On connaît une autre croix percée de cette façon curieuse à Plouider (Atlas n° 2146).

CroasToul

Croaz-Tougn. Écourtée, comme écrasée, Croaz-Tougn porte bien son nom. Mutilée elle a été remise en place en 2000, l’année du Jubilé. (« Stèles, Croix et Calvaires », p. 27)

CroazTougn

Kerespern. Granite. Les cinq cupules creusées sur la face de la croix aux bras courts de Kerespern pourraient évoquer les quatre évangélistes entourant le Christ, mais ce n’est qu’une hypothèse. Au revers, se voit une bosse (Atlas n° 720, notice à corriger).

Kerespern

Keroullidic. Granite, section rectangulaire. Ici les bras courts de la croix de Keroulidic ne sont pas de même largeur (« Stèles, Croix et Calvaires », p. 18).

Keroullidic

Croaz Mil Gwern (ou …Horn) (Kervedennic sud). Croix aux bras courts avec une petite croix gravée au centre. La croix des mille mâts située sur une légère hauteur, pourrait rappeler le lieu d’où l’on avait observé l’apparition sur l’horizon d’une flotte de navires ennemis, rappelant ainsi une de ces descentes coutumières aux Vikings venus du Nord vers le IXe siècle (Atlas n° 727).

CroasMilGwern

Saint-Gildas. On notera l’originalité du dessin de la petite croix de Saint-Gildas, qui ne mesure pas un mètre de haut. Ses bras forment une sorte de trèfle. Chaque découpe de la feuille ainsi que la tige portent chacun un petit cercle gravé en creux. Déplacée en 1933, la croix de Saint-Gildas rappelle l’existence d’un prieuré dépendant de l’abbaye du même nom. Le souvenir de la chapelle disparue demeure dans le nom Parc-ar-Chapel une parcelle du secteur. Un testament signé de Jean Floch, signalait une donation de 3 livres aux chapelles de la paroisse, dont Saint-Gildas, qui est de nouveau mentionnée dans un aveu de 1682 (Atlas n° 740).

StGildas

Lizouarn. Granite. Sur un socle circulaire irrégulier, la croix de Lizouarn élève légèrement ses deux bras courts. C’est sans doute elle qui, déterrée vers 1974, lors de travaux de voirie, a été sauvée par M. Kerhervé de Lizouarn (Atlas n° 737). Une note transmise par Donatien Laurent en 1981, signalait aussi à Lizouarn une autre croix aujourd’hui, semble-t-il disparue.

Lizouarn

Ménez Castel-Coz. La croix que la brochure date de 1979, érigée sur le mur de clôture d’une propriété. reprend le profil des croix très anciennes (« Stèles, Croix et Calvaires », p. 24).

Croaz-Torret. Croix cassée, ainsi dénommée car l’un de ses bras est mutilé, un dégât causé, selon la tradition par un tir provenant d’un navire. Légèrement pattée, les bords en sont épannelés. Elle est ornée d’une croix en faible relief. Restaurée, replacée en 2008, sur un socle circulaire, (« Stèles, Croix et Calvaires », p. 8).

CroasTorret

Landenvet. Granite. Moyen âge. Mutilée, la croix est dans un talus près de la fontaine de Landenvet. C’est peut-être à son propos que l’abbé Simon, recteur de Guissény écrit dans le mémoire qu’il rédigea en 1934 et que nous évoquerons plus loin : « Croix de Landévet, au milieu d’un village du même nom : belle croix : ai payé 160 F à J. Quiviger pour relever la croix et cimenter =160 F. » (« Stèles, Croix et Calvaires », p. 21).

Landenvet

Kerrigent n° 3. Granite, petite croix de section rectangulaire à pans coupés (« Stèles, Croix et Calvaires », p. 19).

Kerrigent3

Les croix simples

Croix simples

Après la première catégorie de croix que nous avons appelées « antiques », sous toutes réserves, fourmille un lot important de croix simples qui souvent difficiles à dater, mais où en trouve de relativement récentes.

Croaz-ar-Gall

  • Granite, XVIe siècle. Sur un emmarchement à trois degrés inégaux, un socle plat et carré porte une croix de granite de section circulaire, au long fût. (Atlas n°702).
CroazArGall

Enclos de l’église

  • A l’entrée nord de l’enclos de l’église paroissiale, quatre croix très sobres s’alignent sur les pylônes de facture classique qui doivent datent des environs de 1700. Gwenc’hlan Le Scouézec remarquant les boules ovoïdes qui ornent les socles de manière assez originale les commente ainsi : « Seize galets en forme d’œuf cantonnent les socles des croix, quatre par quatre. Etrange présence que celle, répétée, de ces pierres que l’on trouve sur des tombeaux archaïques, à Lanrivoaré, à Lannuchen au Folgoët, aussi bien qu’en Irlande et ici au seuil du séjour des morts » (« Stèles, Croix et Calvaires », p. 10). G. Le Scouézec, « Pierres sacrées de Bretagne, croix et calvaires, p. 130, 131. L’auteur note aussi que « devant la mairie neuve de Guissény les habitants ont organisé un véritable petit musée des antiquités ». Ces croix et stèles ont été depuis replacé sur leur site d’origine.
EntréeEnclos

Kerdreuzant

  • Granite à gros grain long fût épannelé dressé sur un socle circulaire, le tout porté par un massif assez bas (Atlas n° 719).
Kerdreuzant

Kerléac’h

  • Granite, croix simple de section rectangulaire sur socle carré. (« Stèles, Croix et Calvaires », p. 16).
Kerleac’h

Kerrigent n° 1

  • Granite, Moyen âge, petite croix mutilée de section carrée, située près d’un champ appelé Parc-ar-Groas. (Atlas n° 724).

Kergoniou

  • face à l’entrée de l’allée du manoir. Sur un socle carré semi enterré le fût porte un chapiteau simple soulignant une croix courte. Récemment restaurée (Atlas n° 721).
Kergoniou

Kergroas

  • Granite, XVIIIe siècle. Sur une base moderne un socle circulaire porte une croix aux angles épannelés (Atlas, n°722).
Kergroas

Kervéogant

  • . croix de Saint Sutic, Petite croix de fonte, mutilée insérée au-dessus du fronton d’une fontaine dont la niche abrite une statue d’évêque en kersanton. Au dimanche de Quasimodo a lieu ici le premier pardon de la paroisse. (Atlas n° 730) Dans le même site de Kervéogant la Brochure donne la photo d’une petite croix de granite à pans coupé, sans fût, présentée sur une maçonnerie récente (« Stèles, Croix et Calvaires », p. 19).

Kerzuloc

  • près de Pont-ar-Go. Granite, moyen âge. Croix pattée, sur le long fût de la croix monolithe est gravée une croix en creux (Atlas n° 732).
Kersulec

Lizouarn

  • Il y avait, semble-t-il trois croix à Lizouarn. Leur histoire semble confuse. (Atlas n° 737) (« Stèles, Croix et Calvaires », p. 23).
Lizouarn

Poultoussoc

  • Granite, XVIe siècle, socle carré à ras de terre, croix épannelée (Atlas n°739).

Croix simples plus ou moins récentes

Le Curnic

  • D’une simplicité extrême, la croix du Curnic de section carrée aux angles finement rabattus, plantée sur un socle cubique nous dit par une longue inscription pourquoi elle a été érigée : EN MEMOIRE DE JEANNE GOT /EPOUSE DE THEODORE PILVEN /DECEDEE A RENNES LE 19 JUILLET 1875 / A L’AGE DE 29 ANS / PRIEZ POUR ELLE. (Atlas n° 703).
LeCurnic

Kerbrézant n° 3

  • Croix de section carrée portée par un socle cubique Date et initiales : 1907 et G C. On sait qu’elle fut érigée par Agnès Apolline Gac à la mémoire de son époux, Laurent le Gall, victime d’un accident à cet endroit le 21 août 1907 (« Stèles, Croix et Calvaires », p. 12).

Menez-Castel-Coz

  • La croix à bras courts sur un socle carré érigée sur le mur d’une propriété reprend le profil de certaines croix anciennes La notice de la Brochure, la date de 1979 (« Stèles, Croix et Calvaires », p. 24).

Enez Croas Hent

  • Granite 2001, Sur un socle carré, se dresse une croix aux angles épannelés, à la tête trapue. A la croisée des bras une plaque métallique rappelle les drames de la mer : A TOUS LES PERIS / EN MER / LE 12 MAI 2001. (« Stèles, Croix et Calvaires », p. 10).
EnezKroazHent

Signalons aussi parmi les « croix simples » modernes, les deux croix sculptées par Jean-Louis Polard vers la fin du XXe siècle. Elles ponctuent le chemin creux qui va de Croaz Toul à Frout Creiz (« Stèles, Croix et Calvaires », p. 8).

CroixPolard

Les croix simples (type Neuville)

Croix simples à pans coupés de type Neuville

On sait que Monseigneur de Neufville, se faisait une gloire d’avoir fait planter un grand nombre croix, manière à lui de lutter contre les Huguenots qui ailleurs se faisaient un devoir de les abattre.. Ainsi pendant la durée de son épiscopat de 50 années 1563-1613. dans le diocèse de Léon, furent édifiées des croix simples à larges pans coupés, peu coûteuses.

Brendaouez. Croix dressée au-dessus d’un petit massif de pierres sèches, fleurie. (Atlas n° 700)

Brendaouez

Kerbrézant n° 1. Petite croix à pans coupés insérée dans un mur (Atlas n° 716). Elle se trouvait à l’entrée du chemin menant à l’ancien presbytère, situé à Kerbrézant, entre l’église paroissiale du bourg et le penity Sant Sezny du Lerret.

Kerbrezant1

Kerbrézant n° 2. Granite à gros grain, XVIe siècle. Petite croix à pans coupés portée par un large socle cubique sur lequel s’étale le monogramme I H S insérée dans un mur de clôture (Atlas n° 717).

Kervénaouen. Granite, petite croix sur socle carré bas placée sur un grand cube de pierre devant un petit enclos fleuri bien aménagé (« Stèles, Croix et Calvaires », p. 19).

Kervenaouen

Kervézennec. Petite croix sur socle circulaire, restaurée depuis la parution de l’Atlas qui la montrait avec le haut brisé (Atlas n° 731).

Landenvet. Petite croix de granite mutilée d’un de ses bras, actuellement près de la fontaine de Landenvet (Brochure p. 21).

Lanneunval. Granite, socle fruste. Plantée sur un muretin à la limite de Guissény et de Kernouès, on peut la considérer comme une croix frontière (Atlas n° 734).

Lanveur. Granite socle semi-circulaire (Atlas n° 735)….

Trérohant. Petite croix à pans plantée de façon asymétrique sur socle cubique (Atlas n° 744).

Terrohant

Les croix simples (avec emblème)

Croix simples portant un emblème.

Comme ailleurs dans le Finistère, Guissény porte sur deux de ses croix anciennes un emblème gravé qui a une signification précise..

Kervéléré. La croix de Kervéléré est un monolithe à pans coupés qui le rattachent à la fin du XVIe siècle. On voit néanmoins que son fût porte les traces d’une fracture désormais réparée. Sur l’écu à la croisée des branches se détache un dessin curieux bien fait pour intriguer. Un triangle sur un pied tordu qui s’accompagne de deux autres motifs si usés qu’ils sont difficiles à définir. Un tel dessin se rapporte à ce que l’on appelle le « quatre de chiffre ». L’origine de ce quatre de chiffre vient de ce que les lignes tracées par la main de qui fait son signe de croix rappelle le chiffre quatre. Les marchands chrétiens ont utilisé ce signe triangulaire pour identifier leur marchandise, l’accompagnant souvent de leurs initiales. On en voit sur des cheminées de vieilles maisons d’armateurs à Roscoff et sur plus d’une croix ailleurs dans le Finistère.(Atlas n° 728).

Kervelere

Croaz-ar-Sergent, route de Brendaouez. Après avoir, comme le montre une photo du chanoine Jean Feutren, fait partie de la forêt des croix rassemblées devant la mairie au temps du maire Jean Fily, Croaz-ar-Sergent a été reportée à son emplacement d’origine. Une cognée est gravée sur sa branche haute au-dessus du cercle à rayons cruciformes de la croisée des branches. Ce semble être l’emblème du métier de bûcheron. En certains endroits une telle cognée rappelle la limite d’une déforestation faite en vue d’augmenter la surface de terre cultivable. Ici, le nom de Croaz-ar-Sergent qu’on lui donne pourrait aussi évoquer une hache de guerre. Au revers de notre croix se distinguent de petites croix en relief ou en creux (Atlas n° 711).

CroasArSergent

Les croix avec Christ

Croix avec Christ

Aucune des quarante croix évoquées jusqu’ici ne porte de Christ. Sur le territoire de Guissény, en comptant les calvaires on en relève une quinzaine environ, un lot dans lequel aux croix anciennes qui sont en nombre se joignent quelques croix contemporaines.

  • Croix anciennes avec Christ

Croas-an-aod ou Croix de la Grève. C’est en 1867, à la suite d’une Mission, qu’elle fut plantée au bord de la mer. Le monument se compose en réalité de deux parties bien distinctes. une croix et un autel La croix provient en fait du hameau de Keriber, situé à 3 k au Sud-Est du bourg non loin d’un affluent du Quillimadec qui en cet endroit fait frontière avec Saint-Frégant. Sur un socle carré aux angles à griffes un long fût de section ronde porte sur un chapiteau mouluré une croix avec un Christ. Le monument est coiffé d’un dais gothique, à fleurons plats typiques du XVe siècle. L’autel qui soutient la croix provient d’ailleurs, fort vraisemblablement de la chapelle disparue de Brendaouez. En effet, les extrémités de la table à large cavet, portent les armoiries des Poulpry : « un rencontre de cerf », c’est-à-dire une tête de cerf présentée de face. Or on sait que les Poulpry possédaient Brendaouez en 1643. Les dates laconiques inscrites sur le devant du coffre sont significatives. La première : MISSION 1867, la seconde: : JUBILE 1868. Le déplacement d’éléments pris au fond de la campagne où ils étaient quelque peu perdus s’explique par le désir de christianiser un bord de mer plus fréquenté.

Croas an Aod

Croas-an-aod a inspiré des artistes. Entre autres, peintre relativement connu. Théodore Boulard brosse ainsi une toile où la croix sert de fond à une composition où se déploie une procession haute en couleurs S’y déploie, flottant au vent de la grève la bannière portée des Enfants de Marie en costume du pays. Théodore Boulard (1887-1961), musicien, mathématicien, peintre, nanti de solides convictions laïques, avait été conquis par une Bretagne mystique qui lui a inspiré plusieurs toiles religieuses. Son œuvre a fait l’objet d’une exposition au musée de Pont-Aven qui s’est terminée le 4 janvier 2008 (Atlas n° 705).

Keraignan. Sur un socle circulaire, intégrée dans un muretin de pierres, croix de granite de section octogonale mutilée. Christ bras étendus à l’horizontale de facture artisanale (Atlas n° 714).

Keraignan

Kerderc’h. Granite, moyen âge. Sur un tertre rocailleux où il y a une pierre ovoïde qui pourrait être une stèle de fécondité ovoïde, croix épannelée à long fût, Christ rudimentaire en assez fort relief.(Atlas n° 718).

Kerderc’h

Kerguidillic. Granite, moyen âge. L’originalité de cette croix au long fût, aux bras légèrement pattés, avec un Christ dont les reliefs sont fort érodés, est qu’elle est érigée sur un bloc de pierre informe. Fragment de rocher qui a gardé des traces de débitage, les unes effectives sur la tranche datent des environs de 1900. Les autres sont de simples encoches sur une des faces pourraient être des traces anciennes d’un débitage avorté (Atlas n° 723).

Kerguidilic

Landenvet. Granite, XVIIe siècle. Emmarchement à deux degrés, Haute croix, socle carré à pans, haut fût rond, chapiteau simple, croix à branches rondes sans fleurons. La face s’orne d’un Christ, le revers d’une Vierge de type médiéval (Atlas n° 733). Landenvet possède une autre croix qui a été signalée plus haut.

Landevet2

Lavengat. Granite, moyen-âge, section octogonale. Christ fruste, bras étendus à l’horizontale, pieds joints, et non croisés. La date de 1920 tracée dans le ciment au revers du socle témoigne d’une première restauration dont on sait qu’elle a été suivie d’une autre en 2003 (Atlas n° 736).

Lavengat

Le Dirou / Rosicou. Granite, encadrée d’une épaisse végétation. Base rectangulaire maçonnée, socle circulaire, fût à pans chapiteau rond. .La date de 1. 7. 0. 2 est inscrite de bas en haut. Crucifix en relief (« Stèles, Croix et Calvaires », p. 23).). Lizouré. Granite, moyen âge, sur un socle circulaire, posé sur un massif carré. Le Christ est en faible relief (Atlas n° 738).

LeDirou_Rosicou

Les croix de KERMARO

Kermaro 1. Granite, XVe siècle. Base à deux degrés. Socle à griffes droites. Fût rond, chapiteau. Croix, crucifix, Vierge à l’enfant (Atlas, n° 726).

Kermaro1

Kermaro 2. Granite, Moyen Age, 1,80m. Croix monolithe pattée. Crucifix en relief. Au revers, une petite croix.

Kermaro2

Kermaro 3. Granite, 1638, 2,30m. Croix monolithe de section octogonale. Crucifix en relief. Sur le socle : M. SYMON 1638.

Kermaro3

Kermaro 4. Granite, Moyen Age, 0,30m. Socle. Croix de section octogonale.

Kermaro4

  • Croix récentes avec Christ

Il arrive que l’on voit, posée sur un fût ancien, une croix relativement récente.

Ménez-ar-Groas. Fût de section ronde avec un chapiteau tronc conique du XVe siècle. Croix fine de section carrée avec un Christ de métal. (Atlas n° 729, rubrique Kervenouaen O.).

MenezArGroas

Keramps. 1910. Sur une base maçonnée s’élève un crucifix tel qu’on en voit sur les tombes ordinaires. Elle a été restaurée par des bénévoles en 1999. Deux plaques portent des inscriptions commémoratives : E MEMOR / EUZ A JOB AR BOULCH / PRIED DA VARI JN BERGOT / A DA ANA TIGREAT / MARO AN ANDRED MAN / DAN 9 A C’HENVER 1910 (mil nao c’hant ha dek). 63 (tri ha tri uguent) BLOAS / PEDIT DOUE EVIT AN ANAON (A la mémoire de Joseph le Boulch époux de Marie-Jeanne Bergot et de Anna Tigreat, mort à cet endroit le 9 janvier 1910, âgé de 63 ans. Priez Dieu pour les défunts). MARI COLLIC E / DEUZ ROET AOTRE / DA ZEVEL AR GROAZ /MAN VAR E DOUAR / BENNOZ DOUE (Marie Collic a donné l’autorisation d’élever la croix sur son terrain. Merci) (Atlas n° 715).

Keramps

Monument aux morts. Vers 1920, pierre de kersanton, par Donnard de Landerneau. Sur trois marches le corps cubique du monument porte sur la face l’inscription habituelle : 1914-1918 séparés par la croix de guerre : A LA MEMOIRE / DES ENFANTS DE / GUISSENY MORTS POUR LA FRANCE. Sur les trois côtés s’égrènent les noms des glorieuses victimes. Le corps cubique surmonté d’une large corniche porte un grand crucifix sur une croix à écots aux branches fleuronnées. L’entourage est ponctué, comme dans beaucoup de monuments aux morts par des obus reliés par des chaînes. (Atlas n° 709).

MonumentAuxMorts

Croaz-ar-Styvel. Pierre de kersanton. 1938. Offerte par l’abbé Le Gall, (sans doute Sezny Le Gall, originaire de Guissény (1882-1966). Le monument en pierre de kersanton a pour originalité d’avoir un Crucifix porté par une grosse sphère où sont gravés les contours des continents, avec la légende : ORBIS REDEMPTI VICTIMA REX (royale victime du monde racheté). La Vierge à l’Enfant au revers du Crucifix s’accompagne d’une invocation : O MARIA, O REGINA, ORA PRO NOBIS (O Marie, ô reine, priez pour nous !). Sur le fût de section ronde monte un bref appel au Seigneur : SAUVEZ / LE / MONDE. L’invocation trouve tout son sens lorsqu’on se souvient que le monument fut élevé au cours des mois qui précédèrent la guerre 1939-1945, une guerre que certains voyaient venir à grands pas (Atlas n° 713).

Croa ar Styvel

Les petits calvaires

Petits calvaires

On le sait, la croix simple signe chrétien est d’ordre symbolique tandis que le calvaire est d’ordre historique. Le calvaire, petit ou grand montrant le Christ accompagné de personnages, illustre la scène véritable qui s’est déroulée au Golgotha à Jérusalem. On notera qu’à Guissény, pas plus que dans la paroisse voisine de Plouguerneau, les calvaires sont vraiment peu nombreux. Aucun dans la campagne, seulement deux qu’il faut aller admirer dans l’enclos paroissial.

Calvaire n° 1, enclos côté sud.

CalvaireSud

Granite et kersanton. Œuvre hybride relevant de plusieurs époques. 1555, atelier Bastien et Henry Prigent. 1920 Donnard. 2000, J.-M. Jézéquel. Base circulaire à trois degrés, le premier avec corniche. Socle portant l’inscription : MISSION 1920. Fût circulaire lisse. Nœud en boule où se lit gravé : J . HABASC / GOUNER Gouverneur) 1555, ce qui date l’ensemble du monument.

De manière originale assez peu commune, la branche qui porte les statues a quatre bras, terminés par de larges masques. Sur les deux de l’avant, Vierge éplorée et saint Jean. Sur ceux de l’arrière, il y a saint Yves, une statue dont le revers non sculpté et laissé sous le coup de l’outil, montre que sa place n’est pas d’origine. Faisant pendant à ce saint Yves, une statue d’évêque, au revers lisse, sans doute saint Sezni.

Un Christ lié attendant le supplice est plaqué au revers du crucifié cloué sur une croix aux fleurons boules. Le calvaire a été restauré en 2000 par Jean-Marc Jézéquel. Le saint Jean a en particulier retrouvé sa tête. (Atlas n° 706).

L’histoire de ce calvaire qui n’est plus à sa place d’origine mérite d’être rapportée en suivant le récit circonstancié rédigé par le chanoine Simon. Nous le transcrivons dans son intégralité en respectant style et variantes orthographiques :

« Histoire de la grande et belle croix de Saint Yves »

Transportée au cimetière du Bourg et devenue Croix de Mission 1920 : Au village de SAINT EOZEN il y avait autrefois une chapelle dédiée à Saint-Yves. L’emplacement de la chapelle est toujours visible : il est entouré d’un talus en terre. Dans cet enclos et à quelques dix mètres de l’ancienne chapelle, il y avait une belle croix en bien mauvais état. Le soubassement est circulaire et en grandes pierres de taille, la gaule a dans les trois mètres de haut : tout au haut de cette gaule il y a une grande pierre transversale en kersanton dont chaque extrémité supporte deux statues ; puis vient le Christ avec des deux côtés un eccé homo et une descente de croix ; les extrémités de la croix se terminent par des boules ; la descente de croix et l’ecce homo étaient intacts, ainsi que le Christ, les statues avaient disparus :

je les ai remplacées par quatre autres statues également en kersanton, trouvées par ci par là, un peu partout. L’une de ces statues est une mater dolorosa, avec larmes tombant des yeux : elle a été enlevée de la fontaine Saint Yves dans la prairie d’en face. Je l’ai remplacée dans la fontaine par une statue en pierre, mais de moindre valeur.

Les officiers qui passaient par GUISSENY pendant la grande guerre me disaient en me montrant la Mater dolorosa : « Voilà un vrai chef d’œuvre qui serait vendu des milliers et des milliers de francs aux musées de Paris ».Toutes les pierres de ce calvaire, bien numérotées, ont été par mes soins transportées dans le cimetière du bourg, monsieur DONNARD marbrier à LESNEVEN, a fait le travail. J’ai payé le tout 1.550 F.

Depuis longtemps je voulais avoir cette croix pour le cimetière du bourg. Au village de Saint-Yves, il n’y avait autour d’elle que des chevaux et des vaches ! Un soir quelconque je disais mon bréviaire à l’église, mais hélas ! je n’avais que distractions sur distractions ! Impossible de chasser de mon esprit la pensée de la Croix de Saint Yves ! J’essayais de me recueillir un peu : inutile ! et je croyais entendre sans cesse une voix me dire et me répéter : « Allez donc demander cette croix à son propriétaire : vous l’aurez ». Ennuyé de ne pouvoir dire mon bréviaire attente et devote, je quittais l’église et m’en vais directement chez cette bonne personne Marie Anne BRETON de Brendaouez, à deux bons kilomètres du bourg. Je lui expose le but de ma visite et elle me répondit tout de suite : « Et bien oui, je vous la donne cette belle croix, et cependant, je vous l’avoue, je l’ai refusée plusieurs fois à d’autres recteurs de GUISSENY » Ah ! j’étais vraiment heureux d’avoir réussi. Monsieur DONNARD de LESNEVEN vint au jour convenu prendre la croix qu’il avait déposée à terre pièce par pièce. .J’étais sur les lieux et l’attendais avec impatience l’arrivée de mes paroissiens avec leurs charrettes. Hélas ! je dus attendre longtemps : personne ne bougeait ! A la fin cependant un conseiller municipal d’un village voisin osa s’approcher avec sa charrette : il avait l’air bien penaud. On lui charge sa charrette et le voilà en route pour le bourg. Ce que voyant les autres voisins vinrent aussi avec leurs charrettes, et pour le soir toutes les pièces de la Croix étaient rendues au cimetière du bourg. Mais tous me disaient : « Nous regrettons beaucoup la disparition de cette croix de notre village » je les consolais de mon mieux en leur disant : « Vous la reverrez au cimetière tous les dimanches et fêtes ; elle sera une bénédiction pour vos morts, et puis, plus tard j’élèverai ici à sa place cette autre croix que vous voyez adossée au talus de la route ». J’ai tenu ma promesse, et depuis Février 1934 la nouvelle croix est en place, piédestal en pierres de ciment, total ….450 F. Je me demande souvent si tous ces détails ont leur raison d’être, et à chaque fois raisonne à (mes oreilles)… la parole de Monseigneur COGNEAU : « des dates et des détails auraient été très intéressants ».

Puisque j’ai commencé à parler de croix je continue le même sujet :

  • 1. Croix de CALOUER sur le bord de la route de Brendaouez à PLOUGUERNEAU : ai payé 20 F pour déterrer la Croix et nettoyer tout autour…20 F. (Cette crois est aujourd’hui difficile à repérer).
  • 2. Croix de Croaz-ar-Gall. : « Croix de Croaz-ar-Gall à 100 mètres environ de la chapelle de Brendaouez au bas de la côte ai payé 100 F à Jacques Quiviger pour maçonnerie et garnir de ciment les joints entre les pierres = 100 F ». (La croix a été évoquée plus haut).
  • 3. Croix de Landévet, au milieu d’un village du même nom : belle croix : ai payé 160 F à J. Quiviger pour relever la Croix et cimenter :=160 F (autre croix difficile à repérer).
  • 4. Croix de Kermaro. Au bord de la route de GUISSENY à PLOUGUERNEAU ai payé au même : 100 F pour consolider et cimenter =100 F (Atlas n° 725 ou 726).
  • 5. Croix de Menez-ar-Groaz, sur le bord de la route du bourg à Lavengat : ai payé 100 F à Goulven Quiviger pour fixer une croix en ciment avec Christ sur une gaule existant depuis longtemps =100 F. (Atlas n° 727) »

En marge de cette histoire du calvaire de Saint-Yves, sous la plume du chanoine Simon, on notera, la statue géminée placée dans la niche de la fontaine Saint-Yves, un groupe qui ne peut provenir que d’un calvaire. S’y adossent un Christ aux liens et saint Yves. Le style de ce groupe conduit à l’attribuer à Roland Doré le célèbre sculpteur de Landerneau. (Atlas n° 742). Quant à la croix promise, en 1934, par le recteur Simon, en échange du calvaire, on la voit, aujourd’hui, au village de Saint-Yves, encadrée par une somptueuse végétation (Atlas n° 741).


Calvaire n° 2, enclos côté est.

CalvaireEst

Granite et kersanton, fin XVe siècle. Base carrée à trois marches à corniche. Socle carré plat, fût rond. Chapiteau rond, orné de quatre masques de moines. Au-dessus, quatre branches en étoile se terminent par des culots feuillagés. La croix du Christ à branches rondes est couronnée d’un dais gothique.

Au revers du Christ, belle Vierge couronnée à l’enfant. Ce calvaire est une œuvre hybride dont la composition s’écarte de la tradition des petits calvaires quant au choix et à l’emplacement des personnages. Ainsi à la gauche du Christ, il y a, ce qui va de soi, un saint Jean reconnaissable au calice, mais la Vierge Marie traditionnellement placée à la droite de son Fils mourant cède la place à saint André reconnaissable à sa croix.. Au revers le saint Pierre et le saint Paul, sont des œuvres contemporaines dont le profil rompt avec celui des statues d’origine (Atlas n° 707).

Les croix gravées sur des rochers

Croix gravées sur des rochers

Il n’est pas rare de relever des inscriptions gravées sur des rochers en bord de mer. On en voit entre autres au Pern et à Roc’h-Hir à Ouessant. Il y en aussi sur des blocs de pierre bousculés sur l’estran, à la Pointe du Caro à Plougastel-Daoulas.

A Guissény, au Curnic, au début de la jetée de béton, se voit gravée une petite croix sur un emmarchement. Une inscription est proche de cette croix : --- AN GOULVEN 1906 ( ?) (mil nao c’hant ha c’hoec’h). Il semble que cette croix ait disparu depuis sa description par Yves Pascal CASTEL.

Puis vers Enez Croas Hent, assez ésotérique et difficile à lire : 1893 (mil nao c’hant ha tri uguent). / ER PEN KENTA DOUE / 4000 ( au commencement Dieu, pevar mil) BETEK VAR AZALEKAR BLOAZ --- (jusque , depuis l’année). Un dessin de croix sur un emmarchement accompagne l’inscription.

(photos du rocher de Jacques Buttet)