03 . Trois recteurs jusqu’à la Révolution

Les renseignements sur ces recteurs sont tirés de la notice sur la paroisse de Guissény par les Chanoines Jean-Marie Abgrall et Paul Peyron, « [Notices sur les paroisses] Guissény », Bulletin diocésain d’histoire et d’archéologie Quimper, 12e année, 1912, p. 270-282, 290-302, 329-351.

Ceux-ci ont utilisé les notes de M. Jourdan de la Passardière et de M. le chanoîne Uguen, supérieur du Petit Séminaire, qui ont dépouillé les archives paroissiales de Guissény.


  • Hervé POLARD prend la suite d’Yves MENEZ en 1707 comme recteur de Guissény de 1707 à 1753

On retrouve des traces de son sacerdoce dans deux actes de mariages.

Le 24 novembre 1723, mariage de Yves du PLESSIX de KERADENECH, escuyer, de la treffve de Saint Frégant, veuf de dame Françoise de Kersulguen, avec damoiselleSusanne CHAUVEL, fille de Michel Chauvel et Susanne Symon, nobles personnes, sieur et dame de Kereval. Les témoins sont Mr de Chateaufur et madame, Mr Kerbiquet… L’acte est signé d’Hervé Polard recteur de Guissény.

Le 9 mai 1740, mariage de Clet CABON, sieur de Kerandraon, avec Marie Magdalene HENRI. Les témoins sont M. B. Henry de Kergoff, Clet Boudier, Aleno de Reymond, du Reun Cabon et les les prêtres de Guissény : Prigent Abiven, Yves Le Goff, C. Bleunven J. Foricher, Go Le Menn et Hervé Polard recteur.

En 1740, il y avait donc 5 prêtres à Guissény en plus du recteur Hervé Polard : Prigent ABIVEN, Yves LE GOFF, C. BLEUNVEN, J. FORICHER, Go LE MENN.

Hervé Polard meurt le 19 août 1753 à Guissény, à l’âge de 77 ans et inhumé le lendemain.

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  • Alain TRANVOUEZ est recteur de Guissény de 1753 à 1773.

Alain Tranvouez est né le 3 février 1704 à Trémaouézan.

"Allain fils légitime d’Hervé Tranvouez et de Jeanne Floch a esté né au village de Kergunic le troisième février et baptisé le cinquième, ses parrain et marraine ont esté Jan Derien et Catherine Piriou qui ne scavent signer, le baptisant signe ainsi signé sur la minute, P. Thépault Curé".

Il est décédé le 17 août 1773 à Guissény.

"Vénérable et discret Allain Tranvouez, sieur recteur de la paroisse de Guissény, âgé de soixante neuf ans, mourut le septième décembre mil sept cent soixante treize et fut inhumé le lendemain en présence des soussignés Y. Bergot recteur de Kernouës, F. Lunven curé de Kerlouan et F. Le Millour recteur de Kerlouän".

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  • Jacques FOLLY est recteur de Guissény entre 1774 et 1792.

. Il est né le 10 décembre 1726 au Conquet en Plougonvelin.

. Il a été ordonné prêtre le 3 avril 1756.

. iI est nommé curé de Lochrist. . Il est nommé recteur de Molène le 19 janvier 1765.

. Il est pourvu le 3 mars 1774 : il devient recteur de GUISSENY.

« J.FOLY, R.teur », sur le tronc d’offrande du cimetière

"J.FOLY, R.Guissény" sur le tronc d’offrande du cimetière

. Au début de la Révolution, il refuse de prêter le serment à la Constitution et devient un prêtre réfractaire.

. Il est arrêté et détenu à Kerlot (Quimper).

. Il meurt à l’hôtel-Dieu à Quimper le 27 janvier 1793.

. Jacques FOLLY, recteur de Guissény, a 2 vicaires : Christophe RIOU et Yves PREMEL-CABIC. Il y a également un prêtre habitué : Henri-Alexandre FLOCH.

. En 1775 (répondant à une enquête de l’Evêque de 1774), le recteur Jacques Folly dénombre une centaine de mendiants dans la paroisse et environ cinq cents ménages aisés. « Les causes principales de la mandicité sont la cherté des bleds, le deffaut d’ouvrage surtout en hyver, la vieillesse et l’enfance . Les moyens, à ce que je pense, d’obvier à la mandicité : 1° d’empêcher les mandiants de courir de paroisse en paroisse ; 2° d’ordonner une quête tous ans dans la paroisse et trêve ; 3° de nommer un économe ou deux d’une problité connuë pour en faire la distribution à chacun selon ses bezoins ».

. L’Evêque précisait à la fin de son questionnaire : "Si vous aviez quelques observations utiles à faire relativement aux gouemons, je vous prie de me les communiquer". « Pour ce qui regarde l’article du guémon le bien publique demande qui soit permis aux habitants de la côte d’en couper, d’en sécher et d’en vendre parce qu’ils n’ont pas d’autres ressource pour se procurer leur provision de bois et payer leur petite ferme que le produit de ce guémon. Les personnes qui habitent les terres souffriront aussi une diminution considerable dans la production de la terre si elles ne peuvent s’en procurer comme cy devant des habitants des dittes côtes, ne pouvant l’aller ramasser elles memes ».

. En 1786, le recteur de Guissény écrit que « des généraux de premier rang, des officiers, font leur visite pour examiner les places et fortifications (.. ;) ; tous se rendent chez les recteurs de campagne ne pouvant trouver d’autres endroits pour s’y réfugier » ajoutant qu’« il n’est pas de la décence ni de l’honnêteté de refuser le couvert à ces sortes de personnes »

04 . Le clergé pendant la Révolution

. En 1789, Jacques FOLLY est toujours le recteur de Guissény, mais comme il refuse de prêter le serment de fidélité à la Constitution, il devient un prêtre insermenté, ou prêtre réfractaire.

. Il quitte la paroisse de Guissény en 1792. Il est arrêté et incarcéré à Kerlot en Quimper. Il décède le 27 février 1793 à l’Hôtel-Dieu de Quimper.

. Les deux vicaires refusent aussi le serment mais restent clandestinement dans la paroisse : Christophe RIOU, né à Loc Brévalaire en 1754 et ordonné prêtre en 1783, et Yves Premel-Cabic, né à Plounéour-Trez en 1760 et ordonné prêtre en 1788, appelé généralement Yves Premel.

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Les élections de prêtres constitutionnels (ayant donc prêté le serment)

. Les autorités révolutionnaires veulent élire des prêtres constitutionnels pour remplacer les prêtres réfractaires. Le 3 avril 1791, les électeurs du district de Lesneven sont convoqués en l’église paroissiale Saint-Michel pour élire les 15 recteurs des paroisses du district. Il n’y a que 3 ou 4 candidats et on ne peut en trouver un ni pour Guissény, ni pour Saint-Frégant, si bien que les prêtres insermentés sont autorisés à poursuivre leurs fonctions.

. Le 28 mai 1792, une nouvelle élection est organisée à Lesneven et, pour le 29 au soir, toutes les paroisses sont pourvues d’un recteur élu généralement avec peu de voix. Pour Guissény, sur 21 votants, on décompte 11 bulletins blancs plus 3 nuls, puis 2 voix pour les prêtres réfractaires et seulement 5 bulletins valables dont 3 pour le prêtre élu, Jacques FAGON. Originaire de Lambézellec, il avait été ordonné prêtre le 22 mars 1792 par l’évêque constitutionnel de Quimper, Louis-Alexandre Expilly (élu évêque de Quimper dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre 1790).

. Mais les deux prêtres réfractaires, Christophe Riou et Yves Premel, cachés, gardent leur influence dans la paroisse, soutenus par la population et par la municipalité.

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. Dès le 16 juillet 1792, Jacques Fagon est remplacé par Yves JACQ qui n’arrive à Guissény qu’en novembre après avoir prêté serment à Lambézellec le 21 octobre. Le conseil municipal et le maire François GAC sont changés par les autorités départementales à la fin de l’année 1793 mais le curé constitutionnel n’est toujours pas bien accepté dans la paroisse. Le 14 mai 1794, le sieur Poulmarc’h, secrétaire greffier de la municipalité, est mis en état d’arrestation par le conseil général du département : il est accusé de « fanatiser » la commune et de dresser la population contre le curé constitutionnel.

. Au printemps 1795, Ursin Le Gall, curé constitutionnel de Plounéour-Trez écrit dans une lettre : « Les curés assermentés de Guissény, Saint-Frégant et Plouider se sont vus exclure des temples où ils exerçaient paisiblement leur culte… ». Les prêtres réfractaires, selon la loi du 11 prairial (30 mai 1795) « ont déclaré abandonner l’église en disant qu’il ne leur était pas défendu d’exercer leur culte dans les maison particulières ». Deux Guisséniens, en vertu de la Loi, demandent "à avoir un édifice propre pour le libre exercice de leur culte", la demande est signée par 20 Guisséniens. Ils demandent que leur soit accordé provisoirement « l’occupation d’un édifice national, cy-devant église de Guissény ». Ils assumeront la responsabilité des clefs. Le curé constitutionnel est donc obligé de demander qu’on lui fixe des heures pour pratiquer son culte dans l’église.

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. les deux prêtres insermentés font alors leur réapparition officielle : le premier juillet 1795, An III de la République, ils déclarent qu’ils n’ont point été réfractaires à la loi…« Ils n’ont point fait le serment, mais ils ont abandonné leurs bénéfices, ils ont donc obéi et ne sont point réfractaires…Dire que le culte catholique romain ne peut s’exercer dans les Républiques comme dans les Monarchies, c’est calomnier ce culte et ses ministres ». Le texte est signé Yves Premel, curé de Guissény, et Christophe Riou.

. Le 25 juillet, Yves Le Jacq doit fuir devant un attroupement de femmes qui le poursuivent de leurs injures et de leurs menaces. Les Guisséniens sont coupés en deux clans, entre les partisans du curé constitutionnel et ceux des prêtres réfractaires, les deux clans se disputant l’utilisation de l’église paroissiale. Le conseil municipal condamne par défaut les femmes à 24 heures de détention : tout semble avoir été fait pour retarder la procédure et la condamnation est légère. Yves Le Jacq n’a plus qu’à se retirer, ce qu’il fait dès la fin de 1795 ou le début de 1796, en devenant vicaire à Lambézellec.

. Yves Premel a dû être reconnu comme Curé de Guissény après le décès de l’ancien recteur Jacques Folly en janvier 1793 et il exerça son ministère en marge du curé constitutionnel. En 1795, Yves Premel et Christophe Riou ont commencé à remplir les registres paroissiaux pour officialiser des cérémonies qu’ils ont réalisées dans la clandestinité depuis 1793 et qui n’avaient été inscrites que sur des brouillons. Mais il faut attendre le 13 octobre 1798 pour que les Guisséniens retrouvent officiellement l’usage de leur église.

. Le problème du clergé français est réglé par Bonaparte en juillet 1801 avec la signature du Concordat avec le pape. A cette date, c’est Christophe Riou qui est installé recteur de Guissény avec Yves Premel comme vicaire.