L’occupation romaine à Guissény

  • L’occupation romaine a laissé moins de trace à Guissény que la Préhistoire mais quelques sites ont, plus particulièrement, montré la réalité de cette occupation :
  • Kernevez (au sommet de la falaise morte qui domine la palue) : fragments de poterie commune, sigillée, de type terra negra ;
  • sur une butte entre Kerleac’h et Kerrigent : de la céramique en surface et des fragments d’amphore ;
  • la plage de La Croix : tessons de poterie, du néolithique au moyen âge.

Deux sites ont été le cadre de fouilles plus importantes : le vivier du Curnic et la villa gallo-romaine de Keradennec, en Saint-Frégant, ancienne trève de la paroisse de Guissény.

  • Le réservoir à poissons du Curnic a été découvert en 1967 : une forte marée a mis à nu quelques tronçons de murs, au pied de la dune, à la limite des hautes eaux. L’établissement entier a été mis au jour en 1968, il n’était pas submergé par la marée dans l’Antiquité. Il se compose d’une salle rectangulaire de 6m x 5,32m, l’intérieur divisé en deux parties par un muretin : un bassin et une zone dallée.

L’ensemble du bâtiment était couvert de tuiles. A partir notamment des monnaies retrouvées sur le site, la ruine de l’édifice peut être estimée entre 270 et 337 ap.J.C. L’hypothèse la plus vraisemblable est qu’il s’agissait d’un vivier, d’un réservoir à poissons et à coquillages.

  • Le site de la villa gallo-romaine de Keradennec est une grande exploitation agricole qui a connu une longue période d’activité, étalée sur les premiers siècles de notre ère. Elle se trouve près de la voie romaine allant de Kérilien en Plounéventer (Vorganium) à Plouguerneau. Ce type de villae devait appartenir à de grands propriétaires fonciers qui, ne résidant pas ordinairement dans leur domaine, le faisaient travailler en partie par des ouvriers agricoles ou de petits fermiers dirigés par un intendant, le reste étant divisé en lots affermés à des paysans libres qui vivaient dans des fermes isolées et payaient des redevances.

La villa à galerie de façade a été radicalement transformée et agrandie au début du IIIe siècle : des pièces d’habitation et une tonnelle, des thermes et des bâtiments agricoles. Le sol était dallé et le bas des murs recouvert de lambris des mêmes matériaux. On a retrouvé aussi des fragments d’enduit peint provenant d’une décoration appliquée sur les murs et les plafonds.

  • Au IVe siècle, les frontières de l’Empire romain sont de plus en plus menacées par les attaques des « Barbares ». Les invasions des pirates sur les côtes de l’Armorique sont signalées dans les vies des Saints, en particulier celle de Saint Guénolé qui présente un épisode en rapport avec Guissény et la croix de Croas-Milhorn : "Le Roy Grallon estant venu à la Couronne par le décès de Conan Meriadec, l’an 338, continua Fragan en son Gouvernement… Un jour saint Guennolé estant, par permission de saint Corentin, allé voir son père, qui estoit pour lors en Léon, certains Pirates Payens, que Fragan avoit chassés de Léon, du temps du feu Roy Conan, revinrent en plus grand nombre, résolus de prendre terre et s’y habituer ; leur flotte ayant paru en Mer, l’allarme se donna à la coste, et Fragan, ayant amassé une petite Armée à la haste, encouragé par saint Guennolé, marche vers le rivage de la Mer pour empescher l’ennemy de descendre, et, estant en la paroisse de Guic-Sezni, près Lanvengat, ils apperçurent la flotte ennemi en rade, si époisse que les mats des Navires sembloient représenter une forêt, ce qu’estant veu par le conducteur de l’avant-garde, s’écria Mel a vel mil Guern, c’est-à-dire je voys mille mats de Navires. En mémoire de quoy, après la bataille, fut dressée en ce lieu une croix, qui encore à présent s’appelle Croas ar mil Guern…".

"Les Pirates, se sentant découverts, se rallièrent dans les tranchées de leur camp, ne voulant donner combat, mais les Bretons les y assaillirent de telle furie, que, les ayant forcés, ils taillèrent la plupart en pièces, excepté quelques uns qui se sauvèrent à la nage vers leurs vaisseaux, desquels plusieurs furent brûlés".